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Alleluia (Cazin 1868)

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[50]

ALLELUIA. Oxalis acetosella. L.

Oscys flore albo- T. — Trifolium acetosum vulgare. BAUH.
\Oxytriphyllum. TRAG. — Panis cucult. OFF.

.Surelle, — oxalide, — pain de coucou, — oseille de bûcheron, — oseille de Pâques,
— trèfle aigre, — oseille à trois feuilles.

OXALIDACÉES. Fam. nat. — DÉCANDRIE PENTAGYNIE. L.

Cette plante vivace (PI. III), commune dans presque tous les pays de l'Eu-

(;0 Journal des connaissances médico-chirurgicales, 1851.

[51]

rope, croît abondamment dans les bois, au pied des arbres, dans les lieux
ombragés, le long des haies.

Description.— Racine : fibres qui partent de renflements d'une tige souterraine
rampante.— Feuilles nées d' l'extrémité de la souche par cinq ou six, longuement
pétiolées et formant gazon, trifoliées, folioles obcordées, pubescentes surtout en dessous,
où leur couleur est blanchâtre. — Fleurs blanches, solitaires sur des hampes droites et
un peu moins longues que les pétioles (mars et avril). — Calice campanule, pentifide.
— Corolle trois fois plus grande, campaniforme, à cinq pétales obovales offrant trois
appendices à leur base ; dix étamines, dont cinq longues et cinq courtes, hypogynes et
réunies par la base de leurs filets. — Ovaire surmonté de cinq styles divergents. —
Capsules à cinq loges polyspermes.

Itécolte.— Elle se fait au moment de la floraison, vers le temps de Pâques, d'où
lui vient le nom à'Alléluia. La plante perd une partie de sa sawur acide par la dessic-
cation ; mais on peut se la procurer pendant toute la belle saison et l'employer à
l'état frais.

Parties usitées. — Toute la plante.

[Culture. — Elle n'est cultivée que dans les jardins de botanique ; on la sème au
printemps en planches ou en bordures ; elle aime l'ombre.]

Propriétés physiques et chimiques. — Inodore, d'une saveur acide
fort agréable, cette plante renferme beaucoup d'eau, du mucilage et une grande quan-
tié d'oxal.te de potasse. C'est surtout en Suisse, où elle est très-commune, que l'oxa-
lite sert, concurremment avec les rumex acetoa et acelosella, à l'extraction du sel
d'oseille (bioxalate de potasse, oxalate acide de potasse, bi, quadri ou suroxalate de
potasse, oxalium, sel à détacher), très-usité pour enlever les taches d'encre, dans l'art
tinctorial pour aviver la couleur du carthame, et dans quelques fabriques de toiles:
peintes. Le sel d'oseille est blanc, eu petits cristaux aigus, piquants, opaques, plus-
acides que ceux de la crème de tartre auxquels ils ressemblent, inaltérables à l'air,,
peu solubles dans l'eau.

Substance* incomp'Uib'es. — Les sels de chaux qui, mêlés au sel d'oseille, forment
de suite un oxalate insoluble.

L'acide oxalique s'obtient en décomposant l'oxalate de potasse par l'acétate de plomb;
on traite le précipité par l'acide hydrosulfurique, et on fait cristalliser la liqueur. Mais
celui du commerce est obtenu par la réaction de l'acide azotique sur le sucre ou.
l'amidon.]

PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A L'INTÉRIEUR. — Décoction, 30 gr. ou une
poignée dans 500 gr. d'eau ou de petit
lait

Suc exprimé, de 30 à 60 gr.

Sirop, de 30 à 60 gr. dans une potion.

Conserve, de 2 à 8 gr.

Plante fraîche, mangée en salade, dans les-

bouillons.
Oxalale de potasse, 1 à 2 gr. dans 500 gr.

d'eau, avec Q. S. de sucre pour limonade..
[L'oxalate de potasse entre dans les pastilles

contre la soif.

L'alleluia est rafraîchissante, tempérante, antiputride, antiscorbutique,
diurétique. Elle convient dans les affections bilieuses, inflammatoires, pu-
trides, les embarras gastriques. Johan Frank (1), qui s'en est servi avec
succès dans le traitement d'une épidémie de fièvres malignes pétechiales,
lui donne les plus grands éloges. Dans ma pratique, je fais avec l'alleluia
une limonade des plus agréables; elle remplace celle que l'on compose
avec le citron, que l'on n'a pas toujours sous la main et que le pauvre ne
peut se procurer. Cette limonade apaise la soif et l'ardeur fébrile, favorise
la sécrétion des urines et lâche quelquefois le ventre. J'ai remarqué qu'elle
aide à l'action des purgatifs. L'hiver, je me sers de la limonade d'oxalate
de potasse.

\ Le scorbut est une des maladies où l'oxalide. a été le plus employé. Les
éqùîp; ges du capitaine Baudin ayant trouvé cette plante en abondance au
Port Vestern, et en ayant usé copieusement, virent disparaître les traces du
scorbut dont ils étaient atteints (2).

(1) tlerba alléluia, botanice considéra la, etc., Ulmae, 1709.

(2) Annules dû Muséum, t. XVII,. p. 9/|. .. . . ........

[52]

Chamberet (1) observe avec raison que cette plante, quoique recommandée
dans les maladies inflammatoires des voies urinaires, peut être nuisible à
certains calculeux, à cause de l'oxalate de potasse qu'elle contient.
} A l'extérieur, elle est maturative comme l'oseille commune. Je l'ai quel-
quefois appliquée sur les tumeurs scrofuleuses et des abcès froids, pour les
résoudre ou en hâter la suppuration; mais j'ai employé dans ces cas, avec
plus d'avantage, la petite oseille sauvage, conseillée jar Pinel. Elle est plus
active, et se trouve partout dans les pâturages et le long des haies.

L'OXALATE DE POTASSE et L'ACIDE .OXALIQUE pris à haute dose produisent l'em-
poisonnement. L'action corrosive de l'acide oxalique a été constatée en
Angleterre, où, pendant longtemps, on s'en est servi pour faire des limona-
des. Royston rapporte l'observation d'une femme qui mourut au bout de
quarante minutes après avoir pris 15 gr. d'acide oxalique pour du sulfate de
magnésie. Thomson publia ensuite l'histoire d'un semblable empoisonne-
ment. Dès lors, on ne douta plus que cet acide ne fût un poison, et cette
opinion fut encore confirmée par les observations et les expériences de
Percy, Orfila, Christison, Coindet et Dupuy. La quantité d'acide oxalique
qui a produit les empoisonnements variait depuis 12 gr. jusqu'à 60 gr., et
avait été ordinairement prise à jeun. Sur onze cas, deux individus seuls ont
été sauvés, trois survécurent une heure à l'ingestion de l'acide, les autres
moururent en beaucoup moins de temps. Une personne qui avait avalé 24 gr.
de cet acide périt au bout de quinze minutes ; une autre vécut à peine dix
minutes après avoir pris ce poison ; ainsi, la rapidité de l'empoisonnement
est toujours en rapport avec la dose d'acide et le temps qu'il séjourne dans
l'estomac.

Les symptômes de cet empoisonnement sont les suivants : quelquefois
douleur brûlante à la gorge, mais toujours à l'estomac, ordinairement suivie
de vomissements violents qui continuent jusqu'aux approches de la mort;
quelquefois vomissements faibles ou nuls ; matières vomies, pour l'ordinaire,
d'une couleur foncée ou sanguinolentes; pouls devenant imperceptible et
restant tel pendant plusieurs heures; froid glacial, sueur gluante ; doigts
et ongles livides. Quelquefois engourdissenvnt et sentiment de fourmille-
ment aux extrémités longtemps après la disparition des symptômes vio-
lents ; d'autres fois, insensibilité quelque temps avant la mort, ou agitation,
convulsions ; mort, en général, en moins d'une heure et quelquefois en peu
de minutes.

Les expérimentations de Christison et de Coindet ont porté ces médecins à
conclure : 1° que l'acide oxalique très-concentré, introduit à haute dose dans
l'estomac, irrite ou corrode cet organe, et détermine la mort par l'affection
sympathique du système nerveux ; — 2° que lorsqu'il est étendu d'eau, il
est absorbé et porte son influence sur les organes éloignés ; il n'agit ni en
irritant l'estomac, ni sympathiquement; toutes choses égales, d'ailleurs,
son action est plus rapide lorsqu'il est étendu d'eau que lorsqu'il est con-
centré ; — 3° qu'on ne peut le retrouver dans aucun des liquides de l'animal,
quoiqu'il soit absorbé, probablement parce qu'il est décomposé en passant
par les poumons, et que ses éléments se combinent avec le sang ; — 4° qu'il
agit directement comme sédatif, en portant d'abord son influence sur la
moelle épinière et le cerveau, ensuite, et secondairement, sur les poumons
et le coeur. Enfin, la cause immédiate de la mort est quelquefois une para-
lysie du casur, d'autrefois une asphyxie, ou enfin ces deux affections réunies.
[Les accidents nerveux, suivant Réveil, sont comparables à ceux que déter-
mine la strychnine.]

L'effet des vomitifs n'est point assez prompt contre cet empoisonnement.
Les boissons aqueuses nuisent en facilitant l'absorption, à moins qu'on ne

(ty Dictionnaire des sciences médicales, t. XXXIX, p. 55.

[53]

fasse vomir promptement le malade par des moyens mécaniques. On peut
neutraliser le poison dans l'estomac avec le carbonate de chaux ou la magné-
sie calcinée, qui forment tous deux avec lui des sels insolubles. L'action
toxique peut être diminuée par ces combinaisons ; mais, suivant Christison
et Coindet, elle n'est jamais entièrement changée ou détruite. On combat
les symptômes inflammatoires secondaires par les antipblogistiques.

[Dans les cas d'empoisonnement par l'acide oxalique, il faut toujours re-
chercher à isoler l'acide libre ; on se sert pour cela d'alcool bouillant qui le
dissout parfaitement et qui est sans action sur les oxalates et les autres sels.]

L'OXALATE DE POTASSE (sel d'oseille) avait déjà été signalé par Welti comme
pouvant être employé efficacement dans la métro-péritonite puerpérale,
lorsque Von Brenner (1) publia deux observations dans lesquelles l'emploi
de ce sel neutre fut suivi d'un succès remarquable.

Le même médicament a été prescrit par l'auteur, avec non. moins d'effi-
cacité, dans des cas de métrite et de péritonite simples, dans l'inflammation
des ovaires, ainsi que dans les menstruations difficiles.

L'ACIDE OXALIQUE, provenant de l'oxalide, dit Nardo (in Merat et Delens), a
des propriétés plus antiphlogistiques qu'aucun autre acide végétal ; il con-
vient, suivant ce médecin, dans les douleurs qui accompagnent les affections
inflammatoires, notamment dans celles de l'angine, de la gastrite, de la sto-
matite ; son usage pourrait même rendre les saignées moins nécessaires.

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