Canna comestible (Potager d'un curieux, 1899)

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Camassie comestible
Potager d'un curieux, Introduction
Capucine tubéreuse


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Nom accepté : Canna indica (comprend edulis et coccinea)


CANNA COMESTIBLE


Balisier à fécule, Capacho, Achira.


Canna edulis Ker., Roscoe, Monandrian plants of the order Scitamineæ, pl. 5; Bot. Mag., tab. 2498.


Fam. des Scitaminées.


Rhizomes tubéreux, volumineux et féculifères; tiges de 3 à 4 mètres, arrondies et rougeâtres ; feuilles grandes, ovales-lancéolées, à nervures très prononcées ; spathe lancéolée aiguë, verte, à bords pourpres ; corolle à divisions externes rouge orangé clair, les internes plus foncées.

« Cette espèce est originaire du Pérou, où elle est cultivée comme plante alimentaire. On la nomme souvent Toloman. »

On extrait de son rhizome une fécule qu'on a appelée


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fécule de Chouchoute, fécule de Toloman, fécule de Tolomane.

Le C. edulis est désigné, à l'île de la Trinité, sous les noms de Toulema ou Tulema (tous les mois). La fécule qu'on extrait est appelée fécule de Tulema (Heuzé, plautes alimentaires, vol. II, p. 57).

« Un article vendu dans les boutiques sous le nom de Tous les mois présente une très étroite ressemblance, comme qualité et comme aspect, avec l’Arrow-root manufacturé, auquel il est considéré comme supérieur pour l'alimentation des enfants, parce qu'il est moins constipant. Le docteur Lindley suppose qu'il est le produit du Canna edulis. S'il en est ainsi, la plante prospérant parfaitement dans l'Inde, la fabrication en serait extrêmement facile, en procédant comme on le fait pour l’Arrow-root. Il en serait de même si, comme M. J.-M. Jones le dit (1), il y a une espèce géante d’Arrow-root (Canna coccinea), dont le produit est connu sous le nom de Tous les mois. » (Firminger, Manual of gardening for Bengal).

« Une sorte d'Arrow-root appelée Tous les mois a été importée en Angleterre de Saint-Kitts vers l'année 1836, et, comme on a reconnu qu'elle formait un excellent produit alimentaire, on lui a ouvert les marchés nationaux. L'importation en Angleterre s'était faite jusqu'à ce jour exclusivement de Saint-Kitts ; mais la plante est maintenant cultivée sur de grandes étendues en Australie » Nicholls et Raoul, Petit traité d'Agriculture tropicale, page 359.

« Je n'ai trouvé dans les étiquettes d'herbier aucune indication sur l'usage alimentaire des racines de Canna et je n'ai aucune idée nette de la distinction des espèces

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(1) The naturalist in Bermuda.


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dans ce genre très difficile : elles se ressemblent toutes, il y en a dans toutes les parties du monde et l'horticulture ignore leur provenance certaine et a créé des hybrides.

« Je crois que beaucoup de Cannas, tous peut-être, ont le tubercule cuit comestible, au moins la partie nouvelle du tubercule, bourgeon terminal et bourgeons latéraux. Toutefois, il doit y avoir des espèces où le tubercule est un peu plus gros et plus tendre. La culture et le climat doivent influer sur la qualité comestible du tubercule. En un sol très fumé, il doit être meilleur et plus gros. Je présume que le climat du Nord est aussi favorable à sa qualité. J'ignore si la qualité marécageuse du sol a une influence.

« Tous les Cannas ont ceci de remarquable, que, quoique originaires de pays chauds, ils croissent facilement l'été, dans nos jardins, y fleurissent en pleine terre (sauf quelques grandes espèces, hautes de 3 mètres, qui ne peuvent fleurir que dans le Midi ou en serre) et, pour la plupart (exceptons les L. liliiflora et iridiflora), forment un tubercule facile à conserver l'hiver dans une orangerie, une cave ou une serre froide.

« Les petits Cannas ont une élévation de 80 centimètres ou 1 mètre, les grands 3 mètres dans les pays chauds. Le même pays présente souvent plusieurs espèces à la fois. J'en ai vu deux à la Guyane, et en herbier, j'en ai une troisième de ce pays.

Simmonds cite, parmi les Cannas dont le tubercule râpé donne de l'amidon :

  • C. Achiras Gillies.
  • C. glauca Lin.
  • C. flaccida Dill.
  • C. edulis Ker.


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Le C. edulis a été porté en Australie et s'est répandu du Jardin botanique dans les propriétés.

« Il me semble qu'il faut cuire à part les nouveaux tubercules en formation ; non encore montés à tige, ni pourvus de racines, ils sont beaucoup plus tendres et plus délicats. Les tubercules plus âgés ont parfois quelques fibres. Le Canna edulis n'a pas de goût propre et marqué. C'est une racine farineuse, tendre et un peu aqueuse. Les nouveaux bourgeons du tubercule forment le tiers au moins de la souche, peut-être la moitié. Ils peuvent s'utiliser, soit pour l'homme, soit pour les animaux. Il me semble qu'il vaut mieux les utiliser à part ». (Extrait de nos correspondances.) Au printemps de 1879, un de nos amis nous a apporté de Caracas des rhizomes de Capacho (Canna edulis), que nous avons plantés sur vieille couche. Les plantes ont végété vigoureusement et ont atteint une hauteur de 2m,30 ; elles n'ont pas fleuri.

Nous avons détaché des souches les bourgeons nouveaux et nous les avons fait cuire à l'eau salée ; nous en avons enlevé l'enveloppe fibreuse et nous avons obtenu un bon légume, tendre, féculent, ressemblant un peu au fond d'Artichaut comme saveur et comme consistance.

Nous avons poursuivi pendant quatre ans la culture et la dégustation du Capacho, et nous pensons que ce Canna peut figurer utilement dans nos potagers. La Société d'Acclimatation a libéralement récompensé nos expériences, et MM. Vilmorin-Aodrieux et Cie ont introduit la plante dans leur catalogue.

La culture du Capacho est celle de tous les Cannas, soit qu'au printemps on le mette en végétation sous châssis, soit qu'on le laisse en place pendant l'hiver, sous la protection d'un peu de litière.


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Il ne fleurit pas sous le climat de Paris et c'est à cette condition qu'il est comestible ; s'il fleurissait, s'il mûrissait ses graines, il deviendrait certainement trop fibreux pour être utilisé.

Nos horticulteurs pourront tirer profit de ce légume, qui est à la fois très productif et de facile conservation.


Liste de Cannas alimentaires.
  • C. edulis Ker, Roscoe, Scit., 5; Bot. Mag., tab. 2498. Pérou.
  • C. discolor Lindl., Bot. reg., tab. 1231. Trinité.
  • C. indica Lindl., Roscoe, Scit., 2; Bot. reg., tab. 776. Indes occid.
  • C. paniculata Ruiz et Pav. Pérou.
  • G. gigantea Desf., Roscoe, Scit., 4; Bot. Mag., tab., 2316 ; Bot. reg., lab. 206. Brésil.
  • C. coccinea Ail., Roscoe, Scit., 11. Amér. mérid.
  • C. glauca Lin., Roscoe, Scit., 7. Caroline mérid.
  • C. flaccida Dill., Roscoe, Scit., 6; Redouté. Lil., 107. Caroline.
  • C. Achiras Gillies, Bot. reg., tab. 1358. Mendoza.

Tous fournissent une précieuse fécule et plusieurs se préparent, comme légume, de diverses façons. Pour ce dernier usage, nous pensons qu'ils doivent être récoltés avant leur floraison.


CANNA DISCOLORE


Balisier à deux couleurs.


Canna discolor Lindl., Bot. reg., tab. 1231.


Rhizomes tubéreux ; tiges de 3 à 4 mètres, rougeâlres ; feuilles ovales oblongues, colorées en dessous en rouge-


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sang, les inférieures lavées de pourpre, les supérieures colorées seulement sur les nervures. Grappes dressées, à rachis rouge, sortant d'une spathe enroulée, couverte d'une poussière glauque, abondante ; fleur rouge très vif en dehors et jaune pâle en dedans.

« Cette espèce est originaire de l'île de la Trinité, où elle est cultivée très en grand. Elle fournit la fécule appelée Canna-root. » (Heuzé).

Elle est moins productive que le Capacho (Canna edulis). Sous le climat de Paris, cette espèce fleurit rarement.

Une dégustation comparative, faite avec la plus scrupuleuse attention par plusieurs personnes que MM. Vilmorin-Andrieux et Cie avaient convoquées à cet effet, a démontré que le Canna discolor était d'une qualité supérieure à celle du Canna edulis.

Plusieurs variétés de Cannas d'ornement, dégustées à cette occasion, ont été déclarées immangeables.

Nous pensons que, dans les jardins d'amateurs, le Canna discolore devra être cultivé de préférence au Capacho.

On connaît plusieurs Cannas alimentaires que nous n'avons pas cultivés.

Dans la Flore du Pérou, de Buiz et Pavon, tous les Cannas portent le nom de Achira.

Le C. paniculata est l'Achira Cimarrona.

Le C. indica est l'Achira tout court.

Le C. iridiflora est le Sumac Achira. Son rhizome n'est pas tubéreux.

Selon ces auteurs, les racines du C. paniculata sont comestibles, mais insipides.

Les Péruviens, disent-ils, mangent les racines du C. indica préparées de diverses manières.

« Canna indica. — On le cultive beaucoup en Colom-


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bie pour extraire la fécule de ses racines, qu'on donne aux malades, comme l’Arrow-root ou Amidon de Maranta... » (Note par M. Posada Arango, Bull. Soc. Bot. de France, t, XVIII, 1871, p. 372)..

« Quatre espèces de Cannas fournissent la fécule de Tolomane. Ce sont les C. edulis, coccinea, discolor et glauca. Cette fécule, appelée aussi de tous les mois, nous vient des Antilles et a été importée en Angleterre en 1836. Elle est remarquable par son éclat satiné et composée de grains tout à fait aplatis et d'un volume considérable. » (Pennetier, Matières organiques premières, p. 150.)