Scoparia dulcis (Pharmacopées en Guyane)

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Capraria biflora
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Simaroubaceae


Scoparia dulcis. Ti balai (ou balai doux) en fleurs



Scoparia dulcis L.


Noms vernaculaires

  • Créole : ti balai [ti-balé], balai doux.
  • Wayãpi : —
  • Palikur : asaribnã.
  • Portugais : vassourinha.

Écologie, morphologie

Petite herbe rudérale pan-tropicale, commune dans la basse Guyane. Elle est parfois protégée.

Collections de référence

Grenand 1608, 1688 ; Jacquemin 2071 ; Prévost 3866.

Emplois

Cette plante médicinale connaît de très nombreuses applications parmi la population créole de Guyane [1]. Le jus obtenu par expression des parties aériennes ou la décoction des rameaux feuillus sont mélangés au lait maternel comme antivomitif pour les nourrissons. L’infusion des feuilles ou des parties aériennes donne une tisane bue contre les migraines ou comme purge. Utilisée en bain, elle rafraîchit les éruptions cutanées du type bouton de chaleur. Pour soigner la sinusite, on fume les feuilles et les rameaux séchés mêlés au tabac, ou bien on prise la macération dans l’alcool du même mélange [2].

Dans ce dernier cas, le tabac est parfois remplacé par de la cendre de bois bien blanche (cf. Quararibea duckei, Bombacacées). Les feuilles sèches sont également utilisées par les toxicomanes comme succédané de la marijuana (Cannabis sativa L., Cannabinacées) et certains revendeurs les mélangent à celles de cette drogue.

Chez les Palikur, les parties aériennes sont utilisées soit en emplâtre, soit en décoction. La décoction est prise en bain fébrifuge ou pour laver les fronts douloureux. Les emplâtres sont appliqués sur le front contre les céphalées. Enfin, en cas de métrorragie (écoulements sanguins hors menstruations) on prépare une décoction avec la plante entière, associée facultativement selon BERTON (1997) à Sphagneticola trilobata (Astéracées) ou à Eleutherine bulbosa (Iridacées), à laquelle on ajoute une cuiller à café de sel ; ce remède est pris trois fois par jour en petite quantité, jusqu’à cessation de l’affection.

Étymologie

Les trois noms vernaculaires cités signifient « balai » ou « petit balai », en raison de l’usage fait des plantes sèches, ce qui peut suggérer un probable phénomène de diffusion culturelle.

Chimie et pharmacologie

L’espèce renferme une saponine et un alcaloïde, la scoparine (BOUQUET et DEBRAY, 1974). BARROS (in KERHARO et ADAM, 1974) a mis en évidence une assez forte toxicité de l’extrait aqueux des racines par voie intrapéritonale, l’extrait alcoolique n’étant pas toxique. Des produits assez communs dans les plantes ont été isolés, comme le sitostérol, le mannitol et l’acide bétulinique. Un nouveau produit, la 6-méthoxybenzolinone, a été identifié, possédant des propriétés hypotensives et antidiabétiques (CHEN et CHEN, 1976).

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  1. Les vertus médicinales très nombreuses de cette espèce sont reconnues un peu partout sous les tropiques. Citons à titre d’exemple le cas des Caboclos du Para qui en mangent les feuilles crues pour faciliter la digestion (FURTADO et al., 1978) ; ceux du Rio Madeira ou de la région de Santarém en boivent l'infusion pour soigner l’érysipèle et les hémorroïdes (BRANCH et SILVA, 1983 ; DI STASI et al., 1994) ; les Caraïbes de la Dominique en font une tisane purgative prise après l’accouchement (HODGE et TAYLOR, 1957). En Guyana, entre autres usages, elle est utilisée comme antipaludique, en association avec les feuilles d’avocat (Persea americana P. Mill., Lauracées) ou pour soigner les maladies de cœur, en association avec les feuilles de corossol (Annona muricata, Annonacées) selon VAN ANDEL (2000).
  2. Cet usage est à mettre en parallèle avec celui de la décoction des feuilles et des racines par les Tacana pour soigner les maladies respiratoires (BOURDY et al., 2000).