Henna (Ibn al-Baytar)
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Nom accepté : [[]]
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- Abou Hanîfa ed-Dînoury. C’est un arbre qui a la taille du jujubier sauvage. Sa fleur, qui porte le nom de faghiya *+è\i, est disposée en grappes serrées, et, lorsque ses extrémités s’épanouissent, elle ressemble à l’ombelle de la coriandre. Toutefois, elle a une odeur agréable. Quand la fleur tombe, il reste des graines brunes et petites, plus petites que le poivre. On donne le nom de faghiya à toute fleur odorante. Cependant la fleur du henné porte plus spécialement ce nom qui suffit pour la désigner. Elle est d’un rouge ardent.
- Le même, autre part. La fleur du henné s’épanouit en grappes et donne des fleurs petites que l’on recueille et dont on prépare l’huile dite huile de henné. On l’appelle encore huile de mefkou? ^xxi\. Quant à la feuille du henné, on la réduit en poudre. Il fleurit deux fois l’an et se rencontre abondamment dans le Maghreb.
- Dioscorides, I, 124. La feuille de cet arbre ressemble à celle de l’olivier, sinon qu’elle est plus large, plus molle et plus verte. La fleur est blanche, pareille à de la mousse et odoriférante. La graine est noire et pareille à celle du sureau. Le meilleur est celui qui vient d’Ascalon ou de Canope.
- Galien , livre VII.
- Paul. On le fait entrer dans les préparations employées dans les affections de la rate.
- Eïssa ibn Massa. Le henné est froid au premier degré et sec au second. Un médecin, en raison de ses propriétés tinctoriales en rouge, a dit qu’il était chaud, appuyant son opinion sur ce que dit Galien qu’il jouit de propriétés subtiles en raison d’éléments liquides et chauds. Pour ma part, je crois plutôt que cet auteur n’a pas bien compris les règles posées par Galien, dans le premier chapitre de son livre sur les médicaments simples.
- Ed-Dimachky. Il agit, dans les blessures, à la manière du sang-dragon.
- El-Basry. Les fleurs de henné sont agréables à l’odorat. Si on les mélange avec de la cire purifiée et de l’huile de roses, elles sont salutaires dans les affections des côtés et leurs faiblesses. On les emploie aussi contre les boutons qui surviennent à la bouche des enfants.
- Et-Tabery. Pulvérisé, on l’applique avec succès sur les tumeurs inflammatoires molles.
- Ibn Rodhouân. J’ai appris d’une personne de confiance qu’elle avait vu quelqu’un dont le bout des doigts de la main se putréfiait. Il avait fait plusieurs remèdes et n’en avait trouvé aucun qui le guérît, jusqu’à ce qu’une femme lui prescrivit de prendre du henné pendant dix jours. Il n’osa pas le prendre en substance, mais il le fit macérer dans de l’eau et but cette eau; dès lors, les extrémités de ses doigts reprirent leur beauté primitive. Cette personne ajoute qu’elle vit les ongles pousser à partir de leur racine et se compléter.
- Le Chérif. Si l’on fait macérer la feuille de henné dans de l’eau douce et que l’on exprime le suc, puis qu’on le prenne pendant vingt jours, chaque jour à la dose de quatre onces avec une once de sucre, cela est avantageux au début de la lèpre tuberculeuse. On ajoute à cela l’usage de la viande d’agneau. Si l’on a continué cette médication sans succès pendant trente jours, c’est une preuve que la maladie est incurable. C’est là une propriété spéciale au henné. Si l’on en fait une pâte avec du beurre et qu’on l’applique sur les vestiges des abcès chauds d’où s’écoule un liquide jaunâtre avec accompagnement de douleur et de chaleur, les douleurs se calment, l’écoulement se tarit et l’endroit se cicatrise.
- Ibn Zohr. Le henné pétri avec du beurre et appliqué sur les ongles les embellit et les conserve.
- Ibn Massouîh. Quand la variole débute chez un enfant, si l’on applique une pâte faite avec de l’eau et du henné sur la plante des pieds, on est sûr que la variole ne s’y montre pas. Cela est assuré.
- Anonyme. Les frictions faites avec du henné sur une partie du corps en font disparaître les rugosités et la sécheresse. La graine, triturée et prise avec du miel à la dose d’un mithkal, est très utile au cerveau qu’elle débarrasse de tous les accidents causés par la chaleur et l’humidité.
- Livre des Expériences. La feuille, triturée et appliquée sur le front et les tempes des enfants, est efficace contre l’afflux des humeurs à l’œil. On l’applique aussi avec du suc de coriandre verte. On en fait aussi une pâte avec le suc de coriandre contre les brûlures à leur début. On en fait aussi une pâte avec de l’huile et du goudron, et on l’applique sur les cheveux qu’elle fait pousser et qu’elle embellit. Si on la triture avec de la poix noire, que l’on en fasse une pâte avec de l’huile d’olives ou de l’huile de roses, et que l’on en applique sur les ulcères qui surviennent à la tête des enfants, elle les dessèche et les cicatrise.
- Et-Temîmy. Si l’on place de la fleur de henné dans des habits de soie, elle leur communique de l’odeur et empêche les mites de les ronger.
L’identité du cupros des Grecs et des Latins avec le henna des Arabes est aujourd’hui un fait incontesté. Nous lisons dans la traduction arabe de Dioscorides : y&j u^Â-Çs U=i iy~~- Cette identité a soulevé des contradictions en raison du texte de Dioscorides et de celui de Pline. On a traduit cupros par ligastrum, la description des fruits, chez Dioscorides, prêtant à cette confusion, et Pline rapportant que d’aucuns le prennent pour ce que l’on appelle, en Italie, ligustrum. Prosper Alpin dans ses Plantes de l’Egypte, a relevé cette erreur, et comparé, comme Pline, les fruits du henné à ceux de la coriandre, contrairement à Dioscorides, qui les compare à tort à ceux du sureau. On a lieu de s’étonner que Sprengel, dans ses notes sur Dioscorides, ne mentionne pas le savant voyageur. Par le fait des ressemblances générales, Prosper Alpin avait cependant conservé le nom générique ligustrum, le spécifiant par l’épithète nigrum. M. Fée, dans la Flore de Virgile, admet encore, mais avec hésitation, l’identité du troène et du cypros. On s’accorde à voir le henné dans le Kopher de la Bible, dont il est question dans le Cantique des cantiques, I, l4, et IV, l3. La Vulgate donne cyprus. La version arabe protestante donne malheureusement jy>^, et l’on trouve ces deux mots j)>^ û_j,ïâ£, grappe de camphre, accouplés. La traduction hébraïco-française a rendu par troène. Il est un mot du texte grec lu de deux manières. Il s’agit des fleurs : les uns lisent botruôdê « en grappes», les autres bruôdê «ressemblant à la mousse». Les textes d’lbn el-Beïthâr ont admis la dernière leçon, mais Sérapion a adopté la première. Comme au temps de Prosper Alpin, les femmes du nord de l’Afrique et de l’Orient usent toujours du henné, dont l’Algérie produit et consomme une grande quantité, comme objet de toilette et comme médicament. On l’utilise aussi depuis peu comme substance tinctoriale.