Trichosanthes (Potager d'un curieux, 1899)

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Topinambour blanc de la Martinique
Potager d'un curieux, Introduction
Valériane d'Alger


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Trichosanthes cucumerina

Nom accepté : Trichosanthes cucumerina var. anguina

TRICHOSANTHE COULEUVRE


Serpent végétal, Patole, Angourie à fruits longs, Beloes, Snake gourd.


Trichosanthes anguina Linn., Spec., éd. 1, p. 1008 ; Lamk. Encycl., I, p. 290 ; Suppl., I, p. 385 ; Illustr., III, p. 375, tab. 794 ; Loureiro, Flor. coch., p. 588 ; Sims, in Bot. Mag., tab. 722 ; Ser. in DC., Prod., III, p. 314; Roxb., Fl. ind., III, p. 701 ; Miq., Fl. Ind. Bat., I, pars 1, p. 677 ; Rev. Hort. 1859, p. 593 ; Naud., Ann. sc. nat., sér. 4 vol. XVIII, p. 190 ; Clarke, in Hook., Flor. Brit. India, II, p. 610; Cogn., Monogr. Phanerog., vol. III, p. 359 ; Cucurbita sinensis, etc. Till. ; Anguina sinensis, etc. Mich.; Trichosanthes pomis teretibus, etc., Lin., Hort. Cliffort. ; Petola anguina Rumph., Herb. Amb., V, p. 407, tab. 148 ; Cucumis anguinus L. ; Trichosanthes colubrina Jacq. f. ; Involucraria anguina Rœm. ; Trichosanthes Turolata Hamilt.


Fam. des Cucurbitacées.


Plante annuelle, grimpante, pouvant atteindre 2 mètres de hauteur. Feuilles alternes, cordiformes, orbiculaires, 3-5 lobées, inégalement sinuéolées. Vrilles longues, bifurquées. Fleurs mâles en grappes ou en cymes, sur des pédoncules longs d'environ 1 décimètre, composées d'un calice à sépales réfléchis, d'une corolle blanche, à 5 divisions longuement et très élégamment frangées sur les bords, et de 5 étamines. Fleurs femelles sessiles, dépourvues d'étamines, par contre munies d'un pistil à ovaire triloculaire et à style trifide. Fruits cylindriques, de 50 centimètres à 1 mètre de longueur sur 4-5 centimètres de diamètre, droits ou légèrement contournés, ce qui leur donne l'apparence de serpents ; ces fruits mûrissent en septembre-octobre; ils sont d'abord verts jaspés de blanc, puis jaunes à la matu-


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Fig. 81. — Trichosanthe couleuvre (Trichosanthes anguina).


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rité ; la graine est allongée et rappelle par sa forme celle de la Gourde (Lagenaria vulgaris). Originaire des Indes orientales.

« Cette espèce, au rapport de M. du Petit-Thouars, est cultivée à l'île de France pour ses fruits; on les cueille lorsqu'ils sont à demi-mûrs; dans cet état, étant coupés en petits morceaux, cuits et assaisonnés convenablement, ils forment un légume sain et agréable au goût. » (Lamk. loc. cit.).

« Cette espèce classique est très connue depuis le temps de Linné, est cultivée dans la plupart des jardins botaniques ; mais elle a quelque peine à venir sous le climat de Paris. Ses fruits, ordinairement doux, sont comestibles dans l'Inde et pourraient être employés chez nous, lorsqu'ils sont jeunes, aux mêmes usages économiques que ceux du Concombre. » (Naudin, loc. cit.)


Les graines de la plante que nous avons cultivée nous ont été données par un habitant de l'île Maurice, sous le nom de Patole, seul usité dans la colonie anglaise et à la Réunion.

Nous lui avons donné les mêmes soins qu'aux Melons, la taille exceptée, et nous avons obtenu un grand nombre de fruits, dont quelques-uns seulement sont arrivés à maturité à la fin de septembre et au commencement d'octobre. Les autres étaient peu développés, mais très propres à l'usage que nous en voulions faire.

On doit en effet, pour la table, cueillir les fruits encore très jeunes, les couper en petits morceaux moins gros qu'un dé à coudre, se bien garder de les peler, et les assaisonner comme les Flageolets au beurre


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et aux fines herbes. Ainsi préparés, ils forment un légume frais, tendre sans être mou et ne présentant pas le moindre rapport avec le Concombre ou la Courge.

Il va sans dire qu'ils peuvent être accommodés de diverses autres manières, au jus, en garniture de ragoûts, etc. Il est regrettable qu'ils ne puissent, sans être coupés en plusieurs morceaux, être introduits dans les bocaux de Pickles. Ils perdraient ainsi leur curieux aspect, et ce serait grand dommage ; mais, si l'on faisait ce sacrifice, ils seraient tout à fait à leur place dans les conserves au vinaigre.

Nous pensons que le Patole mérite d'être cultivé dans les jardins d'amateurs, dans le midi de la France et dans celles de nos colonies qui ne le possèdent pas encore.

Les fruits qui ont mûri chez nous ne mesuraient que 70 centimètres de longueur, mais étaient très contournés et figuraient merveilleusement des serpents verts, à robe marbrée de blanc.


Nom accepté : Trichosanthes cucumerina

Trichosanthes cucumerina L.


DC., Prodr., vol. III, p. 314; Roxb., Fl. ind., III, p. 701 ; Rev. hort., 1859, p. 593 ; Naud., Ann. des sc. nat., 4e sér., vol. XVIII, p. 190 ; Bot. reg., XXXII, tab. 18 ; Flore des serres, vol. IV, tab. 305 ; Gogn., Monogr. phanerogam., vol. III, p. 360.


Originaire des Indes orientales, Ceylan, Java et l'Australie occidentale. Dans l'Inde, cette espèce porte les noms de Jangli-chachinda (Hindostani) et Ban-patol (Bengalais). Ses fruits sont moins gros que ceux de


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l'espèce précédente ; ils sont striés de blanc et de vert à la maturité. Ils contiennent une pulpe rouge qui est mangée ordinairement en carry, avant maturité.

« Ce fruit est très amer et cependant, d'après Roxburgh, il entre dans le régime des Hindous, qui l'estiment même d'autant plus que son amertume est plus grande, sans doute parce qu'ils lui attribuent des propriétés anthelminthiques. » (Naudin).

La culture du Trichosanthes cucumerina serait facile, mais il est trop amer pour entrer dans la composition des Pickles. Nous en avons présenté à la Société d'Acclimatation deux fruits, l'un cueilli jeune et conservé dans le vinaigre, l'autre conservé dans l'alcool ayant acquis son entier développement, mais n'ayant pas encore la belle couleur qu'il aurait prise à sa maturité.


Trichosanthes ovigera

Nom accepté : Trichosanthes ovigera

Trichosanthes ovigera Blume.


Seringe in DC., Prodr., vol. III, p. 314.


Originaire de Java et de Sumatra. Cultivé dans les jardins botaniques.

Sa culture serait facile sous châssis, peut-être même aussi simple que celle du Cornichon de Paris.

Ses fruits sont moins amers que ceux du Trichosanthes cucumerina et pourront peut-être s'employer en conserves au vinaigre. Leur petit volume et leur jolie forme semblent les destiner à cet usage. Nous les avons présentés à la Société d'Acclimatation, petits et con-


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servés dans le vinaigre et, plus développés conservés dans l'alcool.


Il existe encore dans l'Inde deux autres Trichosanthes à fruit comestible, dont nous n'avons pas expérimenté la culture. Ce sont :

Trichosanthes dioica

Nom accepté : Trichosanthes dioica

T. dioica Roxb. (Palbal, en hindostani ; Patol, en bengalais), à fruit vert avant maturité, puis jaune orangé, de 5 à 10 centimètres de long, que l'on mange cuit lorsqu'il est mûr. C'est, paraît-il, un légume estimé.

Trichosanthes tricuspidata

Nom accepté : Trichosanthes tricuspidata

T. palmata Roxb. (Lal-indrayan, en hindostani ; Makal, en bengalais), également cultivé pour son fruit, de même grosseur que celui de l'espèce précédente et qui est employé de la même manière.


M. Franchet nous a remis, le 12 mai 1893, un petit tubercule d’Actinostemma paniculatum Maximowicz (1) qui se trouvait avec des échantillons d'herbier envoyés du Se tchuen oriental au Muséum par M. l'abbé Farges.

Ces échantillons étaient accompagnés d'une étiquette portant le suscription suivante :

N° 93, Kia pey mou, plante à racine tubéreuse cultivée pour falsifier le pey mou.

Ce tubercule, cultivé à Crosnes, nous a donné une plante qui a fleuri au mois d'août suivant et que nous avons conservée depuis cette époque. Malheureusement, le Kia pey mou est une Cucurbitacée dioïque dont nous nous sommes trouvés ne posséder qu'un seul sexe (femelle) : nous n'avons pu, par conséquent, en

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(i) Cogniaux, Monographiæ phanerogamarum, vol. 3, p. 920.


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obtenir la fructification. Les échantillon reçus de la Chine et conservés à l'herbier du Muséum appartiennent au même sexe, La plante est d'une rusticité absolue et d'une puissance de végétation telle qu'elle prospère dans les terrains les plus arides. Chaque partie des tiges voisine du sol s'y enracine, donne naissance à uu tubercule, de sorte que, au moment de l'arrachage, qui doit s'exécuter à la tin de l'automne, chaque plante fournit une abondante récolte.

Les tubercules ont une forme très particulière ; ils sont constitués par des sortes de grosses écailles groupées de manière à rappeler jusqu'à un certain point la disposition des écailles dans le bulbe d'un Lis, avec cette différence cependant, qu'elles sont en petit nombre, très épaisses et lâchement imbriquées.

Ces tubercules sont lisses et d'un blanc pur au moment de l'arrachage ; ils contiennent une fécule abondante, mais ont une saveur amère aussi prononcée que celle de la Coloquinte, qui les rend absolument immangeables. I1 est possible, cependant, qu'une préparation spéciale permette d'en utiliser la fécule.

Le Kia pey mou ne mériterait donc pas de figurer dans ce livre si nous ne pensions que ses mérites comme plante ornementale ne puissent le faire admettre dans les jardins.

Ses tiges, grimpantes, de 1 m 50 à 2 mètres de hauteur, munies de vrilles, portent des feuilles cordiformes, à 5 lobes palmés, rappelant en petit celles de la Vigne, mais très glabres, d'un vert foncé à la face supérieure et d'un vert plus pâle et lustré en dessous, portant à la base de chaque lobe inférieur, une glande jaunâtre. Le pétiole, creusé d'un sillon, mesure 4 centimètres de longueur ; le limbe a 7 à 8 centimètres de


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long et autant de largeur. Les fleurs femelles, les seules que nous ayons observées, atteignent à peine 4 à 5 millimètres de longueur ; elles sont vertes, groupées en petit nombre aux aisselles des feuilles et. portées sur des pédoncules grêles, d'inégale longueur, les uns très courts, d'autres pouvant atteindre jusqu'à 2 centimètres 1/2. L'ovaire est globuleux. Le calice, renflé au-dessus de l'ovaire, a le limbe divisé en 5 lobes lancéolés, longuement prolongés en pointe de même que les divisions de la corolle, également au nombre de 5 et semblables aux précédents ; les uns et les autres sont étroitement rapprochés ; ils sont un peu divergents au sommet.

Le Pey mou, dont il est question dans l'étiquette de M. l'abbé Farges, serait, d'après M. Franchet, Plantæ Davidianæ, vol. 2. p. 130, le Fritillaria Roylei Hook. Icon. t. 850. M. l'abbé Armand David qui l'a récolté à Moupine, en 1859, dit à son sujet : « La racine, qui est un oignon rond, aplati, est le fameux Pé mou, si recherché dans la médecine chinoise. Les Lophophores sont très avides de ses bulbes ». « Chemin faisant, l'un de mes hommes me fait observer des traces de Lophophore, la mousse et les herbes arrachées par le large bec de ces oiseaux qui vivent de racines succulentes surtout de celles des Fritillaires jaunes nommées Pé mou ; c'est cette plante qui a donné son nom à notre Gallinacé qui, presque toujours, renferme dans son estomac quelque oignon de cette Liliacée précieuse (Armand David, Journal d'un voyage dans le centre de la Chine et le Thibet oriental.) Nouv. Arch. du Muséum p. 57 I.

Dans une note, Mgr. Biet nous apprend que les


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bulbes du Fritillaria Roylei sont récoltés sur les hauts plateaux du Thibet, à 3,000 mètres d'altitude (plateau de Lytang) et se cuisent à l'eau sucrée. Ils constituent, parait-il, un plat mandarinal très recherché.

M. le Dr Bretschneider, dans son Botanicon sinicum ne parle pas des usages alimentaires du Pey mou. D'après cet ouvrage, part. III, Botanical investigations into the materia medica of the ancient chinese, Shang haï 1895, p. 86, le nom de Pey mou serait appliqué à diverses plantes ayant une grande réputation dans le traitement de plusieurs maladies.

Dans les Proceeding of the American academy of arts and sciences, 31 janvier 1889, p. 50, M. Watson décrit, parmi les plantes nouvelles recueillies par le Dr Palmer, dans les plaines de Guaymas, une Cucurbitacée qu'il désigne sous le nom de Apodanthera (?) Palmeri Watson. Le fruit en serait comestible, et rappellerait le Concombre musqué par sa saveur. C'est là encore une plante qu'il serait utile de cultiver expérimentalement.