Solanum leucocarpon (Pharmacopées en Guyane)
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Sommaire
Solanum leucocarpon Dunal
Synonymie
- Solanum surinamense Steudel
Noms vernaculaires
- Créole : mavévé, mavévé chien [mavévé-chien] [1], bitayouli, bitawiri [bitawili].
- Wayãpi : yakalelo’a.
- Palikur : arikne aβan, ahiknamban.
- Aluku : mananga.
- Sranan tongo : bitawiri
Écologie, morphologie
Arbuste à petit arbre très commun en végétation secondaire jeune.
Collections de référence
Berton 39 ; Grenand 13, 1809 ; Jacquemin 2840 ; Lescure 402 ; Moretti 1289.
Emplois
L’usage de cette espèce semble limité aux Guyanes, où elle croît en abondance dans les abattis récemment abandonnés. Les Créoles préparent avec les feuilles une décoction amère bue contre les maladies de foie. Les feuilles et l’écorce macérées dans le rhum sont utilisées en application locale pour soigner la gale [2].
Pour la même parasitose, les Palikur se contentent de frotter localement les feuilles pilées. En médecine vétérinaire, la macération dans l’eau des feuilles écrasées est frictionnée sur les chiens par les Créoles et les Palikur pour les débarrasser de leurs puces.
Pour les Palikur, la décoction buvable des feuilles constitue un remède majeur contre la diarrhée : la préparation consiste à mélanger, dans les mêmes proportions, des jeunes feuilles de Solanum leucocarpon avec des feuilles fanées de la même espèce ainsi que des jeunes feuilles de goyavier (Psidium guajava, Myrtacées).
Le traitement est de trois prises de trois cuillères à café par jour pour les adultes et de trois prises d’une cuillère à café par jour pour les enfants. La décoction des seules feuilles de S. leucocarpon est bue comme vermifuge et, en traitement long, sert à soigner soit le diabète, soit la maladie pũngwe caractérisée par une enflure rapide du ventre.
Enfin, avec les feuilles écrasées dans l’eau et laissées au soleil, on prépare un bain relaxant lorsque l’on est courbaturé après un dur labeur [3].
Étymologie
- Créole : mavévé, mot d’origine inconnue de nous, qui s’applique aussi aux Cyphomandra (cf. supra) et à Potalia amara (Loganiacées) ; dans mavévé chien, « chien » fait référence à l’odeur ; bitawiri, bitayouli : emprunt au sranan tongo bitawiri, « plante amère », désignant la même espèce.
- Wayãpi : de yakale, « caïman », lo, « amer » et a, « fruit », « fruit amer du caïman ». La raison d’une telle dénomination est restée obscure.
- Palikur : arikne aβan, de arikne, « odeur forte » et aβan, « feuille », « feuilles qui sentent fort ». Ce nom caractérise bien l’odeur pénétrante qui émane des feuilles et des branches coupées ; ahiknamban, de ahiknã, « chose » et mban, « trois », « trois choses », car les rameaux se ramifient par trois.
Chimie et pharmacologie
Pour les composés chimiques, cf. Solanum americanum.
Tests chimiques en fin d’ouvrage.
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- ↑ Cyphomandra tegore, C. endopogon et Solanum leucocarpon sont des espèces confondues par les Créoles guyanais sous le nom de mavévé chien.
- ↑ En Guyana, les Carib de la Barama utilisent en emplâtre, pour soigner la leishmaniose, le suc extrait des feuilles de cette espèce ainsi que des feuilles de Senna alata (Caesalpiniacées) et de la fougère Pityrogramma calomelanos. Les feuilles écrasées avec celles de Clibadium surinamense (Asteracées) constituent un poison de pêche utilisé dans les petits cours d'eau (VAN ANDEL, 2000).
- ↑ Ce dernier usage est aussi connu des Aluku qui s’en servent pour soigner l'éléphantiasis (FLEURY, 1991).