Vitellaria paradoxa (Fruitiers du Cameroun)

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Baillonella toxisperma
Fruitiers Forestiers Comestibles du Cameroun
Capsicum frutescens
noix de karité (O. Eyog Matig)


Vitellaria paradoxa Gaertn.

C. F. Sitzb, Acad. Wiss. Wien t.2 (1864)

Synonymes

  • Bassia parkii G. Don
  • Butyrospermum paradoxum (Gaertn. f.) Hepper
  • Butyrospermum parkii (G. Don) Kotschy

Nom commun

  • Karité

Noms locaux

  • Arabe : oum kouroum
  • Bamoun : sap
  • Bangangté : kekombichop
  • Baya : kol
  • Foulfouldé : karehi
  • Guiziga : sougoum
  • Haoussa : kadanya
  • Kanouri : tosso
  • Koma : kelé
  • Mboum : soro
  • Moundeng : kire

Origine, distribution géographique et écologie

Espèce caractéristique du domaine soudanien d’Afrique, dans les savanes boisées et les forêts claires, particulièrement résistante aux feux de brousse. Sa vaste aire de distribution s’étend, du Sénégal au Nil, et au sud jusqu’en Ouganda. Au Cameroun, elle se rencontre dans les steppes sahélosoudaniennes (aux environs de la ligne Maroua - Mokolo) jusqu’aux savanes périforestières (limite aux environs de Bafia). Elle est également assez abondante dans les savanes d’altitude de l’Ouest du pays jusqu’à 1600 m d’altitude où elle a été sans doute plantée et protégée.

Description

  • Arbre de 10-15 m de hauteur ; cime très développée ; fût court atteignant 200 cm de diamètre ; écorce gris foncé à noirâtre, profondément crevassée, découpée en écailles rectangulaires, tranche rouge exsudant un latex blanc.
  • Feuilles groupées à l’extrémité d’épais rameaux, alternes, simples ; limbes oblongs, sommets arrondis ou émarginés à bords ondulés, coriaces, atteignant 25 x 12 cm, caduques ; jeunes feuilles rouges.
  • Inflorescences en ombelles denses de 30-40 fleurs à l’extrémité des rameaux défeuillés.
  • Fleurs blanchâtres, très odorantes ; hermaphrodites, tétramères ; calice campanulé à 8 lobes en deux verticilles de 4 sépales chacun ; corolle à 8 lobes imbriqués ; 8 étamines soudées à la base ; ovaire à 5-8 loges.
  • Fruits : baies subglobuleuses ou allongées d’environ 5 x 5 cm, surmontées des lobes persistantes du calice, jaunâtres ; pulpe charnue à latex blanc.
  • Graine unique de forme variable, atteignant 4,5 cm de longueur, brune, luisante, marquée d’une cicatrice sur toute la hauteur ; amande blanchâtre.


Feuilles caduques en saison sèche. Floraison en saison sèche sur des branches défeuillées de décembre à début août. Fruits à maturité entre mai et août et récolte de juin à septembre.

Variabilité et conservation de la ressource

La population naturelle est très souvent affectée par les feux de brousse en savanes arbustives et en savanes périforestières. Le ramassage intense des fruits limite considérablement la dispersion et la régénération de cette espèce.

Vittelaria paradoxa fait partie de la famille des Sapotacées qui regroupe plusieurs espèces dont les plus connues sont Baillonella toxisperma, Tieghemella africana, Aningeria altissima etc. Cependant, c’est la seule espèce de Sapotacées des sols secs sous climat soudanien.

Les recherches conduites en Afrique de l’Ouest ont permis de présumer des variations morphologiques en fonction des gradients géographiques, qui pourraient être héréditaires.

Agronomie

L’espèce affectionne les sols argilo-sableux secs. Les graines, 150 à 300 par kilogramme, sont disponibles de septembre à octobre. La germination est facile mais la croissance des plants est très lente. C'est pour cela qu’il faut parfois attendre 1 à 2 ans avant de passer de la pépinière à la plantation en champ.

Le karité n’apparaît qu’à une assez grande distance des côtes (100 à 200 Km). Il est surtout adapté au climat soudanien : pluviométrie moyenne annuelle de 500 à 1 000 mm avec 5 à 8 mois secs. Il est abondant sur les sols argilo-siliceux ou silico-argileux profonds et sur les latérites détritiques. Il craint exclusivement les terrains sablonneux ou argileux, les bas-fonds humides et les terrains régulièrement inondés.

La multiplication se fait par graines ; celles-ci sont mises en terre peu de temps après la récolte, la cicatrice tournée vers le bas. La germination est rapide, mais la croissance du plant est très lente (10 ans au moins pour entrer en production). La première fructification a lieu vers l’âge de 15 ans. La production optimale se situe entre 30 et 50 ans. L’arbre peut vivre pendant plus de 2 siècles. Les semences se conservent très difficilement et se classent parmi les semences intermédiaires. Elles perdent leur faculté germinative 2 à 6 mois après la chute des fruits. Pour cette raison, elles ne doivent pas être séchées, mais semées le plus rapidement possible. Lorsque les semences fraîches sont utilisées, le taux de germination est de 90-97 %. Les semences peuvent être semées directement au champ ou dans une pépinière. La planche de semis est composée d’un mélange de compost et de sable. Les graines sont semées à 1-5 cm de profondeur avec un espacement de 20 cm x 15 cm. L’allogamie semble être le mode privilégié de fécondation chez le karité.

Le jeune plant supporte assez mal la transplantation, il est donc préférable de semer directement sur place ou dans de grands pots. Malgré tout, des efforts sont faits pour produire le karité en pépinière. Le taux de germination reste néanmoins faible (moins de 50 %). En plantation, le karité exige des écarts entre les plants supérieurs à 20 m. Les récents travaux conduits au CNRST et au CNSF du Burkina sont prometteurs pour la multiplication végétative par greffage de l’espèce. Au Mali, le greffage par placage simple semble donner des résultats satisfaisants (69 % de réussite) par rapport au greffage par placage à double fente (64 %) et au greffage en tête de rameau (33 %). Le marcottage a été essayé avec un certain succès, amélioré par l’utilisation des hormones de croissance.

Le paillage et le désherbage favorisent une bonne croissance des plants. La régénération naturelle du karité est favorisée par une jachère d’au moins 5 ans. Dans les zones de production, on trouve le karité en association avec des cultures annuelles telles que le sorgho, le mil, l’arachide, le cotonnier, le manioc, l’igname et les légumes. La taille, le désherbage, l’apport d’engrais organiques ou chimiques et l’évacuation des arbres morts ou attaqués peuvent augmenter la productivité de façon notable.

Le temps d’entrée en production de Vittelaria paradoxa (10 ans au moins) constitue l’une des principales contraintes. Cette espèce est également l’hôte préféré de nombreuses plantes parasites parmi lesquelles, les espèces du genre Ficus et Tapinanthus lauranthus qui peuvent réduire la productivité ou entraîner la mort du plant hôte (Boussim, 2000). Les chenilles de Cirina butyrospermi et de Anacridiam moestum var. melanorhodon causent la défoliation, entraînant une importante baisse de rendement de l’arbre. D’autres espèces peuvent attaquer le fruit mûr ou se loger dans l’amande. Les criquets migrateurs quant à eux peuvent empêcher la production sur de grandes surfaces. Deux champignons peuvent provoquer d’importants dégâts sur les plants de karité ; il s’agit de Pestalotia heterospora qui est à l’origine des taches foliaires et de Fusicladium butyrospermi qui donne des plaques foncées sur les branches. Au Ghana, Botryodiplodia spp. provoque également des taches sur feuilles. Le maximum de fructification est donné par les arbres dont l’âge varie entre 50 et 100 ans. La production est très variable, elle se situe entre 20 et 200 kg par arbre, soit un maximum de 8 000 fruits.

Utilisations

Vitellaria paradoxa est généralement protégé et vénéré en raison de la valeur économique de la graisse extraite des amandes fermentées. Les parties de la plante habituellement utilisées sont : les fruits, les graines, la graisse, les feuilles, les racines, l’écorce et le bois.

La pulpe et les graines sont les parties les plus utilisées du fruit. Les fruits et les tourteaux servent aussi d’aliment pour le bétail.

Fraîche, réduite en pâte ou en farine, la pulpe permet d’obtenir un liquide crémeux et rafraîchissant. Les graines oléagineuses sont utilisées pour fabriquer le beurre de karité qui est un mélange de latex et de graisse. Ce beurre est utilisé dans l’alimentation locale pour la confection de sauces et pour les fritures. La pulpe est également utilisée en pâtisserie. Les feuilles fraîches sont utilisées pour emballer des aliments.

Les racines, les feuilles et l’écorce ont des vertus médicinales. Les racines réduites en poudre sont utilisées contre le cancer du foie, les douleurs stomacales (gastrites), la stérilité féminine et l’ascite. Les feuilles tendres macérées à froid ou en décoction soignent l’ictère, soulagent des nausées, de la constipation, des diarrhées et des ballonnements de ventre. L’écorce est purgative et émétique. Utilisée superficiellement ou en décoction, elle est utilisée à des fins médico-magiques et entre dans le traitement de la folie, les fièvres, la constipation, la bilharziose, la dysenterie amibienne, la toux etc. La cendre des feuilles tue les poux (Malgras, 1992 ; Arbonnier, 2000). Dans les savanes maliennes, le jus des amandes est réputé être un antivenimeux et soigne les diarrhées sanguinolentes (Malgras, 1992). Les graines de Vitellaria paradoxa sont aussi antivenimeuses. En raison de ses propriétés émollientes et cicatrisantes, le beurre de karité est fréquemment utilisé dans l’industrie cosmétique et en pharmacie pour la fabrication des pommades, des savons, des rouges à lèvre et des cataplasmes.

Vitellaria paradoxa donne un bois d’oeuvre résistant aux termites, mais difficile à travailler. Il est utilisé comme matériau de construction et en menuiserie. C’est un combustible d’excellente qualité de même que son charbon. Les tourteaux des graines sont utilisés dans les savanes maliennes pour le crépissage des murs de case, comme répulsif contre les termites (Arbonnier, 2000).

Niveaux de production

Au Cameroun, l’huile de Vitellaria paradoxa est vendue dans les marchés locaux entre 1 500 et 2 500 F CFA le litre (Walter, 2001). Cette huile est disponible dans les marchés centrafricains de mars à juin, en provenance du Nord du pays (Walter, 2001). Au Burkina Faso, Vitellaria paradoxa est commercialisé dans les marchés entre février et août sous forme de pâte ou d’amandes. Un kilogramme d’amandes coûte 35 F CFA alors que la pâte est vendue à 285 F CFA le kilogramme (Guinko et Pasgo, 1992).