M (Recueil de Dambourney)

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Recueil de procédés et d'expériences sur les teintures solides
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MAHALEB

MAHALEB, (Prunus Mahaleb.) Cet arbre, de moyenne grandeur, se plaît singulièrement dans les taillis sur coteaux marneux & crayonneux où il croît spontanément. Il s'accomode de tous autres terreins pourvu qu'ils ne soient point marécageux, & s'y multiplie par semences, marcotes & drageons repoussant du pied. Trois onces de ses branches de deux ans, fraîches, hachées, cuites pendant une heure & demie dans trois-quarts de pinte d'eau, produisent un bain d'une excellente odeur, combinée de celles du mélilot, de canelle & d’amandes ameres. Un gros de laine d'apprêt LF y acquiert, en deux heures & demie de bouillon, une couleur de canelle-claire, rosée, aimable & très solide. Le bain ne se salit point, & une seconde mise d'un demi-gros de laine du même apprêt en sort très-peu inférieure à la premiere. Ces laines [246] teintes conservent l'agréable odeur du bain, même après avoir été feutrées.

Je n'ai point été à portée d'essayer le cœur du gros bois dépouillé de son obier.


MARRONNIER-D'INDE

MARRONNIER-D'INDE, (Aesculus Hippocastanum.) Deux onces de son écorce en sève, au mois de Mars, hachées & cuites pendant une heure dans une demi-pinte d'eau, procurent un bain dans lequel un gros de laine LF acquiert, en demi-heure sans bouillir, un jaune assez semblable à celui qui résulte de l'écorce du cornouiller : le long bouillon le vire en une belle nuance mordorée.

Les jeunes branches en feuilles (en Septembre) au poids de trois onces, hachées, cuites pendant une heure & demie dans trois-quarts de pinte d'eau, colorent, en trois heures de bouillon, un gros de laine d'apprêt LF en un beau musc-canelle transparent. Ce bel arbre, dont la multiplication par ses fruits est facile, & dont la végétation est très prompte, peut être réputé un de nos bons ingrédients colorants indigènes. [247]

L'écorce brune du marron-d'Inde, au poids d'une once & demie, hachée & cuite doucement pendant une heure & demie dans une demi-pinte d'eau, m'a procuré sur laine LF uni marron clair, agréable & solide.


MARRONNIER-D'INDE à fleurs écarlates

MARRONNIER-D'INDE, à fleurs écarlates, Aesculus Octandra, Pavia.) Trois onces de ses jeunes branches en feuilles (en Septembre), hachées & cuites pendant une heure & demie dans trois-quarts de pinte d'eau, produisent un bain jaune-foncé dans lequel un gros de laine LF acquiert, en trois heures de bouillon, un musc-canelle transparent. Cette teinture, repassée en bain de quatre gros de baies sèches de Frangula, devient d'une belle nuance carmélite bien chatoyante.

Cet arbre ne végète pas assez vigoureusement en Normandie pour qu'on puisse en espérer de grands avantages pour notre art ; mais, en forçant un peu la dose, on obtient les mêmes résultats de l'espèce commune.


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MARRUBE NOIR

MARRUBE NOIR, (Ballota Nigra.) Une poignée de ses tiges fleuries, cuite dans trois-quarts de pinte d'eau, produit un bain olive qui, au long bouillon, communique à la laine LF une nuance de merd'oie intense & assurée.

Les mêmes, cuites en eau dans laquelle deux gros de vitriol de Chypre ont été dissous, donnent un bain vert-d'eau-clair dans lequel, en trois heures de bouillon. la laine LF acquiert un musc-foncé, olivâtre & solide.


MARRUBE BLANC

MARRUBE BLANC, (Marrubium Vulgare.) Ses tiges fleuries, cuites en eau simple, donnent d'abord un joli citron fugace que le long bouillon change en jaune-olivâtre, ventre-de-crapaud solide.


MARSAULE

MARSAULE, ou MARCEAU, (Salix Capraea.) Tous les taillis de fonds médiocres sont garnis de ce bois, mauvais pour le chauffage, mais utile à beaucoup d'autres égards & notamment en teinture. Trois onces de son écorce, ou quatre onces de ses brindilles en sève (en Mars & [249] Avril), cuites doucement dans trois-quarts de pinte d'eau pendant une heure, donnent un bain qui, en demi-heure entre chaud & bouillon, communique à un gros de laine LF un assez beau jaune-abricot. Une seconde mise, en bouillant pendant une heure, y prend un jaune-foncé, mordoré-clair. Le déchet du bain ne se salit point, & il exhale l'odeur d'une compote de pommes.

Un bain de quatre onces hachées du bois & écorce, cuites pendant deux heures, donne au long bouillon, un beau musc-doré.

Autant du bois ecorcé, traité de même, donne une teinte de Nankin-noisette un peu canelle.

Autant de bois & écorce donne à la laine du même apprêt LF, en demi-heure de teinture sans bouillir, & autant au petit bouillon, un joli ton canelle couleur de chair ou rosé.

Lorsque ce bois n'est plus en sève, ses produits déchoient beaucoup


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MÉLÈZE

MÉLÈZE, (Pinus Larix.) Trois onces de ses brindilles en feuilles, hachées & cuites pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, colorent, au très long bouillon, un gros de laine LF en un musc-doré qui ne perd rien en seize heures d'immersion dans le vinaigre.

Les mêmes, sans feuilles, (le 3 Février) ont communiqué au premier bouillon un jaune-ravenelle mat, & en trois heures d'ébullition continue, une belle nuance canelle-dorée.


MÉLILOT

MÉLILOT, (Trifolium, Melilotus Officinalis.) Une médiocre poignée de ses tiges fleuries donne un bain très-parfumé, qui promet autant que celui de la gaude ; mais il ne communique à la laine LF, au long bouillon, qu'une ombre ou bruniture de jaune.


MENTHE DE MARAIS

MENTHE DE MARAIS, (Mentha Aquatica.) Ses feuilles & tiges bouillies procurent une légère nuance de musc-olivâtre.


MERCURIALE ANNUELLE

MERCURIALE ANNUELLE, (Mercurialis annua.) Une poignée de ses feuilles & tiges,


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cuite pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, forme un bain fauve dans la colature duquel un gros de laine LF prend au premier bouillon un assez beau jaune-ravenelle qui, par l'ébullition continuée pendant trois heures, devient un musc-clair & très-solide.

La profusion avec laquelle la nature nous donne cette herbe & presque en toutes saisons, m'a fait négliger de l'employer desséchée à l'ombre, mais ayant observé que celles que les sarcleurs laissaient sur terre par petits tas, éprouvaient en peu de temps une fermentation (per se,) qui donnoit la couleur bleue à leurs jeunes tiges & aux nervures de leurs feuilles, je ne pus écarter l'espoir d'en obtenir quelque supplément à l’Indigo. J'entrepris donc un long travail pendant lequel j'employai toutes les manières d'exciter & de modifier cette fermentation ; mais traitée comme le Pastel, & comme l’Anil, la mercuriale ne réalisa aucune de ces apparences de bleu.

Après trois mois d'abandon [252] de tous ces Essais, je retrouvai un vase dans lequel j'avais noyé de ces plantes dans beaucoup d'eau. Presque toute l'herbe était décomposée. Un liquide jaune & sale surnageoit une fécule d'un gris noirâtre qui, brouillée avec le jus, & le tout mis sur le feu, répandit une puanteur fade, nauséabonde, telle que celle de la liquéfaction d'un vieux beurre rance & pourri. Un gros de laine LF y acquit au long bouillon une forte nuance d'olive-brune-dorée : aucune mauvaise odeur ne resta dans la laine après le lavage.

Dans un bain pareil, je fis fondre dix grains de vitriol de fer, qui le tournèrent en vert, & la laine LF y acquit un ton olive-grisâtre. En ajoutant du vitriol, ce genre d'olive augmente d'intensité ; mais ces deux moyens sont mauvais, car au bout d'une année ces échantillons feutrés avaient dégénéré en roux comme presque toutes les couleurs virées par la couperose.

MERISIER

MERISIER, (Prunus Avium.) Deux on- [253] ces de son gros bois sec, hachées & cuites pendant deux heures dans une pinte d'eau, m'ont procuré sur un gros de laine LF une riche couleur de canelle-doré très solide. Je n'ai point essayé des brindilles de cet arbre en sève, mais je suis très persuadé qu'elles donneraient de beaux produits. Ce grand arbre est si commun dans les haies & les bois, que l'on ne doit pas craindre la disette d'un pareil colorant.


MICOCOULIER

MICOCOULIER, (Celtis Australis.) Deux onces de son écorce ou trois onces de ses brindilles en sève, cuites pendant une heure, procurent un bain jaunâtre dans lequel, en demi-heure sans bouillir, un gros de laine LF acquiert un assez joli jaune verdoyant, que le bouillon change en jaune-chamois.

Le bois écorcé donne, en trois heures de bouillon, une agréable couleur de coton de Siam surdoré.

Quoique cet arbre se plaise particulierement dans nos provinces méridionales, on l'élève facilement de semences en Nor- [254] mandie, notamment dans les sables qui ont du fond.


MILLEFEUILLE

MILLEFEUILLE, (Achillea Millefolium.) Une poignée de ses tiges fleuries donne un bain qui répand d'abord une odeur balsamique & résineuse, puis celle d'une compote d'abricots ; mais la laine d'apprêt LF n'y prend, même au long bouillon, qu'une nuance olive, foible & sale.


MILLEPERTUIS

MILLEPERTUIS, (Hypericum Perforatum.) Une médiocre poignée des plantes fleuries donne, au premier feu, un jaune terne qui se dore par une heure de bouillon, & ternit en restant plus longuement dans le bain.


MOLÊNE

MOLÊNE, (Verbascum Phlomoïdes.) Ses feuilles & tiges fleuries communiquent à la laine LF, au long bouillon, une couleur de vigogne-jaunâtre.


MORELLE

MORELLE, (Solanum Nigrum.) Ses feuilles, tiges & fruits encore verts donnent un bain olivâtre-fade dont résulte au long bouillon, une légère nuance d'olive mesquine.


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MOUSSE VERTE

MOUSSE VERTE. Une poignée de celle qui croît sur les souches des hêtres, cuite dans une pinte d'eau, n'a presque point coloré le bain. Un gros de laine LF y a pourtant acquis, en quatre heures de bouillon, une belle couleur vigogne.


MUFLE DE VEAU

MUFLE DE VEAU, (Antirrhinum Majus.) Une médiocre poignée de ses tiges fleuries, cuites pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, produit un bain jaune dans lequel un gros de laine LF prend d'abord un jaune-verdâtre, & au long bouillon, une assez belle nuance de vigogne solide.


MUFLE DE VEAU, petit

MUFLE DE VEAU, petit, (Antirrhinum Orontium.) Une poignée des plantes, entre fleur & graine, donne un bain fauve transparent dans lequel, en trois heures de bouillon, un gros de laine LF acquiert un beau musc-doré.

Ce bon colorant est très commun dans les champs dépouillés vers la fin de Septembre, & l'on peut le multiplier dans un lieu circonscrit, par l'abondance de ses graines.


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MURIER NOIR

MURIER NOIR, (Morus Nigra.) Deux onces de son gros bois sec, hachées & cuites pendant une heure dans une demi-pinte d'eau, teignent la laine LF en un jaune-opaque-olivâtre qui résiste à tout. Je n'ai pas essayé les brindilles en sève, qui doivent être aussi fort bonnes.


MURIER DE LA CHINE

MURIER DE LA CHINE, (Morus Papyrus.) Trois onces de brindilles coupées depuis sept jours, hachées, cuites pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, m'ont produit un bain jaune ayant l'odeur d'une décoction de réglisse & formant beaucoup d'écume. Un gros de laine LF y a pris, même avant le bouillon, un citron mat, qui s'est maintenu quelques temps, puis au long bouillon est devenu d'une couleur indéterminée, espèce de piétage pour nuance carmélite. Le mûrier du Japon donne un olive-tendre.


MYRTHE D'EAU

MYRTHE D'EAU, (Myrica Gale.) Ce joli abrisseau est très commun dans le marais de Jumièges, & sans doute dans beaucoup d'autres. Il peut en être transplanté dans tous les terrains aquatiques. Trois onces de ses jeunes branches en feuilles, hachées & cuites pendant une heure & demie dans trois-quarts de pinte d'eau, m'ont procuré un bain aurore, & d'une odeur aromatique très suave. Un gros de laine LF n'y a pris, qu'au très long bouillon, une nuance bringée de musc poil de castor, & la laine d'apprêt E, une belle vigogne tirant au musc, fort unie & solide.

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