Tambol (Ibn al-Baytar)
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Nom accepté : [[]]
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C’est ce que l’on appelle vulgairement tenbol tinbul.
- ABOU-HANIFA. C’est une plante grimpante qui pousse à l’instar du haricot et s’élève sur les arbres ou les supports qu’on lui donne. On la sème dans les pays arabes aux environs d’Oman. La saveur de sa feuille est celle du girolle, son odeur est agréable. Les gens du pays mâchent la feuille, ce qui est bon à la bouche.
- EL-MASS’OUDY. La Feuille du tamboul ressemble à une petite feuille de citron; elle est aromatique. Mâchée, elle parfume l’haleine et en détruit les mauvaises odeurs. Elle excite l’appétit, fait couler la salive et rougit la langue. Elle rafraîchit l’haleine et son odeur fortifie le corps.
- EL-GHAFEKY. Le bétel est astringent et dessiccatif. En conséquence, il est utile contre les hémorragies et les amygdalites; il cicatrise les plaies et en étanche le sang.
- BADIGHORAS. Il a la propriété de fortifier la bouche.
- MASSERDJOUIH. Il a de l’âcreté. Les Indiens le mâchent et il fortifie les dents, les gencives et l’estomac.
- Le Cherif. Le tambil est chaud au premier degré et sec au troisième. Il dessèche les humidités de l’estomac, fortifie le foie affaibli et les gencives camūr. La feuille, mangée ou prise avec de l’eau, parfume l’haleine, chasse les soucis, éveille l’intelligence. Les Indiens l’emploient en guise de vin après leur repas, ce qui leur égaye l’esprit et chasse leurs soucis. Telle est leur manière de le prendre : Si quelqu’un veut en manger, il en prend une feuille et en même temps une drachme de chaux. Si l’on n’ajoute pas la chaux, il n’a pas bon goût et l’esprit n’est pas excité. Celui qui en use est joyeux, il a l’haleine parfumée, un sommeil parfait, en vertu de son aromaticité, du plaisir qu’il procure et de son odeur modérée. Le bétel remplace le vin pour les Indiens, chez lesquels il est très répandu.
- Razès. On peut le remplacer par le clou de girofle sec.
- L’AUTEUR. On nous apporte peu de bétel du pays où il croit, par la raison que la feuille une fois desséchée s’en va en poussière par défaut d’humidité. On peut conserver celui que l’on apporte dans l’Yémen et ailleurs, si on l’a cueilli sur l’arbre, puis conservé dans du miel. C’est une erreur de croire que le bétel est cette feuille que l’on trouve aujourd’hui chez nous, qui a la forme et l’odeur du laurier, qui est connue à Bassora par les marchands d’aromates sous le nom de feuille de komary, et qui vient du pays de ce nom, à ce que l’on m’a appris. Il y a des médecins de nos jours qui prétendent que cette feuille est la feuille du malabathrum et qui l’emploient comme telle, mais c’est une erreur.
Le bétel est produit par un végétal du genre Piper, dit Piper belel ou betle. Garcias ab Horto, qui nous a donné de bonne heure d’excellents renseignements sur le bétel, écrit betre, cap. xvIII. Quant au mot arabe, Garcias dit qu’il faut écrire tambul plutôt que tembul. La première manière se lit dans Mass’oudi, tānbūl tout comme chez Ibn el-Beïthâr, et la seconde chez Avicenne et chez Ibn-Batouta, tinbūl. Puisque nous avons cité Mass’oudi, nous relèverons une erreur de cet historien et une autre des traducteurs français, t. II, p. 84. Ce n’est pas à la feuille du basilic, mais à celle du citronnier que la feuille du bétel est comparée: il faut donc lire al-āṯruǧ au lieu de al-rīḥān. Cette comparaison, du reste, se lit aussi chez Avicenne et chez Dawoud el-Antaki. On lit dans Mass’oudi que les pharmaciens L’emploient contre les tumeurs. Les traducteurs français ont mal lu le mot ṣīādāt et l’ont écrit ṣīādāh, ce qui fait qu’ils ont traduit les chasseurs au lieu des pharmaciens. On peut lire, sur le mot ṣīādāt, une note de M. de Sacy dans son Abdul-latif, p. 94. Garcias parle aussi de la confusion avec le Malabathrum, confusion qu’il lit lui-même de prime abord. L’emploi du bétel avec la noix d’arec et la chaux, comme masticatoire, est un l’ait connu de tout le monde.