Anacardiacées (Le Floc'h, 1983)

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Euphorbiacées
Le Floc'h, Ethnobotanique tunisienne, 1983
Rhamnacées


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Pistacia lentiscus

245. Pistacia lentiscus L. [II/771; p:485] ANACARDIACÉES


Sans présenter la diversité d'usage de Pistacia atlantica, le Pista­cia lentiscus est cependant largement employé.

A. - Au Maroc (GATTEFOSSÉ, 1921) la « résine » de cette espè­ce est mâchée afin de se parfumer l'haleine ou ajoutée au pain. A ce propos, le même auteur signale que, dans ce pays, l'oléorésine de cette espèce ne se solidifie pas et qu'il n'y existe donc pas de mastic.

Le fruit renferme 20 à 25 % d'une huile grasse employée dans l'alimentation (DORVAULT et WEITZ, 1945).

M. - Les feuilles (BOUQUET, 1921) passent pour astringentes diurétiques et emménagogues alors qu'en infusion, elles sont répu­tées enlever la mauvaise odeur de l'haleine et de la sueur.

Le lait dans lequel on fait bouillir du mastic est réputé efficace contre les maux de gorge note GATTEFOSSÉ qui signale de plus que :

  • l'écorce est employée en fumigations (à Marrakech) pour faci­liter les accouchements,
  • l'huile, extraite par ébullition des graines pilées, est utilisée dans le traitement de la gale et des rhumatismes.

L'extrait de l'huile sert aussi (DORVAULT et WEITZ) à la fabri­cation de pilules contre la diarrhée.

L'usage de la résine ou gomme (ar. = oum en nas) en fumiga­tion contre la fièvre est relevé par PASSAGER et BARBANÇON (1956).


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R. - La résine ou « mastic » est sucée par les bergers (RENON s.d.) et serait selon les précisions de DOREAU (1961) une oléorésine largement employée dans les indications prophylaxiques et thérapeutiques relevant de procédés magiques (fumigations) ce qui justifie­rait son nom arabe «oum en nas » signifiant « mère des gens », « mère des mauvais génies ».

D. - TROTTER (1915) présente quelques emplois de Pistacia lentiscus L. en Libye :

  • les feuilles sont tannantes,
  • la plante fournit le « mastic » de Chio,
  • les fruits par extraction fournissent une huile utilisée pour l’éclairage, la médecine, la saponification,
  • les fruits (selon MIEGUES) bouillis avec de l'alun donneraient une encre indélébile.
  • les cendres du bois sont employées comme savon (GATTE­FOSSÉ).

L'huile est utilisée pour l'éclairage (DORVAULT et WEITZ). La gomme (ar. = ilk ar rûm; fr. : gomme mastic) est un mastica­toire et est utilisée au Maroc comme épilatoire et parfum par les gens aisés, rapportent RENAUD et COLIN (1934) qui signalent par ail­leurs que c'est de Chio que provient la meilleure gomme.

Pistacia terebinthus

246. Pistacia terebinthus L. [II/772; p:485]


A. - L'huile, extraite des fruits du térébinthe, sert de condiment dans le Sud du Maghreb (GATTEFOSSÉ, 1921).

Pour BOUQUET (1921), cette espèce est susceptible de procurer les mêmes usages que P. lentiscus.

Selon GATTEFOSSÉ, la résine produite par cette espèce, et nom­mée ailleurs térébenthine de Chio, est inconnue au Maroc où le téré­binthe est utilisé pour le tannage et la teinture. GATTEFOSSÉ note aussi que les fruits sont vendus pour servir contre les affections géni­tales.

Ce « pistachier » fournit (DUCROS, 1930) une résine ou plus exactement une térébenthine appelée en arabe « çmagh el bôttom ».


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DUCROS précise que cette térébenthine dite « de Chio » est utilisée pour ses vertus stimulantes aromatiques et diurétiques et que de plus sa distillation (ainsi que celle de certains Pinus) fournit la « colophane » (ar. : qalafouunia) qui est prescrite :

  • en poudre, à l'intérieur, dans les maladies de poitrine,
  • en huile ou en emplâtre, à l'intérieur, en applications sur les excroissances des muqueuses.

PARIS et MOYSE (1967) puis LEMORDANT et al. (1977) font également état, à propos de cette espèce (ar. = battoum [1], fr. = térébinthe) de la térébenthine de Chio.

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  1. Il est étonnant de voir rapporté ici comme nom vernaculaire arabe de cette espèce « battoum », habituellement appliqué à Pistacia atlantica Desf. Cet usa­ge provient probablement d'un synonymie antérieurement en usage où Pistacia at­lantica Desf. = Pistacia terebinthus ssp. atlantica (BATTANDIER et TRABUT, 1902).

Pistacia atlantica

247. Pistacia atlantica Desf. [II/773; p:487]


La raréfaction, en Afrique du Nord, de cette plante aux nombreuses propriétés, est pour partie, due à l'intérêt que présentait son bois dans la région. Les individus qui subsistent bénéficient de fait d'un statut de protection et sont localisés à proximité des lieux de pélerinage (« marabout »).

A. - BURNET (1939) a noté, entre autre usage, que du fruit (ar. : haoudja, khatiri, gatouf, gueddain), on retire une amande comestible (ar. : hahbet el khadra) employée en pâtisserie et qui pro­cure une huile.

Selon REYNIER (1954), les fruits écrasés aves des figues sèches et des dattes, constituent un aliment.

M. - Le fruit de cette plante possède des vertus thérapeutiques (TROTTER, 1915) et la gomme résine du tronc est utilisée en Libye par les gens qui la mastiquent volontiers durant les longues marches. DESFONTAINES (in TROTTER) signale que cette gomme est appelée « heule » et note qu'elle est mastiquée car susceptible de procurer une meilleure haleine et de nettoyer les dents.


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BURNET (1939), rapporte qu'en Tunisie les feuilles ser­vent à fabriquer une tisane (cf. à Artemisia arborescens, n° 428) et une décoction très sucrée comme le thé, il indique aussi les diverses appellations vernaculaires de l'espèce en arabe (bettam, iggt, iqq, idj) et en berbère (tismelelt, tesemhalt). Selon le même auteur, la résine (ar. : alk, anbak, heull) est employée comme masticatoire et comme médicament.

D'autres indications de thérapeutique sont soulignées par REY­NIER (1954) :

  • le liquide obtenu en écrasant les feuilles de Pistacia atlantica (ar. = betoum) est utilisé comme collyre contre la conjoncti­vite;
  • la mastication des feuilles aurait une action désinfectante et cicatrisante dans le cas de gingivites.

L'emploi pour calmer les céphalées est rapporté par BOUCHAT (1956) (cf. à Arthrophytum scoparium, n° ll6).

Le polypore (Polyporus driadeus Pers. et P. tinctorius Quel.) champignon parasite du tronc du « bétoum », préparé en soupe, a la propriété de soigner la jaunisse (GATTEFOSSÉ, 1921).

D. - Selon TROTTER, cette plante a de nombreux usages en Libye :

  • avec les cendres du bois on fait du savon,
  • la plante est appréciée en tannerie et teinture pour les galles de ses feuillles, produites par Pemphigus utricularis Pass. et qu'il ne faut pas confondre avec ies galles du chêne (importées d' Orient) et causées par Cynips tinctoria Oliv.. Cette indication est aussi rappor­tée par BURNET qui note comme nom vernaculaire arabe de cette galle : liez, allez,
  • les feuilles elles-mêmes ont des propriétés tannantes appré­ciées,
  • sur le tronc se développe un champignon parasite (Polyporus tinctorius Quel.) qui est récolté pour teindre la laine en jaune. Cette indication est aussi relevée par BOUCHAT (1956) et GATTEFOSSÉ (loc. cit.), à propos de Polyporus tinctorius xanthochromus.


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  • le suc (ar. = samach), qui coule des anfractuosités des vieux arbres, est dissout dans l'eau pour servir d'encre ; BURNET signa­lait également cet usage. GATTEFOSSÉ aussi rapporte que de cette espèce on extrait une gomme, analogue à la « térébenthine de Chio » et nommée « heul » en Tunisie, ainsi qu'un suc desséché « samacq » qui sert à la confection d'une encre très utilisée.

Le bois de Pistacia atlantica (ar. betoum) servait tout particuliè­rement à fabriquer le mat central des tentes et l'âge des charrues ru­dimentaires (CHOUMOVITZ et SERRES, 1954).

Rhus pentaphylla

248. Rhus pentaphylla Desf. [II/774; p. 487] ANACARDIACÉES

Flora europaea a adopté comme combinaison : R. pentaphylla (Jacq.) Desf.

M. - Les racines de cette espèce tannifère sont utilisées au Maroc (GATTEFOSSÉ, 1921), en médecine vétérinaire.

D. - Au Maroc encore, la racine du « tizra » est, utilisée pour le tannage des cuirs (GATTEFOSSÉ, 1957). La partie employée est très certainement, comme dans le cas de Rhus tripartitum, l'écorce de la racine.


Rhus tripartitum

249. Rhus tripartitum (Ucria) D.C. [II/775; p:488]


Flora europaea indique comme combinaison valable pour ce ta­xon : R. tripartita (Ucria) Grande. En plus des données correspon­dant à ces dénominations, nous avons rassemblé ici celles se rapportant au synonyme R. oxyacantha Schousb.

Les usages les plus fréquemment rapportés concernent la consom­mation des drupes, l'emploi de l'écorce pour le tannage et l'utilisa­tion du bois pour la fabrication de charbon de bois.

A. - La consommation des drupes (« demagh »), a été signalée par PRAX (1850) qui souligne également que l'on met les drupes de cette espèce (« djedari ») dans l'eau pour la rendre agréable au goût ; ces indications sont aussi rapportées par TROTTER (1915). Les fruits du « jedari » sont au nombre des drupes comestibles (LARRI­BAUD, 1952) (cf. à Nitraria retusa n° 229) ce qui est aussi noté par


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DOREAU (1961) pour la région de Ouargla (Algérie) et par GAST (1968) en Ahaggar où les fruits sont consommés crus ou stockés et mangés secs (état dans lequel ils sont plus sucrés) ou trempés dans le 1ait aigri.

M. - En pharmacopée traditionnelle, Rhus oxyacantha (« tesel­gha », « tirza ») en décoction bouillie, sert contre les coliques (BOU­CHAT, 1956).

D. - L'écorce de la racine est employée pour le tannage des peaux de moutons et de chameaux qu'elle colore en rouge (PRAX). LARRIBAUD (1952) a révélé à ce sujet une formule assez complète (cf. à Erodium glaucophyllum n° 218).

Pour la Libye TROTTER présente maints usages de Rhus oxya­cantha Cav :

  • le bois est des plus appréciés pour faire du charbon, éventuel­lement employé pour la fabrication de la poudre pyrique, signale VOGEL (in TROTTER) dans la région des Beni-Ulid.
  • l'écorce des racines est la partie de la plante qui a la plus grande valeur. Elle est utilisée pour le tannage puis la teinture en rouge des peaux, et tout particulièrement des outres (l'eau de ces ou­tres prend par la suilte une coloration rosée). L'écorce est également (REBOUL, in TROTTER) employée, en Tunisie et Tripolitaine, pour procurer à la soie teinte en bleu une belle nuance sombre.

KEITH (1965) rapporte le même usage de la racine et de l'écor­ce en soulignant que le tanin est de la classe de cathéchols et en don­nant les résuiltats d'analyse. Le même emploi est signalé par GAST à propos de l'écorce (tam. : doufer) de cette espèce (tam. = abounegouan tahouneg ; ar. = jedari ; fr. = sumac).

Dans le Sud tunisien (région d'El Hamma), nous avons recueilli que c'est la poudre de l'écorce de la racine de « j'dari » qui est employée pour teindre le cuir en marron clair. Selon COUSTILLAC (1958), l'écorce de la racine de cette plante est utilisée pour la teinture de la laine et de la soie à qui elle donne des teintes beiges et brunes très solides en particulier au lavage et au frottement. Cependant, COUSTILLAC ne donne aucune recette d'em­ploi de cette espèce qu'il nomme injustement « jujubier sauvage ».


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POTTIER-ALAPETITE (1979) indique aussi que les Rhus sont recherchés pour leur écorce riche en tanins et teignant les peaux en rouge.

La fabrication de charbon de bois très apprécié des forgerons, est faite à partir de cette espèce notent PRAX et GAST, alors que PASSAGER et BARBANÇON (1956) signalent que Ziziphus lotus (« sedra ») et Rhus tripartitum (« jedari ») sont utilisés directement comme hois de chauffage.

Schinus molle

250. Schinus molle L. [II/sans n°; p:488] ANACARDIACÉES


Cette espèce quoique originaire d'Amérique du Sud est traitée dans la Flore de la Tunisie.

M. - GATTEFOSSÉ (1921) rapporte le conseil selon lequel il ne faut utiliser ni la gomme purgative ni la résine des feuilles pour­tant employées aux U.S.A. pour les soins des maladies des yeux. Le même auteur note, que MELIS indique que les fruits sont utilisés en Algérie pour les soins dos affections génitales, vertu aussi soulignée par TRABUT qui confirme que les fruits « cubeba » servent au trai­tement de la blennorragie.