Mioga (Potager d'un curieux, 1899)

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Mélothrie pendante
Potager d'un curieux, Introduction
Mitsuba


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Nom accepté : Zingiber mioga


MIOGA


Zingiber Mioga Rosc. — Amonum Mioga Kæmpfer.


Fam. des Zingibéracées.


Plante vivace. Rhizomes écailleux qui s'étendent horizontalement. Tiges aériennes annuelles, hautes de 0m,50 à 0m,60, simples, revêtues par les gaines des feuilles.

Feuilles caulinaires alternes, distiques, simples, longues d'environ Offi,20 et larges de 0m,5 à 0m,6, lancéolées acuminées, d'un vert clair, à peine pétiolées, ligulées; de la côte médiane du limbe des feuilles partent des nervures latérales. Pédoncule naissant de la souche, s'élevant souterrainement, portant une inflorescence ovoïde, composée de bractées imbriquées, pointillées de rouge brun, venant épanouir au ras du sol cinq ou six fleurs; calice tubuleux, fendu d'un côté et transparent; corolle à tube court, formée de trois lobes extérieurs, égaux, lancéolés, longs de 0m,3 environ ; labelle trilobé, obovale, long de Om,2 1/2. Étamine unique, à filet portant une anthère latérale à deux loges enveloppant Je style. Ovaire infère, à trois loges renfermant plusieurs ovules, surmonté d'un style grêle, prolongé au delà de l'anthère en un long bec arqué ; stigmate en entonnoir. Fleurit en août-septembre.

Le Mioga est originaire du Japon. Il a été décrit par Exempter dans son ouvrage intitulé : Amœnitatum exoticarum... fascicule V, page 826.

Il a été recueilli par Thunberg, Siebold, Buerger et Mohnike (1), près de Nangasaki. Il croît spontanément, mais il est généralement cultivé.

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(1) Thunberg, Flora japonica, p. 24; Miquel, Prolusio floræ japonicæ, p. 304.


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Dans le livre intitulé : Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, nous lisons: « Le Mioga est une plante dont on mange les jeunes tiges et les fleurs. Les fibres de ses tiges peuvent servir aussi à faire des cordes. »

Fig. 52. — Zingiber Mioga.

Dans la Note explicative des objets exposés par l'École agricole de Komaba, à l'Exposition universelle de 1889 (Ministère de l'Agriculture et du Commerce, Tokio, Japon) on trouve les détails suivants ; « Le Mioga (Amo-


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mum Mioga). On recueille les fleurs de Mioga qui sortent des racines sur le sol vers le mois de juin ou juillet ; elles ont la forme de broche de filature. Les jeunes tiges, brassées au printemps, sont tendres et ont le même goût que les fleurs. »

M. le Dr H*** nous écrivait, le 11 ami 1879 : « Je vous envoie une petite racine d'une espèce de Gingembre, appelée, au Japon, Mioga, et par Thunberg Amomum Mioga. On en mange les inflorescences avant l'épanouissement des fleurs ; c'est assez bon. Bien que toutes les Zingibéracées soient considérées comme de serre chaude, cette plante passe parfaitement les hivers chez moi depuis trois ans, en pleine terre, plantée à 0m,10 de profondeur et recouverte, en hiver, d'un peu de feuilles sèches. Elle a bien fleuri l'été dernier. Si le morceau que je vous envoie est un peu petit, c'est que je ne l'ai encore guère multipliée. »

Le docteur nous écrivait encore le 7 juin de la même année : « Mes pieds de Mioga ont parfaitement passé l'hiver en pleine terre et poussent de tous côtés. Si le trop petit pied que je vous ai envoyé ne poussait pas, je pourrais vous en envoyer autant que vous le désireriez l'hiver prochain. »

Nous n'avons pas demandé un second envoi à notre obligeant correspondant. Le tronçon qu'il nous avait envoyé avait si bien végété que nous pouvions, au printemps suivant, faire une plantation.

Notre Mioga, on le voit par la date à laquelle nous l'avons reçu, a supporté le grand hiver. Il était, il faut le dire, protégé par une épaisse couverture de neige ; mais en 1891, rien ne le défendait contre le froid.

Il n'existe pas, croyons-nous, de plante plus rustique que le Mioga, ni d'une plus rapide multiplication. Nous


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ne l'avons vu atteint par aucune maladie, attaqué par aucun insecte.

Nous plantons les tronçons de rhizomes dans une planche de jardin large de lm,30, sur deux lignes parallèles, distantes de 0m,50. Il reste donc un espace de 0m,40 entre les lignes et les sentiers, ce qui n'empêche pas les plantes de porter sous ceux-ci leurs tiges et leurs inflorescences.

Il ne se montre dans la planche que fort peu de mauvaises herbes, dont un binage ou deux font justice. Arrosage facultatif.

Il ne faut pas biner après le 31 juillet : on risquerait de couper des turions et des inflorescences. On peut sarcler à la main.

Vers le 15 août commence la récolte. On surveille la plantation comme celle de l'Asperge; comme les turions de l'Asperge, on coupe tout près du rhizome, dès que l'inflorescence laisse voir sa pointe aiguë à la surface du sol.

Nous n'avons jamais coupé les turions, sauf quelques-uns seulement, pour les déguster, de peur d'amoindrir la multiplication. On les récolte comme les inflorescences, et nous n'avons pas trouvé de différence appréciable entre la saveur des uns et celle des autres.

Nous supposons qu'il faut attendre deux ans avant de récolter les turions d'une plantation et ne les couper qu'au printemps, bien qu'il s'en produise aussi pendant l'automne. On aurait donc régulièrement, ce nous semble, une récolte d'inflorescences d'août à septembre et une récolte de turions de la fin d'avril à la fin du mois de mai. Il ne serait sans doute pas prudent de prolonger la coupe au delà de ce terme.

Nous n'insisterons pas sur la rusticité du Mioga et


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sur sa rapide multiplication. Nous parlerons de l'usage qu'on peut faire de ses turions et de ses inflorescences.

Notre correspondant nous écrivait, le 18 août 1880 : « Si vous voulez essayer de goûter ces Miogas, il faut les laver soigneusement pour ôter la poussière ou la terre qui pourraient être restées entre les bractées, les faire blanchir à l'eau bouillante un peu salée, les passer à l'eau froide, puis les faire cuire un instant dans une sauce au jus, comme des Oignons, des Poireaux ou des Céleris. Cela a un goût très différent de ce que nous sommes habitués à manger ; mais, à mon avis du moins, ce n'est pas mauvais. »

Nous avons dégusté les inflorescences de Mioga préparées au gratin comme le macaroni, en couches alternantes de légume et de parmesan râpé : c'est assez bon.

Nous les avons mangées en salade, après les avoir simplement blanchies à l'eau bouillante. Nous les avons trouvées bonnes. Un léger goût de résine disparaît à la deuxième ou troisième bouchée, et la saveur légèrement piquante du légume se marie assez bien avec celle de l'huile.

Enfin, nous avons associé, pour faire des pickles, les inflorescences du Mioga aux Angouries des Antilles, aux bulbes de l'Oignon Catawissa et aux Piments doux d'Espagne. Le résultat nous a pleinement satisfait, et nous recommandons tout particulièrement cet emploi.

Nous espérons qu'on essayera avec un peu de persévérance diverses préparations culinaires ; il reste beaucoup à faire. A ceux qui nous demanderont si notre légume ressemble à tel ou tel autre en usage chez nous, nous répondrons : Non ; le Mioga n'a le goût ni du Chou, ni du Cardon, ni de l'Artichaut, ni d'aucun de nos légumes... il a le goût du Mioga.