Handakouka berry (Ibn al-Baytar)

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Handakouka bostâny
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Henna


718 — ندقوقَى برى — ḥandaqūqa berrī — Handakouka berry, Lotus sauvage.


Nom accepté : Trigonella elatior ou Trigonella gladiata

[1-466]

C’est le dorak ذرق — ḏuraq, appelé aussi le habâki حباقى — habāqī.

  • Dioscorides, IV, 110 Dioscoride, 4.111. Lotos aghrios لوطوس اغريوس — lūṭūs āġrīūs (mots qui désignent le handakouka sauvage). Cette plante croît abondamment dans la Libye. Sa tige atteint environ deux coudées et même davantage, et se divise en rameaux nombreux. Sa feuille ressemble à celle du lotus qui croît dans les prés et que l’on appelle le trifollon. Sa fleur ressemble à celle du fenugrec, sinon qu’elle est de beaucoup plus petite. Elle a une saveur désagréable.
  • Galien, livre VII. Cette plante se trouve surtout en Libye. Sa graine est chaude au second degré ; de plus, elle est quelque peu détersive.
  • Dioscorides.
  • Masserdjouih. Cette plante convient dans les affections des testicules et l’hydropisie commençante.
  • Abou Djoreïdj le moine. Elle est bonne à l’estomac refroidi et expulse les flatuosités grossières. Sa décoction resserre le ventre et convient dans l’affection cholérique.
  • Massîh ibn el-Hakem. Elle provoque l’écoulement de l’urine et des règles. Elle est utile dans les affections des côtés causées par de la pituite visqueuse et celles de l’estomac d’origine algide. Elle le débarrasse des vapeurs, mais elle entête.
  • Ibn Massouîh. Elle engendre un sang trouble et épais. Elle a la propriété de provoquer des douleurs à la gorge, surtout chez les tempéraments chauds. On prévient ces inconvénients en prenant à la suite de la coriandre, de la chicorée et de la laitue.
  • Razès. Elle est salutaire aux épileptiques et très nuisible aux tempéraments chauds. Rien ne peut neutraliser ses inconvénients. Elle convient contre le refroidissement de la vessie et l’incontinence d’urine.
  • Ishak ibn Amrân. Elle resserre le ventre, surtout si on la prend bouillie. Les injections faites dans le nez avec sa décoction sont utiles contre les convulsions et l’épilepsie. On en prépare de la soude en Ifrîkiya.
  • Autre. Elle est salutaire dans les douleurs de côté. Pour cela, on administre sa graine à la dose d’une drachme avec de l’eau chaude.
  • Livre des expériences. Si l’on fait prendre des bains de siège dans sa décoction aux enfants dont les mouvements sont tardifs, on hâte leur développement. On agit de même avec son huile.
  • El-Khouz. La plante et sa graine sont aphrodisiaques.
  • Et-Tabery. On prépare avec son suc une huile qui est avantageuse contre les flatuosités. Razès rapporte qu’il a traité plusieurs personnes avec son huile et que leurs membres s’assouplissaient.
  • L’auteur. Razès, dans son Continent, rapporte textuellement ce qui suit d’après Abou Djoreïdj le moine, à propos du handakouka : « Si l’on verse de sa décoction sur la piqûre d’un scorpion, elle la calme, et si on en verse sur un membre non malade, on y provoque de la douleur. » Telles sont ses paroles, mais elles sont loin d’être conformes à la vérité. En effet, ces propos ne se rapportent pas au handakouka. Dioscorides s’exprime ainsi dans son troisième livre, à propos du médicament appelé en grec trifollon طريفلن — ṭrīfulun, appelé en arabe h'oumana حومانة — hūmānā (Psoralea bituminosa de Forskal).
  • Avis. La cause de cette erreur, c’est que Dioscorides, à propos du handakouka cultivé (lotus ou trifolium), dit que certaines personnes lui donnent le nom de trifollon. Les traducteurs ont confondu ce médicament avec un autre mentionné par Dioscorides dans son troisième livre sous le nom de trifullon. En raison de cette homonymie, Abou Djoreïdj a pensé que ces deux choses n’en faisaient qu’une, ce qui est le contraire de la vérité. J’ai signalé des erreurs de ce genre dans mon ouvrage intitulé : Exposition et démonstration des erreurs et des bévues contenues dans l’ouvrage appelé le Menhadj (d’Ibn Djezla). Autre chose : Honeïn, dans sa traduction, sous la rubrique handakouka, au septième livre des Simples de Galien, dit qu’il y en a deux espèces, dont l’une d’Egypte, avec laquelle on fait du pain. Telles sont ses paroles, qui demandent réflexion. En effet, cette espèce dont il a parlé n’est autre chose que la plante appelée en Egypte bechnîn, dont j’ai parlé à la lettre ba, mais qui n’a rien de commun avec le handakouka, ni comme forme, ni comme propriétés. Je dis donc que cette manière de voir lui est venue par suite de la ressemblance des noms dans la langue grecque, et voici comment : Dans le quatrième livre des Simples de Dioscorides, le nom de Lotos لوطوس — lūṭūs est commun à trois espèces de plantes, dont deux sont en effet des handakouka, et l’autre le bechnîn. Dioscorides a distingué chacune de ces trois espèces de plantes et leur a assigné des caractères et des propriétés spéciales ; il a même intercalé entre la rubrique lotos, qui est le bechnîn, et les deux autres rubriques qui sont deux variétés de handakouka, un autre médicament, afin que l’on ne se fourvoyât pas par suite de cette ressemblance de noms. Et cependant l’erreur qu’il avait crainte s’est produite ; une interversion s’est faite dans la copie négligemment exécutée. Voilà comment Honeïn a fait du bechnîn une espèce de handakouka, ainsi que nous l’avons exposé en citant ses paroles : « Le handakouka d’Egypte s’emploie pour faire du pain. » Certes, Dieu n’a pas créé pour l’Egypte un handakouka dont la graine servît à faire du pain. Honeïn s’est appuyé sur les paroles de Dioscorides, mais il n’en a pas compris le sens et il ne les a pas interprétées, comme elles devaient l’être. Sachez que les savants devaient être les premiers à bien s’informer et à se tenir sur leurs gardes. Des sages ont dit : Il n’y a pas d’excuse pour l’erreur d’un savant, parce que, dans cette erreur, il entraîne tout le monde. Et c’est ce qui est arrivé ici à Honeïn. Malgré sa connaissance de la langue grecque et sa supériorité comme interprète, il n’a pas saisi la vérité dans cet endroit, et il a entraîné dans son erreur tous ceux qui sont venus après lui, depuis son époque jusqu’à nos jours. Tels sont Ibn Ouafed, Avicenne, Ibn Djezla dans le Menhadj, Ibn Semdjoun, El-Ghafeky et d’autres encore. C’étaient là cependant les médecins les plus instruits que l’on ait vus, tant en Orient qu’en Occident. Leur erreur ne doit pas être imputée à Galien qui a dit, et bien dit, que l’on tirait du pain du lotus ; mais il entendait ce lotus que l’on appelle bechnîn, et non pas celui que l’on appelle handakouka, comme on le lui a reproché, ainsi qu’à Dioscorides.

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Voilà certes un passage qui fait honneur à Ibn el-Beïthâr et qui prouve que les Arabes ne sont pas de simples et stupides imitateurs comme le disent certaines gens qui les connaissent imparfaitement et sur des traductions barbares.

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Le bechnîn est le lôtos en Aiguptô (Dioscoride, 4.113), identifié comme Nymphaea lotus par Amigues et Nelumbo nucifera par Beck. MC.