Eleutherine bulbosa (Pharmacopées en Guyane)
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Sommaire
Eleutherine bulbosa (P. Mill.) Urb.
Synonymie
Sisyrinchium bulbosa Miller
Noms vernaculaires
- Créole : envers [anvè] [1], [2], envers rouge [radjé-lanvè-rouj], l’envers [lanvè].
- Créole antillais : échalotte caraïbe [jéchalot-krayib].
- Créole haïtien : échalotte marron.
- Wayãpi : wasey.
- Palikur : migat βey.
- Portugais : inajaí.
Écologie, morphologie
Herbe rudérale assez commune souvent cultivée.
Collections de référence
Grenand 969 ; Hay 49 ; Moretti 917, 1112.
Emplois
- Les Créoles utilisent abondamment cette espèce à des fins médicinales assez variées. Le bulbe rouge sert à préparer des emplâtres que l’on applique sur les entorses. Il est aussi employé en tisane pour soigner la faiblesse du sang. Le jus qu’on en extrait est, additionné de sel, bu contre les crises d’épilepsie. Mélangé à du rhum, il est frictionné sur le corps pour soigner la même affection. La pulpe du même bulbe, pilée avec un cafard (ravet en créole, Periplaneta americana) et mise à roussir avec un peu d’huile, constitue, appliquée chaude, un remède pour soigner les blessures infectées occasionnées par des clous rouillés [3]. Enfin, bouillie dans du vin rouge, elle constitue un breuvage abortif.
- Chez les Wayãpi, le bulbe écrasé est appliqué en emplâtre sur les plaies et les blessures pour favoriser la cicatrisation.
- Chez les Palikur, c’est un remède mineur contre les écoulements sanguins des femmes (cf. Scoparia dulcis, Scrophulariacées). Avec la décoction du bulbe, auquel on ajoute des feuilles de Psidium guajava (Myrtacées) et des fragments de racine de bananier (Musa paradisiaca, Musacées), on prépare un remède antidiarrhéique. Enfin, BERTON (1997) signale une potion abortive préparée avec les bulbes de la présente espèce et les écorces d’Anacardium occidentale et de Mangifera indica (Anacardiacées) [4].
Étymologie
Les Wayãpi et les Brésiliens comparent cette espèce à des plantules de palmier, Euterpe oleracea pour les premiers et Attalea maripa (Aubl.) Mart. pour les seconds.
Chimie et pharmacologie
Le bulbe renferme des naphtoquinones et anthraquinones du type chrysophanol. Un essai préliminaire sur un extrait alcoolique a montré une action non dénuée de toxicité sur la fécondité des rats (WENIGER et al., 1982).
Tests chimiques en fin d’ouvrage.
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- ↑ AUBLET (1775) mentionne Cipura paludosa sous le nom créole d’anvers. Les différents relevés ethnobotaniques parus depuis reprennent, pour la plante dénommée envers, le nom scientifique donné par cet auteur (HECKEL, 1897, LEMÉE, IV, 1956 ; DEVEZ, 1932 ; LUU, 1975). Cependant, les enquêtes que nous avons menées sur le terrain démontrent que le nom d’envers est réservé de nos jours à Eleutherine bulbosa. Ce glissement spécifique est à l'origine d’une confusion botanique systématiquement reproduite dans la littérature.
- ↑ Pour ce nom, orthographié parfois anvers, cf. aussi Maranta arundinacea L., Marantacées.
- ↑ De façon proche, les Aluku utilisent le bulbe écrasé pour empêcher la nécrose des piqûres de raie (FLEURY, 1991).
- ↑ Cette espèce est aussi employée à Haïti comme drogue antifertilisante. Complétons la longue liste des usages médicinaux de Eleutherine bulbosa en signalant qu'elle est utilisée au Brésil (Para) pour soigner les hémorroïdes et la diarrhée (FURTADO et al., 1978). L'usage curatif des infections cutanées et de la diarrhée est aussi signalé chez les Conibo du Pérou (LOYAZA et TOURNON, 1988). En Guyana, a contrario de ce qu'affirment les Créoles et les Palikur, la décoction du bulbe permet de combattre la stérilité féminine (VAN ANDEL, 2000).