Glaciale (Potager d'un curieux, 1899)
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Nom accepté : Mesembryanthemum crystallinum
Plante annuelle, originaire du Cap, des Canaries, etc., importée, selon Miller, du Cap de Bonne-Espérance ; cultivée depuis longtemps au point de vue ornemental.
Herbe couchée, charnue, couverte sur toutes ses parties de vésicules transparentes et pleines d'eau, qui feraient croire qu'elle est couverte de glace. En juillet-octobre, fleurs blanches, insignifiantes.
D'après Duchesne (Répertoire des plantes utiles), on mange très souvent les feuilles de la Glaciale, comme légume, à Bourbon. Dans une lettre adressée à MM. Vilmorin-Andrieux et Cie (1), M. Picard, de Saint-Quentin, recommande l'emploi de cette Ficoïde en guise d'Épinards.
Culture : Semer en mars-avril à bonne exposition, ou, de préférence, sur couche. Repiquer en plate-bande bien terreautée dès que le plant a quelques feuilles, à 0m,60 en tous sens ; ne pas négliger les arrosements. La plante
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(1) Revue Horticole, année 1859, p. 72.
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prend bientôt un développement extraordinaire et l'on peut cueillir pendant toute la belle saison.
La Glaciale a sa place marquée dans les potagers des curieux. Elle est à la fois belle et utile. Il n'est personne qui n'ait admiré, par une belle matinée d'hiver, l'effet merveilleux de la lumière du soleil sur les arbres couverts de givre. C'est le spectacle que nous offre la Glaciale en plein été. Malheureusement, elle s'étale sur le sol ; il faut se baisser pour l'admirer tout à l'aise. Ce n'est donc pas précisément une plante très ornementale et ce n'est d'ailleurs pas à ce titre qu'elle aurait sa place dans ce livre. Nous la considérons comme une plante potagère très estimable et semblable à la Tétragone par sa culture et par son emploi.
On cueille ses feuilles tendres et l'extrémité de ses tiges. Nous les préparons comme les Épinards, et toutes les personnes auxquelles nous en avons fait faire l'essai ont reconnu que la Glaciale était un bon légume, d'une saveur particulière, un mets sui generis, très recommandable.
Mme Henriette Davidis, que nous citons volontiers lorsqu'il s'agit de légumes inusités en France, s'exprime ainsi sur cette Ficoïde : « La Glaciale est une admirable plante d'ornement des jardins et fournit en même temps un délicat légume pendant l'été. Ses feuilles et ses tiges, tant que celles-ci sont tendres, ne devront pas être hachées, mais seulement cuites, avec de la chapelure un peu roussie dans du beurre frais, assaisonnées avec du sel, de la Muscade ou de la fleur de Muscadier et servies avec des Pommes de terre. Durée de la cuisson : à peine un quart d'heure. »
Nous donnons cette recette pour ce qu'elle peut valoir ; mais, en recommandant la Glaciale comme légume, nous nous autorisons encore d'une note de
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M. Siroy qu'on trouvera dans le Journal de la Société d'Horticulture de France, 2e série, tome XI, page 525.
Nous pensons qu'il faut cultiver, admirer et manger la Glaciale.
Une autre Ficoïde, d'un moindre intérêt, trouvera ici sa place ; notre attention a été appelée sur elle par une note de M. H. Lecoq, Revue Horticole, 1869, p. 207:
Nom accepté : Aptenia cordifolia
Plante vivace, originaire du Cap de Bonne-Espérance, d'où elle a été apportée par M. Bruyère. Quoique vigoureuse, elle est loin d'être aussi productive que la précédente. Sa saveur est aussi moins agréable. Elle mérite cependant d'être classée parmi les succédanés de l'Épinard, ou, pour mieux dire, de la Chicorée, dont une légère amertume la rapproche.
Multiplication par boutures faites à l'automne, hivernées sous châssis et mises en place au printemps, ou par semis faits comme nous l'avons indiqué pour la Glaciale.
La plante est très feuillue. Elle s'étale beaucoup ; il faut donc lui accorder environ 2 mètres d'espace. Il suffit de cinq ou six pieds, placés au mois de mai en bonne terre et libéralement arrosés, pour assurer le service de la table.
Nom accepté : Mesembryanthemum aitonis
Le Mesembryanthemum angulatum Thunb., de l'Afrique australe, espèce très voisine du M. crystallinum, peut aussi être utilisé comme succédané de l'Épinard.
M. Mac Owan, botaniste du gouvernement, au Cap de Bonne-Espérance, nous a écrit qu'il trouve ce légume
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comparable à la Tétragone de la Nouvelle-Zélande, mais un peu plus glutineux.