Oseille (Cazin 1868)
Sommaire
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Oseille
Noms acceptés : Rumex acetosa (sauvage) et Rumex rugosus (cultivée)
Acetosa pratensis. C. Bauh. — Oxalis vulgaris folio longo. J. Bauh. - Lapathum acetosa rotundifolia hortensis. Tourn., Scop.
Oseille domestique, — oseille des prés, — aigrette, — surelle, — patience acide, — vinette.
POLYGONÉES. Fam. nat. — HEXANDRIE DIGYNIE. L.
Tout le monde connaît l'oseille cultivée dans les jardins potagers, ainsi que la petite oseille sauvage ou surette.
Cette plante est trop connue pour avoir besoin de description.
Parties usitées. — Les racines et les feuilles (autrefois les semences).
Récolte. — On peut se les procurer vertes pendant toute l'année au moyen de la culture. Elles ne jouissent de l'acidité que l'on recherche en médecine, que lorsqu'elles sont grandes, bien vertes, et récoltées après les chaleurs de l'été. La racine, qui est longue, d'un jaune rougeâtre, fibreuse, se récolte au printemps ou en automne, et pendant toute l'année quand on l'emploie à l'état frais.
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[Culture.— L'oseille se propage par éclats de pieds lorsqu'on veut la conserver franche ; les graines germent pendant trois ans.]
Propriétés physiques et chimiques. — L'oseille est inodore. Ses feuilles sont acides ; ses racines sont plus amères et acerbes qu'acides. Les feuilles offrent à l'analyse chimique une grande quantité d'oxalate de potasse (sel d'oseille), de l'acide tartrique, du mucilage, de la fécule, etc. — On en extrait l'oxalate de potasse dans les montagnes de la Suisse, en Souabe, autant et plus que de l’oxalis acetosella. (Voyez l'article ALLÉLUIA.)
Le suc acidulé de l'oseille coagule celui des autres plantes, le lait, etc. ; il ne faut pas le préparer dans un mortier de marbre, parce qu'il l'attaquerait.
Les feuilles d'oseille sont acidulés, tempérantes, diurétiques et antiscorbutiques. Elles sont fréquemment employées dans les affections bilieuses inflammatoires, les embarras gastriques, le scorbut, les fièvres putrides, etc., et pour faciliter l'action des purgatifs. On les donne en décoction, ou on les met dans le bouillon de veau ou de poulet, ou bien on les triture un peu et on verse dessus de l'eau bouillante, ce qui forme une boisson agréable, tempérante et antiseptique. On les mêle souvent aux sucs antiscorbutiques âcres (cresson, cochléaria, etc.).
Dans les fièvres intermittentes qui ont résisté aux amers et au quinquina, Desbois, de Rochefort, prescrit avec avantage le suc d'oseille. « Quand en même temps, dit ce médecin, les gencives sont sanguinolentes, et qu'il y a d'autres symptômes scorbutiques, le suc d'oseille guérit ces fièvres comme par enchantement ; il guérit aussi les engorgements des viscères abdominaux, quand ils ont lieu par la même cause. »
Les racines d'oseille entrent dans les tisanes rafraîchissantes et diurétiques.
J'ai vu au village de Vieille-Eglise, où les fièvres intermittentes sont endémiques, les cultivateurs traiter ces fièvres en prenant, au moment de l'accès, un grand verre (150 à 200 gr.) de suc d'oseille. L'accès manque souvent après la première prise de ce remède. C'est surtout dans les fièvres tierces printanières, qui guérissent souvent d'elles-mêmes, que l'on emploie le suc d'oseille. L'oseille sauvage est préférée lorsqu'on peut se la procurer.
Urban, médecin à Iles-sur-Suippes (Marne), administre le jus d'oseille depuis plus de quarante ans contre les fièvres intermittentes, à la dose de trois verres, pendant l'apyrexie. Quelquefois il en donne un autre verre une heure avant l'accès ; mais il commence par préparer ses malades à l'action du remède par l'administration d'un vomitif et d'un purgatif, ainsi que par l'usage de fumeterre et de pissenlit[1]. J'emploie comme anthelminthique, le suc d'oseille, à défaut de citron ; je le mêle avec autant d'huile de lin, d'œillette, de noix ou d'olive, et j'y ajoute un peu de sucre. Les enfants prennent facilement cette mixture.
Récamier[2] a eu à se louer de l'emploi du suc d'oseille dans l'acrodynie. Sur sept cents malades, traités à l'hôpital de Lourcine, il en a guéri cinq cents par la seule administration de ce suc.
Le suc d'oseille a été employé avantageusement dans le scorbut aigu et dans le purpura hemorrhagica. Ce suc a parfaitement réussi à Dubois, de Tournay, dans un cas de cette dernière maladie.
Dans une commune de la Seine-Inférieure où le croup a sévi à l'état d'épidémie, un médecin a recommandé, à titre de prophylactique, l'oseille employée de la manière suivante : on fait mâcher aux enfants atteints ou non de l'épidémie, et, pendant quelques jours, dix à douze feuilles d'oseille, matin et soir (le jus de l'oseille a la propriété, dit-on, de prévenir le mal) ;
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- ↑ Journal de médecine et de chirurgie pratiques, 1837, t. VIII, p. 278.
- ↑ Compendium de médecine pratique, par de Laberge et Monneret, article Acrodynie.
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mais il est essentiel de les mâcher. — Il est à craindre que ce remède ne rencontre des difficultés dans son emploi, surtout chez les très-jeunes enfants.
Bien que l'usage habituel de l'oseille comme aliment convienne aux personnes échauffées, constipées, on l'a vu, trop longtemps continué, produire la gravelle. Magendie[1] rapporte avoir vu un sujet qui avait mangé un plat d'oseille tous les matins, pendant un an, rendre par les urines des graviers qu'on reconnut pour être de l'oxalate de chaux. Laugier[2], ayant analysé la pierre d'un malade qu'on venait d'opérer, et l'ayant trouvée composée d'oxalate de chaux, lui donna l'avis de ne plus se nourrir d'oseille, comme il le faisait avec profusion auparavant. L'usage des alcalins, de l'eau de Vichy, interdit celui de l'oseille. Cette plante provoque la toux, irrite certains estomacs et quelquefois le système nerveux.
A l'extérieur, les feuilles d'oseille cuites sous la cendre et mêlées avec partie égale de saindoux sont maturatives et résolutives. Boyer employait souvent comme maturatif un cataplasme composé de parties égales d'oseille cuite, d'axonge et de farine de lin. Burnet cite trois cas de loupe au genou (probablement un hygroma) guérie au moyen de l'oseille cuite sous la cendre (après l'avoir enveloppée dans du papier imbibé d'eau), mêlée ensuite avec de la cendre criblée, en forme de cataplasme, et appliquée chaudement pendant plusieurs jours. Ce cataplasme m'a réussi deux fois dans l'hygroma ; mais il agit bien moins vite que le badigeonnage de teinture d'iode. Il peut néanmoins être employé avec avantage dans la médecine rurale, à cause de la facilité de se le procurer. On retire un avantage analogue du mélange de feuilles d'oseille et d'arum. L'application de l'oseille sauvage sur les tumeurs scrofuleuses, conseillée par Pinel[3], produit un effet stimulant très-avantageux. Richerand[4] conseille d'y appliquer des cataplasmes d'oseille cuite pour les ranimer. Mathey[5] rapporte l'observation d'une dartre croûteuse guérie au moyen de l'application extérieure de l'oseille cuite. J'ai appliqué avec succès des plumasseaux imbibés de suc d'oseille sur les ulcères putrides, gangreneux ; il agit à la manière du suc de citron et coûte moins cher.
Missa[6] a reconnu dans les feuilles d'oseille la propriété de neutraliser presque instantanément les accidents produits par les substances végétales âcres, comme le suc d'arum, d'euphorbe, de bryone, etc. Ce médecin ayant goûté en herborisant de la racine d'arum, ressentit immédiatement de la douleur; toutes les parties de la bouche s'enflammèrent, se gonflèrent, et le mal gagna même jusqu'à la gorge, sans que l'eau, l'huile, etc., fisssent cesser cet état. Mâchant tout ce qu'il trouvait sous la main, il rencontra par hasard de l'oseille, dont il eut à peine goûté que tous les accidents se dissipèrent pomme par enchantement. Il répéta l'expérience plusieurs fois, même avec l'écorce du garou, et il obtint toujours le même résultat.
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- ↑ Bulletin des sciences médicales de Férussac, t. IX, p. 297.
- ↑ Mémoires de l'Académie royale de médecine, t. I, p. 400.
- ↑ Nosographie philosophique.
- ↑ Dictionnaire des sciences médicales, t. LVI, p. 218.
- ↑ Journal de médecine et de chirurgie pratiques, 1824, p. 550.
- ↑ Recueil périodique d'observations de médecine et de chirurgie, 1755, vol. III, p. 309.
Autres oseilles
Noms acceptés : Rumex scutatus et Rumex acetosella
L’OSEILLE A FEUILLES RONDES OU EN BOUCLIER (Rumex scutatus, L., Acetosa rotundifolia hortensis, C. Bauh., Tourn.) et la PETITE OSEILLE (Rumex acetosella, L., Acetosa pratensis lanceolata, C. Bauh., Tourn.) ont les mêmes propriétés que l'oseilie commune.