H (Audier, L’herbier du village)

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Anne Audier, L’herbier du village (2012)
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Haricot

Phaseolus vulgaris

Les mogettes ou moghettes sont les légumes les plus prisés en nos villages. Dans les inventaires du XVIIIe siècle qui mentionnent des réserves alimentaires, on trouve, avec les fèves et les pois, des haricots rouges. Plus tard, est apparue la variété à grains ronds, les mogettes nines (naines), puis les espèces commercialisées, mogettes Soisson, mogettes regnon qu’on appelle aussi Pont-l’Abbé car elles y font l’objet d’une culture assez importante, les Saint-Jean-prime, en culture familiale, et les mogettes soldat, variété tardive, à rames, dont les premières graines furent apportées par un permissionnaire pendant la guerre de 1914-1918.

On doit les semer pour la Saint-Marc, le 25 avril, mais si le temps ne le permet pas, on peut le faire au début de mai, en vieille lune, de préférence par temps doux et humide (7). Les haricots ne doivent pas pousser en mourinant, c’est-à-dire végéter. On dit aussi « qu’ils doivent voir s’en aller celui qui les a semés » ; il faut donc à la fois qu’ils germent vite et que les graines soient superficiellement enfouies. Enfin, ils ne doivent pas être « à cheval sur deux lunes » : ils doivent naître dans la lunaison où ils ont été semés (39 et 40).

Les variétés tardives se sèment jusqu’au 14 juillet au plus tard.

Au début du XXe siècle, on économisait des rames en semant les espèces qui en réclamaient dans le champ de maïs où les jeunes plants trouvaient des supports autour desquels ils pouvaient s’enrouler. En fin de saison, lorsque le temps tourne au froid et à la pluie et que les espèces tardives ne sont pas assez avancées pour que la graine en soit récoltée, on arrache les pieds et on les dispose en vailloches sur des javelles et recouverts de baurée. Ils peuvent ainsi achever de mûrir en bonne condition (76).

Les haricots, dont on fait dans les fermes une grande consommation, sont cuisinés demi-secs, en saison, ou secs, l’hiver, et là, la variété à grains ronds, si elle n’est que rarement utilisée, est cependant préférée.

En médecine populaire, les cosses sèches de haricots, en décoction avec des pommes et des pruneaux combattaient autrefois la cystite à Champagne (24). Un certain nombre (magique) de haricots permettaient aussi de faire passer les verrues. Il fallait les jeter dans un puits et se sauver assez vite pour ne pas entendre le bruit de la chute. Mais les mogettes ne venaient ici qu’en remplacement des pois qui étaient généralement choisis pour cet usage.

Les haricots sans parchemin, ou haricots verts, sont d’adoption plus récente. Avant 1930, on ne trouvait les mogettes-beurre qu’en petites cultures familiales et beaucoup dédaignaient ces cothieuilles de mogettes qu’on appelait aussi mogettes-en-héricots. De nos jours, leur production est en nette expansion et doit surpasser celle des haricots en grains.

Héliotrope d’Europe

Heliotropium europaeum

Dans les champs cultivés, il n’est pas rare de trouver cette petite plante aux feuilles veloutées, un peu glauques, que l’on reconnaît facilement à ses fleurs d’un blanc légèrement bleuté alignées sur une tige courbée en crosse avant son plein développement. On ne lui connaît pas de nom local ni d’utilisation particulière.

Héliotrope d’hiver

Petasites fragrans

Cette plante odorante, qui fleurit au début de l’hiver, est appelé rose de Noël. Ses feuilles, si elles sont plus grandes, ressemblent cependant à celles de la violette. Ses fleurs, d’un blanc un peu rosé, sont très modestes mais elles exhalent un parfum suave. On le trouve dans les villages, près des très vieilles maisons, dans les ruelles ombreuses… Parfois, près d’un chemin, une station d’héliotropes d’hiver marque l’emplacement d’un ancien jardin ou d’une maison disparue…

Hellébore noir

Helleborus niger

Encore une rose de Noël ainsi nommée parce qu’elle s’épanouit en hiver. Cependant, on ne la voit que très rarement dans les jardins. Elle est parfois cultivée en potées.

Herbe de détourne

Cette herbe, que nul ne peut montrer ni décrire, empêche celui qui l’a foulée de retrouver son chemin. Mais si, et de moins en moins, elle fait encore parler d’elle, (1958), c’est en manière de plaisanterie, pour railler les mésaventures du chasseur égaré ou du chercheur de champignons qui ont tourné longtemps dans un bois avant de retrouver leur chemin (7 et 46).

Herniaire

Herniaria sp.

La turquette « une espèce de mousse qui pousse dans les blés » se trouve aussi souvent dans les jardins et les cultures. Elle était autrefois très prisée en médecine populaire car la tisane de turquette guérissait toutes sortes de maladies graves dans le ventre (41).

Dans l’île d’Oléron, pour calmer les coliques les plus douloureuses, c’était du brou-de-noix à la turquette dont on se servait, une sorte de ratafia de noix vertes auquel on avait incorporé une décoction de turquette. Seulement, s’agissait-il ici de la herniaire ? Selon l’informatrice, aujourd’hui disparue, il existait deux sortes de turquettes et il fallait prendre celle qui fleurit blanc. Il est difficile de dire que les fleurs, apétales, de cette plante sont blanches. Il pouvait s’agir d’une herbe offrant quelque analogie avec la herniaire (53).

Hêtre

Fagus sylvatica

Le hêtre ne se rencontre presque jamais dans notre région. On le trouve cependant près de Cadeuil, dans le bois du Grondin, en forêt de Corme. En raison de sa rareté, on ne lui connaît pas d’emploi spécifique.

Houblon

Humulus lupulus

Il n’est pas rare de trouver le houblon grimpant aux peupliers dans les terrains inondés, l’hiver, ou escaladant les aubépines et autres arbustes à l’orée des bois frais. Il arrive qu’il soit transplanté pour couvrir grillages et tonnelles.

Houx

Ilex aquifolium

Cet arbuste très connu ne pousse pas dans tous les bois et on dit qu’on ne le rencontre jamais là où croît le chêne vert (65).

Il fournit un bois dur, résistant, flexible. On l’a utilisé pour faire des manches de fouets et de masses ou massettes, outils servant à casser les pierres.

Autrefois, comme pour le gui, on ne rentrait jamais le houx à la maison : il portait malheur. De nos jours cet interdit n’existe plus et on en fait de grands bouquets pour fêter la Noël.

Hysope

Hyssopus officinalis

Cette plante est parfois cultivée dans les jardins pour ses vertus aromatiques.