|nomcourtsuivant=Violette
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== Vigne ==
Nom accepté : ''[[Vitis vinifera]]''
AMPÉLIDÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE MONOGYNIE. L.</center>
[1099]
Elle se putréfie facilement au contact de l'air. — Le BOIS (sarment) donne par sa combustion des cendres très-alcalines. Ces cendres sont employées en médecine comme celles de genêt, de genévrier, etc. — Le FRUIT ou RAISIN (''uva'') avant sa maturité porte le nom de VERJUS (''omphacium''); sa saveur est alors fortement acide et astringente. Son suc sert d'assaisonnement culinaire, et remplace pour certains mets le citron et le vinaigre. On en prépare aussi un sirop rafraîchissant. A sa maturité, le raisin contient une pulpe délicieusement succulente, douce, sucrée, légèrement acidule, quelquefois même accompagnée d'un arôme très-suave ; il contient (1) <ref></ref> beaucoup d'eau, du mucilage, du sucre, de la gelée, de l'albumine, du gluten, du tannin, du bitartrate de potasse, du tartrate de chaux, du phosphate de magnésie, du chlorure de sodium, du sodium, du sulfate de potasse, et des acides tartrique, citrique et malique. — Le suc extrait des raisins mûrs ou MOUT est très-sucré et nutritif. On obtient par l'évaporation du moût une sorte de confiture qui porte le nom de raisiné ; elle est saine, précieuse pour l'habitant des campagnes, pour la classe ouvrière des villes. Dans les campagnes, lorsqu'on a peu de moût de raisin, on augmente la masse du raisiné en y ajoutant des poires à chair ferme, telles que le messire-jean, le martin-sec, le bon chrétien d'hiver, le rousselet, le catillac, le coing, que l'on coupe par tranches. On y met quelquefois aussi des quartiers de pommes, de carottes, de potiron, de melon, de betteraves. Les pots de raisiné remplis, on les met dans le four après la cuisson du pain, deux ou trois fois de suite. Il se forme une croûte à la surface du pot, ce qui conserve parfaitement cette confiture. Lorsqu'il est bien préparé, le raisiné est doux et moelleux, un peu grenu et un peu acide. — Pendant le blocus continental, le sucre de canne étant à un prix très-élevé, le sirop de raisin, obtenu par évaporation du suc, servait de matière sucrante.
On sèche le raisin à l'aide du calorique pour le conserver. On prépare pour l'usage médical les GROS RAISINS SECS ou GROS RAISINS DE CAISSE (''passulæ seu uvæ majores''), que l'on distingue ensuite en RAISINS DE SMYRNE OU de DAMAS quand ils sont gros comme de petites prunes, allongés, ridés, d'un jaune-brunâtre ; en RAISINS DE FRANCE, de MARSEILLE OU d'ESPAGNE lorsqu'ils sont plus petits et brunâtres. Les RAISINS DE CORINTHE (''passulæ sive uvæ minores'') sont gros comme des lentilles, noirs, très-ridés, sans pépins apparents.
Les semences de raisins (pépins) donnent 10 à 11 pour 100 d'une huile bonne pour l'usage alimentaire et pour l'éclairage (2)<ref></ref>.
=== Vin ===
L'alcool est, ainsi que l'indique sa formule, composé d'oxygène, d'hydrogène et de carbone ; et cela, en des proportions telles que ses éléments peuvent être représentés par des volumes égaux de vapeur d'eau et d'hydrogène carboné. Il dissout le phosphore, le soufre, l'iode, les résines, les huiles volatiles, la presque totalité des acides, le tannin, les alcalis végétaux, le sucre de raisin : il dissout aussi les corps gras, mais en petites proportions, surtout à la température ordinaire ; il ne dissout ni la gomme, ni l'amidon, ni l'albumine végétale. La quantité d'eau qui est mêlée à l'alcool influe d'ailleurs sur ses propriétés dissolvantes ; ainsi, quand il n'est pas concentré, il dissout le sucre de canne, les matières extractives et les gommes-résines.
(La moindre quantité d'alcool peut être révélée dans un liquide par une solution de bichromate de potasse (réactif de Masing) (1)<ref></ref>. Anstie a montré que 1/200 de grain d'alcool colorait en vert émeraude 1 centimètre cube de ce réactif.) (2)<ref></ref>
(On distingue dans le commerce, à proprement parler, trois sortes d'alcool :
(1) ''De mutationis spiritus vini in corpus inqesti''. Scrips. R. Masing, Dorpati, 1854.
(2) Stimulants and narcotics; by Fr. S. Anstie. London, 1864.
Dans les préparations pharmaceutiques on se sert ordinairement du vinaigre distillé.
ACIDE ACÉTIQUE CONCENTRÉ ou VINAIGRE RADICAL (C<supsub>4</supsub>H<supsub>3</supsub>O<supsub>5</supsub>). — Il se rencontre tout formé dans le règne organique, surtout dans un grand nombre de fruits, dans la sève, etc., dont on peut l'obtenir par la distillation. On le tire ordinairement du vinaigre et de
''Substances incompatibles''. — Le tartrate de potasse, de soude et d'ammoniaque les alcalis, les oxydes métalliques.
<center>PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.</center>
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=== Feuilles de vigne ===
Les FEUILLES de vigne sont astringentes. On les a employées clans la dysenterie, la diarrhée chronique, les hémorrhagies passives. Flamant (2)<ref></ref>, médecin peu connu, recommande contre les pertes utérines la feuille de vigne blanche séchée à l'ombre, pulvérisée et administrée à la dose de 2 à 4 gr. dans un demi-verre de vin rouge. G. G. Fenuglio, de Turin (3)<ref></ref>, rapporte trois cas de ménorrhagie dans lesquels l'usage des feuilles de vigne de raisin muscat noir, séchées à l'ombre et pulvérisées, à la dose de 4 gr. par jour, a été couronné de succès. Il cite aussi un cas d'hémorrhagie nasale chez un jeune homme d'une constitution très-robuste, dont la vie était en danger pour avoir perdu une grande quantité de sang ; il fut instantanément débarrassé de cet écoulement au moyen de la poudre de feuilles de vigne prise en guise de tabac.
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L'extrait de vigne (''extractum pampinorum vitis'') est astringent et peut être employé dans les mêmes cas que la poudre et le suc des feuilles. Dans certaines contrées, on le considère, en outre, comme diurétique, nervin et antispasmodique ; on s'en sert aussi contre les taches de rousseur.
Bredel (1)<ref></ref>, indique les feuilles de vigne comme pouvant servir à faire des moxas tout aussi efficaces que ceux que l'on obtient avec le duvet extrait l’''artemisia chinensis''. On les prépare de cette manière : « A la fin de l'automne, lorsque déjà les gelées ont provoqué la chute des feuilles des tiges sarmenteuses, et qu'elles sont passablement dépouillées de l'humidité qu'elles pouvaient encore contenir, on les prend et on les jette à plusieurs reprises dans un four modérément chauffé. Lorsqu'elles sont bien desséchées, on les pile dans un mortier en fonte, jusqu'à ce qu'elles forment une masse mollette et bien cotonneuse. Pour conserver le duvet qui résulte de cette simple opération, on les renferme dans des boîtes de carton ou de bois, exposées dans un lieu sec et chaud.
Les vrilles de la vigne sont acidules et un peu astringentes.
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(Vers le milieu du mois d'août, plusieurs centaines de malades vont passer six semaines environ dans diverses localités d'Allemagne (surtout à Durkheim, en Bavière) ou de Suisse (Vevey), et y faire la ''cure aux raisins''. La quantité de raisins qu'il convient de manger varie de 1/2 à 4 kilogr par jour, pris en trois, quatre ou cinq fois, autant que possible pendant la promenade, et en cueillant soi-même le fruit. Il se produit un effet purgatif et diurétique assez marqué ; comme sa réaction est alcaline, la cure est utile dans toutes les affections qui réclament l'emploi des alcalins. Les graveleux, les goutteux se trouvent très-bien du traitement par les raisins ; mais il faut évidemment tenir compte de l'exercice obligatoire, de l'alimentation concomitante et de l'air pur qu'on respire dans les localités où se fait la cure. On trouvera sur ce sujet tous les renseignements nécessaires dans le mémoire de Carrière (1) <ref></ref> et le livre d'Herpin, de Metz) (2)<ref></ref>.
Le suc de raisin encore vert (VERJUS) est fortement acide et astringent. On en prépare une boisson tempérante (100 à 200 gr. par kilogr. d'eau) qui convient dans les maladies inflammatoires, les fièvres bilieuses, les irritations gastro-intestinales, les diarrhées légères, etc. On l'emploie aussi dans les gargarismes contre le ramollissement des gencives, le relâchement de la luette, et au début ou à la fin des angines.
Dans les cantons où croît la vigne sauvage, les pauvres font, avec ses raisins fermentés dans l'eau, une boisson acidulé agréable. « C'est, dit Thore (3)<ref></ref>, notre tisane populaire dans les fièvres ardentes et autres qui exigent l'emploi des acides. »
Le suc exprimé des raisins mûrs ou MOÛT contient beaucoup de sucre ; il est nourrissant. C'est un laxatif agréable, mais il dérange souvent les fonctions digestives, et ne convient pas aux personnes sujettes aux flatuosités. Soumis à l'ébullition, ce vin doux prend la dénomination générique de vin cuit, et présente des différences suivant le degré de coction qu'il a subi. Il est nutritif, pectoral, adoucissant, mais peu facile à digérer. Réduit à la consistance de sirop, de rob, de gelée, le moût peut, dans beaucoup de cas, remplacer le sucre, et servir à édulcorer les préparations pharmaceutiques.
organique interne, lors même qu'elle est portée au plus haut degré d'intensité, nous paraît aussi aveugle que celui qui s'attache exclusivement à combattre par les antiphlogistiques la phlegmasie intestinale, dont les caractères non identiques diffèrent ici essentiellement de l'inflammation franche. Nous avouerons qu'il n'est pas toujours facile de concilier des indications contradictoires, ni de déterminer quel est le genre de traitement qui convient le mieux. Placé entre une susceptibilité viscérale irritative ou inflammatoire, et la diminution ou l'absence de réaction générale avec désordre du système nerveux, on est parfois très-embarrassé. Dans ces circonstances délicates et équivoques, le praticien exercé agit avec circonspection, s'arrête à propos, et n'attaque vigoureusement qu'après s'être assuré de sa position et de ses avantages.
(Béhier, Monneret, cité par Bricheteau (1)<ref></ref>, emploient aussi le vin à doses généreuses dans les fièvres typhoïdes, mais ne paraissent pas en spécialiser l'usage dans la période adynamique.)
Tissot, Borsieri, Neumann, Burdel et beaucoup d'autres auteurs considèrent le bon vin, pris à fortes doses, comme le meilleur remède contre les fièvres intermittentes, rebelles au quinquina. J'en ai observé les bons effets en pareils cas ; lorsqu'il y avait cachexie, engorgement splénique ou hépatique, œdème, je donnais de préférence le vin blanc. (Voyez l'article ALCOOL, page 1125.)
J'ai employé souvent le vin de Champagne mousseux, comme la potion de Rivière, contre les vomissements par irritation nerveuse, surtout chez les femmes enceintes. Il s'est montré utile dans l'épidémie de fièvre jaune de 1819, à la Nouvelle-Orléans (2)<ref></ref>.
(On l'a mis en usage dans les affections typhiques. Navier a publié sur ce sujet un travail ayant pour titre : ''Question agitée dans les Ecoles de la Faculté de médecine de Reims, le 14 mars 1777, sur l'usage du vin de Champagne mousseux contre les fièvres typhoïdes et autres maladies de même nature''. Paris, 1778. Le vin dont nous venons de parler est aussi très-efficace pour combattre les dyspepsies légères résultant de l'atonie de l'estomac.)
J'ai vu le choléra asiatique céder, à son début, à une abondante transpiration provoquée au moyen d'une bouteille de vin chaud, prise par tasses fréquemment répétées. Ce même vin, pris chaque soir et provoquant de la sueur pendant la nuit, a guéri des diarrhées chroniques qui avaient résisté aux remèdes ordinairement employés. Tous les praticiens savent combien il est difficile de combattre avantageusement les diarrhées rebelles. Souvent les astringents sont nuisibles ou n'ont qu'un effet momentané, et les mucilagineux sont impuissants, surtout quand le malade, conservant l'appétit, surcharge l'estomac et fatigue les organes digestifs par le travail pénible et irritant de la digestion. Dans ces cas, le traitement qui m'a le mieux réussi consiste à administrer chaque matin un tiers de lavement de vin rouge, d'abord tiède et ensuite froid, dans lequel je fais quelquefois délayer un ou deux jaunes d'œufs, et à mettre le malade à l'usage des œufs, avalés crus et entiers, pour toute nourriture, au nombre de deux le premier jour, trois le second, ainsi de suite en augmentant graduellement, selon l'effet obtenu. J'arrive ainsi quelquefois à faire prendre dix à douze œufs dans les vingt- quatre heures. Le malade s'abstient de toute boisson. Ce traitement, à la fois alimentaire et médicamenteux, produit un effet prompt et durable ; mais ordinairement, dans les diarrhées anciennes, je le fais continuer pendant vingt, trente et même quarante jours. Je ne reviens que peu à peu aux aliments ordinaires, en commençant par les plus faciles à digérer.
Cette médication, que j'ai exposée en 1850 dans la première édition de cet ouvrage (p. 567), a été adoptée par Aran (1)<ref></ref>, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris. Ce médecin en a retiré les plus grands avantages, non-seulement dans la diarrhée chronique, mais aussi dans la chlorose, dans la dyspepsie, dans les cachexies tuberculeuse et paludéenne, dans la convalescence des maladies graves, la phthisie, etc.
« L'emploi des lavements médicamenteux, dit Aran, remonte à une époque très-reculée ; mais on chercherait vainement dans les auteurs des traces de l'administration du vin par la voie rectale. Hoffmann est, à ma connaissance, le seul auteur qui en fasse mention, et qui conseille ces lavements chez les sujets dont les forces sont languissantes, en associant au vin le baume qui porte son nom. Ce n'est cependant pas à cet illustre médecin que je dois l'idée de l'application des lavements de vin au traitement de diverses maladies. J'avais lu dans ce journal et dans le ''Traité des plantes médicinales indigènes'' de M. Cazin, l'exposition d'un traitement recommandé par ce médecin dans la diarrhée chronique, traitement qui consiste dans l'emploi des lavements de vin et dans l'administration des œufs crus pour nourriture exclusive. J'avais précisément à cette époque, dans le service dont j'étais chargé à l'Hôtel-Dieu, une femme de trente-cinq ans, affectée depuis treize semaines d'un dévoiement que rien ne pouvait arrêter, et qui présentait, avec un état anémique des plus prononcés, un œdème des jambes, sans affection du cœur ni urines albumineuses. Trois lavements de vin furent administrés tous les jours à cette malade, et, sans être immédiat
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« 2° Que ces lavements, administrés à dose convenable, et répétés suffisamment, relèvent les forces, rétablissent l'harmonie des fonctions, et peuvent, soit amener la guérison, soit permettre aux malades de résister plus ou moins longtemps aux conséquences graves et terribles qu'entraînent quelques-unes de ces maladies. »
Dans un cas de convalescence d'une fièvre grave, avec symptômes de gastro-entérite et de péritonite, et affaiblissement extrême, Herpain (1) <ref></ref> prescrivit un quart de lavement de vieux vin de Bordeaux, renouvelé trois fois par jour. Mais ces lavements réussirent mal pendant deux jours, furent rejetés et firent même succéder de la diarrhée à la constipation. On ajouta alors 60 gr. de sirop simple aux 100 gr. de vin qui composaient les trois petits lavements. Dès lors ils ne furent plus rejetés, et la diarrhée ne tarda pas à s'arrêter. Une seconde convalescence s'établit, et la guérison s'ensuivit.
Tout ce que nous venons de rapporter sur les heureux effets du vin administré en lavement me dispense de parler des nombreux cas où j'ai eu à me louer de ce puissant moyen. Leur complète analogie avec ceux qu'Aran a exposés, n'offrirait d'ailleurs qu'une répétition de faits dont la narration dépasserait inutilement les limites, peut-être trop souvent franchies, des articles de cet ouvrage. Je me contenterai de faire remarquer que, dans les cas où les lavements de vin pur n'étaient pas tolérés, l'addition du jaune d'œuf me procurait le même avantage que le sucre dont s'est servi Herpain.
(Les hémorrhagies et surtout les métrorrhagies succédant aux fausses couches et aux accouchements, et qui sont le résultat de l'inertie utérine, sont heureusement modifiées par les lavements de vin (2)<ref></ref>.
Employé sous cette forme, il est probable que le vin n'agit pas seulement par ses propriétés stimulantes générales ; et le professeur Béhier est porté à admettre qu'alors il exerce encore sur l'utérus une action réflexe qui sollicite le réveil des contractions de cet organe, et en ce sens son application sur la muqueuse rectale serait beaucoup plus et plus directement utile dans
le cas d'hémorrhagie utérine que ne peut l'être l'usage du même moyen administré par la voie de l'estomac.)
Dehaen, Welse, Strambio ont trouvé le vin très-efficace, même à forte dose, pour calmer et guérir les accidents dont l'ensemble constitue la colique saturnine. On peut même le donner en lavement dans cette affection. Guersant l'a vanté contre l'incontinence d'urine chez les enfants. Il est aussi très-utile dans les affections gangreneuses, les hémorrhagies passives, le ''purpura hemorrhagica'' (1)<ref></ref>, dans la dysménorrhée qui dépend de l'atonie, de l'inertie de l'utérus, etc. Bryson (2) <ref></ref> a vu sur les rives de la Plata l'armée anglaise ravagée par le scorbut, tandis que l'armée française, qui coopérait avec elle au blocus de Buenos-Ayres, n'avait presque pas de scorbutiques et les deux armées étaient dans les mêmes conditions hygiéniques ; mais l'armée anglaise recevait chaque jour une petite ration de rhum, tandis que l'armée française recevait une ration de vin rouge astringent, d'où Bryson a conclu que les alcooliques n'ont pas de propriétés prophylactiques contre le scorbut, et qu'ils nuisent à la santé des hommes qui ne reçoivent pas d'aliments végétaux, tandis que le vin rouge préserve de l'influence scorbutique.
Le vin a aussi été regardé comme anthelminthique. On a remarqué que les enfants auxquels on en faisait prendre avaient plus rarement des vers intestinaux que ceux qui n'en faisaient point usage. Pris à jeun, il m'a réussi chez les habitants des marais, ne vivant que de légumes et de laitage, pour prévenir le retour des affections vermineuses, en combattant la débilité des vois digestives qui en favorisait le développement. On m'a rapporté que, dans une fièvre vermineuse épidémique qui enlevait la plupart des malades, aucun prêtre n'avait été atteint de la maladie. On attribua cette heureuse exemption au vin pur pris à jeun en disant la messe.
Les injections vineuses conviennent aussi dans les plaies sinueuses, dans les conduits relâchés, dans le vagin contre la leucorrhée, dans la tunique vaginale pour la cure radicale de l'hydrocèle, en y ajoutant de l'eau-de-vie. Le vin chaud, pur ou miellé, appliqué sur les plaies, leur donne du ton, les avive, les déterge et hâte la cicatrisation. Le vin rouge alcoolisé est encore employé comme résolutif sur les contusions, les infiltrations cellulaires, les engorgements articulaires suites d'entorses, etc. On l'a aussi employé en lotion et même en bain comme fortifiant chez les enfants faibles, scrofuleux ou rachitiques.
(La lie de vin est d'un emploi populaire comme rubéfiant, tonique, résolutif; on la met en usage contre les lésions traumatiques que nous venons de citer. Bouvier (1) <ref></ref> conseille d'en frictionner les enfants affectés de rachitisme, de déviation de la colonne vertébrale.)
Payan, médecin de l'hôpital d'Aix (2)<ref></ref>, a retiré les plus grands avantages de cataplasmes vineux contre la gangrène ou pourriture d'hôpital. Ces cataplasmes, d'après les faits rapportés par ce médecin, produisent une prompte amélioration et bientôt une guérison qui ne laisse aucun doute sur leur efficacité comme moyen curatif de cette terrible complication des plaies. Voici comment Payan prépare ses cataplasmes : du pain commun est dépecé dans un poêlon, et par-dessus on verse du vin ordinaire. Quand le pain est bien imbibé de ce liquide, on expose le poêlon au feu pour faire bouillir le mélange pendant quelques instants. On agit alors avec la spatule pour faire une sorte de pâte. Deux cataplasmes par jour suffisent. On doit continuer leur application jusqu'à ce que la cicatrisation soit complète.
=== Usage du tartrate ===
(2) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', t. XXVI, p. 533. downloadModeText.vue.download 1147 sur 1308
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bert (1) <ref></ref> contre l'hydrothorax idiopathique. Je me suis presque toujours bien trouvé de l'usage de la crème de tartre soluble à la dose de 15 gr. dans deux verres d'eau, pris chaque matin, contre l'anasarque et notamment dans les cas où cette affection est accompagnée d'angioténie ou de pléthore sanguine. Son action a lieu non-seulement sur les reins, mais aussi sur les vaisseaux lymphatiques, sur les membranes séreuses, ce qui la faisait considérer par nos prédécesseurs comme apéritive et désobstruante. Meyer (2) <ref></ref> la prescrivait alternativement avec le carbonate de magnésie, par cuillerées à café contre le tænia, l'acide carbonique qui s'en dégage dans l'estomac étant, dit-on, anthelminthique. Un malade ainsi traité rendit le troisième jour une portion de tænia, et en rendait de nouveau chaque fois que recommençait le traitement, qui consistait à prendre ces sels, l'un immédiatement après l'autre, par cuillerées à café d'heure en heure.
=== Usages et effets de l'alcool ===
(DE L'ALCOOL. — Nous aurions peut-être dû donner à ce paragraphe le titre de : ''les alcooliques'', que certains passages eussent rendu légitime, et réunir en une seule description l'action des spiritueux sous quelque forme qu'on les emploie. Pour la clarté de l'exposition, nous avons préféré scinder la question. Le vin, lequel a, du reste, des effets particuliers et des indications spéciales, a d'abord été étudié. Nous allons maintenant traiter de l'alcool proprement dit, sans cependant nous attacher à ce point d'une façon exclusive, et en ne négligeant aucune occasion de nous occuper en passant des alcooliques en général.
ACTION PHYSIOLOGIQUE. — L'alcool concentré agit sur les tissus comme un irritant, produisant, après une impression passagère de froid due à l'évaporation, une sensation de brûlure plus ou moins intense. A l'intérieur, on n'a guère à observer les effets de l'alcool absolu que dans les cas d'empoisonnement (3)<ref></ref>. Il agit comme un corrosif violent ; il amène dans le tube digestif tous les désordres d'une vive inflammation ; il dessèche, raccornit la muqueuse (Jacobi) (4)<ref></ref>, et produit secondairement les phénomènes généraux dont nous nous occuperons plus loin, mais qui prennent ici une rapidité d'évolution en rapport avec l'énergie de l'agent producteur.
L'alcool additionné d'eau, l'eau-de-vie, à dose modérée, cause une chaleur plus ou moins vive à l'épigastre, stimule le système nerveux, accélère la circulation et produit, en un mot, une excitation générale. A plus forte dose, il cause l'ivresse. A l'excitation générale, à la gaîté succèdent l'abattement, l'hébétude, le défaut de coordination du mouvement, quelquefois même des convulsions, le délire, l'immobilité, l'insensibilité, l'assoupissement, la dilatation des pupilles, de la dyspnée, la congestion de l'encéphale, et à la suite un état apoplectique qui se dissipe souvent au bout de quelques heures, mais qui, aussi, devient quelquefois mortel. Quand on sort de cet état, les idées sont confuses, la marche hésitante, l'appétit nul, la soif vive, la parole embarrassée. Peu à peu les choses rentrent dans leur cours normal, et il ne reste plus de l'ébriété de la veille qu'un peu de dégoût pour les aliments et un peu de pesanteur de tête, La répétition de pareils ébranlements donnés à l'économie ne tarde pas à nuire à la santé. Si, pour certains buveurs, les ivresses renouvelées sont innocentes, l'usage habituel de l'eau-de-vie amène des désordres nombreux. Ce ne sont plus les effets physiologiques, mais les effets pathologiques, ou plutôt pathogéniques de l'alcool, qu'on désigne sous le nom d’''alcoolisme''. Ce n'est plus la surexcitation passagère, qui suit l'ivresse ; des phénomènes morbides se déclarent et amènent à leur suite des modifications plus persistantes.
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Sans amener toujours ces perturbations aussi profondes, l'usage habituel des spiritueux donne à l'individu qui se livre à leur abus, un état physique et fonctionnel particulier ; il le prédispose à la perte de l'appétit, aux vomissements surtout matutinaux, à l'hypersécrétion particulièrement acide de la muqueuse stomacale, aux gastralgies, à la dyspepsie. Ces troubles de l'estomac s'expliquent facilement. Si Claude Bernard (1) <ref></ref> a reconnu qu'à la dose de 5 à 6 centimètres cubes, étendus de moitié d'eau, l'alcool facilite la digestion, en augmentant la sécrétion du suc gastrique, celles du suc pancréatique et des glandes intestinales, il a aussi démontré que, pris seul, et à des doses assez élevées, il arrête l'action de l'estomac, tarit les sécrétions et cause une sorte d'indigestion. Dans les deux cas, l'usage immodéré peut être nuisible ; car, d'un côté, l'alcool stimule les sécrétions et les force à une hypercrinie quotidienne ; de l'autre, il entrave la production du travail digestif. L'état général de l'homme adonné à la brutale passion de l'ivrognerie a été bien décrit par Magnus Huss (32)<ref></ref>. Laissons parler cet auteur :
« Une personne qui a fait abus d'alcooliques commence à avoir des tremblements des mains, surtout le matin. Au commencement, ces tremblements cessent après l'ingestion de stimulants ; plus tard, le tremblement tend à continuer l'après-midi. Il peut devenir semblable à une espèce de chorée. — Sentiment particulier de faiblesse dans les bras et les jambes, ou plutôt diminution générale de la tonicité musculaire, surtout le matin. Fourmillements dans les jambes ; éblouissements ; dilatation des pupilles le matin.
Revenons à l'alcoolisme, expression proposée par Magnus Huss, mais dont le sens a été depuis fort étendu. Il comprend tous les troubles graves consécutifs à l'abus des spiritueux.
Sous le nom d’''alcoolisme aigu'', on entend tous les troubles de l'intelligence, du sentiment, du mouvement et des fonctions organiques, qui éclatent rapidement, ont une durée courte et ne sauraient persister longtemps dans leur exagération sans amener la perte du malade. Si nous spécifions seulement les manifestations qui ont le système nerveux pour siège, on trouve le ''delirium tremens'' et la folie ou manie alcoolique aiguë (3)<ref></ref>.
L'alcoolisme chronique représente tous les accidents qui suivent à longue échéance l'abus des spiritueux ; dans ces cas, la continuation actuelle des excès n'est plus nécessaire pour la production des symptômes morbides. Ce sont là des effets secondaires dont l'évolution se poursuit comme celle d'une diathèse, en l'absence même de l'agent provocateur.
On comprend que les limites de notre travail ne nous permettent que d'énumérer les altérations que présentent les différents systèmes organiques.
Gastrite chronique, ulcère simple (Cruveilhier) (4)<ref></ref>, diarrhées chroniques,
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voilà pour le tube digestif. De plus, l'excitation chronique de l'estomac peut réveiller une susceptibilité individuelle et jouer le rôle de cause efficiente dans le développement du cancer de l'estomac.
Du côté du foie, chaque excès est l'origine d'une fluxion passagère, d'une hypercrinie momentanée dont la répétition incessante développe un état de congestion habituel de l'organe. Il s'ensuit quelquefois un ictère particulier (ictère des buveurs ; Michel Lévy); la cirrhose peut aussi en être la conséquence.
La voix du buveur est rude, rauque et caverneuse (voix de rogomme), la respiration est souvent courte. Les Anglais ont décrit une forme spéciale de dyspnée produite par la cause qui nous occupe.
L'alcool favorise le développement des maladies pulmonaires, surtout celui du catarrhe et de l'emphysème. On a même décrit une pneumonie alcoolique. Magnus Huss note comme très-fréquentes des indurations pulmonaires résultant des phlegmasies chroniques dues à son influence. Les spiritueux, quoi qu'on en ait dit, loin d'arrêter la solution des tubercules pulmonaires, prédisposent à leur développement, en favorisent la dispersion, en accélèrent la marche. Il paraît même que la phthisie revêt assez souvent chez les buveurs la forme granuleuse galopante (1)<ref></ref>.
Le système circulatoire offre des troubles variés : palpitation, hypertrophie graduelle du cœur, artérites, dilatations vasculaires, couperose, troubles menstruels. Le sang présente des altérations dyscrasiques véritables ; elles porteraient sur le nombre des globules et la quantité de la fibrine, et constitueraient une forme particulière d'anémie, l'anémie des buveurs. Qu'on examine au microscope le sang d'un alcoolisé : il présente une multitude infinie de globules graisseux ; on a affaire à une véritable ''piarrhémie''. Ces globules sont déposés par le liquide nourricier dans tous les organes ; aussi observe-t-on la stéatose du foie (Peters, de New-York), dont les cellules sont infiltrées de graisse (Frerichs), des reins (albuminurie des buveurs), des muscles, du cœur, etc.
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mène de contact sur les extrémités nerveuses, et se propageant de là au centre cérébro-spinal, l'absorption, dis-je, est actuellement hors de doute. Elle est nulle par les chylifères (1)<ref></ref>, et se fait exclusivement par les veines (2)<ref></ref>, particulièrement par celles de l'estomac. Mais cette absorption se fait-elle sans que l'alcool soit modifié dans sa constitution, ou a-t-il préalablement subi une transformation, celle en acide acétique par exemple (Leuret et Lassaigne)? Non, l'alcool est absorbé en nature, et on le retrouve dans le sang de la veine-porte, puis dans le foie, puis dans le poumon, dans tous les organes enfin (3)<ref></ref>. La substance nerveuse paraît avoir pour le corps qui nous occupe une affinité toute spéciale ; elle s'en imprègne, et le cerveau des sujets ayant succombé pendant l'ivresse exhale ordinairement une odeur fortement alcoolique (4)<ref></ref>.
Lallemand, Perrin et Duroy (5) <ref></ref> ont démontré d'une façon précise que l'alcool tend à s'accumuler dans le sang d'abord, qu'il ne coagule pas, dont il ne change pas la coloration, dont il n'altère pas la constitution des globules, puis dans le foie et dans l'axe cérébro-spinal.
Flourens (6) <ref></ref> a de plus avancé que le cervelet était le point des centres nerveux qui semble exercer sur le liquide qui nous occupe une attraction particulière. Böcker (7)<ref></ref>, qui n'est pas aussi exclusif, pense que, d'une façon générale, l'alcool agit sur les parties postérieures et inférieures du cerveau.
Le séjour de l'alcool dans l'économie se prolonge assez longtemps. Ainsi l'air expiré ne cesse d'en contenir qu'au bout de huit heures, l'urine au bout de seize.
L'élimination se fait par les reins, les poumons et la peau. Cette élimination a lieu quand bien même il n'y aurait pas eu excès, et par le fait même de l'ingestion d'une petite quantité du liquide. On retrouve l'alcool dans l'urine, dans la sueur (8)<ref></ref>, dans les produits de l'expiration pulmonaire. Mais tout l'alcool ingéré n'est pas éliminé. Que devient le reste ? Cette question trouvera sa solution dans le chapitre que nous allons aborder.
''Ce que devient l'alcool dans l'organisme ; ses effets sur la nutrition générale''. - Nous distinguerons, avec Maurice Perrin (9)<ref></ref>, deux cas :
A. — Les boissons sont prises à doses immodérées, ou pathogéniques. Il se développe alors les troubles fonctionnels, qui marquent les phases progressives de l'intoxication alcoolique, sur lesquels nous nous sommes étendu plus haut, et dont l'ensemble fait classer l'alcool dans la classe des poisons stupéfiants.
L'alcool a été classé par Liebig parmi les aliments respiratoires c'est-à-dire que, réductible par la combustion pulmonaire et générale en acide carbonique et en eau, il fournit des matériaux à la production de la chaleur animale.
Avant d'arriver à cette réduction finale, l'alcool passerait par des transformations intermédiaires dues à son extrême avidité pour l'oxygène. Ainsi Duchek (1) <ref></ref> pense qu'il est immédiatement transformé en aldéhyde à son entrée dans les vaisseaux ; d'autres ont cru observer sa transformation transitoire en acide acétique ; d'autres en acide oxalique.
Cette théorie de l'alcool aliment respiratoire régnait sans conteste dans la science, lorsque les minutieuses et ingénieuses recherches de Ludger Lallemand, Maurice Perrin, et Duroy vinrent l'ébranler très-profondément.
Se basant sur la conservation de la coloration rouge du sang, sur l'abaissement de la température animale à la suite de l'ingestion de l'alcool (2)<ref></ref>, la diminution manifeste de l'acide carbonique exhalé par les poumons, et celle de la vapeur d'eau, ces observateurs ont pu avancer que l'alcool n'est pas éliminé par la respiration après s'être dédoublé en acide carbonique et en eau, et qu'en un mot l'alcool n'est pas brûlé, qu'il n'est pas un aliment respiratoire.
Allant plus loin, ils ont cherché à prouver qu'il ne subit aucune modification dans l'organisme, qu'il reste inaltérable pendant son séjour dans les organes, où il s'accumule, d'où il est ensuite éliminé en nature et en totalité par l'exhalation pulmonaire et cutanée, par la bile, par les reins ; il ne fait donc que traverser le corps sans y subir de modification appréciable (3)<ref></ref>.
Les expériences dont nous donnons le résumé ont une grande valeur ; mais, comme nous l'avons dit plus haut, on n'extrait pas des voies d'élimination une dose d'alcool égale à celle ingérée. Bien plus, il résulte des recherches de Strauch (4)<ref></ref>, de E. Baudot (5) <ref></ref> et de Schulinus (6) <ref></ref> que la quantité éliminée par les urines, etc., est plus faible que celle qui reste clans l'organisme ou disparaît par une autre voie, inaccessible à nos moyens d'observation, ou sous une forme qui n'est plus la forme primitive.
Je veux bien que l'alcool ne subisse pas dans l'économie la transformation signalée par Duchek, celle indiquée par Bouchardat et Sandras, etc.; mais qui sait, ainsi que le dit Ginjeot (7)<ref></ref>, s'il ne subit pas une autre transformation inconnue? La question certaine, c'est qu'il n'est pas éliminé en totalité. Qu'est devenue la portion qu'on ne peut retrouver ?
Il est permis de penser qu'une partie de l'alcool fournit à la combustion intra-vasculaire et supplée par sa propre combustion à celle de nos tissus, et que l'autre, de beaucoup la moins considérable, est éliminée en nature par les voies que nous avons signalées.
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mique du système nerveux ; mais, ainsi que le dit Jaccoud (1)<ref></ref>, à cet effet s'ajoute une modification matérielle des combustions nutritives.
L'alcool sans contredit entretient la vie plus longtemps qu'elle ne durerait en l'absence de tout secours extérieur. Inmann (2) <ref></ref> et Anstie (3) <ref></ref> ont cité des individus qui ont subsisté pendant longtemps en ne prenant que des spiritueux. Allant plus loin que Liebig, Todd (4) <ref></ref> avance que l'alcool pourrait servir à la réparation des tissus et constituerait l'aliment le plus approprié à la nutrition directe du système nerveux.
Gardner (5) <ref></ref> avance qu'il facilite l'assimilation des aliments proprement dits.
Pour L. Lallemand, Perrin et Duroy, son action n'est pas réellement réparatrice, ses propriétés réconfortantes ne sont dues qu'à la stimulation momentanée qu'il exerce sur le système nerveux.
De plus, ces auteurs ne sont pas éloignés de se rattacher aux idées de ceux qui, récemment, ont attribué à l'alcool la propriété de ralentir les phénomènes chimiques dont l'ensemble constitue la désassimilation. Si l'abaissement de la température, la réduction des excrétions et le maintien relatif non-seulement des forces, mais du poids des sujets (6)<ref></ref>, n'établissent pas les qualités alibiles de l'alcool, on peut, avec ces données, affirmer qu'il joue un rôle ''antiperditeur''. Cette entrave à la dénutrition (Boëker) est la théorie la plus satisfaisante.
Quoiqu'il en soit de ces questions d'une haute importance (nous n'avons fait que les effleurer et pour plus amples détails nous renverrons aux publications récentes sur ce sujet), que l'alcool soit aliment direct ou indirect, qu'il ne soit ni l'un ni l'autre (7)<ref></ref>, il n'en est pas moins avéré que l'usage méthodique et modéré de l'alcool dilué augmente l'énergie fonctionnelle du système nerveux, et que, par un mécanisme non encore suffisamment déterminé, peut-être en fournissant au malade un aliment éminemment combustible, à décomposition très-rapide, dont la combustion limite nécessairement la dépense de l'organisme (Jaccoud), il relève les forces quand elles sont déprimées.
THERAPEUTIQUE. — C'est du laboratoire des alchimistes, c'est de l'officine des apothicaires qu'est sorti l'alcool pour devenir d'un usage général. Il a perdu de son prestige comme médicament en descendant au rang de boisson journalière. La pharmacie a continué de l'employer, mais presque exclusivement comme excipient. Par un heureux retour aux choses du passé, une forte tendance se manifeste actuellement pour le faire rentrer, sans l'associer à d'autres substances, au nombre des agents les plus précieux de la thérapeutique.
60 gr. de miel et de 30 gr. d'alcool rectifié ou de bonne eau-de-vie. Cette boisson, que je conseille aux moissonneurs pour apaiser la soif et maintenir les forces, m'a été utile chez les pauvres dans la cachexie paludéenne, les convalescences pénibles, les fièvres putrides, et pour boisson ordinaire dans les convalescences. Dans ces derniers cas, je me sers quelquefois d'infusion de houblon ou de racine d'angélique, au lieu d'eau, pour la préparation de cette boisson.
(C'est en continuant une stimulation devenue nécessaire par l'habitude que l'eau-de-vie fait disparaître le tremblement alcoolique); j'ai vu beaucoup d'ivrognes dont les mains tremblaient chaque matin jusqu'à ce qu'une certaine quantité d'eau-de-vie fût ingérée dans l'estomac, et qui ensuite avaient les mains fermes. D'autres fois, les alcooliques arrivent à modifier les ''delirium tremens'' observés dans le cours d'une affection grave. Dans ces cas, suivant l'heureuse comparaison de Hirtz (1)<ref></ref>, l'alcool, semblable à la lance d'Achille, devient le remède des maux qu'il avait causés.
Nous renverrons à l'article VIN, pour tout ce qui concerne l'usage des spiritueux dans les débilités générales, dans les hémorrhagies.
La stimulation locale produite par l'ingestion modérée de l'alcool potable dans l'estomac, si bien étudiée par Cl. Bernard, a été le point de départ d'applications thérapeutiques plus ou moins heureuses. Lanzoni le recommandait déjà contre les vomissements des femmes enceintes. Tripier (2) <ref></ref> a préconisé le même mode de traitement contre les vomissements si pénibles qui fatiguent les phthisiques. Forster, répondant à des vues théoriques différentes, a recommandé les spiritueux unis à l'usage de la viande crue, dans les cas de diathèse tuberculeuse.
C'est sans doute en considérant aussi l'alcool comme aliment respiratoire et pour suppléer dans l'économie la perte du sucre, que Guntzler (3) <ref></ref> a essayé l'alcool dans le diabète. Les résultats pratiques, en faisant constater une augmentation considérable de la glycosurie, ont mis la théorie en défaut.
Signalons pour mémoire l'emploi de l'alcool contre les empoisonnements par l'acide arsénieux (4)<ref></ref>.
''Alcooliques à hautes doses''. — L'action anesthésique de l'ivresse a été utilisée dans certaines affections spasmodiques graves ; la résolution musculaire qu'elle amène a été, par exemple, sollicitée dans le but de contre-balancer la contraction tonique du tétanos. — Les observations (5) <ref></ref> publiées sont on ne peut plus favorables à ce mode de traitement, facile à conduire et n'offrant pas de danger, quoiqu'il ait souvent fallu porter l'ivresse jusqu'à ses dernières limites. Les succès obtenus par l'inhalation du chloroforme et de l'éther donnent à ces faits une valeur incontestable.
On a conseillé l'ivresse pour réduire les luxations. Mon père a vu Percy employer avec succès ce moyen, dans des luxations de l'humérus et de la hanche, chez les militaires fortement constitués et offrant une grande résis-
En Afrique et en Amérique, l'usage des spiritueux à hautes doses est communément connu contre les morsures des reptiles venimeux (crotale, etc.). Nous ne rappelons ces faits que pour donner à nos compatriotes la pensée de conseiller le même traitement dans le cas, moins grave sans doute, mais cependant assez sérieux, de morsures de vipère.
L'action perturbatrice des spiritueux à hautes doses a été préconisée pour couper le stade algide de la fièvre intermittente (1)<ref></ref>. Ce mode de traitement a l'avantage de trouver son indication pendant l'accès même ; dans la fièvre pernicieuse algide, par exemple, il trouble l'accès, il atténue son intensité et permet d'attendre que l'on ait pu se procurer du sulfate de quinine.
Les alcooliques ont été au même titre préconisés dans la période algide du choléra. Il est certain qu'on en a obtenu d'excellents résultats ; mais il faut savoir s'arrêter à temps, et nous répéterons ici ce que nous disions à propos de l'opium, il faut songer à l'intensité probable de la période réactionnelle. Si les spiritueux réussissent dans le choléra déclaré, nous pouvons affirmer qu'ils sont très-nuisibles comme moyen préventif. Trop souvent, dans l'épidémie de 1866, nous avons vu abuser du rhum, ''pour se donner du ton''. L'usage inaccoutumé de ce stimulant mettait l'économie dans des alternatives d'excitation et de prostration qui donnaient prise au mal et qui, par la dépression secondaire, prédisposaient ces organisations rendues maladives à l'irruption des phénomènes graves de l'épidémie.
C'est encore comme agent perturbateur que l'eau-de-vie à hautes doses a été proposée pour empêcher les accès d'asthme (Hyde Salter) (2)<ref></ref>.
''Alcooliques à doses méthodiques, fractionnées''. — Jusque dans ces derniers temps l'alcool était considéré comme un excitant dont nous avons indiqué les indications ; l'état phlegmasique des organes, et l'état fébrile général, constituaient pour son administration une contre-indication absolue.
L'école anglaise moderne, qui a à sa tête Todd (Robert Bertley), par une innovation qui surprend au premier abord, considère l'alcool comme le remède capital des affections aiguës, fébriles. Les données de la physiologie viennent rendre compte jusqu'à un certain point de l'efficacité de cette méthode.
L'indication la plus générale en thérapeutique est de soutenir les forces du patient jusqu'à ce que la maladie ait accompli une évolution spontanée : « I1 faut, de la part de l'économie, un certain degré de force pour résoudre une inflammation (3)<ref></ref>. » Eh bien ! qu'on admette l'une ou l'autre des théories sur son mode intime d'action, qu'on le considère comme excitant arti-
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ficiel du système nerveux, comme combattant son collapsus, ou comme ''agent d'épargne'', suppléant par sa propre combustion à celle des tissus, l'alcool donne le temps de guérir ; il élève aussi (Ginjeot) (1) <ref></ref> le niveau de la résistance ; il modifie les tendances morbides et change parfois heureusement le cours d'un processus pathologique. Il nous est impossible de rentrer ici dans tous les intéressants détails que nécessiterait l'étude complète de la méthode qui nous occupe ; nous renverrons, à ce sujet, au traité de Todd (2)<ref></ref>, aux excellentes leçons (3) <ref></ref> et à l'article déjà cité du professeur Béhier, à la bibliographie qui suit ledit article, au travail de Legras (4)<ref></ref>, et en dernier lieu à la thèse très-bien faite de mon ancien collègue et ami Ginjeot, à laquelle j'ai fait plus d'un emprunt.
Il est cependant nécessaire que nous entrions dans quelques détails sur ce sujet qu'aucun praticien ne peut ignorer aujourd'hui.
Le mode d'administration joue un rôle important ; l'alcool doit être donné par petites doses plus ou moins fréquemment répétées. « Il y a une différence énorme, entre soutenir l'économie épuisée d'un malade, avec de faibles doses d'alcool administrées toutes les heures et les demi-heures, et le plonger dans une ivresse partielle trois ou quatre fois par jour (5)<ref></ref>. »
Dans la majorité des cas, afin d'éviter l'action directe sur la muqueuse stomacale, on administre l'alcool dans un excipient. Ce dernier varie. (Voyez ''Préparations pharmaceutiques et doses''.)
« L'alcool peut être employé dans toutes les maladies où existe une tendance à la dépression des forces vitales ; et il n'est point de maladie aiguë où cette dépression fasse défaut » (Todd) (6)<ref></ref>.
C'est spécialement dans les fièvres typhoïdes, le typhus, la pneumonie, le rhumatisme articulaire, l'érysipèle, qu'il trouve son application. L'auteur que nous citons pense que l'on peut l'administrer dès le début de la phlegmasie, opinion vivement combattue, même par plusieurs de ses compatriotes, qui veulent laisser passer la période d'éréthisme avant d'en commencer l'usage.
nistré d'une façon méthodique. L'action de la peau est augmentée ; elle devient le siège d'abondantes transpirations. La nutrition reçoit le contrecoup de ces heureux effets, l'émaciation est ralentie, et la convalescence marche plus rapidement.
Il est un point sur lequel nous voulons insister : c'est la tolérance produite par l'état fébrile à l'égard des alcooliques. Ainsi que le fait remarquer Anstie (1)<ref></ref>, un malade peut ingérer sans tomber dans l'ivresse et même acquérir l'haleine alcoolique, des doses d'eau-de-vie susceptibles d'amener des désordres graves chez l'homme sain. On verra à l'article VIN que mon père connaissait déjà cette tolérance.
Dès que cette propriété cesse, l'haleine exhale l'odeur caractéristique de l'eau-de-vie. C'est là, suivant les Anglais, un indice qu'il faut en suspendre, en diminuer ou en éloigner les doses.
Bien des exagérations ont été commises par les élèves et les imitateurs de Todd ; sans se laisser entraîner par des idées préconçues, sans s'écarter de l'observation rigoureuse des faits, le professeur Béhier a le premier en France expérimenté cliniquement la méthode anglaise. Le premier il en a publié une judicieuse critique, le premier il en a fait ressortir les avantages et les dangers. Aussi ne pensons-nous mieux faire en terminant ce paragraphe que de citer textuellement les conclusions de son remarquable article (2)<ref></ref>. « Les préparations alcooliques, méthodiquement administrées, sont d'un usage beaucoup moins dangereux, beaucoup plus facile et beaucoup plus innocent que l'on n'est généralement porté à l'admettre ; elles constituent un premier moyen de relever et de consolider les forces de l'économie et enfin on peut les employer à doses plus larges qu'on n'a l'habitude de le faire assez ordinairement dans ce pays, pourvu que les doses restent fractionnées.
Nous renverrons aussi à l'excellente leçon professée par Jaccoud, à l'hôpital de la Charité, sur la médication tonique dans le traitement de la pneumonie. Le professeur y a bien fait ressortir combien on se méprenait en étendant à toutes les pneumonies le traitement par l'alcool, comme le voulait Todd :
« Que l'alcool puisse être donné sans danger dans des pneumonies qui n'en réclament pas impérieusement l'emploi, cela est parfaitement vrai, et la connaissance de ce fait est d'une importance réelle ; mais en thérapeutique, autre chose est de ne pas nuire, autre chose est d'être utile. Or, pour que l'alcool soit utile, pour que, d'agent toléré, il devienne agent thérapeutique, il faut que l'administration en soit dirigée par des indications rigoureuses. Pour moi, l'indication est unique, c'est l'adynamie vraie ; mais celle-là est formelle, et il est juste d'ajouter que, dans ces conditions, l'alcool est le remède par excellence, c'est votre plus précieuse ressource (3)<ref></ref>. »
''Usage externe''. — L'alcool, employé à l'extérieur, est stimulant, irritant, réfrigérant ou rubéfiant, suivant ses degrés de concentration ou la sensibilité plus ou moins grande des tissus avec lesquels on le met en contact. D'après Nélaton, l'alcool concentré est un des plus puissants résolutifs que possède la médecine ; il le met en usage dans une foule de circonstances, et notamment dans le but de faire avorter les furoncles. Ce moyen, longtemps continué en topique, a aussi opéré la résolution des kystes du poignet.
(Le même professeur, et après lui un de ses internes, mon ancien collègue et ami Chedevergne (4)<ref></ref>, recommandent de mélanger l'alcool du commerce à
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85° centésimaux avec un ou deux tiers d'eau, et d'appliquer ce mélange en lotions et en fomentations sur les plaies. Les plaies, sous l'influence de ce topique, se détergent, deviennent moins douloureuses, perdent toute mauvaise odeur et marchent plus rapidement à la cicatrisation. Les phlébites consécutives s'observent plus rarement. Chedevergne tient aussi compte de l'absorption de l'agent sur la surface des plaies, et de son heureux effet sur l'état général du malade. Cet emploi n'est pas nouveau. Lanzoni (1)<ref></ref>, en 1692, et Koppenhagen (2)<ref></ref>, en 1745, avaient déjà donné à ce sujet les meilleurs préceptes. L'alcool dilué a été employé en injections substitutives dans l'hydrocèle et même dans l'ascite, et avec succès (Jobert) (3)<ref></ref>.
Je ne veux pas omettre l'emploi vulgaire de l'alcool introduit dans la bouche, pour engourdir les gencives, dans l'odontalgie. C'est à cette propriété qu'est due la vogue de toutes les liqueurs antiodontalgiques, où l'agent qui nous occupe, présenté seulement comme excipient, joue le plus souvent le rôle principal.
La grande affinité qu'a l'alcool pour l'eau fait que, lorsqu'on le mêle avec ce liquide, il se dégage de la chaleur ; si, au contraire, on le mêle avec de la neige ou de la glace pilée, il se produit du froid. Lorsqu'on mêle de l'alcool anhydre à 0 degré, avec de la neige à la même température, la température peut s'abaisser jusqu'à 37 degrés, quand la quantité de neige excède celle que l'alcool peut fondre (4)<ref></ref>. Ces simples notions peuvent trouver une application dans le traitement de certaines maladies qui réclament l'emploi du froid.
=== Usages du vinaigre ===
Le VINAIGRE , quoique tiré du vin, a une action dynamique opposée à celle du vin et de l'alcool. Il est, en effet, reconnu comme un des meilleurs remèdes contre l'ivresse, qu'il dissipe promptement. Il a été de tout temps considéré aussi comme un excellent antidote de l'opium. Son action est donc contro-stimulante, analogue à celle de la saignée.
Etendu dans l'eau au point de ne conserver qu'une légère acidité, le vinaigre est rafraîchissant, il excite l'appétit, favorise la digestion, augmente la sécrétion urinaire, et, suivant Van Swieten et Haller, la diaphorèse. Pris trop peu étendu ou à doses trop répétées, il peut produire des lésions graves, amener l'émaciation. P. Desault (5) <ref></ref> cite l'exemple d'une demoiselle qui se fit maigrir par son usage et devint phthisique. Mérat et Delens (6) <ref></ref> ont vu des jeunes personnes contracter ainsi des irritations gastriques qui ont failli devenir mortelles, ou qui même l'ont été. Haller rapporte l'observation d'un homme excessivement gras, qui se mit au vinaigre pour boisson ordinaire, et qui, au bout de quelques mois, était horriblement maigre ; il fut ainsi la proie d'une mort prématurée, après laquelle on trouva la trachée-artère, le poumon, l'œsophage, l'estomac, le canal intestinal et les autres viscères, indurés, squirreux, épais et très-rétrécis.
Pelletan (7) <ref></ref> a vu, dit-on, chez un enfant l'abus du vinaigre produire l'amincissement des membranes de l'estomac. Les chlorotiques, les femmes enceintes sont souvent portées, par la dépravation du goût, à boire abondamment du vinaigre. J'ai connu une demoiselle d'une beauté remarquable,
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Etendu dans l'eau (6 sur 50 d'eau), le vinaigre forme l'oxycrat, qui est tempérant, diurétique, antiseptique. Hippocrate en faisait un grand usage comme remède antiphlogistique dans les fièvres, pour étancher la soif et apaiser les inflammations, combattre la putridité, etc. L'addition du miel au vinaigre constitue l'oxymel simple, employé dans les mêmes cas et dans les affections bronchiques, pour faciliter l'expectoration. Le sirop de vinaigre est très en usage, surtout le sirop de vinaigre framboisé.
Desbois, de Rochefort, à l'exemple de Dioscoride et de beaucoup d'autres médecins, cite le vinaigre comme le contre-poison de l'opium, de la ciguë, des champignons et autres végétaux vénéneux. Mais Nysten et Orfila révoquent en doute son utilité dans la plupart de ces cas. Cet acide ne peut que nuire dans les premiers instants de l'empoisonnement par l'opium, en dissolvant le poison et en en rendant ainsi l'absorption plus facile. Plus tard, au contraire, il paraît utile contre l'action hypersthénisante de ce poison. Le vinaigre a été proposé et est communément employé pour neutraliser le principe des champignons vénéneux qui pourraient se trouver mêlés avec les comestibles. (Voy. [[Oronge (fausse) (Cazin 1868)|ORONGE [FAUSSE] ]]). Le vinaigre étendu d'eau (125 gr. pour 1 kilogr. d'eau) est donné avec avantage dans l'empoisonnement par les moules. Je me suis très-bien trouvé en pareil cas d'un mélange d'eau-de-vie et de vinaigre pris par cuillerées à bouche. Dans la dernière des ''Dissertationes et quæstiones medicæ magis celebres'', publiées à Lucques en 1757 par Benvenuti, il est question de l'usage du vinaigre contre la rage. Pline parle de guérisons de la rage obtenues par une macération de nids d'hirondelles dans du vinaigre. Cet acide paraît avoir réussi entre les mains de Léonessa, de Padoue. Baumes raconta le fait suivant, il y a plus de cinquante ans, à la Société de médecine pratique de Montpellier : Une truie ayant été mordue par un chien devint enragée. Le propriétaire la fit enfermer dans sa loge, et lui fit servir, par un trou fait au plancher, du son pétri avec du vinaigre. La truie s'en nourrit et fut guérie. S'il faut en croire Giacomini, le vinaigre, donné à très-forte dose (1/2 kilogr. dans l'eau en vingt-quatre heures), a guéri plusieurs cas d'hydrophobie canine bien déclarée. Mais d'autres praticiens l'ont inutilement employé dans cette funeste maladie, contre laquelle tant d'autres moyens proposés comme efficaces ont échoué. Peut-être, dit-on, dans ces derniers cas, le vinaigre n'a-t-il pas été donné à dose assez forte, ni pendant assez longtemps. Audouard (1) <ref></ref> propose de soumettre ce moyen a de nouvelles expériences ; mais, à cause de la répugnance que la vue d'un liquide inspire aux hydrophobes, il conseille de donner le vinaigre sous forme solide et alimentaire. Or, le moyen d'administration le plus simple, c'est du pain imbibé de vinaigre. — « Si le virus de la rage, disent Mérat et Delens (2)<ref></ref>, est un poison septique, comme le veut Orfila, pourquoi les acides ne pourraient-ils pas en neutraliser les effets ? » L'hydrophobie canine étant évidemment une maladie à fond hypersthénique, disent les partisans de la doctrine italienne, l'action hyposthénisante du vinaigre, donné à grande dose, peut l'anéantir. Voilà deux théories bien différentes pour expliquer ''à priori'' l'effet d'un médicament et en justifier l'emploi. La vérité en médecine est dans les faits bien observés, rationnellement coordonnés, liés par l'analogie et résumés en principes généraux.
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(1) ''Académie des sciences'', séance du 26 juillet 1852.
(2) Tome I, page 28.
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En Allemagne, le vinaigre a été donné avec avantage, à la dose de 92 gr. plusieurs fois par jour, contre la folie aiguë (Giacomini). Fodéré (1) <ref></ref> dit l'avoir essayé plusieurs fois dans cette maladie sans aucun avantage. Garnault (2) <ref></ref> a traité le choléra épidémique par l'emploi de la limonade très-vinaigrée ou du vinaigre pur. Sur seize malades, ce médecin a obtenu par ce moyen douze guérisons. Il faisait continuer l'usage du vinaigre jusqu'à ce qu'il n'y eût plus de danger. Tous les symptômes du choléra asiatique se trouvaient réunis chez ses malades, à l'exception cependant de la cyanose qui a manqué chez la plupart d'entre eux. Les faits rapportés par Garnault ne sont ni assez nombreux ni assez graves pour que l'on puisse attribuer à sa médication les résultats observés.
(Ce mode de traitement a, dans ces derniers temps, trouvé son analogue dans l'épidémie de 1865-66. Worms a préconisé hautement la limonade sulfurique comme traitement prophylactique et curatif.)
Papon (3) <ref></ref> assure que, dans le Levant, le vinaigre est employé à l'intérieur et en lotions comme désinfectant, dans le traitement de la peste. Il est fréquemment employé comme antiseptique dans les fièvres putrides, pétéchiales, les petites véroles de mauvais caractère. Tronchin en faisait faire des lotions générales dans les varioles gangreneuses, pétéchiales, hémorrhagiques ; il le donnait en même temps à l'intérieur avec le quinquina et le diascordium. Dans les fièvres graves, on fait souvent laver et frictionner avec du vinaigre la peau des malades, que l'on a soin de vêtir ensuite bien chaudement. Il peut aussi être utile dans le ''purpura hemorrhagica'', dans les hémorrhagies scorbutiques, dans la diarrhée passive qui accompagne les fièvres typhoïdes, dans les hémorrhagies intestinales et la dysenterie putride : dans ces cas, on le fait entrer pour un quart dans les lavements.
(Guérard a constamment arrêté les hémorrhagies intestinales graves chez les sujets typhoïques, à l'aide d'un lavement de vinaigre et d'eau.)
Le vinaigre est utile à l'extérieur dans les stomacaces, les fongosités des gencives, le relâchement de la luette, les inflammations des amygdales, etc.
Tabès, chirurgien à Toulouse (1)<ref></ref>, a retiré de grands avantages, dans les cas de pollutions nocturnes et de pertes séminales involontaires, suites de masturbation, de l'application au périnée d'une éponge trempée dans du vinaigre.
Barber (2) <ref></ref> emploie avec avantage le vinaigre pour le pansement des ulcères. Il suffit de baigner chaque matin le membre où siège l'ulcère dans de l'eau chaude ou froide ; on le lave ensuite avec du vinaigre commun, et enfin l'on y applique un morceau de linge imbibé de ce liquide ; le tout est maintenu par un bandage roulé. Sous l'influence de ce pansement régulièrement continué, on voit la suppuration diminuer peu à peu et les bourgeons charnus prendre un bon aspect.
Le mélange, à parties égales, de vinaigre et d'eau-de-vie, que l'on peut se procurer instantanément, m'a constamment réussi, en lotions continuelles, dans les brûlures. En enlevant le calorique, il calme promptement la douleur et prévient l'inflammation et la vésication. J'ai vu maintes fois des enfants atteints de larges brûlures s'endormir sous l'influence bienfaisante de ces lotions. On applique sur la partie des compresses imbibées du même mélange et tenues constamment humides. Quand l'épiderme s'enlève ou que les eschares se détachent, je panse avec le cérat safrané (Voyez SAFRAN). J'emploie comme résolutif, dans les contusions, l'entorse, l'œdème, etc., le mélange d'eau-de-vie ou d'alcool, de vinaigre et de sel commun (alcool et vinaigre, de chaque 180 gr., sel commun 90 gr.). Cette fomentation économique, que l'on peut toujours facilement et promptement se procurer, remplace toutes celles que fournit la pharmacie, et dont l'usage, continué plus ou moins longtemps, devient très-dispendieux.
(Le bain de Smucker, autrefois très-vanté contre les lésions traumatiques, est tout simplement de l'eau vinaigrée additionnée de quelques sels à action résolutive.)
Hévin (3) <ref></ref> employait contre les ecchymoses, les contusions, et pour maintenir les articulations à la suite des luxations, prévenir l'engorgement, etc., le blanc d'œuf battu avec de l'alun et le vinaigre, dont il enduisait de l'étoupe qu'il appliquait sur la partie malade.
Lecœur, professeur à l'Ecole de médecine de Caen, a employé avec succès contre la gale, les frictions de vinaigre, pratiquées trois fois par jour au moyen d'une éponge un peu rude. La moyenne du traitement est de cinq jours.
On ajoute quelquefois du vinaigre dans les pédiluves qu'on veut rendre un peu révulsifs. Les cataplasmes vinaigrés sont recommandés dans certaines phlegmasies des organes parenchymateux. A. Maldonado (4) <ref></ref> les a employés avec le plus grand succès sur la région du foie, contre les maladies chroniques de ce viscère.
On recommande de frictionner avec du vinaigre le point de la peau où l'on veut appliquer un vésicatoire ; l'action de ce dernier est rendue plus prompte. Dans les sinapismes, l'adjonction de vinaigre retarde, au contraire, la vésication.
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d'un appareil convenable, les a très-souvent dissipés. J'ai vu un engorgement du testicule, suite d'orchite, céder à l'action de la vapeur du vinaigre versé sur des cailloux chauffés au rouge. Butzke (1) <ref></ref> a obtenu le succès le plus inespéré de l'usage des vapeurs de vinaigre dans un cas de tumeur blanche du genou, qui datait de neuf ans. On plaçait le membre affecté sur une baignoire plus profonde que large, au fond de laquelle était un vase rempli de vinaigre On plongeait dans ce dernier un fer rouge qui en vaporisait une grande quantité, et on recouvrait aussitôt la baignoire avec des tapis ; la vapeur, frappant le membre affecté, y occasionnait une transpiration très-abondante. Après trois semaines de l'emploi de ce moyen, le malade pouvait déjà marcher librement et fléchir le genou avec facilité. L'action de cette même vapeur sur tout le corps, placé dans une baignoire bien recouverte, dissipe promptement l'anasarque, et soulage beaucoup les malades atteints de rhumatisme articulaire chronique. Les fumigations de vinaigre, employées dans la chambre des malades pour masquer les émanations fétides, ne les détruisent point. Il faut pour cela avoir recours au chlore, aux chlorures de chaux ou de soude, etc.
Le vinaigre pur, appliqué sur la peau, la rend plus souple, plus douce et peut remédier aux gerçures causées par le froid. C'est à cette propriété qu'est due la vogue des vinaigres aromatiques, dits ''de Bully, hygiénique'', etc.
L'ACIDE ACÉTIQUE CONCENTRÉ, dit aussi VINAIGRE DE WESTENDORP, VINAIGRE RADICAL ou CRISTALLISABLE, n'est point employé intérieurement à l'état de concentration, son action étant caustique. C'est un poison dont le mode d'action parait être asthénique comme celui des autres acides. Aussi le délaie-t-on dans beaucoup d'eau ou de tisane (1 gr. pour 1 kilogr. de véhicule). Il est alors un puissant antiphlogistique ; il apaise la fièvre, favorise la transpiration et la sécrétion urinaire, abaisse la vitalité comme la saignée et les autres hyposthénisants. Il est employé, de même que le vinaigre, pour stimuler la membrane pituitaire dans les cas de syncope ou d'asphyxie ; mais il faut l'approcher avec précaution des narines, car, mis en contact avec les tissus délicats, il les irrite, les enflamme et peut déterminer la vésication; aussi est-on dans l'usage, pour prévenir ces accidents, d'en imprégner seulement des cristaux de sulfate de potasse, que l'on renferme dans des flacons : c'est ce qu'on nomme improprement Sel de vinaigre, Sel d'Angleterre.
A l'extérieur, l'acide acétique concentré est rubéfiant et vésicant. Bonvoisin (2) <ref></ref> a le premier signalé l'action vésicante de cet acide, qu'il a en outre recommandé contre les aphthes, les chancres et la gangrène. On peut s'en servir comme vésicant lorsqu'on craint l'action des cantharides sur la vessie. Pour cela on humecte avec cet acide la surface gommée d'un morceau de taffetas d'Angleterre ou mieux un morceau de papier brouillard, qu'on applique sur la peau. Cloquet (3) <ref></ref> détruit les verrues en les touchant avec de l'acide acétique pur.
(L'action est ici basée sur le pouvoir dissolvant de cet acide pour les substances épidermiques. C'est à cette propriété qu'est due la guérison des cors par l'application quotidienne d'une petite quantité d'acide acétique cristallisable. Neucourt a publié dans le ''Journal de Malgaigne'' (mai 1846) un remarquable travail sur le mode de traitement des excroissances verruqueuses ; il recommande d'appliquer sur les parties malades des compresses vinaigrées, constamment renouvelées, et d'exciser matin et soir les parties ramollies et non douloureuses, puis de cautériser avec l'acide acétique pur. La guérison est obtenue au bout de quinze jours environ. Le même traite-
ment guérit aussi les ulcérations qui se produisent à côté ou à la place des verrues. Il en est de même des végétations syphilitiques.) (Blachez.)
Wigan (1) <ref></ref> a proposé l'emploi de l'acide acétique dans le traitement de la teigne. Voici l'exposé qui a été fait de ce traitement dans les ''Annales des maladies de la peau'', t. I, p. 352. Cette méthode consiste d'abord à raser la tête en laissant subsister un cercle de cheveux, si toutefois ils n'offrent pas des traces évidentes d'altération. On emploie ensuite, comme moyen explorateur, l'acide acétique concentré, étendu de trois parties d'eau ; cette première application a pour effet de rougir la peau dans les endroits malades, même dans ceux qui, au premier abord, paraissent parfaitement sains. Chacun de ces endroits, ainsi devenus rouges, est humecté au moyen d'une petite éponge fixée au bout d'une baguette et imbibée d'acide acétique concentré pur. A la suite de ces cautérisations, il se forme une eschare ; cette eschare augmente de volume, et dès qu'elle est complètement desséchée, on peut la détacher, en ayant soin cependant de ne pas l'enlever lorsque la peau sous-jacente est encore à vif. Les cheveux poussent ensuite. Si cependant ce résultat n'était pas obtenu, on devrait réitérer les mêmes applications, quoiqu'il y ait des inconvénients à les employer trop souvent.
On s'est servi avec succès de l'acide acétique concentré pour cautériser les chancres vénériens. Henrotay (2)<ref></ref>, élève de Ricord, a longtemps cru, avec son maître, qu'un chancre cautérisé de bonne heure, puis pansé avec le vin aromatique amer, était généralement guéri au bout de huit ou dix jours ; mais il a reconnu depuis lors qu'en réalité la cicatrisation, dans la plupart des cas, n'était complète qu'au bout d'un mois, et qu'il était nécessaire, pendant cet intervalle, de réitérer trois ou quatre fois la cautérisation, afin d'empêcher le chancre de reprendre ses propriétés contagieuses, un moment endormies par la cautérisation. Enfin, cautérisés profondément et à plusieurs reprises, les chancres s'indurent constamment, annoncent la syphilis constitutionnelle et nécessitent un traitement mercuriel. On écarterait ces graves inconvénients, en substituant l'acide acétique au nitrate d'argent. Cet acide, que Henrotay et plusieurs autres chirurgiens belges ont employé avec un grand succès, est regardé par Ricord comme ayant la propriété de neutraliser le virus syphilitique. On doit l'appliquer avec un pinceau, comme tout autre caustique liquide. Cette application, renouvelée un plus ou moins grand nombre de fois, suivant les circonstances, produit un effet tel, que l'ulcère change bientôt d'aspect et se cicatrise.
(Je me suis très-bien trouvé de ces applications de solution acétique concentrée sur les épithéliomas de la lèvre. Dans ces affections, si on n'obtient pas toujours une guérison, elles améliorent la maladie et soulagent le malade. Tillaux (3) <ref></ref> a publié une intéressante observation où la solution au cinquième a amené un arrêt dans le développement d'un grave cancroïde de la joue. Broadbent (4)<ref></ref>, s'appuyant sur ce que cet acide ne coagule pas l'albumine et peut ainsi étendre son action par l'innocuité de sa pénétration dans les voies circulatoires, se rappelant sa propriété dissolvante connue, sur les parois et les noyaux des cellules, et en dernier lieu son emploi antérieur contre les cancers, pensa que l'effet dissolvant se produirait sur les cellules des tissus vivants, comme sur celles des tissus morts placés sur le champ du microscope. Le ''Bulletin de thérapeutique'' (15 décembre 1866) cite quatre observations où on a retiré de bons effets d'une solution concentrée d'acide acétique (1 partie sur 2 ou 3 d'eau) en injection sous-cutanée, au milieu de tumeurs cancéreuses ; le contact du liquide, douloureux dans les tissus sains, est indolore dans les tissus de nouvelle formation. On trouvera dans le jour-
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(3) ''Bulletin de thérapeutique'', 30 novembre 1867, t. LXXIII, p. 463.
(4) cancer''Cancer, a new method of treatment '' ; par W. H. Broadbent. London, Churchill, 1866.