Crescentia cujete (Rollet, Antilles)

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Amphitecna latifolia
Bernard Rollet, Arbres des petites Antilles, 2006
Crescentia linearifolia


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Planche 20 : BIGNONIACEAE. III. Crescentia cujete. A. Jeune rameau. B. Rameau. C. Fleur.

Crescentia cujete L. Sp. Pl., 2 : 626 (1753).

Synonymes : Crescentia fasciculata Miers (1868).

Noms vernaculaires : Caraïbes : Matalu (parler des hommes), Uira (parler des femmes). Arawak : Kumuri ; a donné le nom créole canari, ustensile de cuisine populaire. Créole : Kalbas. Fr : Calebassier, Calebasse (Guadeloupe, Martinique). A : Calabash tree, Calabash ; Gourd. Esp : Totumo (Venezuela) ; Cujete (Mexique).

Description : Petit arbre atteignant 10 m de haut et 60 cm de diamètre. Port caractéristique : fût court, branches subhorizontales peu ramifiées, étroitement tapissées par les feuilles comme en fourreau. Pied : pas de patte. Écorce : épaisseur totale 7 mm pour un diamètre de 15 cm ; Aspect externe : beige à cendré (jaune verdâtre : sublisse sur jeunes rejets) ; Rhytidome : 1 mm ; froissé tombe en poussière ; Écorce vivante : tranche beige (crème ou jaunâtre) très feuilletée fibreuse ; fines bandes alternativement blanchâtres et plus sombre, de plus en plus fines vers l’extérieur. Aubier : blanc à parenchyme en bandes circummédullaires ondulées, interrompues. Feuilles : en rosettes, 3-10 sur des rameaux courts ; spatulées à oblancéolées, sessiles, entières, à bord ondulé, jusqu’à 20 cm de long. Fleurs : cauliflores sur rameaux et tronc ; grandes (6-10 cm), en urne, grises avec des lignes violettes ; malodorantes (chou pourri). Fruits : forme et dimension très variables ; en général sphérique, baie géante jusqu’à 30 cm de diamètre appelée calebasse ; indéhiscente, à coque externe mince ligneuse fauve contenant une pulpe avec de nombreuses graines plates. Phénologie : sempervirent, ou décidu ! selon la rigueur de la saison sèche. Fleurs presque toute l’année mais peu à la fois (DUSS), surtout de mars à juillet (FOURNET). Propagation facile par graines ou boutures. Habitat : entre 0 et 850 m accompagnant les endroits habités ou échappé des cultures ; abondant, plutôt en


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zone sèche. Tempérament : héliophile modéré, à croissance lente ; se bouture et rejette (MARSHALL).

Usages : Arbre ornemental. Le fruit encore vert est gratté, sculpté et peint ; les graines sont enlevées ensuite (motifs de décoration). Employé comme instrument de musique (“maraca” ou “shak shak”, NICHOLSON). Le fruit à maturité est vidé et est très utilisé comme ustensiles de ménage (dont le nom caraïbe est déjà mentionné par BRETON (kui) ou “couis”). On peut le ficeler et le modeler en différentes formes. D’après HONYCHURCH les plus grands fruits utilisés comme cruches, pots, etc… Bois blanc peu durable : jougs (MARSHALL) ; bardeaux (BURNS) ; selles, manches, charrettes (LITTLE & WADSWORTH) ; bois de feu. Médicinaux : pulpe contre la diarrhée, diurétique en tisane expectorante et contre la toux ; à froid contre les crevasses des pieds ; avec un peu de vinaigre contre les coups de soleil, les blessures et les contusions (DUSS) ; pulpe rôtie mangée après accouchement ; pour avorter (à Barbade) : bouillie avec feuilles de Swietenia et Petiveria alliacea ; mais cause nausée, diarrhée, empoisonnement (BANNOCHIE) ; aussi purgatif (même auteur) ; bourgeons en décoction contre les coups, à Marie-Galante (GRANGUILLOTTE) ; asthme (NICHOLSON) ; sirop de calebasse en mettant les fruits sous la cendre (FOUQUÉ).

Distribution générale : Indigène et aussi naturalisé et très largement distribué dans toute l’Amérique tropicale entre 0 et 850 m par la culture (cultivé aussi dans l’Ancien Monde). Les premiers conquérants l’auraient déjà rencontré introduit (Oviedo VIII : 4, 1535, cité par KIMBER 1969).

Distribution aux Petites Antilles : Indigène dans les Petites Antilles (LITTLE & WADSWORTH). GOODING and al. considèrent que l’espèce a été introduite à Barbade. Aurait été introduit par les Caraïbes (STEHLÉ, KIMBER). Introduit et naturalisé en Martinique (FIARD, comm. pers.) ; se trouve dans les anciennes cultures aux Grenadines (Bailey, NICHOLSON), à Cannouan (HOWARD) et çà et là dans toutes les îles.

Matériel examiné : BT : RODRIGUEZ 3263, Trois-Rivières (P) ; ROLLET 1505, cours inférieur du Galion, 50 m (GUAD). D : STEHLÉ 6369, Bataca, Réserve Caraïbe, 300 m (P). M : HAHN 889, en basse région (P).

Bibliographie : (*Iconographie ; **Couleur). ALLEN 1956 ; BANNOCHIE (unpublished notes) ; BRETON 1665 ; BRITTON* 1908 ; BRITTON & WILSON 1925 ; BURNS 1942 ; DESCOURTILZ** 1821-1830 ; DUSS 1897 ; FOURNET* 1978 ; FOUQUÉ* 1972 ; GOODING and al.* 1965 ; GRANDGUILLOTTE 1978 ; HODGE & TAYLOR 1957 ; HONYCHURCH* 1980 ; HOWARD* 1952, 1989 ; HOYOS** 1983 ; HUGHES 1750 ; JACQUIN** 1763 ; KIMBER 1969 ; LITTLE & WADSWORTH* 1964 ; MARSHALL 1939 ; NICHOLSON 1978 ; NUTTALL* 1855 ; Oviedo 1535 ; PENNINGTON & SARUKHAN* 1968 ; RECORD & HESS 1940 ; STEHLÉ 1963 ; TUSSAC** 1818. Nombreuses réf. iconogr. in Index Londinensis 1929.

Anatomie du bois

coupe transversale (en haut à gauche), coupe tangentielle (en haut à droite), coupe radiale (en bas) (P. Détienne & P. Jacquet)
  • (3)-8-9-(12)-15-20-28-31-51-(56)-(57)-70 (Voir la signification des codes)
  • Bois parfait beige clair légèrement rosé, finement ramagé sur dosse, tendre et léger (0,55 à 0,65 g/cm3), à grain fin.
  • Pores disséminés ou plus ou moins nettement disposés en lignes tangentielles, isolés ou accolés radialement par 2 ou 3, au nombre de 20 à 40 par mm2, non visibles à l’œil nu (60 à 80 μm de diamètre). Perforations des éléments vasculaires uniques ; taille des ponctuations intervasculaires de l’ordre de 5 ou 6 μm.
  • Parenchyme autour des pores en losange, très anastomosé et formant des bandes courtes à longues, obliques ou tangentielles. Présence de lignes ou bandes terminales plus ou moins nettes. Files de cellules étagées composées de 2 éléments. Présence de quelques cristaux très petits.
  • Rayons 1- et 2-sériés, parfois très localement étagés, au nombre de 7 à 10 par mm, de structure généralement homogène. Ponctuations radiovasculaires identiques aux intervasculaires. Présence de cristaux très petits, cubiques ou styloïdes.
  • Fibres à ponctuations simples.