Roquette (Cazin 1868)

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Ronce
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Rosages
PLANCHE XXXV : 1. Roquette. 2. Rosage. 3. Roseau aromatique. 4. Rue. 5. Sabine.


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Roquette

Nom accepté : Eruca vesicaria


ROQUETTE CULTIVÉE. Brassica eruca. L.

Eruca latifolia alba sativa. C. Bauh., Tourn.

Choux roquette.

CRUCIFÈRES. — BRASSICÉES. Fam. nat. — TÉTRADYNAMIE SILIQUEUSE. L.


Cette plante annuelle (Pl. XXXV) croît naturellement dans nos provinces méridionales, où on la rencontre principalement dans les décombres, les carrières, les champs incultes. On la cultive dans les jardins potagers. Genre voisin du chou.;

Description. — Racine blanche, ligneuse. — Tige dressée, un peu velue, cylindrique, haute de 60 à 80 centimètres. — Feuilles longues, pétiolées, ailées ou lyrées, vertes et lisses. — Fleurs d'un blanc bleuâtre, veinées, disposées en grappes terminales (mai-juin). — Calice à quatre folioles conniventes, allongées et renflées à la base. — Corolle à quatre pétales en croix, longuement onguiculés. — Six étamines dont deux plus courtes. — Fruits : siliques dressées, aplaties, bivalves et renfermant plusieurs graines jaunâtres.

Parties usitées. — L'herbe et la semence.

Récolte. — Elle ne se sèche pas. Elle perdrait ses propriétés par la dessiccation.

[Culture. — Cette plante demande une exposition chaude ; elle végète dans tous les terrains pourvu qu'ils soient meubles ; on la sème très-clair au printemps, et on continue les semis pendant l'été, afin d'avoir toujours des feuilles fraîches. On arrose les semis, on bine et on éclaircit.]

Propriétés physiques et chimiques. — La saveur de la roquette est amère, âcre, piquante ; son odeur, forte et peu agréable, surtout quand on la froisse. Ses semences sont amères et presque aussi âcres que celles de la moutarde. Elle sert d'assaisonnement, et on la mange en salade dans le Midi. Elle contient des principes analogues à ceux des crucifères, telles que le cresson, le cochléaria, le raifort, etc.

Les anciehs attribuaient à la roquette le pouvoir d'exciter à l'amour. Dios-


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coride, Pline, Columelle, Martial, Ovide, sont d'accord sur ce point[1]. Se fondant sur cette merveilleuse vertu, on a fait des élixirs, des électuaires aphrodisiaques, où entrait la roquette. Une de ces compositions portait le nom d'électuaire de magnanimité (Electuarium magnanimitatis). Ainsi que toutes les crucifères, la roquette est excitante, antiscorbutique, diurétique, etc., et s'emploie dans les mêmes cas et de la même manière que le cresson, le cochléaria, etc. Wauters[2] dit que la semence de cette plante en infusion à la dose de 15 g. pour 1 kilogr. d'eau, procure assez ordinairement le vomissement ; il la propose comme pouvant, dans certaines circonstances, remplacer l'ipécacuanha. Cette semence peut servir au besoin, étant pulvérisée, pour rubéfier la peau.

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  1. Excitet ut Veneri tardos Eruca maritos. (Columelle.)
    ... Venerem revocans Eruca morantem. (Martial.)
    Nec minus Erucas aptum est vitare salaces. (Ovide.)
  2. Repert. remed., etc., p. 65.


Roquette jaune

Nom accepté : Diplotaxis tenuifolia


ROQUETTE SAUVAGE, ROQUETTE FINE, ROQUETTE DE MURAILLE, FAUSSE ROQUETTE, sisymbrium tenuifolium, L. ; eruca tenuifolia perennis, G. Bauh. ; eruca sylvestris, Black., Ger. ; brassicca erucastrum ; eruca vulgatior, Park.

Cette plante vivace est très-commune dans les terrains incultes et sablonneux, le long des murailles.

Description. — Racine assez longue, coriace, épaisse, jaunâtre. — Tige cannelée, cylindrique, velue, rameuse, de 30 à 60 centimètres de hauteur. — Feuilles pinnatifides, d'un vert un peu glauque, à folioles terminales, longues et linéaires. - Fleurs jaunes, disposées en grappes terminales sur des pédoncules alternes et filiformes. — Fruits : siliques longues, glabres et grêles, contenant quelques graines âcres et un peu amères.

Propriétés physiques et chimiques. — L'odeur de cette roquette est très-forte et se rapproche beaucoup de celle de la giroflée jaune (et de l'aubépine ; écrasées entre les doigts, toutes les parties de la plante donnent une odeur forte, aromatique, sui generis. Swan (3)[1] a constaté qu'elle contient plus de soufre que les autres crucifères employées en médecine ; sa saveur est encore plus âcre que celle de la roquette cultivée.)

Cette espèce est plus énergique que la précédente. Cependant, on n'en fait point usage en médecine, bien que l'on puisse l'employer avec plus d'avantage que le cresson, le beccabunga, etc., comme stimulante et antiscorbutique. L'application au mollet gauche d'un cataplasme préparé avec la graine pulvérisée de cette plante, et un peu d'eau, y a développé, au bout de quatre heures une rougeur analogue à l'érythème et qui était accompagnée d'un peu de cuisson. L'expérience répétée a donné les mêmes résultats. (Dubois, de Tournai.) »

(Moquin-Tandon a fait préparer, avec les feuilles de cette crucifère, un sirop antiscorbutique excellent plus actif et d'une saveur plus agréable que celui du Codex. C'est un puissant dépuratif et un moyen excellent de faire tolérer l'iodure de potassium, auquel on peut l'associer. Il trouve son indication dans toutes les altérations de nutrition. Scelles de Montdesert l'emploie contre les rhumatismes.)

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  1. Répertoire de pharmacie, 1863, n° 9, p. 388.


ROQUETTE MARITIME (Voyez CAKILE).