A (Recueil de Dambourney)

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Recueil de procédés et d'expériences sur les teintures solides
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DICTIONNAIRE


Ou Ordre alphabétique par la lettre initiale [1] des noms français ou adoptés dans cette langue pour les végétaux qui ont été les sujets de mes Expériences.


ALATERNE

ALATERNE à grandes feuilles, (Rhamnus-Alaternus).

Ce joli arbrisseau, buisson toujours vert, est originaire des pays méridionaux, mais il résiste aux plus rudes hivers en Normandie "si l'on a la précaution d'en couvrir les racines avec des feuilles sèches ou de la litière ; étant ainsi protégée, si les branches périssent, la "


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"souche repousse & forme en peu de temps un nouveau buisson. On peut le multiplier par les marcottes (même par boutures), & l'élever de ses semences que l'on tire de Provence, d'Italie, d'Espagne, etc. On les seme dans des terrines que l'on enterre dans des couches chaudes. Il arrive quelquefois qu'elles ne levent que la seconde année [2]."

Le sieur Varin, jardinier en chef de l'Académie, a trouvé à Dieppedalle, à une lieue de Rouen, sur la roche de M. Cabeuil, & sur celle de M. Gallot, des cépées d'alaterne, à feuilles larges, qui semblent y être naturalisées, & dont la grosseur annonce qu'elles y ont résisté au froid depuis près d'un siècle. Comme les deux jardins situés au pied de ces roches, ont ci-devant appartenu l'un à M. le Gen-

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  1. Je ne me suis astreint dans cet article qu'à l'ordre de la lettre initiale, à cause de quelques analogies entre les produits végétaux. D'ailleurs la série n'en est pas assez considérable pour qu'on ne trouve pas aisément ce que l'on cherche.
  2. J'emprunterai presque toutes les descriptions et les moyens de culture du Traité des Arbres & Arbustes de M. Duhamel du Monceau.


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dre, Négociant célèbre, l'autre à une famille de noblesse antique, il est à présumer que ces anciens propriétaires auront fait venir d'Espagne ou de Provence quelques plants de cet arbrisseau, qu'ils auront d'abord entretenu par curiosité. Comme l'exposition est très favorable, les graines y auront mûri ; & entre celles que les oiseaux auront transportées, quelques unes auront germé dans des crevasses de ces roches marneuses, où il se sera trouvé du terreau. Leurs racines y auront pénétré assez profondément pour se trouver à l'abri des gelées extraordinaires de 1709, 1740, 1776 et 1784. Car les cépées y existent encore en bon état, & nous y avons observé tous les caractères d'identité avec leurs analogues, cultivés dans le jardin botanique de l'Académie.

J'ai pris trois onces de menues branches, ou brindilles en feuilles fraîches d'alaterne, hachées par le pilon à couteaux, & je les ai fait cuire pendant une heure et demie dans une pinte d'eau. Le bain coulé, ou


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tiré au clair, s'est trouvé coloré en jaune-fauve. J'y ai abattu un gros de laine de l'apprêt LF, qui en demi-heure, entre chaud & bouillon, y a contracté un beau jaune-souci qui résiste également à un quart d'heure d'immersion à froid dans le vinaigre & dans l'eau de savon. Cette laine enlevée, j'ai remarqué que le bain n'était ni sali ni troublé, ce qui m'a déterminé d'y abattre encore autant de la laine du même apprêt. Dans l'espace de quarante cinq minutes, dont quinze de bouillon, elle y a pris un beau souci un peu olivâtre, couleur exquise pour les velours d'Utrecht & pannes de laine ou de poil de chèvre. Après l'avoir enlevée, j'ai risqué encore dans le restant du bain un demi-gros de la même laine, qui en une heure et demie de bouillon, c'est-à-dire, jusqu'à la réduction presque entière, en est sortie teinte en un beau souci-musc doré.

Dans un nouveau bain semblable, j'ai abattu, en première mise, un échantillon de


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velours blanc de coton débouilli, engalé et aluné, pesant un gros. Il y a contracté un jaune-verdâtre passable & assez solide. Un gros de laine LF, y abattue en seconde mise, en est sortie après une demi-heure sans bouillir, teinte en ce beau jaune de ravenelles doubles de la grande espèce. Un demi-gros de la même laine encore en troisième mise y a pris en une heure et demie de bouillon un souci-mordoré. Sans doute que le velours de coton ayant moins employé des parties colorantes en première mise, & la seconde n'ayant pas bouilli, il en est resté davantage au profit de la troisième.

Dans un autre essai, j'ai pris des brindilles [1] de l'alaterne désigné par M. Duhamel par la phrase (minore folio) lesquelles j'avais laissé sécher à l'ombre avec leurs feuilles. Après les avoir hachées, j'en

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  1. Je demande indulgence pour ce mot qui n'est pas français, quoique M. de la Quintinie l'ait souvent employé. Mais il épargne la périphrase de jeunes poussures de l'année, et c'est une économie de paroles.


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ai pesé deux onces, qui, jetées dans une pinte d'eau, l'ont colorée, même à froid, en beau jaune. Je les ai fait cuire pendant une heure, et dans le bain coulé, j'ai abattu un gros de laine d'apprêt LF, à laquelle entre chaud et bouillon pendant demi-heure, il a communiqué un jaune-jonquille transparent et bien solide. Une seconde mise pareille, mais bouillie pendant demi-heure, en sortit d'une bonne couleur jaune, mais plus opaque. Un demi-gros en troisième mise, après trois quarts d'heure de bouillon, s'y mordora. Je ne pus passer à la quatrième mise, mais seulement parce qu'il me restait trop peu de bain, car il n'était pas encore sali.

Le fil de coton décreusé dans l'eau bouillante et un peu d'eau-mère du nitre, ne prend point le beau jaune de l'alaterne ; mais lorsqu'au sortir et lavé de ce décreusage, on l'a pétri dans la terre précipitée du vitriol de Chypre par l'eau de potasse, qu'on l'y a laissé séjourner pendant dix heures, puis séché, lavé et dégorgé ; alors


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dans un bain neuf d'alaterne, acquiert un jaune gai très agréable, mais qui n'est pas beaucoup plus solide que celui de la gaude, lequel coûterait beaucoup moins. La même préparation ne communique au coton, dans les bains riches du thuya & du peuplier d'Italie, que des jaunes aurores ternes, et aussi peu assurés.


ARBRE DE VIE

ARBRE DE VIE (Thuya Occidentalis) ou Thuya du Canada. Ce grand & bel arbre toujours vert, réussit très bien dans notre climat. Il s'y propage de marcottes, peut-être même de boutures, & s'éleve très aisément de ses semences. Cette espèce se plaît dans les terrains humides & forts. Trois onces de ses jeunes branches vertes, grossièrement hachées, cuites pendant une heure et demie dans six demiards ou pinte & demie d'eau, m'ont donné un bain de couleur d'urine trouble, qui d'abord exhalait l'odeur des poires de coing, puis ensuite et très vivement celle du styrax. Le bain soutiré, j'y abattis un gros de laine d'apprêt LF, qui aussi-tôt sa submersion,


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y acquit un jaune jonquille, presque souci. En demi-heure, entre chaud & bouillon, cette couleur prit de l'intensité sans perdre de son éclat, & résista pendant une heure au vinaigre de vin & à l'eau de savon à froid. Une seconde mise dans le déchet du bain, acquit & conserva même au bouillon la même teinte. Une troisième, mais seulement d'un demi-gros, poussée au bouillon pendant deux heures, y prit un musc doré, également riche et solide. En général les produits en teinture de cet arbre sont très analogues à ceux de l'alaterne, et méritent la même distinction. Je ne puis rien dire de ceux du gros bois, vu que je n'ai pas été à portée d'en essayer.


THUYA DE LA CHINE

LE THUYA DE LA CHINE (Thuya Orientalis) malgré la ressemblance extérieure, est bien différent quant à notre art. L'odeur de son bain approche de celle du cyprès. Il est trouble, mais d'un jaune plus foncé. La laine LF n'y prend au premier bouillon qu'une couleur de citron mat &


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terne, qui en trois heures d'ébullition, se change en un musc, peu intense, mais solide. Cet arbre se multiplie aisément par ses semences, et il se contente des terrains médiocres et sablonneux.


ARBRE AUX ANÉMONES

ARBRE AUX ANÉMONES (Calycanthus floridus). Deux onces de ses jeunes branches sans feuilles, soit fraîches, soit séchées à l'ombre, hachées & cuites pendant une heure dans trois quarts de pinte d'eau, m'ont donné un bain mordoré clair. Il exhalait la plus suave odeur d'épices combinées, telles que le girofle, la muscade et la canelle. En un quart d'heure sans bouillir, un gros de laine LF y acquit une couleur de jonquille très solide. La seconde mise pareille dans le déchet prit en une heure de bouillon, une couleur de marron, & la troisième, d'un demi-gros seulement, en bouillant deux heures, y prit encore un musc foncé. Cet agréable arbrisseau se plaît en Normandie, à l'exposition au Nord, en terre substancieuse, & s'y multiplie par marcottes, ainsi que par les


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drageons qu'il pousse abondamment [1].

ARBRE POISON

ARBRE POISON, (Rhus Toxicodendron). Prévenu que les émanations de cet arbrisseau passaient pour être dangereuses, je ne m'en suis rapporté qu'à moi pour sa trituration et son emploi. J'ai haché trois onces de ses brindilles coupées en janvier, & je les ai fait cuire dans une pinte d'eau. Un gros de laine d'apprêt LF y a pris en trois heures de bouillon un musc doré bien solide. Je n'ai ressenti aucunes impressions délétères pendant ce travail en petit. Mais le peu de rareté de la couleur qu'il procure, ne compense point le risque réel, ou imaginaire de son emploi en grand.

ARBRE DE NEIGE

ARBRE DE NEIGE, (Chionanthus Virginica) nommé par les Anglais Snaw Drapp. Cet arbrisseau qui nous vient de l’Amérique septentrionale, supporte nos hivers. Comme ses fleurs blanches forment

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  1. Comme les branches hachées sont très odorantes, j'en ai réduit en poudre, & mis infuser pendant un mois au soleil, un gros dans une pinte de bonne eau-de-vie de vin, qui distillée au bain-marie, me donna un tiers de pinte de produit très parfumé, et sans aucune odeur ni goût de feu. J'y ajoutai autant de solution de sucre provenant de fragments gros comme des noix, de sucre fin, seulement plongé dans l'eau froide & qui fondait doucement sans addition de fluide. Après le mélange & filtration par le coton dans un entonnoir de verre bien clos, il en résulta la plus suave liqueur de dessert, que l'on crut faite en Amérique.


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des grappes, il semble, lorsqu'il en est chargé, qu'il soit couvert de neige. Trois onces de ses jeunes branches en feuilles vertes hachées & cuites dans une pinte d'eau, m'ont donné un bain olivâtre qui promettait ; mais la laine d'apprêt LF, n'y a pris, au premier bouillon, qu'un jaune mat & opaque, lequel en trois heures d'ébullition ne se vire qu'en une couleur merd'oie-dorée & solide.


ARBRE AUX BOUTONS

ARBRE AUX BOUTONS, (Cephalanthus Occidentalis). Cet arbrisseau qui redoute le froid & exige presque toujours le secours de l'orangerie contre les hivers de ce pays ci, ne présente pas de grandes ressources à la Teinture. Cependant, M. le


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Chevalier Mustel ayant bien voulu m'en sacrifier quelques branches, j'en ai haché trois onces, qui, bouillies pendant une heure & demie dans une pinte d'eau, m'ont procuré un bain jaune foncé, lequel se mordore en bouillant. La laine LF, au poids d'un gros, y a pris en quatre heures d'ébullition une couleur noisette foncée, presque musc, bien assurée.


ARBRE DE JUDEE

ARBRE DE JUDEE ou de JUDAS, (Cercis siliquastrum.) Cet arbre de moyenne grandeur, & l'un des plus beaux que l'on puisse cultiver, s'éleve très aisément de semences ; il s'accomode des terrains secs & sablonneux, pourvu qu'ils aient un peu de fonds. Comme il se garnit bien de jeunes branches lorsqu'on le moignonne, ou lorsqu'on le tond au croissant, il peut fournir beaucoup de matériaux à la teinture. Deux onces de ces jeunes branches hachées, cuites dans 3/4 de pinte d'eau, ont communiqué à un gros de laine LF, en trois heures de bouillon, une riche couleur de Nankin très solide. Je ne l'ai pas éprouvé en seconde mise.


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ACACIA

ACACIA (faux), (Robinia pseudo-Acacia.) Ce bel & grand arbre, également utile par la solidité, le fil de son bois, & agréable par l'odeur suave de ses fleurs blanches en grappes, se multiplie aisément par ses semences & par les rejets qui sortent naturellement de ses racines. Son accroissement rapide, & sa facilité à s'accommoder des terrains secs, sont encore très recommandables. Il ne l'est pas moins pour notre Art. Deux onces de son gros bois sec divisé par les couteaux, & cuites pendant deux heures dans une pinte d'eau, ont communiqué à un gros de laine d'apprêt LF, un jaune ravenelle presque aussi brillant que celui que donne le Fustet. Sa couleur se manifeste lentement, mais le bain une fois tiré ne salit point, & il est utile jusqu'à la fin, de sorte que la troisième mise est presque aussi colorée que la première. D'ailleurs, il teint beaucoup plus uniment que le bois de Fustet, qui bringe toujours un peu. Si l'on dose fortement, c'est-à-dire, si


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l'on emploie quatre à cinq onces de gros bois & qu'on y laisse bouillir la laine pendant quatre heures, elle y acquiert une couleur de musc doré très riche, dont on peut varier l'intensité & les nuances à volonté, par les doses du bois & la durée de l'ébullition. Les jeunes branches employée fraîches donnent un bain qui sent beaucoup la décoction de la réglisse, à laquelle les jeunes racines de cet arbre sont un bon supplément dans les tisanes. Le bain de ces jeunes branches communique à la laine des jaunes citrons plus ou moins colorés, selon la quantité de l'ingrédient & le temps qu'on emploie à extraire son bain.

Vu que cet arbre est rangé dans la classe des végétaux à fleurs légumineuses, je me suis quelque temps flatté d'obtenir par la macération & fermentation de ses feuilles dans l'eau quelques produits analogues à ceux des feuilles de l'anil ou indigo ; mais je n'ai retiré de cette tentative comme de beaucoup d'autres, faites sur les arbres & les plantes de cette famille, que des re-


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grets du temps que j'y avais perdu. Néanmoins, vu que je n'en ai pas interrogé ainsi tous les individus, je ne me rebute pas, & j'invite les amateurs de la teinture à joindre leurs efforts aux miens pour parvenir à une découverte aussi intéressante.

Les brindilles sèches de l'ACACIA à fleurs roses, (Robinia Hispida) (Nom accepté : Robinia hispida), m'ont donné un bain qui écume & mousse beaucoup, puis devient de couleur jaune dorée. En trois quarts-d'heure d'ébullition dans ce bain, la laine de l'apprêt LF acquiert une jolie couleur de Nankin, ou de coton de Siam, & en trois heures un canelle doré, qui résiste au vinaigre, ainsi qu'au savon à froid.

Les jeunes branches vertes de l'ACACIA de Sibérie, (Robinia Caragagna, vel Sibirica) (Nom accepté : Caragana arborescens), m'ont donné un vilain bain mousseux & trouble, dans lequel la laine d'apprêt LF n'acquiert rien, même au premier bouillon. Enfin après quatre heures elle y prend une faible nuance de vigogne claire & solide. J'ai fait sur ses feuilles la même


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tentative que sur celles du pseudo-Acacia, mais avec aussi peu de succès. L'extrême puanteur de cette dernière macération était même bien capable de rebuter pour jamais d'un essai en grand.

AZÉDARACH

AZÉDARACH d'Italie, (Melia Azedarach.) M. Rondeaux me donna, le 29 juin 1784, une branche d'un pouce de diamètre d'un de ces arbrisseaux, qui depuis longtemps résistait chez lui en pleine terre dans une exposition très favorable, mais que le long hiver dernier avait fait périr. J'en ai haché & fait cuire trois onces dans une pinte d'eau. Le bain est devenu d'une faible couleur de Nankin ; j'y ai plongé deux gros mouillés de laine de l'apprêt E, qui en quatre heures de bouillon y a pris une jolie & solide couleur ; rosée, un peu glacée de Nankin.


AURONE

AURONE, (Artemisia Abrotanum.) Cet arbuste-buisson résiste aux hivers en pleine terre, & se multiplie aisément par les marcottes. Il suffit même que quelqu'une de ses branches rampe à terre pour qu'elle


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pousse spontanément des racines qui s'implantent d'elles-mêmes. Trois onces de ses brindilles ligneuses, bien hachées & cuites pendant deux heures dans une pinte d'eau, ont communiqué à un gros de laine d'apprêt LF une assez belle couleur jaune orangée-mate, pleine de fonds. Mais tant d'autres sujets plus aisés à se procurer nous donnent cette nuance, qu'il n'est fait mention de celui-ci, que comme d'un objet de curiosité.


AUNE

AUNE, (Betula Alnus.) Cet arbre qui se plaît dans les terrains humides, mais non constamment noyés d'eau, s'y multiplie facilement de marcottes, d'éclats de ses vieilles souches, pour peu qu'il reste de racines attachées à leur écorce. Il s'élève aussi de ses semences, dont on accélère & assure le succès en transportant en lieu convenable & destiné à cette pépinière des gazons levés aux environs des grands arbres portant graines. Outre beaucoup d'usages auxquels ce bois est utile, la teinture réclame son écorce pour la couleur noire


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qu'elle procure, lorsqu'on ajoute à son bain la solution de vitriol de fer, ou la rouille des vieilles ferrailles décomposée dans les acides végétaux. Voici, de plus, le détail des diverses nuances que j'en ai obtenues.

Deux onces d'écorce, ou trois onces de brindilles fraîches d'Aune hachées & cuites dans une pinte d'eau pendant une heure & demie, m'ont donné un bain jaune-ravenelle dans la colature duquel j'ai abattu un gros de laine LF, qui, travaillée pendant trente minutes entre chaud & bouillon, a pris un jaune-ravenelle mat, & qui en y séjournant encore autant au petit bouillon, s'est viré en une assez belle couleur merd'oie dorée.

En ajoutant un peu de vitriol vert, ou mieux encore quelques gouttes de dissolution de fer dans le déchet de ce bain, on obtient sur laine du même apprêt un gris-jaunâtre excellent pour les demi-teintes & ombres des chairs pour les figures des tapisseries. La laine d'apprêt AT, y contracte un gris-foncé.


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Le bois écorcé frais de l'Aune, étant haché & cuit pendant deux heures donne, dans les mêmes proportions, une bonne bruniture couleur de tabac râpé de France.

Les brindilles coupées & employées au mois de mars ont, au même poids de trois onces & en deux heures de cuite, fourni un bain couleur de canelle dans la colature duquel un gros de laine LF a pris au premier bouillon un jaune-rompu, mais agréable, bonne ombre de jaune. En y ajoutant un quart du poids de la laine en garance, on lui communique un mordoré-clair assez beau. Excellent pied pour tous les lainages que l'on désire teindre en carmélites. Il ne reste plus qu'à les passer dans un bain de quatre fois leur poids de baies sèches de bourdaine, & d'autant de jeunes branches de peuplier d'Italie, ainsi qu'on le verra aux articles particuliers de ces deux ingrédients colorants.

Une once de brindilles d'Aune bien séchées à l'ombre, pulvérisées, cuites pendant une heure & demie dans les trois


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quarts d'une pinte d'eau, a donné un bain jaune-fauve assez riche. La laine de l'apprêt E, au poids d'un gros, y a pris en deux heures de bouillon une couleur de vigogne un peu fauve.

Une once d’écorce d'Aune séchée à l'ombre, pulvérisée, cuite pendant une heure & demie dans les trois quarts d'une pinte d'eau, a produit un bain jaune-mordoré, en ajoutant à sa colature à peu près portion égale de cuite de bois de Campêche, puis y abattant un gros de laine préparée dans un apprêt mélangé de six grains de solution de cuivre, six grains id. d'étain, six grains id. de bismuth, & deux gouttes de solution de fer, (le tout pour apprêter par le travail ordinaire quatre gros de laine sèche). Le gros de ladite laine abattue a contracté une couleur de boue-de-Paris très intense & très solide.


ALTHEA FRUTEX

ALTHEA FRUTEX des Jardiniers, (Hibiscus Syriacus.) Cet arbrisseau si agréable par les fleurs dont il se couronne vers la fin du mois d'Août, se multiplie par mar-


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cottes & par ses semences. Il n'est pas d'une grande ressource en teinture, mais je dois le compte de ses produits en ce genre. Son bois employé frais est très sucré & amilacé. Il ne serait peut-être pas impossible d'en extraire amidon & sucre, ou quelqu'autre produit utile résultant de la décoction fermentée. Deux onces de ce bois haché, cuites dans une pinte d'eau, n'ont communiqué à un gros de laine LF, qu'une couleur tendre ventre-de-biche.

Une forte poignée de ses belles fleurs purpurines, cuite pendant une heure dans trois quarts de pinte d'eau, m'a donné un bain très mucilagineux & un peu violâtre. La laine LF, au poids d'un gros, y a pris d'abord un vert tendre & terne, puis en deux à trois heures de bouillon un gris violent, ou espèce de musc, singulier & fort solide.

Presque tous les individus de cette famille donnent à peu prés les mêmes produits & couleur, excepté celui dont il va être mention.


AUBE-ÉPINE

AUBE-ÉPINE DES HAIES, OU ÉPINE BLANCHE, (Crataegus Oxiacantha.) Cet arbre si commun se multiplie par ses semences, soit en pépiniere, soit dans nos


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bois-taillis où l'on peut lever les jeunes plants produits par les fruits que les oiseaux y transportent. Quoique ces semences ne germent ordinairement que la seconde année après leur dépôt en terre, M. Duhamel du Monceau indique le moyen d'en accélérer la jouissance. Il faut, aussi-tôt que les fruits commencent à rougir, les stratifier avec de la terre un peu humide. Ils se conservent ainsi l'hiver, & en les semant à la fin de Février suivant, dans des terrines enfouies dans des couches chaudes, les jeunes plantes lèvent dès la première année.

Deux onces de l'écorce, ou trois onces des jeunes branches fraîches, hachées & cuites pendant deux heures dans une pinte d'eau, procurent un bain dans la colature duquel un gros de laine LF contracte une couleur jaune mate qui se mordore en trois ou quatre heures de bouillon. Les branches grosses comme le doigt donnent un mordoré moins riche, en ce qu'en proportion elles comportent moins d'écorce &


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plus de bois que les brindilles ou poussures de l'année.


AMÉLANCHIER

AMÉLANCHIER, (Mespilus Inermis.) Deux onces de son écorce fraîche, cuites pendant deux heures, m'ont donné sur un gros de laine d'apprêt LF, une couleur de coton de Siam un peu dorée, très agréable.

Trois onces hachées de son bois fraîchement écorcé, cuites pendant trois heures, ont produit la même couleur, mais plus intense & tirant sur le musc. Le meilleur emploi est celui des branches & brindilles telles qu'on les coupe, & bien hachées.


ALIZIER

ALIZIER de nos forêts, (Cratægus Torminalis.) Cet arbre, de moyenne grandeur, se plaît à l'ombre, & dans les cantons de nos forêts où la terre a beaucoup de fonds. Il se multiplie de semences par marcottes & par les jeunes plants qu'on trouve dans les bois. Ses branches d'une année


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donnent un bain de couleur d'abricot dans lequel en demi-heure de bouillon la laine LF acquiert une tendre couleur de chair puis en deux ou trois heures d'ébullition un musc-rougeâtre fort solide.


ABSYNTHE

ABSYNTHE, (Artemisia Absynthium.) Cette plante se multiplie par ses semences. Une once de ses branches sèches & pulvérisées, cuite pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, a produit un bain dans lequel la laine LF, au poids d'un gros, a contracté un jaune-olivâtre-grisaille assez médiocre.


ARBRE DU VERNIS

ARBRE DU VERNIS, (Rhus Vernix) ou Vernis du Japon. Il se multiplie comme tous les autres Rhus, mais son bois & écorce ne donnent en teinture qu'une couleur olivâtre-sale. On verra ci-après combien l'espèce commune a d'avantages sur celle-ci.

AGNUS CASTUS

AGNUS CASTUS, (Vitex.) Cet arbrisseau, fort agréable pour les fleurs dont il est couvert au mois de Juillet, se multiplie par ses semences & marcottes, & se


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plaît en toutes especes de terres. Ses jeunes branches fraîches hachées au poids de deux onces & cuites pendant deux heures dans trois quarts de pinte d'eau, communiquent à un gros de laie LF une assez bonne bruniture, olivâtre & sombre.


ARTICHAUT

ARTICHAUT, (Cynara Scolymus.) On connaît assez les moyens de multiplier cette plante commune dans nos potagers. La teinture n'en réclame que les portions les plus viles, & dont on ne fait aucun usage. Une poignée de son fanage hachée & cuite pendant une heure dans une pinte d'eau, procure un bain dont la colature communique en une heure de bouillon, à un gros de laine LF un assez beau jaune-ravenelle, que la longue ébullition vire en une couleur de vigogne-dorée bien solide.


AUBIFOIN

AUBIFOIN, Bluet, (Centaurea Cyanus.) Quoique mes expériences sur ce végétal, qui promet tant & donne si peu en teinture, ne soient que négatives, je dois les rapporter, afin de prévenir la perte du temps des artistes qui pourraient être séduits par


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ses apparences trompeuses, ou pour les engager à l'interroger par des moyens différents.

J'ai commencé par ses belles fleurs, dont quatre onces, cuites pendant une heure dans une pinte d'eau, m'ont donné un bain de couleur fauve, dans lequel les laines, de quelque façon que je les eusse préparées, n'ont pu perdre leur blancheur.

Les seuls pétales bleus effeuillés, pilés dans un mortier de marbre & mis dans un grand verre avec trente six grains de vitriol de fer & un quart de pinte d'eau froide, ont donné un bain bleu très beau, mais qui, au premier feu, se vire en gris, & ne teint pas plus qu'à froid.

Avec ces pétales effeuillés, j'ai monté une petite cuve dans le genre de celles d'indigo à froid. Une fermentation vineuse s'y est établie en huit jours, & de gris-salé que le liquide était d'abord, il est passé au vert-bleuâtre. En cet état il n'a communiqué aucune teinture ni à froid ni à chaud.

Quelques grains de sel de Saturne colo-


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rent ce bain en pourpre, mais ne lui donnent pas plus d'énergie tinctoriale.

J'ai tenté quatre autres essais sur ce sujet ingrat, savoir :

  • 1°. Les pétales effeuillés, non broyés, mis en macération avec de l'urine alcalisée, chaux fraisée, & eau de potasse.
  • 2°. Les seuls calices des mêmes fleurs, avec les alcalis ci-dessus.
  • 3°. Les tiges & feuilles vertes, dépouillées de leurs fleurs, mises à fermenter dans l'eau pure, froide.
  • 4°. Les seuls pétales en urine alcalisée, chaux fraisée, vitriol de fer, & eau de potasse.

Vingt-deux jours après, le sujet du troisième essai, ayant passé de la fermentation vineuse à l'acéteuse, j'en ai formé un bain qui, en trois heures de bouillon, a communiqué à la laine LF, une couleur de vigogne solide, mais matte, & qui ne compense point la puanteur du bain lorsqu'il commence à bouillir.

Aucun des trois autres essais n'a réussi.


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Je crois que le suc exprimé à froid des fleurs d'Aubifoin, pourrait colorer en bleu le sucre des tablettes & des dragées qu'on prendrait la peine d'en enduire au pinceau, mais je ne l'ai pas essayé.


ASTRAGALE

ASTRAGALE, (Astragalus Galegiformis.) Une forte poignée des tiges & feuilles de cette plante vivace, étant hachée & cuite pendant une heure dans une pinte d'eau, m'a procuré un bain d'un assez beau jaune. Mais il communique à peine à la laine LF, une ignoble couleur de ventre de crapaud.


AIGREMOINE

AIGREMOINE, (Agrimonia Eupatoria.) Cette plante, très commune dans quelques friches & dans les taillis, se multiplie à volonté par ses graines. Une forte poignée de ses feuilles & tiges commençant à fleurir étant hachée & cuite pendant une heure & demie dans une pinte d'eau, m'a donné un bain d'un jaune foncé, dans lequel un gros de laine LF a pris, en trois heures de bouillon, une belle couleur de Nankin-doré, presque canelle, très vive &


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solide. Les mêmes parties de cette plante, violacées par leur maturité (le 14 Septembre), m'ont donné un bain fauve qui, en trois heures d'ébullition, a communiqué à la laine du même apprêt une couleur de poil castor-clair & doré. C'est, en toute saison, un bon ingrédient colorant.


AGRIPAUME

AGRIPAUME, (Leonurus Cardiaca.) Cette plante vivace se multiplie par éclats de souches, drageons enracinés & semences. Elle se plaît au pied des haies claires, mais elle affecte de se cantonner. Une forte poignée de ses tiges & feuilles vertes hachées, cuite dans une pinte d'eau pendant une heure & demie, donne un bain de couleur olive-dorée dans lequel un gros de laine LF ne prend, même pendant une heure de bouillon, qu'un jaune terne ; mais en continuant encore l'ébullition pendant trois heures, elle y acquiert un beau brun-foncé un peu violent, également solide au vinaigre & au savon à froid.


AMARANTHE

AMARANTHE, Passe-velours, (Celosia Coccinea.) Ses belles fleurs donnent un


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superbe bain pourpre. Cependant aucun des apprêts que je connaisse n'y a pu rien faire acquérir à la laine. Mais le sujet est si beau qu'il mérite de nouveaux essais, & notamment l’Amaranthus caudatus (Queue de Renard) (Nom accepté : Amaranthus caudatus), dont la multiplication serait bien plus aisée.

ALGALOU

ALGALOU, Porte-chapeau, (Paliurus Aculeatus Rhamnus.) Cet arbrisseau, quoiqu'il soit originaire des provinces méridionales, supporte nos hivers en pleine terre. Il se multiplie par drageons & par les semences tirées de Provence & du Languedoc, où elles mûrissent plus parfaitement. On pourrait en former des haies d'une excellente défense, car ses épines sont multipliées & très aiguës. Deux onces de ses jeunes branches fraîches, garnies de feuilles, au mois de Mai, hachées & cuites pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, m'ont donné d'abord un beau bain jaune, que l'ébullition salit, & rend mucilagineux. Un gros de laine de l'apprêt LF y a pris au commencement un jaune-sale, que


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deux heures & demie de bouillon ont viré en un mordoré à l'épreuve de tout acide & alcali végétal.


ARISTOLOCHE

ARISTOLOCHE CLÉMATITE, (Aristolochia Clematitis.) Cette plante croît également dans les sables, les terres énergiques, & le long des rivières. Une poignée de ses feuilles, & tiges en fleurs hachées & cuite dans trois quarts de pinte d'eau, m'a procuré, dans le mois de Juillet, un bain jaune-foncé presque brun, dont la colature a communiqué à un gros de laine LF, après trois quarts d'heure de bouillon, un citron-verdâtre qui, en bouillant encore deux heures, devient un jaune-d'ombre, espèce de merd'oie solide.

ARGENTINE

ARGENTINE, (Potentilla Anserina.) Une poignée de ses feuilles cuite dans trois quarts de pinte d'eau, a donné en trois heures & demie de bouillon, à un gros de laine LF, une couleur mordorée solide.

La plante entiere de la Potentilla Fruticosa (Nom accepté : Dasiphora fruticosa) donne un bain mordoré d'odeur fort résineuse, qui, en quatre heures d'ébulli-


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tion, communique à la laine du même apprêt, en la maintenant très douce, un beau maron-mordoré fort solide.

ABRICOTIER

ABRICOTIER, (Prunus Armeniaca.) Tout le monde connaît cet arbre agréable & utile, ainsi que les moyens de le multiplier. Je n'en ai employé que des jeunes branches que le jardinier retranchait en le taillant au mois de Février. Trois onces de ces brindilles hachées, cuites pendant deux heures dans une pinte d'eau, ont donné un bain dans lequel un gros de laine LF a pris, en trois heures de bouillon, une vraie couleur de cannelle-dorée. Le bois des noyaux concassé dans un mortier & cuit pendant deux heures & demie, au poids d'une once dans une demi-pinte d'eau, a communiqué à la laine du même apprêt un beau musc-doré.


AMORPHA

AMORPHA, Indigo bâtard, (Amorpha Fruticosa.) C'est un arbrisseau dont il est prudent de garantir les racines en les couvrant de feuilles ou de litière, avant l'hiver. Il se multiplie par ses drageons & ses


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semences. Ses branches vertes ne m'ont procuré sur la laine LF qu'une couleur jaune-olivâtre, ventre de crapaud. Je n'ai éprouvé de ces feuilles macérées, comme celles de l'indigo franc, ou anil, qu'une puanteur insupportable en essayant de former un bain de leur fermentation.


ARRÊTE-BŒUF

ARRÊTE-BŒUF, (Ononis Arvensis.) Une poignée de ses tiges fleuries, cuite pendant une heure dans une demi-pinte d'eau, ne m'a donné sur la laine LF, qu'une couleur de vigogne-jaunâtre. Mais l’Ononis, désignée par l'épithète de Natrix (Nom accepté : Ononis natrix), a fourni un bain fort semblable en couleur à celui du brou de noix, & dans lequel la laine du même apprêt a contracté, en trois heures de bouillon, la plus vraie nuance de merd'oie bien solide.

ARROCHE VIOLETTE

ARROCHE VIOLETTE, (Atriplex Hortensis Ruberrima.) Ce légume commun dans nos potagers se multiplie par ses graines, & atteint tout son accroissement en trois mois. Il végète vigoureusement dans presque tous les terrains, ainsi l'on peut s'en


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procurer aisément beaucoup. Une forte poignée de ses feuilles & tiges en fleur cuite dans une pinte d'eau, l'a colorée d'un assez beau pourpre, lequel s'est dégradé au long bouillon, & n'a communiqué à un gros de laine d'apprêt LF, qu'un olive-jaune-verdâtre, mais agréable & solide.


ARROCHE PUANTE

ARROCHE PUANTE, (Chenopodium Vulvaria.) Cette plante croît spontanément dans les terrains sablonneux, & l'abondance de ses graines faciliterait sa multiplication considérable dans un endroit circonscrit, sans d'autres soins que de les semer, ni d'autre dépense que de l'arracher dans les mois de Juillet & d'Août. Une forte poignée de la plante entière cuite dans trois-quarts de pinte d'eau, procure un bain jaune dans lequel un gros de laine de l'apprêt E, contracte une couleur de citron-verdâtre, agréable & solide. Le bain exhale vivement l'odeur du sujet, mais heureusement elle n'est point adhérente à la laine, & le simple lavage la lui enleve.


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APOCIN

APOCIN, Gobe-mouche, (Asclepias Syriaca.) Cette plante vivace se multiplie par ses drageons abondants, & beaucoup plus promptement que par ses semences. Une poignée de ses feuilles & tiges hachées, cuite pendant une heure & demie dans une pinte d'eau, procure un bain qui d'abord, de couleur herbacée, se change en un jaune-clair. Un gros de laine LF y contracte au premier bouillon une couleur de citron-verdâtre, puis après encore deux heures de feu vif, un olive solide.


AIRELLE

AIRELLE, (Vaccinium Myrthyllus.) Ce joli petit arbuste ne se trouve guère aux environs de Rouen, que dans les bois au-dessus de Darnetal, vers le Montmain. Je ne l'ai trouvé en abondance qu'à la distance de neuf lieues, dans le parc de l'Abbaye du Bec, où il est aussi commun que la bruyère. Je l'ai inutilement transplanté en diverses saisons dans les jardins. Peut-être l'y pourrait-on élever de semences. On le trouve encore en quantité dans les bois


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d'Evreux, de la basse Normandie, & de la Bretagne ; ses fruits ou baies, d'un noir-violet, mûrissent en Août. Leur goût est agréable & ils sont fort sains : on les vend aux marchés des villes voisines des lieux où ils croissent. Je ne les ai point interrogés en teinture. Quatre onces de jeunes branches en feuilles vertes, étant hachées & cuites pendant une heure & demie dans une pinte d'eau, m'ont procuré un bain gris-salé, & sentant fort la résine. Un gros de laine d'apprêt LF y a pris en trois heures de bouillon une couleur de vigogne-mordorée, ou musc-canelle, qui résiste pendant douze heures à l'immersion à froid dans le vinaigre, comme dans l'eau de savon.

Les branches ligneuses & les racines au même poids & durée de cuite, ont produit un bain un peu plus musc & moins sale. La laine du même apprêt, en trois heures & demie d'ébullition, y acquiert une couleur de canelle-mordorée aussi solide.

J'ai voulu éprouver si l'apprêt E vireroit


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en jaune la fécule colorante des branches sèches de l'Airelle, ainsi qu'il y détermine celle de la bruyère commune. J'en ai pris à cet effet une once & demie, grossièrement pulvérisée, que j'ai fait cuire pendant deux heures dans une pinte d'eau. Le bain étant soutiré j'y ai abattu deux gros de laine mouillée, sortant de l'apprêt E, mais elle n'y a contracté qu'une couleur de noisette-dorée.


ARMOISE

ARMOISE, (Arthemisia vulgaris.) Cette plante vivace croît spontanément dans les champs au pied des haies, dans les terrains sablonneux, & les décombres des vieux murs de moilon. On la multiplie par ses drageons & par éclats des vieilles souches. Elle est beaucoup plus recommandable en médecine qu'en teinture. Trois onces de ses tiges & feuilles hachées, cuites dans trois-quarts de pinte d'eau pendant une heure, ont communiqué à un gros de laine d'apprêt LF une espece de couleur merd’oie, ou musc-olivâtre peu intense, mais transparent & solide.


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ANGÉLIQUE

ANGÉLIQUE SAUVAGE, (Angelica sylvestris.) Cette plante est commune dans les bas prés & les marais. Quatre onces de ses feuilles, tiges & racines nouvellement cueillies, cuites pendant une heure & demie dans une pinte d'eau, ont communiqué à un gros de laine LF, en trois heures de bouillon une couleur de vigogne-dorée fort jolie, & qui tient bien.


APALACHINE

APALACHINE, (Ceanothus Americanus.) Ce joli arbrisseau croît au Canada le long des chemins. Deux onces de ses jeunes branches en feuilles cuites pendant une heure & demie dans trois-quarts de pinte d'eau, ont donné un bain jaunâtre peu coloré. Un gros de laine LF abattu dans sa colature y a pris en trois-quarts d'heure, entre chaud & bouillon, un jaune de gaude brillant, mais un peu bringé. Poussé à l'ébullition ce jaune se ternit, puis en trois heures de feu continué au même degré, il change en un Nankin-canelle, très-chaud de couleur & fort solide.