Solanum americanum (Pharmacopées en Guyane)

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Physalis pubescens
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Solanum crinitum


Solanum americanum. Feuilles et fruits d’alaman. Les feuilles sont utilisées dans la préparation du calalou



Solanum americanum Mill.


Synonymie

  • Solanum nigrum L. var. americanum (Mill.) O. E. Schulz.

Noms vernaculaires

  • Créole : alaman [alanman].
  • Créole antillais : agouman [agouman] (Mana).
  • Wayãpi : —
  • Palikur : atit kamwi.
  • Portugais : erva-moura, pimenta-de-galinha.

Écologie, morphologie

Arbrisseau rudéral, souvent protégé, de la région littorale.

Collections de référence

Moretti 884, 1168 ; Prévost 3568.

Emplois

Cette variété tropicale de la morelle européenne est largement connue comme plante médicinale dans les Caraïbes et en Guyane ; elle est utilisée comme rafraîchissante dans la médecine créole pour traiter les inflammations et la tension.

Les feuilles de cet arbuste sont comestibles et entrent dans la préparation du célèbre ragoût créole nommé calalou ; leur amertume disparaît après cuisson.

Les feuilles avec lesquelles on prépare des loochs ou des infusions sont employées contre les parasites intestinaux.

À forte dose, ces préparations sont jugées antispasmodiques. En usage externe, la plante est utilisée pour soigner blessures et contusions [1]. L’usage comme vulnéraire est déjà signalé dès l’époque des plantations esclavagistes (LONGUEFOSSE, 1995). Enfin, la macération dans le rhum serait alexitère.

Chez les Palikur, la décoction de la plante est utilisée en bain sédatif contre la fièvre ; la décoction des feuilles est bue en traitement long contre le diabète.

Étymologie

  • Créole : alaman et agouman sont des termes sans doute d’origine africaine.
  • Palikur : atit, « piment » et kamwi, « qui ressemble » : les feuillages des deux espèces sont très proches.

Chimie et pharmacologie

C’est l’une des espèces de Solanum les plus répandues dans le monde. Elle appartient au « complexe Solanum nigrum L. », dont les morelles de France, qui regroupe quelque 80 espèces. Ces espèces renferment des gluco-alcaloïdes stéroïdiques du type solanine, dont les propriétés physiologiques sont, sur bien des points, semblables à celles des saponines, irritant le tube digestif, provoquant des vomissements et des diarrhées ainsi qu’une dépression respiratoire.

Les baies sont responsables d’intoxications fréquentes dans le monde. Les symptômes sont des vomissements, des troubles neurovégétatifs, un dessèchement des muqueuses, souvent suivi d’un délire atropinique. Un alcaloïde stéroïdique, la solasodine, est employé dans l’industrie pharmaceutique comme matière première pour l’hémisynthèse des corticoïdes.

La décoction des feuilles serait active in vitro, vis-à-vis de Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus et Streptococcus aureus. La décoction éthanolique et la macération hydro-alcoolique ont montré une activité in vitro contre Candida albicans (ROBINEAU et al., 1999).


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  1. Le suc extrait des feuilles est utilisé au Venezuela pour soigner les dartres et la gale (DELASCIO CHITTY, 1985). En France Solanum nigrum était utilisé contre les dartres, les tumeurs et les ankyloses (BONNIER, 1911-1934).