Zingiber zerumbet (Pharmacopées en Guyane)

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Zingiber officinale
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Alsophila imrayana


Zingiber zerumbet. Inflorescence de chichima



Zingiber zerumbet (L.) J. E. Smith

Synonymie

Amomum zerumbet L.

Noms vernaculaires

  • Créole : chichima [chichima], safra [1].
  • Wayãpi : yamalatay, moyu poã.
  • Palikur : isuu.

Écologie, morphologie

Plante herbacée peu commune et protégée près des habitations.

Collections de référence

Grenand 212, 503 ; Jacquemin 1771 ; Oldeman et Burgot 960 ; Prévost 1369, 3956.

Emplois

Pour son utilisation chez les Créoles, cf. supra Curcuma longa.

Chez les Wayãpi, cette espèce d’origine asiatique est totalement intégrée dans la culture et le souvenir de son introduction est gommé de la mémoire collective. Les racines, très similaires à celles du curcuma, sont avant tout considérées comme un charme protecteur contre les atteintes de l’anaconda (Eunectes murinus) dont la plante est une émanation. Pendant la danse de l’anaconda (moyu tule), la macération des racines écrasées est appliquée à l’aide d’une plume caudale d’ara rouge sur les danseurs, leurs clarinettes et le public. La décoction des racines est par ailleurs utilisée en bain contre les atteintes malveillantes (caractérisées par des convulsions) de l’anaconda (cf. Rhipsalis baccifera, Cactacées). L’utilisation de ce remède n’est pas contrôlée par les chamanes.

La racine grattée et préparée en décoction courte est utilisée, toujours par les Wayãpi, comme carminatif pour soigner les coliques. Pour l’utilisation chez les Palikur, cf. supra Zingiber officinale.

Étymologie

  • Wayãpi : yamalatay, à rapprocher de mangara taya, « gingembre » (Zingiber officinale), dans diverses langues tupi (BOUDIN, 1978) ; par ailleurs, pour les Wayãpi, il s’agit d’un taya possédé par l’anaconda (cf. Caladium bicolor, Aracées) ; moyu poã, de moyu, « anaconda » et poã, « remède », « remède [contre les maléfices] de l’anaconda ».

Chimie et pharmacologie

L’huile essentielle renferme de nombreux composés avec en majorité, selon DUNG et al. (1993), de la zérumbone (72,3 %) moins abondante cependant dans les parties aériennes. La zérumbone, qui est une cétone sesquiterpénique, possède des propriétés spasmolytiques et bactériostatiques. Des hétérosides acétylés du kaempférol ont été aussi identifiés (MASUDA et al., 1991 ; NAKATANI et al., 1991).

D’après HEGNAUER (2, 1963), l’huile essentielle du rhizome contient du camphène, du cinéol, du dipentène, du limonène, de l’humulène et de la zérumbone. KARRER (1, 1958 et supplément 2, 1981) ajoute à cette liste d’autres terpènes : le caryophyllénoxide et un carbure d’hydrogène, l’α-curcumène.


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  1. Cette espèce est confondue sous le même nom par les Créoles avec Curcuma longa L., sans doute parce qu’elles contiennent toutes deux un colorant jaune. D’autres Créoles la confondent avec Zingiber officinale, le feuillage des deux espèces étant très similaire.