Habb en-nîl (Ibn al-Baytar)
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Nom accepté : Ipomoea nil
[1-394]
- Ishak ibn Amrân. La plante ressemble au liseron, elle s’attache aux arbres et monte à la hauteur de deux ou trois brasses. Elle a une tige et des feuilles vertes. A chaque feuille sont des fleurs azurées ressemblant à des entonnoirs. A la chute de ces fleurs apparaissent des capsules contenant trois graines plus petites que les graines de myrte, de forme triangulaire. Ces graines sont la partie employée.
- Ibn Massouîh. Elle a la propriété d’évacuer la pituite et de dépurer. On seconde son action en la triturant parfaitement et en l’associant à de l’huile d’amandes douces. La meilleure est celle qui est récente, lourde et non ridée. La dose est de quatre à huit carats.
- Hobeïch. La graine de nil est le carthame indien. Sa racine, administrée avec les autres médicaments, se fixe dans le duodénum et dans l’intestin qui le suit ; les veines mésaraïques y adhèrent, et il en résulte des coliques. Administré seul, il ne produit de selles qu’après vingt-quatre heures. Si on lui associe la scammonée, il devient plus actif et évacue la pituite visqueuse et l’atrabile. Il arrive quelquefois, après son ingestion, aux sujets encore jeunes, du trouble et de l’angoisse, de l’astriction au cardia, des coliques violentes. Si l’on en abuse, il fait vomir et quelquefois détermine des ulcérations à l’intestin. Sa dose, quand on l’associe à d’autres médicaments, est d’une demi-drachme.
- Autre. Il faut l’associer au myrobolan et à la scammonée en quantité suffisante. Ces deux médicaments secondent son action, corrigent ses défauts et le font sortir promptement de l’intestin en entraînant la pituite et la bile. Mélangé avec le turbith, il devient plus actif. On le donne à la dose d’une drachme et d’une demi-drachme seulement, associé à d’autres médicaments.
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Sontheimer a traduit habb en-nîl par Indigofera tinctoria, ainsi que l’avait fait Saumaise ; mais c’est une erreur, les caractères assignés à la fleur et au fruit ne pouvant convenir à un indigofera. Galland a vu comme nous la forme en entonnoir, instar infundibuli. Quant à la synonymie, elle a déjà été implicitement établie par les notes d’Avicenne, où nous lisons : « non est herba ex qua nil seu indicum conficitur, sed est species volubilis nota, et semen hujus plantis in Oriente administratur ad evacuandum humores grossos phlegmaticos et melancholicos, sicut dicit Avicenna (2° Canon). » Rawolf donne aussi au hab en-nil la synonymie de convolvulus. Ce chapitre se trouve chez Sérapion, à l’article d’Ishak ; le traducteur a lu حب الراس - ḥab al-rās staphisaigre, au lieu de حب الاس - ḥab al-ās myrte. Sontheimer a lu حب الرسن - ḥab al-rasan et traduit par inula.
Note Michel Chauvet. Ipomoea nil est d'origine américaine, mais était présente dans l'Ancien Monde avant 1492 (Inde, Chine, Japon...). On ignore comment elle s'est diffusée.