Par conséquent on peut concevoir brièvement comme suit la division du travail, ''le ramassage par la femme et la chasse par l'homme''. En même temps, on abordera la question de savoir si, déjà aux temps préhistoriques, l'acquisition de la nourriture avait lieu de la même façon qu'aujourd'hui, par exemple chez les Australiens.
La tendance actuelle est d'assimiler l'état des populations primitives ''actuelles'' dont toute l'alimentation repose sur le simple ''ramassage'' des productions naturelles à ce qui pouvait se passer aux temps préhistoriques. Cette assimilation est peu justifiée, car le bâton à fouiller des Australiens et leur sac à récolte sont déjà les aboutissants d'une longue évolution. Il est vrai que le niveau de leur culture intellectuelle reste très bas et que toute leur activité se réduit à observer et à bien connaître les plantes ou les animaux auxquels ils ont affaire. Il ne faut presque rien de plus pour la sorte d'activité que constitue le ramassage. Ce sont des capacités qui, comme nous l'avons vu, sont déjà manifestes dans la lutte pour l'existence chez les animaux élevés en organisation<font color=#901040>[im Lebenskampf höher organisierter Tiere in Betracht kommen = dans la lutte pour la vie chez les animaux supérieurs organisés]</font>, mais qui, chez ces derniers, sont restées des dispositions naturelles. Il en est tout autrement en ce qui concerne la chasse, dont on a voulu faire une forme de l'activité alimentaire primitive reposant sur une base principalement instinctive. Dans l'exercice de la chasse se manifestent les méthodes déjà très évoluées de la chasse à la course, de l'art de surprendre l'animal, de le leurrer pour l'attirer. Il y a aussi les pièges, le poison, toutes sortes d'armes, autant de façons d'agir qui dépassent de beaucoup les simples réactions instinctives. Si on compare la pratique de la chasse à celle du ramassage, on constate que la chasse est toute pénétrée d'éléments qui supposent une civilisation.
Pour que les procédés de la chasse soient transmis d'une génération à la suivante, il faut qu'elle soit l'objet d'une espèce d'enseignement. On a donc dit avec raison que les traditions relatives aux méthodes de chasse sont déjà du domaine de l'économie sociale parce que, dans la chasse, se réalise déjà un état d'organisation supposant une certaine largeur de vue, l'existence de plans d'en-