Afsentîn (Ibn al-Baytar)

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‘Efîthimon
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Efibaktîs


113 - Afsentîn, ABSINTHE.


Nom accepté : Artemisia absinthium

  • LE CHERIF. C’est un arbuste qui peut atteindre la taille d’un petit arbre. Sa tige se divise en rameaux et sur ces rameaux sont des feuilles nombreuses, serrées, blanches, ressemblant à du lichen, et des fleurs de la forme de celles du parthenium, petites, blanches et jaunes à l’intérieur, remplacées par des petits follicules contenant des graines ténues, d’une saveur astringente et amère.
  • ABOU OBEÏD EL-BECRY. Cette absinthe rappelle la carotte pour la forme de ses feuilles. Elle se rapproche des arbres qui ne se dépouillent pas de leur feuillage. Sa fleur est jaune en entier, et c’est la partie employée.
  • L’AUTEUR. Cette espèce d’absinthe, mentionnée par El-Becry, est connue en Egypte sous le nom de demsîssa, xxx. Elle y est très commune, et j’ai entendu des habitants du Saïd la citer comme éprouvée par eux contre les scorpions, prise à l’intérieur.
  • DIOSCORIDES, III, 26. C’est une plante connue. On la trouve dans le pays appelé Cappadoce et sur le mont Taurus.
  • ABOU DJOREÏDJ LE MOINE. Il y a plusieurs sortes d’absinthe. On l’expédie de la Perse, de ses cantons orientaux ainsi que du mont Locàm (l’Amanus de la Syrie) et d’autres encore. La meilleure est celle de Syrie, de Tarse, xxx, celle qui, de sa nature, est couverte de poils et qui a des nodosités comme si c’était de la graine de sarriette de Perse, qui est très amère, qui répand, une fois contuse, des émanations pareilles à celles de l’aloès socotrin, dont la couleur jaune ressemble à celle du duvet des pigeonneaux.
  • GALIEN, De l’art de guérir. Toutes les sortes d’absinthe jouissent de deux propriétés bien prononcées, mais celle qui vient du Pont est surtout astringente. Quant aux autres espèces, c’est l’amertume qui y prédomine, et si vous les goûtez, vous les trouverez à peine ou pas du tout astringentes. C’est pourquoi, dans les inflammations de l’estomac et du foie, il faut préférer l’absinthe pontique aux autres. Les caractères de cette absinthe sont que ses feuilles et ses fleurs sont beaucoup plus petites que celles des autres espèces. De plus, elle n’a pas d’odeur désagréable. Au contraire, elle a une odeur aromatique tandis que les autres espèces ont toutes une odeur fétide.
  • GALIEN, livre VI des Médicaments. La saveur de l’absinthe est mêlée d’astringence, d’amertume et d’âcreté. Elle échauffe, déterge, fortifie et dessèche : c’est pour cela qu’elle débarrasse l’estomac des humeurs biliaires et les évacue par les urines. C’est pour cela aussi que son ingestion est impuissante contre la pituite retenue dans l’estomac. Il en est de même quand il s’agit de la pituite retenue dans la poitrine ou dans le poumon, par la raison que son astringence est supérieure à son amertume. En raison de son âcreté, la chaleur domine chez elle sur le froid. Pour établir d’une façon générale sa constitution et eu égard aux qualités premières, bien que chez elle les éléments soient hétérogènes et dissemblables, je dirai qu’elle est chaude au premier degré et sèche au second. Quant à son extrait, il jouit de beaucoup plus de chaleur que la plante elle-même.
  • DIOSCORIDES. Elle est astringente, échauffante; elle enlève les humeurs biliaires qui se trouvent dans l’estomac et les intestins. Elle est diurétique et, prise à l’avance, elle préserve contre l’ivresse. Prise avec du séseli et du nard celtique, elle est salutaire contre les tuméfactions et les douleurs d’estomac et de ventre. Son suc ou sa décoction prise pendant plusieurs jours, chaque jour à la dose de trois cyalhes, xxx xxx, sont utiles contre l’inappétence et l’ictère. Prise avec du miel ou employée en suppositoire, elle fait couler les règles. Prise avec du vinaigre, elle convient contre les suffocations causées par les champignons. Prise avec du vin, c’est un antidote contre l’ixia, xxx, contre cet autre poison appelé kounioun (qui n’est autre chose que la choucrân, la ciguë), contre les piqûres de cet animal qu’on appelle mygale, xxx et contre le dragon de mer, xxx xxx. Mélangée avec du miel et employée localement, elle est utile contre les angines. Associée à de l’eau, elle est utile contre les épinyctides. Associée au miel, elle est salutaire contre les ecchymoses de l’œil, xxx xxx xxx, contre les défaillances de la vue et contre l’écoulement purulent des oreilles. Les fumigations faites avec sa décoction sont salutaires contre les maux d’oreilles et de dents. Cuite avec du vin doux et appliquée sur l’œil, elle en calme les élancements. On l’applique aussi sur les hypocondres, le foie et l’estomac affectés de douleurs chroniques, et, à cet effet, on la triture et on la mélange avec de la cire fondue et de l’huile de henné. S’il s’agit de l’estomac, on emploie de la cire fondue et de l’huile de roses. Triturée avec des figues, du nitre et de la farine d’ivraie, elle convient dans les affections de la rate et l’hydropisie. On en prépare un vin que l’on nomme vin d’absinthe dans les pays appelés Propontide et Thrace. Les gens de ces pays l’emploient dans les maladies susdites, alors qu’il n’existe pas d’état fébrile. Ils en boivent aussi préalablement en été, persuadés que cela leur vaudra la santé. Ils prétendent que, répandue dans les coffres, elle préserve les vêlements des mites, et que, si on l’associe à l’huile et que l’on s’en fasse des frictions, on se garde contre l’approche des moucherons. Si l’on imbibe l’écriture avec sa décoction, on empêche les livres d’être rongés par les vers. Les propriétés de l’extrait d’absinthe paraissent être les mêmes; cependant nous ne l’employons pas dans les potions, parce qu’il est désagréable à l’estomac et qu’il entête. On sophistique l’extrait d’absinthe en le mélangeant avec du marc d’huile et en le faisant cuire.
  • RUFUS. Elle est échauffante, apéritive, résolutive; elle, dessèche la tête, éclaircit la vue, embellit le teint et fait sécréter l’urine. Cependant son amertume déplait aux gens faibles.
  • ABOU DJOREIDJ EH-RAHEB (le Moine). Elle est utile contre l’injection de la face, les tumeurs des extrémités, l’altération de la constitution et l’alopécie. Toutefois, l’eupatoire agit en cela d’une façon plus puissante et plus active. L’épine arabique, xxx, en approche.
  • HOBEICH. Son infusion et sa décoction conviennent aux sujets atrabilaires, surtout avec l’épithym.
  • RAZES. Elle est excellente contre les piqûres des scorpions. Elle fortifie l’estomac. Elle convient dans les fièvres chroniques.
  • LE MEME, dans le Continent. Prendre de l’absinthe, la triturer, la serrer dans un lambeau de linge et la plonger dans de l’eau bouillante; en appliquer sur un œil affecté d’hypo-sphagma, xxx, tenace, pour en faire sortir le sang. On la tiendra dans un sachet, d’où on la fera suinter en la comprimant.
  • IBN MASSOUIH. On la donne (en substance) à la dose d’un mithcal à deux drachmes, en infusion ou en décoction à la dose de cinq à sept drachmes. Prise seule, on la donne à la dose d’un mithkal à un mithkal et demi.
  • ANONYME. Elle est salutaire contre les hemorroïdes et les gerçures du siège, les épaississements des paupières, les indurations internes soit à l’extérieur, soit à l’intérieur. Sa décoction tue les puces et ses fumigations écartent les bètes venimeuses.
  • AHMED IBN ABI KHALED. Galien rapporte dans son épître à Glaucon, xxxx xxx xxx xxx, que l’absinthe réunit deux propriétés, l’une astringente et l’autre laxalive, et qu’il en résulte ceci : quand on l’administre avant la coction de la maladie, la matière augmente en raison de son astringence et la résolution en est difficile. En effet, l’action évacuante qu’elle possède excite la matière et la pousse à l’évacuation, mais l’action astringente s’oppose à l’issue de la matière : de là une sorte de lutte contre la nature, lutte nuisible par la fatigue qui en résulte. Que si, au contraire, on l’administre après la coction de la maladie et l’atténuation de la matière, elle hâte l’évacuation, et les deux propriétés de l’absinthe y concourent : l’une, l’action évacuante, par sa nature même : l’autre, l’action astringente, en s’unissant à l’action répulsive, en l’aidant par la force qu’elle communique à la substance des organes, et par le fait secondant l’évacuation.
  • IBN SEMDJOUN. Galien ne dit rien du tout de ce que lui fait dire ici Ahmed Ibn Abi Khaled. Il n’est pas question de cela dans l’épître à Glaucon. Il est bien vrai que ces propos se rencontrent dans le recueil où l’on a fait entrer cette épître, mais ils sont du collecteur et non pas de Galien lui-même, ce que l’auteur cité n’a pas su distinguer.
  • LIVRE DES EXPERIENCES. L’absinthe fortifie l’estomac échauffé, elle le purifie de ses humeurs, elle excite l’appétit. Elle est très-utile contre les douleurs articulaires causées par les humeurs chaudes. Cuite avec du vinaigre et appliquée en cataplasme, elle calme les douleurs de la rate. On l’applique avec de l’huile et du mélilot contre les tumeurs du foie à leur période extrême. Elle convient aux paralytiques chez lesquels des humeurs atrabilaires se portent à l’estomac, soit par l’abus des médicaments, soit par l’exposition à un air chaud, soit en échauffant essentiellement les organes principaux, soit en atténuant accidentellement la chaleur des humeurs échauffées.
  • LE CHERIF. Cuite avec de l’huile d’amandes jusqu’à résolution de ses propriétés, puis associée à un peu de fiel de chèvre et instillée dans l’oreille, elle en dissipe les vents et en nettoie les plaies. Elle est utile contre les poisons mortels. L’huile préparée avec sa fleur, employée en frictions, guérit la lassitude. On la remplace, pour tonifier l’estomac, par son poids d’asarum avec moitié de myrobolan jaune.
  • DIOSCORIDES, V, 49. Le vin d’absinthe se prépare de plusieurs manières. Les uns mettent dans quarante-huit setiers , xxx de moût une livre d’absinthe et font cuire jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un tiers. D’autres mettent dans six setiers (il faut lire xxx. au lieu de xxx) une demi-livre d’absinthe, mélangent, versent dans un vase, laissent déposer, décantent, et conservent. D’autres mettent, dans la même quantité de moût, une mine, xxx, d’absinthe et laissent ainsi trois mois (le grec dit deux mois et ajoute quelques particularités). Il y en a qui prennent trois où quatre onces d’absinthe, de nard, de cinnamome, de cassia, de calamus aromaticus, de fleur de jonc odorant, de cofri, c’est-à-dire de régime de palmier, de chaque substance deux onces, qui triturent parfaitement le tout et le jettent dans un métrète, xxx, de moût, ce qui est la valeur de soixante-douze setiers, le sellier, xxx, étant une mesure de vin de la contenance de vingt onces, le laissent deux mois, puis, une fois déposé, décantent dans un vase pour conserver. Il en est qui prennent un métrète de moût, de mentadjoucha, xxx, c’est-à-dire de nard celtique, quatorze mithkals, ils lient dans un linge, laissent quarante jours et décantent. Quelques-uns prennent vingt setiers de moût et y jettent une livre d’absinthe avec deux onces de térébenthine sèche, et ils décantent au bout de dix jours. Le vin d’absinthe fortifie l’estomac et provoque les urines ; il est utile dans les affections du foie et des reins, dans l’ictère, les digestions lentes, l’affaiblissement de l’appétit, les douleurs d’estomac, les tiraillements aux hypocondres, les tuméfactions, les vers, la rétention des règles. Il est salutaire contre l’ingestion du poison appelé ixia, xxx. Pris à haute dose, il est sans action toxique.

L’absinthion de Dioscorides est l’Arthemisia absinthium des modernes. L’absinthe porte en arabe, d’autres noms qui rappellent la couleur glauque de ses feuilles : ainsi chaiba, xxx; chaibat el-’adjouz, xxx xxx «les cheveux gris de la vieille; » doqn ech-cheikh, xxx xxx «le menton du vieillard.» On lui donne, en Algérie, le nom d’arbre ou de plante de Marie, xxx xxx. Nous aurons occasion de revenir sur ses congénères. — Voici ce que nous trouvons relativement à la discussion entre Ahmed Ibn Abi Khaled, le même qu’Ibn el-Djezzâr, et Ibn Semdjoun, dans l’opuscule de Galien adressé à Glaucon : « Si vous apercevez les signes de la coction, alors vous pouvez, en toute confiance, administrer l’absinthe. » Edition de Lacuna, p. 467. Les paroles d’Ibn Abi Khaled sont probablement empruntées à un commentateur.