Maca (Potager d'un curieux, 1899)

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Lis comestibles
Potager d'un curieux, Introduction
Macre


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Nom accepté : Lepidium meyenii


MACA


(Nom indigène en langue quichua.)


Lepidium Meyenii Walpers.


Fam. des Crucifères.


En septembre 1893, MM. Vilmorin-Andrieux et Cie ont bien voulu nous associer à l'essai qu'ils allaient faire d'une nouvelle plante alimentaire : « Un de nos clients est venu nous offrir, nous écrivaient-ils, des graines d'une plante cultivée et indigène dans le haut Pérou, appelée la Maca dans le vieux dialecte péruvien (langue quichua), et qui servirait à l'alimentation de l'homme. Elle produirait une racine tuberculeuse comestible, qui tiendrait du Navet par sa forme et de la Patate comme goût.

« Rien qu'à voir la graine et à la déguster, nous


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croyons qu'il s'agit d'une Crucifère et que cette graine est tout fait conformée comme celle du Cresson alénois ; mais qu'est-elle réellement ? c'est ce qu'un essai nous dira.

« Nous pensons qu'il vous intéressera de votre côté d'en faire autant, et dans ce but nous vous adressons ci-joint un échantillon de ces graines. Vous voudrez bien nous tenir au courant du résultat que vous obtiendrez. »

Peu après, MM. Vilmorin-Andrieux et Cie recevaient, de la même personne, une lettre qui leur apportait de précieux renseignements :

« Nous vous avons remis, il y a quelques jours, un paquet de semences de Maca du Pérou.
Nous venons de recevoir quelques indications sur cette plante et sur le mode de culture.
Maca : nom quichua.
Cette plante appartient à la famille des Crucifères. Elle a beaucoup de points de ressemblance avec le Cresson alénois, cultivé dans nos jardins. Sa feuille est découpée et dégage une odeur forte.
La tige ne monte pas au moment de la floraison, mais elle se ramifie et s'étale à la surface du sol.
La racine pivotante est charnue et sucrée. Elle sert d'aliment aux Indiens des hauts plateaux de la Cordillère des Andes.
Les graines ont été récoltées dans le Pampa de Junin, dont l'altitude varie entre 4.000 et 4.100 mètres au-dessus du niveau de la mer, où il gèle comme en France.
Les Indiens cultivent la Maca dans un sol noirâtre, tourbeux et qui, par conséquent, ne doit pas renfer-


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mer de calcaire. On remplacera, en France, ce terrain par un mélange de terreau et de terre de bruyère. La plante est cultivée sur des lignes en dos d'âne. On croit que ce procédé est nécessaire là-bas, parce que le sol est tourbeux et en même temps très marécageux. Si ou élève les racines au-dessus du sol, c'est probablement pour les mettre à l'abri de l'humidité.
On en a semé en Dauphiné, en août 1885, et la récolte aurait été satisfaisante, si cette culture n'avait été négligée à l'entrée de l'hiver.
Les Indiens disent qu'il faut laisser les racines deux années en terre. »

L'essai qu'il s'agissait de faire n'était pas des plus simples.

La lettre ne dit pas à quel moment les Indiens sèment la Maca ; les saisons dans les Andes sont renversées relativement aux nôtres ; notre altitude au-dessus du niveau de la mer est insignifiante ; le sol des environs de Paris, n'est ni tourbeux, ni humide.

Nous avons semé d'abord sous verre, à froid, au mois d'octobre 1893.

Les graines ont germé promptement et ont produit de petites plantes grêles, dont la plupart ont résisté aux gelées, quoique faiblement protégées.

Au printemps, ces plantes se sont peu développées, se sont étalées sur le sol, ont de bonne heure fleuri et donné des graines fertiles, mais leurs racines étaient d'une ténuité telle qu'elles n'étaient pas utilisables.

En 1894, nous avons semé des graines de notre récolte et le résultat a été le même, quelques plantes avaient une souche un peu plus épaisse, de la grosseur d'une noix, mais trop dure pour être consommée.


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En 1895 de nouveaux semis ont été faits à l'air libre.

Les plantes ont parfaitement résisté aux rigueurs de l'hiver ; bien qu'ayant été dévorées en partie par les Altises, elles ont fleuri au printemps et ont disparu après avoir mûri leurs graines, sans nous donner le résultat que nous en attendions, et que nous faisait espérer la lettre reproduite ci-dessus. Nous attribuons notre insuccès aux invasions d'Altises qui rendent presque impossible la culture des Crucifères dans le jardin de Crosnes. La Maca nous semble parfaitement adaptée à notre climat.