Crucifères (Le Floc'h, 1983)

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
Capparidacées
Le Floc'h, Ethnobotanique tunisienne, 1983
Résédacées


[103]

Brassica napus

155. Brassica napus L. [II/sans n° ; p:189] CRUCIFÈRES


Dans Flora europaea la dénomination correcte de la var. rapifera citée ici s'orthographie Brassica napus ssp. rapifera Metzger. Pour la Tunisie, POTTIER-ALAPETITE n'a pas cependant cité les sous-espèces.

M. - A propos de la variété rapifera, TROTTER (1915) signale, sans plus de précision, que les graines ont un intérêt médicinal.


Brassica tournefortii

156. Brassica tournefortii Gouan [II/289; p:190]


A. - Les jeunes pousses et les tiges florifères sont comestibles (TROTTER, 1915).

Sinapis alba

157. Sinapis alba L. [II/296; p:194] CRUCIFÈRES


A.- La graine de la « moutarde blanche » laxative par son mucilage, entre dans la composition de certaines moutardes et peut donner lieu à l'extraction d'une huile (PARIS et MOYSE, 1967).

LEMORDANT et al. (1977) signalent que cette espèce (ar. lift) sert aussi de condiment.


Diplotaxis acris

158. Diplotaxis acris var duveyrierana Coss. [II/298 ; p 196] CRUCIFÈRES


Non cités dans les travaux nomenclaturaux récents, ce taxon est mal orthographié dans la Flore de la Tunisie. Les publications concer-


[104]

nant l'Algérie (QUEZEL et SANTA, 1963 ; OZENDA, 1977 ; BARRY et al., 1976) autorisent la rectification amenant à D. acris var. duvey­rierana Cosson, combinaison probablement correcte pour ce taxon parfois érigé au rang d'espèce : D. duveyrierana Cosson.

Les feuilles sont consommées alors que les graines ainsi que le « suc » servent au traitement de la gale du chameau.

A. - DUVEYRIER (in TROTTER, 1915 et in GAST, 1968) rap­porte que les feuilles sont consommables. Il est cependant important de faire très attention aux déterminations puisque dans le texte de GAST, il est noté que le nom vernaculaire « tanekfait » recouvre les espèces suivantes :

  • Eruca sativa var. aurea Batt. [1]
  • Eruca vesicaria (L.) Cav.
  • Matthiola oxygeras DC. [2]
  • Diplotaxis duveyrierana Coss.

M. - La décoction de la graine et le suc de la plante seraient (TROTTER, 1915 et CAUVET, 1925) utilisés dans le traitement de la gale du chameau.

____________________

  1. Eruca sativa var. aurea Batt. (famille des CRUCIFÈRES) ab­sente de la flore tunisienne.
  2. Matthiola oxygeras DC. = Matthiola longipetala (Vent.) DC. qui quoiqu'appartenant à la flore de la Tunisie n'est pas traité dans cette publication.

Diplotaxis harra

159. Diplotaxis harra (Forsk.) Boiss. [II/300; p: 197]


Consommée comme légume cette plante est également suspectée de toxicité.

A. - Sous le nom tamaheq de « azezzega », GAST (1968) note deux espèces :

- Diplotaxis acris var. duveyrierana Coss. (déjà cité sous l'autre nom de « tanekfait »),


[105]

- Diplotaxis harra (Forsk.) Boiss. dont il souligne que les feuilles sont consommées, bouillies à l'eau ou mêlées aux sauces avec des légumes.

T. - Dans le Sud tunisien, il nous a souvent été relaté (ce qui est également rapporté par BURGEMEISTER, 1975), que 4 à 6 mois après l'ingestion de la plante par les chameaux, ces derniers manifes­tent une rigidité des extrémités postérieures évoluant vers des paraly­sies. De fait, la plante fraîche est généralement refusée par les ani­maux, mais elle serait donnée (apparemment sans ennui) comme fourrage sec aux chèvres et aux moutons près des enclos.


Eruca vesicaria

160. Eruca vesicaria (L.) Cavan. [II/304; p: 199] CRUCIFÈRES


A. - Sa consommation a été rapportée par GAST (1968) (cf. à Diplotaxis acris var. duveyrierana Coss., n° 158).


Raphanus sativus

161. Raphanus sativus L. [II/sans no ; p:202] CRUCIFÈRES


A.M.- Dans les graines de ce « radis », PARIS et MOYSE (1967) signalent la présence d'un hétéroside souffré particulier, dont l'hydrolyse procure une substance à propriétés antimicrobiennes.

LEMORDANT et al. (1977) notent l'intérêt de cette espèce (ar. = fjil ; fr. :. radis) comme aliment.


Enarthrocarpus clavatus

162. Enarthrocarpus clavatus Del. [II/308; p:202] CRUCIFÈRES


BOULOS (1979) rectifie l'orthographe de cette combinaison de la façon suivante : E. clavatus Delile ex Godron.

T. - Selon TRABUT (in CAUVET, 1925) l'espèce (« el kartâz ») consommée en grande quantité, serait mortelle pour les chameaux.


Oudneya africana

163. Oudneya africana R. Br. [II/318; p:208] CRUCIFÈRES


Anciennement connue sous la combinaison Henophyton deserti, ce taxon correspond dans la nomenclature actuelle (BOULOS, 1979) à : O. deserti (Cosson & Durand) Bullock.


[106]

A. - Sous le binôme de Henophyton deserti (ar. = halga), BOUQUET (1938) signale la consommation de cette espèce (cf. à Mo­ricandia suffruticosa ssp. arvensis n° 164).

Moricandia arvensis

164. Moricandia arvensis ssp. suffruticosa (Desf.) Maire [II/319; p:210] CRUCIFÈRES


Ne connaissant pas la position nomenclaturale actuelle de ce taxon, nous adoptons la combinaison proposée par POTTIER-ALAPETI­TE. Cette sous-espèce aurait des vertus antiscorbutiqnes.

A. - L'usage alimentaire de « hamin » est précisée par BOUQUET (1938) qui indique que l'on fait cuire les feuilles dans de l'eau salée (on jette l'eau de cuisson), puis, après les avoir écrasées et y avoir ajouté de l'huile, on les fait cuire de nouveau. Il rapporte aussi que, à Djeneien (Sud tunisien) on dit remplacer le « hamin » par les feuilles d'Henophyton deserti [1]. (ar. = helga).

La préparation culinaire présentée par GOBERT donne selon CHOUMOVITZ et SERRES (1954) un mets au goût voisin de celui de la « meloukhia » [2].

M. - Si l'espèce (ar. = hamin) est essentiellement utilisée dans l'alimentation humaine, elle est également (JOLY, 1910), employée dans le traitement de la syphilis selon les indications suivantes : on fait bouillir les tiges et les feuilles jusqu'à ce que le bouillon se réduise et passe à l'état presque sirupeux ; cette décoction sert comme boisson et pour laver les parties malades.

De l'avis de BOUQUET, les crucifères à essence sulfurée ont, incontestahlement, pour ces populations, de précieuses qualités antiscorbutiques.

____________________

  1. Henophyton deserti Coss. et Dur. = Oudneya africana R. Br.
  2. Préparation culinaire à base de Corchorus olitorius L. (famille des Tiliacées), espèce cultivée en Tunisie mais non traitée ici.

Lepidium sativum

165. Lepidium sativum L. [II/sans n° ; p:213) CRUCIFÈRES


Consommées, les graines et les feuilles ont également de nombreuses vertus thérapeutiques.


[107]

A. - Si PARIS et MOYSE (1967) puis LEMORDANT et al. (1977) rapportent l'emploi des feuilles en salade, TROTTER (1915) puis DOREAU (1961), signalent que les graines aussi ont une valeur alimentaire. Par ailleurs RAYNAUD (in GATTEFOSSÉ, 1921) note que l'espèce sert à engraisser les taureaux et à panser les plaies.

M. - Réputée être une panacée de la médecine populaire arabe, l'espèce a effectivement de nombreux emplois en thérapeutique traditionnelle (RENAUD et 1934 ; BOUCHAT, 1956).

Les graines sont vendues à des fins médicales et employées broyées puis infusées dans l'eau, contre la toux et l'asthme (GATTEFOSSÉ) ; FOUREAU (in TROTTER) note qu'au Sahara algérien les graines broyées sont utilisées en mélange avec le « henné » [1] lors des soins des blessures des chevaux et des chameaux.

Selon DUCROS (1930) le cresson alénois (ar. = reshad) est stimulant (dans les cas de rachitisme) et diurétique ; à l'extérieur on en fait des cataplasmes pour cicatriser les ulcères scrofuleux.

Un emplâtre composé de feuilles de Lepidium sativum (« habb er-rechad ») ou de Ziziphus lotus (« sedra ») fait mûrir les furoncles (LARRIBAUD, ]952). Cette panacée « habb er rechad » recommandée par le Prophète est utilisée pour faire mûrir les abcès, guérir les plaies, et faciliter l'expectoration (BOUCHAT, 1956).

Au Sahara (DOREAU, 1961), on attribue à la plante (« ab rachet» ; fr. : cresson alénois) des propriétés fébrifuges toniques, reconstituantes et antiscorbutiques. Les graines sont ingérées comme base d'un traitement dess affections broncho-pulmonaires, servent en liniment à soigner les entorses, et leur emploi est recomandé pour combattre les maladies oculaires

R. - En ALgérie (TROTTER) les graines sont considérées aphrodisiaques, usage rapporté aussi par GATTEFOSSÉ.

D. - En Erythrée (TROTTER) la plante fournit également une substance tinctoriale.

____________________

  1. henné = Lawsonia inermis L. (famille des Lytracées)


[108]

Capsella bursa-pastoris

166. Capsella bursa-pastoris (L.) Mœnch. [II/340 ; p : 222] CRUCIFÈRES


Flora europaea indique la combinaison correcte : C. bursa pastoris (L.) Medicus.

M.- Cette espèce est selon PARIS et MOYSE (1967) employée en médecine populaire, comme succédané de l'ergot du seigle en tant que vaso-constricteur et hémostatique (propriétés attribuées à des alcaloïdes contenus dans la plante). Ces propriétés sont aussi rapportées par LEMORDANT et al. (1977).


Anastatica hierochuntica

167. Anastatica hierochuntica L. [non répertoriée] CRUCI­FÈRES


Cette espèce, quoique non signalée en Tunisie par POTTIER­ ALAPETITE, y est cependant présente dans la région des Basses Plaines Méridionales. Nous avons indiqué la dénomination signalée par BOULOS (1979).

M. - L'espèce est, selon BOUQUET (1921), réputée en infusion contre les convulsions des enfants et l'épilepsie ; il souligne cependant que cet emploi relève plus du fétichisme que de la médecine, ces maladies étant considérées comme le résultat de possession par un génie. Le même auteur note enrore que dans le Sud tunisien le même usage est fait de Asteriscus pygmaeus. Signalons cependant que, selon RENAUD et COLIN (1934), la confusion est possible entre cette espèce et Asteriscus pygmaeus Coss. et Kral. (n° 419).

Selon DUCROS (1930) la plante macérée dans l'eau donne une liqueur emménagogue.

R. - DUCROS signale une croyance populaire attribuant à la plante sèche, déposée dans un verre d'eau, le pouvoir, par le temps qu'elle met à s'ouvrir, d'indiquer la durée des douleurs de l'accou­chement.


Rorippa nasturtium-aquaticum

168. Rorippa nasturtium-aquaticum (L.) Hayek [II/365 ; p:235] CRUCIFÈRES


Les modifications taxonomiques (Flora europaea) ramènent ce taxon à la combinaison suivante : Nasturtium officinale R. Br.

A.M.R. - Au Maroc, l'espèce est employée comme antiscorbutique et aphrodisiaque (GATTEFOSSÉ, 1921).


[109]

PARIS et MOYSE (1967), signalent que Nasturtium officinale R. Br. est un antiscorbutique et un diurétique utilisé dans l'alimentation. Cet intérêt alimentaire de l'espèce (ar. = heberched ; fr. cresson des fontaines) est aussi noté par LE­MORDANT et al. (1977).

Sisymbrium erysimoides

169. Sisymbrium erysimoides Desf. [II/387 ; p: 247] CRUCIFÈRES


A. - L'espèce (ar. fesseouya) se consomme crue (GOBERT, 1940).


Sisymbrium officinale

170. Sisymbrium officinale (L) Scop. [II/388; p:247]


Synonymie admise : Erysimum officinale L.

M. - Moins rubéfiante que la moutarde, la graine de « vélar » (DUCROS, 1930) est employée comme détersif, vulnéraire, expectorant et diurétique.

PARIS et MOYSE (1967) ont noté les vertus béchiques, expectorantes et la propriété de combattre l'enrouement de cette espèce (fr. = erysimum vélar ; herbe aux chantres).

LEMORDANT et al. (1977) ont aussi relevé les propriétés citées ci-dessus.