Giroflier (Candolle, 1882)

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Nom accepté : Syzygium aromaticum (L.) Merr. et Perr.

Canne à sucre
Alphonse de Candolle, Origine des plantes cultivées, 1882
Houblon

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CHAPITRE III
PLANTES CULTIVÉES POUR LES FLEURS OU LES ORGANES QUI LES ENVELOPPENT

Giroflier. — Caryophyllus aromaticus, Linné.

La partie de cette Myrtacée qu'on emploie dans l'économie domestique sous le nom de clou de girofle est le calice, surmonté du bouton de la fleur.

Quoique la plante ait été souvent décrite et très bien figurée, d'après des échantillons cultivés, il y a du doute sur sa nature à l'état sauvage. J'en ai parlé dans ma Géographie botanique raisonnée en 1855, mais il ne paraît pas que la question ait fait le moindre progrès depuis cette époque, ce qui m'engage à reproduire simplement ce que j'avais dit.

« Le Giroflier doit être originaire des Moluques, ainsi que le dit Rumphius car la culture en était limitée il y a deux siècles à quelques petites îles de cet archipel. Je ne vois cependant aucune preuve qu'on ait trouvé le véritable Giroflier, à pédoncules et boutons aromatiques, dans un état spontané. Rumphius regarde comme la même espèce une plante qu'il décrit et figure 2 sous le nom de Caryophyllum sylvestre et qui se trouve spontanée dans toutes les Moluques. Un indigène lui avait dit que les Girofliers cultivés dégénèrent en cette forme, et Rumphius lui-même avait trouvé un de ces Girofliers sylvestres dans une ancienne plantation de Girofliers cultivés. Cependant sa planche 3 diffère de la planche 1 du Giroflier cultivé, par la forme des feuilles et des dents du calice. Je ne parle pas de la planche 2, qui paraît une monstruosité du Giroflier cultivé. Rumphius dit que le Giroflier sylvestre n'a aucune qualité aromatique (p. 13) ; or, en général, les pieds sauvages d'une espèce ont les propriétés aromatiques plus développées que celles des pieds cultivées. Sonnerat 3 publie aussi des figures du vrai Giroflier et d'un faux

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1. II, p. 3.

2. II, tab. 3.

3. Sonnerat, Voy. Nouv.-Guinée, tab. 19 et 20.


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Giroflier, d'une petite île voisine de la terre des Papous. Il est aisé de voir que son faux Giroflier diffère complètement par les feuilles obtuses du vrai Giroflier et aussi des deux Girofliers de Rumphius. Je ne puis me décider à réunir ces diverses plantes, sauvages et cultivées, comme le font tous les auteurs 1. Il est surtout nécessaire d'exclure la planche 120 de Sonnerat, qui est admise dans le Botanical Magazine. On trouve dans cet ouvrage, dans le Dictionnaire d'agriculture et dans les dictionnaires d'histoire naturelle l'exposé historique de la culture du Giroflier et de son transport en divers pays.

S'il est vrai, comme le dit Roxburgh 2, que la langue sanscrite avait un nom, Luvunga, pour le clou de girofle, le commerce de cette épice daterait d'une époque bien ancienne, même en supposant que le nom fût plus moderne que le vrai sanscrit. Je doute de sa réalité, car les Romains auraient eu connaissance d'un objet aussi facile à transporter, et il ne paraît pas qu'on en ait reçu en Europe avant l'époque de la découverte des Moluques par les Portugais.

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1. Thunberg, Diss., II, p. 326 ; de Candolle, Prodr., III, p. 262 ; Hooker, Bot. mag., tab. 2749 ; Hasskarl, Cat. h. Bogor. alt., p. 261.

2. Roxburgh, Flora indica, ed. 1832, vol. 2, p. 494.