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Vigne (Cazin 1868)

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<font color=#901040>''[Les titres de section ne sont pas de Cazin. Ils ont été ajoutés pour faciliter la lecture de cette longue page.]''</font>
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Elle se putréfie facilement au contact de l'air. — Le BOIS (sarment) donne par sa combustion des cendres très-alcalines. Ces cendres sont employées en médecine comme celles de genêt, de genévrier, etc. — Le FRUIT ou RAISIN (''uva'') avant sa maturité porte le nom de VERJUS (''omphacium''); sa saveur est alors fortement acide et astringente. Son suc sert d'assaisonnement culinaire, et remplace pour certains mets le citron et le vinaigre. On en prépare aussi un sirop rafraîchissant. A sa maturité, le raisin contient une pulpe délicieusement succulente, douce, sucrée, légèrement acidule, quelquefois même accompagnée d'un arôme très-suave ; il contient (1)<ref>Thomson, ''Botanique du droguiste'', p. 360</ref> beaucoup d'eau, du mucilage, du sucre, de la gelée, de l'albumine, du gluten, du tannin, du bitartrate de potasse, du tartrate de chaux, du phosphate de magnésie, du chlorure de sodium, du sodium, du sulfate de potasse, et des acides tartrique, citrique et malique. — Le suc extrait des raisins mûrs ou MOUT est très-sucré et nutritif. On obtient par l'évaporation du moût une sorte de confiture qui porte le nom de raisiné ; elle est saine, précieuse pour l'habitant des campagnes, pour la classe ouvrière des villes. Dans les campagnes, lorsqu'on a peu de moût de raisin, on augmente la masse du raisiné en y ajoutant des poires à chair ferme, telles que le messire-jean, le martin-sec, le bon chrétien d'hiver, le rousselet, le catillac, le coing, que l'on coupe par tranches. On y met quelquefois aussi des quartiers de pommes, de carottes, de potiron, de melon, de betteraves. Les pots de raisiné remplis, on les met dans le four après la cuisson du pain, deux ou trois fois de suite. Il se forme une croûte à la surface du pot, ce qui conserve parfaitement cette confiture. Lorsqu'il est bien préparé, le raisiné est doux et moelleux, un peu grenu et un peu acide. — Pendant le blocus continental, le sucre de canne étant à un prix très-élevé, le sirop de raisin, obtenu par évaporation du suc, servait de matière sucrante.
On sèche le raisin à l'aide du calorique pour le conserver. On prépare pour l'usage médical les GROS RAISINS SECS ou GROS RAISINS DE CAISSE (''passulæ seu uvæ majores''), que l'on distingue ensuite en RAISINS DE SMYRNE OU de DAMAS quand ils sont gros comme de petites prunes, allongés, ridés, d'un jaune-brunâtre ; en RAISINS DE FRANCE, de MARSEILLE OU d'ESPAGNE lorsqu'ils sont plus petits et brunâtres. Les RAISINS DE CORINTHE (''passulæ sive uvæ minores'') sont gros comme des lentilles, noirs, très-ridés, sans pépins apparents.
Les semences de raisins (pépins) donnent 10 à 11 pour 100 d'une huile bonne pour l'usage alimentaire et pour l'éclairage (2)<ref>''Journal de chimie médicale'', 1827, t. III, p. 66. </ref>.
=== Vin ===
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(1) Thomson, ''Botanique du droguiste'', p. 360 (2) ''Journal de chimie médicale'', 1827, t. III, p. 66. <references/>
L'alcool est, ainsi que l'indique sa formule, composé d'oxygène, d'hydrogène et de carbone ; et cela, en des proportions telles que ses éléments peuvent être représentés par des volumes égaux de vapeur d'eau et d'hydrogène carboné. Il dissout le phosphore, le soufre, l'iode, les résines, les huiles volatiles, la presque totalité des acides, le tannin, les alcalis végétaux, le sucre de raisin : il dissout aussi les corps gras, mais en petites proportions, surtout à la température ordinaire ; il ne dissout ni la gomme, ni l'amidon, ni l'albumine végétale. La quantité d'eau qui est mêlée à l'alcool influe d'ailleurs sur ses propriétés dissolvantes ; ainsi, quand il n'est pas concentré, il dissout le sucre de canne, les matières extractives et les gommes-résines.
(La moindre quantité d'alcool peut être révélée dans un liquide par une solution de bichromate de potasse (réactif de Masing) (1)<ref>''De mutationis spiritus vini in corpus inqesti''. Scrips. R. Masing, Dorpati, 1854.</ref>. Anstie a montré que 1/200 de grain d'alcool colorait en vert émeraude 1 centimètre cube de ce réactif.) (2)<ref>''Stimulants and narcotics'' ; by Fr. S. Anstie. London, 1864.</ref>
(On distingue dans le commerce, à proprement parler, trois sortes d'alcool :
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(1) ''De mutationis spiritus vini in corpus inqesti''. Scrips. R. Masing, Dorpati, 1854.  (2) Stimulants and narcotics ; by Fr. S. Anstie. London, 1864.<references/>
(Raisins, en nature, de 1/2 à 4 kilogr. par jour.<br \>
A L'EXTÉRIEUR. — Moût de raisin, comme détersif, bains de marc.<br \>
Pommade au raisin : suc de raisin ajouté à la pommade rosat) (1)<ref>Pierlot, ''in Bulletin de thérapeutique'', t. LV, p. 544.</ref>.<br \><br \>
VIN. — A L'INTÉRIEUR. — A doses différentes, suivant l'espèce de vin et les indications curatives ou hygiéniques.<br \>
A L'EXTÉRIEUR. — En fomentations, lotions, bains, injections, etc.<br \>
=== Feuilles de vigne ===
Les FEUILLES de vigne sont astringentes. On les a employées clans la dysenterie, la diarrhée chronique, les hémorrhagies passives. Flamant (2)<ref>''Le Véritable médecin''. Paris, 1649, r. 245.</ref>, médecin peu connu, recommande contre les pertes utérines la feuille de vigne blanche séchée à l'ombre, pulvérisée et administrée à la dose de 2 à 4 gr. dans un demi-verre de vin rouge. G. G. Fenuglio, de Turin (3)<ref>''Journal universel des sciences médicales'', octobre 1822, t. XXVIII. </ref>, rapporte trois cas de ménorrhagie dans lesquels l'usage des feuilles de vigne de raisin muscat noir, séchées à l'ombre et pulvérisées, à la dose de 4 gr. par jour, a été couronné de succès. Il cite aussi un cas d'hémorrhagie nasale chez un jeune homme d'une constitution très-robuste, dont la vie était en danger pour avoir perdu une grande quantité de sang ; il fut instantanément débarrassé de cet écoulement au moyen de la poudre de feuilles de vigne prise en guise de tabac.
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(1) Pierlot, ''in Bulletin de thérapeutique'', t. LV, p. 544. (2) ''Le Véritable médecin''. Paris, 1649, r. 245. (3) ''Journal universel des sciences médicales'', octobre 1822, t. XXVIII. <references/>
L'extrait de vigne (''extractum pampinorum vitis'') est astringent et peut être employé dans les mêmes cas que la poudre et le suc des feuilles. Dans certaines contrées, on le considère, en outre, comme diurétique, nervin et antispasmodique ; on s'en sert aussi contre les taches de rousseur.
Bredel (1)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', t. VII, p. 353.</ref>, indique les feuilles de vigne comme pouvant servir à faire des moxas tout aussi efficaces que ceux que l'on obtient avec le duvet extrait l’''artemisia chinensis''. On les prépare de cette manière : « A la fin de l'automne, lorsque déjà les gelées ont provoqué la chute des feuilles des tiges sarmenteuses, et qu'elles sont passablement dépouillées de l'humidité qu'elles pouvaient encore contenir, on les prend et on les jette à plusieurs reprises dans un four modérément chauffé. Lorsqu'elles sont bien desséchées, on les pile dans un mortier en fonte, jusqu'à ce qu'elles forment une masse mollette et bien cotonneuse. Pour conserver le duvet qui résulte de cette simple opération, on les renferme dans des boîtes de carton ou de bois, exposées dans un lieu sec et chaud.
Les vrilles de la vigne sont acidules et un peu astringentes.
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(1) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', t. VII, p. 353.<references/>
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(Vers le milieu du mois d'août, plusieurs centaines de malades vont passer six semaines environ dans diverses localités d'Allemagne (surtout à Durkheim, en Bavière) ou de Suisse (Vevey), et y faire la ''cure aux raisins''. La quantité de raisins qu'il convient de manger varie de 1/2 à 4 kilogr par jour, pris en trois, quatre ou cinq fois, autant que possible pendant la promenade, et en cueillant soi-même le fruit. Il se produit un effet purgatif et diurétique assez marqué ; comme sa réaction est alcaline, la cure est utile dans toutes les affections qui réclament l'emploi des alcalins. Les graveleux, les goutteux se trouvent très-bien du traitement par les raisins ; mais il faut évidemment tenir compte de l'exercice obligatoire, de l'alimentation concomitante et de l'air pur qu'on respire dans les localités où se fait la cure. On trouvera sur ce sujet tous les renseignements nécessaires dans le mémoire de Carrière (1)<ref>''Les cures du petit-lait et du raisin en Allemagne et en Suisse dans le traitement des maladies chroniques''. Paris, 1860.</ref> et le livre d'Herpin, de Metz) (2)<ref>''Du raisin et de ses applications thérapeutiques'', études sur la cure aux raisins ou Ampélothérapie. Paris, 1865.</ref>.
Le suc de raisin encore vert (VERJUS) est fortement acide et astringent. On en prépare une boisson tempérante (100 à 200 gr. par kilogr. d'eau) qui convient dans les maladies inflammatoires, les fièvres bilieuses, les irritations gastro-intestinales, les diarrhées légères, etc. On l'emploie aussi dans les gargarismes contre le ramollissement des gencives, le relâchement de la luette, et au début ou à la fin des angines.
Dans les cantons où croît la vigne sauvage, les pauvres font, avec ses raisins fermentés dans l'eau, une boisson acidulé agréable. « C'est, dit Thore (3)<ref>''Flore des Landes''.</ref>, notre tisane populaire dans les fièvres ardentes et autres qui exigent l'emploi des acides. »
Le suc exprimé des raisins mûrs ou MOÛT contient beaucoup de sucre ; il est nourrissant. C'est un laxatif agréable, mais il dérange souvent les fonctions digestives, et ne convient pas aux personnes sujettes aux flatuosités. Soumis à l'ébullition, ce vin doux prend la dénomination générique de vin cuit, et présente des différences suivant le degré de coction qu'il a subi. Il est nutritif, pectoral, adoucissant, mais peu facile à digérer. Réduit à la consistance de sirop, de rob, de gelée, le moût peut, dans beaucoup de cas, remplacer le sucre, et servir à édulcorer les préparations pharmaceutiques.
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(1) ''Les cures du petit-lait et du raisin en Allemagne et en Suisse dans le traitement des maladies chroniques''. Paris, 1860. (2) ''Du raisin et de ses applications thérapeutiques'', études sur la cure aux raisins ou Ampélothérapie. Paris, 1865. (3) ''Flore des Landes''.<references/>
organique interne, lors même qu'elle est portée au plus haut degré d'intensité, nous paraît aussi aveugle que celui qui s'attache exclusivement à combattre par les antiphlogistiques la phlegmasie intestinale, dont les caractères non identiques diffèrent ici essentiellement de l'inflammation franche. Nous avouerons qu'il n'est pas toujours facile de concilier des indications contradictoires, ni de déterminer quel est le genre de traitement qui convient le mieux. Placé entre une susceptibilité viscérale irritative ou inflammatoire, et la diminution ou l'absence de réaction générale avec désordre du système nerveux, on est parfois très-embarrassé. Dans ces circonstances délicates et équivoques, le praticien exercé agit avec circonspection, s'arrête à propos, et n'attaque vigoureusement qu'après s'être assuré de sa position et de ses avantages.
(Béhier, Monneret, cité par Bricheteau (1)<ref>''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', 1862, p. 485.</ref>, emploient aussi le vin à doses généreuses dans les fièvres typhoïdes, mais ne paraissent pas en spécialiser l'usage dans la période adynamique.)
Tissot, Borsieri, Neumann, Burdel et beaucoup d'autres auteurs considèrent le bon vin, pris à fortes doses, comme le meilleur remède contre les fièvres intermittentes, rebelles au quinquina. J'en ai observé les bons effets en pareils cas ; lorsqu'il y avait cachexie, engorgement splénique ou hépatique, œdème, je donnais de préférence le vin blanc. (Voyez l'article [[#Alcool|ALCOOL]], page 1125.)
J'ai employé souvent le vin de Champagne mousseux, comme la potion de Rivière, contre les vomissements par irritation nerveuse, surtout chez les femmes enceintes. Il s'est montré utile dans l'épidémie de fièvre jaune de 1819, à la Nouvelle-Orléans (2)<ref>''Rapport fait au nom de la Société de médecine de cette ville'', p. 11. Nouvelle-Orléans, 1820.</ref>.
(On l'a mis en usage dans les affections typhiques. Navier a publié sur ce sujet un travail ayant pour titre : ''Question agitée dans les Ecoles de la Faculté de médecine de Reims, le 14 mars 1777, sur l'usage du vin de Champagne mousseux contre les fièvres typhoïdes et autres maladies de même nature''. Paris, 1778. Le vin dont nous venons de parler est aussi très-efficace pour combattre les dyspepsies légères résultant de l'atonie de l'estomac.)
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(1) ''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', 1862, p. 485. (2) ''Rapport fait au nom de la Société de médecine de cette ville'', p. 11. Nouvelle-Orléans, 1820.<references/>
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travaux modernes sur l'emploi du vin dans les affections fébriles aiguës nous renverrons à l'article [[#Alcool|ALCOOL]], où cette question est résumée.)
Le vin chaud a souvent rappelé immédiatement les règles supprimées par l'immersion des mains dans l'eau froide, par la suppression de la transpiration, etc., surtout chez les femmes d'une constitution délicate et d'un tempérament lymphatique. Il a quelquefois été utile dans les exanthèmes aigus (rougeole, scarlatine, variole), où l'éruption languit par le défaut d'énergie du sujet, et quand il y a dyspnée avec pouls petit, concentré, pâleur, etc., ce qui se rencontre assez fréquemment chez les enfants anémiques des pauvres qui habitent des lieux bas, marécageux, peu aérés.
J'ai vu le choléra asiatique céder, à son début, à une abondante transpiration provoquée au moyen d'une bouteille de vin chaud, prise par tasses fréquemment répétées. Ce même vin, pris chaque soir et provoquant de la sueur pendant la nuit, a guéri des diarrhées chroniques qui avaient résisté aux remèdes ordinairement employés. Tous les praticiens savent combien il est difficile de combattre avantageusement les diarrhées rebelles. Souvent les astringents sont nuisibles ou n'ont qu'un effet momentané, et les mucilagineux sont impuissants, surtout quand le malade, conservant l'appétit, surcharge l'estomac et fatigue les organes digestifs par le travail pénible et irritant de la digestion. Dans ces cas, le traitement qui m'a le mieux réussi consiste à administrer chaque matin un tiers de lavement de vin rouge, d'abord tiède et ensuite froid, dans lequel je fais quelquefois délayer un ou deux jaunes d'œufs, et à mettre le malade à l'usage des œufs, avalés crus et entiers, pour toute nourriture, au nombre de deux le premier jour, trois le second, ainsi de suite en augmentant graduellement, selon l'effet obtenu. J'arrive ainsi quelquefois à faire prendre dix à douze œufs dans les vingt- quatre heures. Le malade s'abstient de toute boisson. Ce traitement, à la fois alimentaire et médicamenteux, produit un effet prompt et durable ; mais ordinairement, dans les diarrhées anciennes, je le fais continuer pendant vingt, trente et même quarante jours. Je ne reviens que peu à peu aux aliments ordinaires, en commençant par les plus faciles à digérer.
Cette médication, que j'ai exposée en 1850 dans la première édition de cet ouvrage (p. 567), a été adoptée par Aran (1)<ref>''Bulletin général de thérapeutique'', 1855, t. XLVIII, p. 11 et 54. </ref>, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris. Ce médecin en a retiré les plus grands avantages, non-seulement dans la diarrhée chronique, mais aussi dans la chlorose, dans la dyspepsie, dans les cachexies tuberculeuse et paludéenne, dans la convalescence des maladies graves, la phthisie, etc.
« L'emploi des lavements médicamenteux, dit Aran, remonte à une époque très-reculée ; mais on chercherait vainement dans les auteurs des traces de l'administration du vin par la voie rectale. Hoffmann est, à ma connaissance, le seul auteur qui en fasse mention, et qui conseille ces lavements chez les sujets dont les forces sont languissantes, en associant au vin le baume qui porte son nom. Ce n'est cependant pas à cet illustre médecin que je dois l'idée de l'application des lavements de vin au traitement de diverses maladies. J'avais lu dans ce journal et dans le ''Traité des plantes médicinales indigènes'' de M. Cazin, l'exposition d'un traitement recommandé par ce médecin dans la diarrhée chronique, traitement qui consiste dans l'emploi des lavements de vin et dans l'administration des œufs crus pour nourriture exclusive. J'avais précisément à cette époque, dans le service dont j'étais chargé à l'Hôtel-Dieu, une femme de trente-cinq ans, affectée depuis treize semaines d'un dévoiement que rien ne pouvait arrêter, et qui présentait, avec un état anémique des plus prononcés, un œdème des jambes, sans affection du cœur ni urines albumineuses. Trois lavements de vin furent administrés tous les jours à cette malade, et, sans être immédiat
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(1) ''Bulletin général de thérapeutique'', 1855, t. XLVIII, p. 11 et 54. <references/>
« 2° Que ces lavements, administrés à dose convenable, et répétés suffisamment, relèvent les forces, rétablissent l'harmonie des fonctions, et peuvent, soit amener la guérison, soit permettre aux malades de résister plus ou moins longtemps aux conséquences graves et terribles qu'entraînent quelques-unes de ces maladies. »
Dans un cas de convalescence d'une fièvre grave, avec symptômes de gastro-entérite et de péritonite, et affaiblissement extrême, Herpain (1)<ref>''Journal de médecine de Bruxelles'' et ''Revue de thérapeutique médico-chirurgicale'', 1857, p. 14.</ref> prescrivit un quart de lavement de vieux vin de Bordeaux, renouvelé trois fois par jour. Mais ces lavements réussirent mal pendant deux jours, furent rejetés et firent même succéder de la diarrhée à la constipation. On ajouta alors 60 gr. de sirop simple aux 100 gr. de vin qui composaient les trois petits lavements. Dès lors ils ne furent plus rejetés, et la diarrhée ne tarda pas à s'arrêter. Une seconde convalescence s'établit, et la guérison s'ensuivit.
Tout ce que nous venons de rapporter sur les heureux effets du vin administré en lavement me dispense de parler des nombreux cas où j'ai eu à me louer de ce puissant moyen. Leur complète analogie avec ceux qu'Aran a exposés, n'offrirait d'ailleurs qu'une répétition de faits dont la narration dépasserait inutilement les limites, peut-être trop souvent franchies, des articles de cet ouvrage. Je me contenterai de faire remarquer que, dans les cas où les lavements de vin pur n'étaient pas tolérés, l'addition du jaune d'œuf me procurait le même avantage que le sucre dont s'est servi Herpain.
(Les hémorrhagies et surtout les métrorrhagies succédant aux fausses couches et aux accouchements, et qui sont le résultat de l'inertie utérine, sont heureusement modifiées par les lavements de vin (2)<ref>Llewellyn Williams, ''British med. Journ.'', septembre 1858 : Debout, ''Bulletin de thérapeutique'', 1859, t. LVI, p. 86.</ref>.
Employé sous cette forme, il est probable que le vin n'agit pas seulement par ses propriétés stimulantes générales ; et le professeur Béhier est porté à admettre qu'alors il exerce encore sur l'utérus une action réflexe qui sollicite le réveil des contractions de cet organe, et en ce sens son application sur la muqueuse rectale serait beaucoup plus et plus directement utile dans
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(1) ''Journal de médecine de Bruxelles'' et ''Revue de thérapeutique médico-chirurgicale'', 1857, p. 14. (2) Llewellyn Williams, ''British med. Journ.'', septembre 1858 : Debout, ''Bulletin de thérapeutique'', 1859, t. LVI, p. 86. <references/>
le cas d'hémorrhagie utérine que ne peut l'être l'usage du même moyen administré par la voie de l'estomac.)
Dehaen, Welse, Strambio ont trouvé le vin très-efficace, même à forte dose, pour calmer et guérir les accidents dont l'ensemble constitue la colique saturnine. On peut même le donner en lavement dans cette affection. Guersant l'a vanté contre l'incontinence d'urine chez les enfants. Il est aussi très-utile dans les affections gangreneuses, les hémorrhagies passives, le ''purpura hemorrhagica'' (1)<ref>Voyez l'observation très-intéressante publiée par Faure dans le n° 120 de la ''Gazette des hôpitaux'', 1861, p. 178.</ref>, dans la dysménorrhée qui dépend de l'atonie, de l'inertie de l'utérus, etc. Bryson (2)<ref>Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1851, p. 45.</ref> a vu sur les rives de la Plata l'armée anglaise ravagée par le scorbut, tandis que l'armée française, qui coopérait avec elle au blocus de Buenos-Ayres, n'avait presque pas de scorbutiques et les deux armées étaient dans les mêmes conditions hygiéniques ; mais l'armée anglaise recevait chaque jour une petite ration de rhum, tandis que l'armée française recevait une ration de vin rouge astringent, d'où Bryson a conclu que les alcooliques n'ont pas de propriétés prophylactiques contre le scorbut, et qu'ils nuisent à la santé des hommes qui ne reçoivent pas d'aliments végétaux, tandis que le vin rouge préserve de l'influence scorbutique.
Le vin a aussi été regardé comme anthelminthique. On a remarqué que les enfants auxquels on en faisait prendre avaient plus rarement des vers intestinaux que ceux qui n'en faisaient point usage. Pris à jeun, il m'a réussi chez les habitants des marais, ne vivant que de légumes et de laitage, pour prévenir le retour des affections vermineuses, en combattant la débilité des vois digestives qui en favorisait le développement. On m'a rapporté que, dans une fièvre vermineuse épidémique qui enlevait la plupart des malades, aucun prêtre n'avait été atteint de la maladie. On attribua cette heureuse exemption au vin pur pris à jeun en disant la messe.
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(1) Voyez l'observation très-intéressante publiée par Faure dans le n° 120 de la ''Gazette des hôpitaux'', 1861, p. 178. (2) Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1851, p. 45.<references/>
Les injections vineuses conviennent aussi dans les plaies sinueuses, dans les conduits relâchés, dans le vagin contre la leucorrhée, dans la tunique vaginale pour la cure radicale de l'hydrocèle, en y ajoutant de l'eau-de-vie. Le vin chaud, pur ou miellé, appliqué sur les plaies, leur donne du ton, les avive, les déterge et hâte la cicatrisation. Le vin rouge alcoolisé est encore employé comme résolutif sur les contusions, les infiltrations cellulaires, les engorgements articulaires suites d'entorses, etc. On l'a aussi employé en lotion et même en bain comme fortifiant chez les enfants faibles, scrofuleux ou rachitiques.
(La lie de vin est d'un emploi populaire comme rubéfiant, tonique, résolutif; on la met en usage contre les lésions traumatiques que nous venons de citer. Bouvier (1)<ref>''Leçons cliniques sur les maladies de l'appareil locomoteur''. Paris, 1858.</ref> conseille d'en frictionner les enfants affectés de rachitisme, de déviation de la colonne vertébrale.)
Payan, médecin de l'hôpital d'Aix (2)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', t. XXVI, p. 533.</ref>, a retiré les plus grands avantages de cataplasmes vineux contre la gangrène ou pourriture d'hôpital. Ces cataplasmes, d'après les faits rapportés par ce médecin, produisent une prompte amélioration et bientôt une guérison qui ne laisse aucun doute sur leur efficacité comme moyen curatif de cette terrible complication des plaies. Voici comment Payan prépare ses cataplasmes : du pain commun est dépecé dans un poêlon, et par-dessus on verse du vin ordinaire. Quand le pain est bien imbibé de ce liquide, on expose le poêlon au feu pour faire bouillir le mélange pendant quelques instants. On agit alors avec la spatule pour faire une sorte de pâte. Deux cataplasmes par jour suffisent. On doit continuer leur application jusqu'à ce que la cicatrisation soit complète.
=== Usage du tartrate ===
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(1) ''Leçons cliniques sur les maladies de l'appareil locomoteur''. Paris, 1858. (2) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', t. XXVI, p. 533. downloadModeText.vue.download 1147 sur 1308<references/>
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bert (1)<ref>''Nosologie naturelle'', t. I, p. 395.</ref> contre l'hydrothorax idiopathique. Je me suis presque toujours bien trouvé de l'usage de la crème de tartre soluble à la dose de 15 gr. dans deux verres d'eau, pris chaque matin, contre l'anasarque et notamment dans les cas où cette affection est accompagnée d'angioténie ou de pléthore sanguine. Son action a lieu non-seulement sur les reins, mais aussi sur les vaisseaux lymphatiques, sur les membranes séreuses, ce qui la faisait considérer par nos prédécesseurs comme apéritive et désobstruante. Meyer (2)<ref>''Dictionnaire des sciences médicales'', t. LIV, p. 247.</ref> la prescrivait alternativement avec le carbonate de magnésie, par cuillerées à café contre le tænia, l'acide carbonique qui s'en dégage dans l'estomac étant, dit-on, anthelminthique. Un malade ainsi traité rendit le troisième jour une portion de tænia, et en rendait de nouveau chaque fois que recommençait le traitement, qui consistait à prendre ces sels, l'un immédiatement après l'autre, par cuillerées à café d'heure en heure.
=== Usages et effets de l'alcool ===
(DE L'ALCOOL. — Nous aurions peut-être dû donner à ce paragraphe le titre de : ''les alcooliques'', que certains passages eussent rendu légitime, et réunir en une seule description l'action des spiritueux sous quelque forme qu'on les emploie. Pour la clarté de l'exposition, nous avons préféré scinder la question. Le vin, lequel a, du reste, des effets particuliers et des indications spéciales, a d'abord été étudié. Nous allons maintenant traiter de l'alcool proprement dit, sans cependant nous attacher à ce point d'une façon exclusive, et en ne négligeant aucune occasion de nous occuper en passant des alcooliques en général.
ACTION PHYSIOLOGIQUE. — L'alcool concentré agit sur les tissus comme un irritant, produisant, après une impression passagère de froid due à l'évaporation, une sensation de brûlure plus ou moins intense. A l'intérieur, on n'a guère à observer les effets de l'alcool absolu que dans les cas d'empoisonnement (3)<ref>Barrion, ''Sur l'empoisonnement par l'alcool'', thèse de Montpellier, 1827, n° 62.</ref>. Il agit comme un corrosif violent ; il amène dans le tube digestif tous les désordres d'une vive inflammation ; il dessèche, raccornit la muqueuse (Jacobi) (4)<ref>''Deutsche Klinik'', 1857, n° 22, 26 et suivants.</ref>, et produit secondairement les phénomènes généraux dont nous nous occuperons plus loin, mais qui prennent ici une rapidité d'évolution en rapport avec l'énergie de l'agent producteur.
L'alcool additionné d'eau, l'eau-de-vie, à dose modérée, cause une chaleur plus ou moins vive à l'épigastre, stimule le système nerveux, accélère la circulation et produit, en un mot, une excitation générale. A plus forte dose, il cause l'ivresse. A l'excitation générale, à la gaîté succèdent l'abattement, l'hébétude, le défaut de coordination du mouvement, quelquefois même des convulsions, le délire, l'immobilité, l'insensibilité, l'assoupissement, la dilatation des pupilles, de la dyspnée, la congestion de l'encéphale, et à la suite un état apoplectique qui se dissipe souvent au bout de quelques heures, mais qui, aussi, devient quelquefois mortel. Quand on sort de cet état, les idées sont confuses, la marche hésitante, l'appétit nul, la soif vive, la parole embarrassée. Peu à peu les choses rentrent dans leur cours normal, et il ne reste plus de l'ébriété de la veille qu'un peu de dégoût pour les aliments et un peu de pesanteur de tête, La répétition de pareils ébranlements donnés à l'économie ne tarde pas à nuire à la santé. Si, pour certains buveurs, les ivresses renouvelées sont innocentes, l'usage habituel de l'eau-de-vie amène des désordres nombreux. Ce ne sont plus les effets physiologiques, mais les effets pathologiques, ou plutôt pathogéniques de l'alcool, qu'on désigne sous le nom d’''alcoolisme''. Ce n'est plus la surexcitation passagère, qui suit l'ivresse ; des phénomènes morbides se déclarent et amènent à leur suite des modifications plus persistantes.
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(1) ''Nosologie naturelle'', t. I, p. 395. (2) ''Dictionnaire des sciences médicales'', t. LIV, p. 247. (3) Barrion, ''Sur l'empoisonnement par l'alcool'', thèse de Montpellier, 1827, n° 62. (4) ''Deutsche Klinik'', 1857, n° 22, 26 et suivants.<references/>
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