Verveine (Cazin 1868)

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Véronique
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Vigne


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Verveine

Nom accepté : Verbena officinalis

VERVEINE. Verbena officinalis. L.

Verbena communis, flore cœruleo. C. Bauh., Tourn. — Herba sacra. Anguill. — Verbena. Offic. — Verbena mas seu recta, et vulgaris. Park. — Verbena communis. Ger.

Verveine commune, — herbe sacrée, — herbe de sang, — herbe du foie.

VERBÉNACÉES. — VERBÉNÉES. Fam. nat. — DIANDRIE MONOGYNIE. L.


La verveine est très-commune sur le bord des chemins, des haies, dans les lieux incultes. L'étymologie du mot verveine, composé des mots latins herba Veneris, rappelle les propriétés que les anciens attribuaient à cette plante ; ils la croyaient propre à rallumer un amour près de s'éteindre. C'était avec elle que les prêtres nettoyaient les autels pour les sacrifices, d'où vient le nom d'herbe sacrée (herba sacra). Les druides la faisaient entrer dans l'eau lustrale, et s'en servaient pour prédire l'avenir..

Description. — Racine fibrée, oblongue, blanchâtre. — Tiges dressées, tétragones, striées, légèrement purpurines, cannelées, simples ou munies vers leur sommet de quelques rameaux opposés. — Feuilles pétiolées, opposées, ovales, oblongues, ou vert sombre, profondément découpées en lobes inégaux, le terminal beaucoup plus grand. — Fleurs petites, sessiles, d'un blanc violacé, disposées en épis longs et filiformes, accompagnées de bractées courtes et aiguës (juin-juillet-août). — Calice pubescent à cinq dents. — Corolle courbée, infundibuliforme, à cinq lobes arrondis ; Quatre étamines didynames. — Un style. — Un stigmate obtus. — Fruit : quatre akènes oblongs recouverts d'un tissu utriculaire un peu charnu.

Parties usitées. — Les feuilles et les sommités.

Récolte. — Il faut cueillir la verveine avant la floraison, choisir les tiges bien garnies de feuilles, et, afin que celles-ci restent vertes, les sécher promptement.


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[Culture. — La verveine officinale est très-commune. On ne la cultive que dans les jardins botaniques. On la propage de graines.]

Propriétés physiques et chimiques. — Cette plante n'a aucun arôme ; elle est seulement un peu amère. Elle contient un principe amer et un peu de tannin colorant en gris verdâtre les sels de fer.

On a vanté la verveine comme antispasmodique, diaphorétique, résolutive, astringente, vulnéraire, etc. Autrefois, cette plante guérissait les fièvres intermittentes, l'hydropisie, l'ictère, la pierre, la chlorose, les coliques, les maux de gorge quelconques, les vapeurs, les ulcères, l'ophthalmie, la pleurésie, la céphalalgie ; elle augmentait le lait des nourrices, et sa décoction prévenait l'avortement quand on y avait fait bouillir des écrevisses. Wadel, Riedelin, Tournefort, Boerhaave, Linné, Haller et Chomel ont parlé de la propriété fébrifuge de la verveine. Mottet[1] dit que c'est un remède populaire à Limoges et dans les environs contre les fièvres intermittentes, et que sa décoction, administrée soit en tisane, soit en lavement, lui a réussi dans les fièvres automnales. Il est d'autant plus à regretter que Mottet n'ait point donné quelques faits à l'appui de cette assertion, que les vertus attribuées à la verveine ne reposent, de l'aveu des médecins de nos campagnes, que sur des faits douteux, de fausses observations ou des préjugés.

(En Allemagne, on en prépare un extrait employé comme adjuvant des préparations de quinquina. C'est cet extrait, à la dose de 2 gr. ou une décoction de 15 gr. de feuilles dans 60 gr. d'eau, qu'à l'exemple de Rivière, Gavini a de nouveau préconisé contre les migraines liées à la dysménorrhée, et même dans les migraines-idiopathiques[2]. Cet observateur ayant cru remarquer que la verveine agissait moins sur l'accès que sur la périodicité, en recommande l'administration dans l'intervalle des paroxysmes.)

A l'extérieur, on a employé cette plante dans la pleurodynie, les rhumatismes, les douleurs nerveuses, etc. On en fait surtout usage contre la céphalalgie et la pleurodynie. Forestus, Plater, Dehaen, Vicat, et beaucoup d'autres médecins l'appliquaient sur la tête dans les céphalalgies rebelles. Itard[3] s'est servi, dans la névralgie de l'oreille, d'un cataplasme préparé avec les tiges de verveine écrasées, cuites dans du lait, et liées au moyen de la farine de graine de lin. Dubois, de Tournai[4], s'est bien trouvé, dans quatre cas de douleurs rhumatismales ou névralgiques de la tête, de cataplasmes préparés avec les feuilles de verveine cuites dans du vinaigre et écrasées. L'excitation causée par le véhicule n'a-t-elle pas été aussi pour quelque chose dans les résultats obtenus ? Quoi qu'il en soit, on peut essayer ce topique, puisqu'il a procuré du soulagement. Dans nos villages, on y a la plus grande confiance contre les points pleurétiques. Le suc rougeâtre de la plante, qui teint le linge, est pris pour du sang attiré par la force du médicament, et considéré comme la preuve du succès. « On trouve chez les apothicaires, dit Lieutaud[5], une eau distillée de verveine, que l'on vante beaucoup pour la guérison des fluxions, des inflammations et des ulcères de l'œil, mais qui paraît avoir perdu aujourd'hui de sa réputation. »

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  1. Journal de la section de médecine pratique de Montpellier, décembre 1847.
  2. Giornale medico di Roma, octobre 1865, cité par le Bulletin de thérapeutique, 15 décembre 1866.
  3. Roche et Sanson, Pathologie médico-chirurgicale, 4e édit., t. II, p. 186.
  4. Ouvrage cité, p. 412.
  5. Matière médicale, t. II, p. 191.


Verveine citronnée

Nom accepté : Aloysia citrodora


VERVEINE A TROIS FEUILLES. — ALOYSE CITRONÉE ou CITRONELLE. — VERVEINE ODORANTE. (Verbena triphylla. Lhérit. ; aloysia citriodora. Ortega ; zapamia citriodora, Lam.) — Joli arbuste, originaire du Chili, naturalisé en Italie où il vient en pleine terre, cultivé en France.


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Description. — Racine rameuse, ligneuse. — Tige de 1 mètre 1/2 à 2 mètres de haut, droite, rameuse, rameaux diffus, verticillés, ternés ou quaternés, étalés, rudes ; jeunes tiges hexagones. — Feuilles ordinairement ternées, lancéolées, pointues rudes, glabres, entières ou légèrement dentées, nerveuses, d'un vert gai en dessus, plus pâles à leur face inférieure. — Fleurs petites, nombreuses, d'un violet tendre, disposées en panicules terminales par de petites grappes opposées trois à trois ou axillaires. — Corolle à cinq lobes courts, obtus et égaux (juillet-août). — Calice à quatre divisions ouvertes et arrondies.

Parties usitées. — Feuilles et sommités.

Culture, récolte. — On cultive l'aloyse en pleine terre, avec la précaution de l'abriter des vents du nord et de la couvrir pendant les gelées. On la multiplie de semences, de drageons et de boutures, il lui faut une bonne terre et de fréquents arrosements en été. On la récolte pendant toute la belle saison, mais de préférence au moment de la floraison.

Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. — Toute la plante est douée d'une odeur pénétrante, diffusible, analogue à celle de citron, et qui se développe surtout par le froissement. Sa saveur est amère, un peu piquante et aromatique. Elle n'a point encore été analysée. — Ruffo[1] a proposé ses feuilles en guise de thé, pour préparer le punch, comme aromate pour les crèmes, etc.

La verveine citronelle est excitante, stomachique, antispasmodique. Elle convient dans les flatuosités, l'indigestion, la dyspepsie, la gastralgie, les névroses, etc. Elle agit à la manière de la menthe, de la mélisse, des feuilles d'oranger, des fleurs de tilleul, etc. On l'administre en infusion théiforme (5 à 10 gr. pour 500 gr. d'eau). Cette infusion est très-agréable ; sucrée et blanchie avec du lait, elle peut remplacer le thé. Elle excite légèrement l'estomac et favorise les fonctions de la peau.

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  1. Mérat et Delens, Dictionnaire de matière médicale et de thérapeutique, t. VI, p. 866.