L (Recueil de Dambourney)

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Recueil de procédés et d'expériences sur les teintures solides
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LAITRON

LAITRON, (Sonchus Oleraceus.) Une médiocre poignée de ses feuilles & tiges fleuries, cuite dans trois-quarts de pinte d'eau, communique à un gros de laine d'apprêt LF, en trois heures de bouillon, une bonne nuance de vigogne-dorée.


LAITRON du Japon

LAITRON du Japon, (Sonchus Maximus Plumerri.) Ses feuilles vertes produisent un [233] bain jaune-olive dans lequel la laine LF, en demi-heure de bouillon, prend un citron opaque qui ne résiste point au vinaigre ; mais l'ébullition continuée pendant trois heures le monte au ton de vigogne-dorée, transparente & très-solide. Cette espece rare a néanmoins fort peu d'avantages en teinture sur l'espece commune, & que l'on trouve partout.


LAITUE SAUVAGE

LAITUE SAUVAGE, (Lactuca Scariola.) Une poignée de la plante entière, & déjà en graines, m'a donné un bain musc-foncé exhalant une forte odeur de punaises. Un gros de laine LF y a pris, en trois heures de bouillon, une belle nuance de vigogne-dorée solide.

Ayant lu que les Morlaques obtenaient du bleu de cette plante macérée long-tems dans les alkalis, j'ai fait les trois Essais suivans.

1° Huit onces de la plante entière en boutons, écrasées dans le mortier de marbre, ont été mises dans un vase de faïence & submergées d'eau de potasse.

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2° Trois onces, idem, dans un grand verre, submergées d'urine alkalisée.

3° Trois onces, idem, submergées d'eau de chaux premiere.

Après trois mois, ne voyant aucun indice de bleu, j'ai pris une portion du premier Essai dont j'ai monté une petite cuve à froid qui, rassise, a donné un bain brun-mordoré sans aucune veine de bleu. Apparemment que les Peuples cités, pour y trouver un supplément à l'indigo, emploient quelque autre espèce. D'ailleurs, on écrit tant de choses sur parole !

J'ai pris trois cuillerées de la macération N° 1, & je les ai délayées dans trois-quarts de pinte d'eau pour en former un bain dans la colature duquel le laine LF a acquis un très beau musc ; mais moitié de cette laine s'est trouvée fondue par l'alkali, quoiqu'il fût délayé dans une aussi grande quantité d'eau. Les deux autres Essais n'ont pas mieux réussi.

LAITUE POTAGÈRE

LAITUE POTAGÈRE, (Lactuca Sativa.) Une poignée des feuilles & tiges en bou- [235] tons m'a donné un bain qui, d'abord très coloré de fauve, s'est ensuite éclairci.

  • La laine LF n'y a pris qu'une vigogne-claire, presque ventre-de-biche.
  • La laine E, une bonne nuance de vigogne-dorée


LAMPSANE

LAMPSANE, (Lapsana Communis.) Ses feuilles & tiges produisent un bain qui promet presque autant que celui de l'herbe à l'épervier ; mais il ne communique à la laine LF qu'un misérable jaune foible & terne.


LAURIER-FRANC

LAURIER-FRANC, (Laurus Nobilis.) Trois onces de ses jeunes branches en feuilles, hachées & cuites pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, produisent un bain d'un jaune-clair & d'une excellente odeur. La laine LF y acquiert, en trois heures de bouillon, un beau musc-doré.


LAURIER-ROSE

LAURIER-ROSE, (Nerion Oleander.) Deux onces de ses jeunes branches & feuilles hachées, cuites pendant une heure dans une demi-pinte d'eau, procurent un bain jaune- [236] olivâtre dans lequel un gros de laine LF acquiert, en trois heures de bouillon, une couleur intense de merd'oie solide.


LAURIER-CERISE

LAURIER-CERISE, (Prunus Laurocerasus.) Ses jeunes branches & feuilles communiquent, au long bouillon, à la laine LF une fort bonne couleur mordorée.


LAURIER DE PORTUGAL

LAURIER DE PORTUGAL, Azarero, (Prunus Lusitanica.) Trois onces de ses brindilles en feuilles, cuites pendant une heure dans une demi-pinte d'eau, m'ont procuré un bain jaune-sale, exhalant une forte odeur de narcisses de Mai. Un gros de laine d'apprêt LF n'y a pris d'abord qu'un jaune-sale & mat, mais en trois heures de bouillon une belle nuance de canelle-mordorée.


LIRIODENDRON TULIPIFERA

LIRIODENDRON TULIPIFERA. Le bois & l'écorce d'un arbre de dix années, mort sur pied, ne m'ont procuré sur laine LF qu'un musc-terne.

Mais trois onces des jeunes branches en feuilles vertes, hachées & cuites pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, [237] m'ont donné un bain presque aussi riche qu'une décoction de safran. Un gros de laine LF y a pris, en un quart d'heure de bouillon, un assez beau jaune qui fléchit au vinaigre ; mais l'ébullition continuée encore pendant trois heures le change en un beau musc-doré très solide.


LAURIER-TIN

LAURIER-TIN, (Viburnum Tinus.) Ses brindilles fraîches produisent un joli bain rosé dans lequel la laine d'apprêt LF acquiert, en trois heures de bouillon, une belle nuance de noisette-foncée, rosée.


LAURÉOLE

LAURÉOLE, (Daphne Laureola). Ses tiges & feuilles donnent à la laine LF, au long bouillon, une nuance de vigogne-claire qui ne vaut pas les frais.


LAVATÈRE

LAVATÈRE, (Lavatera Arborea.) Ses tiges & feuilles produisent un bain jaune-fade & très visqueux. La laine & l'étoffe d'apprêt LF n'y acquièrent qu'au très-long bouillon un jaune-terne & verdâtre assez vilain.


LAVANDE

LAVANDE, (Lavandula Spica.) Trois onces du tronc & des tiges ligneuses ha- [238] chées, cuites pendant une heure & demie dans une pinte d'eau, communiquent à un gros de laine d'apprêt LF en trois heures de bouillon, une excellente bruniture, espèce de Carmélite native.


LEONURUS MARRUBIASTRUM

LEONURUS MARRUBIASTRUM. Une poignée des plantes fleuries donne, dès entre chaud & bouillon, un beau bain musc-transparent dont l'intensité diminue au bouillon. La laine LF n'y acquiert qu'une bonne nuance merd'oie-dorée. Le déchet concentré devient mucilagineux en se refroidissant, mais la chaleur le liquéfie de nouveau.


LIERRE

LIERRE, (Hedera Helix.) Trois onces de son bois, gros comme le petit doigt, hachées & cuites pendant deux heures dans une pinte d'eau, communiquent à la laine LF un jaune-chamois assez joli.

Les feuilles procurent à peu près la même teinte.

Les baies mûres, au poids de deux onces, triturées dans un mortier de marbre & cuites pendant une heure dans une demi- [239] pinte d'eau, produisent un bain violet-clair dans lequel la laine LF, au poids d'un gros, n'acquiert qu'un beau gris-olivâtre, mais peu transparent.


LIERRE TERRESTRE

LIERRE TERRESTRE, (Glecoma Hederacea.) Ses tiges fleuries donnent un bain jaune-olive où la laine LF ne prend que le ton merd'oie.


LILAC

LILAC, ou LILAS commun, (Syringa vulgaris.) Son gros bois très sec, étant broyé, exhale une odeur très pénétrante. C'est une combinaison de celles du Semencontra, du Cumin, & du Cuir de Russie. Aussi depuis dix années de coupe ce bois n'était point vermoulu ; je le croirois excellent pour préserver les lainages & les pelleteries des ravages des teignes. Peut-être même seroit-il utile à prendre intérieurement comme hentelminthique. Au reste, il communique à la laine LF, au long bouillon, une couleur solide jaune-brun, singuliere & indéfinissable.

Les jeunes branches & les épics des graines vertes donnent un bain fauve qui teint [240] la laine LF en noisette-vigogne, & la laine d'apprêt E, en vigogne-dorée. Ce grand & bel arbrisseau est très facile à multiplier par ses drageons enracinés.


LINAIRE

LINAIRE, (Antirrhinum Linaria.) Une poignée de la plante fleurie donne un bain jaune-brun. La laine LF y acquiert, en trois heures de bouillon, un musc-olivâtre qui résiste également aux deux épreuves. Elle en sort d'une flexibilité & d'une douceur qui tient un peu de l'énervé, ce qui sembleroit indiquer beaucoup d'alcalinité dans ce bain ; cependant elle foule parfaitement. Quoique cette plante croisse spontanément dans tous les lieux incultes, il seroit facile de la multiplier par ses graines en un canton circonscrit.


LIQUIDAMBAR

LIQUIDAMBAR, (Liquidambar Styracifera.) Trois onces de ses brindilles en feuilles hachées, cuites pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, produisent un bain jaune-trouble exhalant l'odeur d'une compote d'abricots. Un gros de laine LF y a pris d'abord un jaune-verdâtre [241] assez transparent, & au long bouillon un bon musc-doré.


LIZERON, petit

LIZERON, petit, (Convolvulus Arvensis.) Ses traînasses en feuilles & fleuries donnent à la laine LF un musc-clair, ainsi que beaucoup d'autres plantes laiteuses. On ne doit pas craindre de manquer de celle-ci ni de la suivante, puisqu'elles infestent les jardins & les champs, de quelque nature que soit leur terrein.


LIZERON, grand

LIZERON, grand, à fleurs blanches, (Convolvulus Sepium.) Ses racines, grosses comme une moyenne plume à écrire, sont ramassées avant l'hiver par les rats-mulots qui en approvisionnent leurs retraites pour concourir à leur nourriture. Le hasard me fit découvrir un de ces petits magasins où ces racines étaient coupées régulièrement de la longueur d'environ deux pouces, rangées avec beaucoup d'ordre, & soigneusement enveloppées de feuilles & d'herbes sèches. Leur destination afflaiblit mes soupçons de leur analogie avec la Scamonée, de sorte que je me déterminai d'en [242] goûter. Je leur trouvai une saveur sucrée avec retour d'amertume assez désagréable, suivie d'une sensation farineuse & amilacée. Je défonçai un bout de plate-bande pour me procurer de ces racines fraîches que je lavai bien, & j'en formai une poignée longue de six pouces & liée de ficelle comme une carote de tabac. A ce moyen je pus la râper dans un tamis flottant sur l'eau au fond de laquelle il se déposa un amidon très fin & blanc, mais qui, en séchant, acquit une couleur rosée qui m'indisposa ; de sorte que je n'en fis point cuire en bouillie.

Mais pour éprouver ces racines en teinture, j'en broyai trois onces dans un mortier de marbre, & les fis cuire pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau. Il en résulta un bain d'un jaune-brunâtre dans lequel un gros de laine LF prit, en demi-heure sans bouillir, un joli ton rose, couleur chair animée, que trois heures de bouillon virèrent en une vraie nuance de canelle très unie & solide.


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Le restant de ce bain visqueux, brunâtre, très-sucré, d'odeur & de goût d'une compote de poires, fut mis dans un vase de faïence où la fermentation vineuse s'établit en quarante-huit heures ; mais ce vase ayant été renversé par accident, je n'ai point pensé depuis à répéter & à suivre les résultats ultérieurs de cette opération.


LISIMACHIE

LISIMACHIE, (Lisimachia Vulgaris.) Ses racines donnent un bain gris & trouble dans lequel la laine LF contracte, dès le premier bouillon, un musc-opaque solide.

Les tiges fleuries produisent un bain jaune-terne qui, en deux heures d'ébullition, teint ladite laine en gris un peu jaunâtre.


LOTIER HÉMORRHOÏDAL

LOTIER HÉMORRHOÏDAL, (Lotus Hirsutus.) Une poignée de ses tiges & feuilles, cuite en trois-quarts de pinte d'eau, procure un bain jaune-clair qui, en trois heures de bouillon, donne à un gros de laine LF une jolie teinte de coton de Siam bien assurée.


LUSERNE

LUSERNE, (Medicago Sativa.) Une poi- [244] gnée de cette plante en foin sec, cuite dans trois-quarts de pinte d'eau, produit un bain jaune presque aussi riche que celui de la gaude ; mais même au très long bouillon, la laine LF n'y prend qu'une couleur de chamois ou vigogne-claire. La laine de l'apprêt AT, avec un quart de son poids en garance, y devient d'un rouge-tendre, mordoré-clair, agréable & solide.


LYCHEN PRUNASTI

LYCHEN PRUNASTI. Cette espèce d'Usnée, qui revêt & intercepte la transpiration de quelques prunelliers languissants, est annoncée comme procurant une teinture rouge. Elle ne m'a néanmoins donné qu'une nuance de vigogne-clair & dorée. Peut-être faudrait-il la macérer avec chaux & urine, comme l’Orceille, pour en obtenir quelque chose de mieux ; mais la récolte en serait bien dispendieuse.