La belladone en topique convient également aux crevasses hémorrhoïdales.
'''Hernies étranglées'''. — L’emploi de la belladone pour favoriser la rentrée des hernies étranglées remonte au commencement de ce siècle. On lit dans le ''Journal de Hufeland'' (1803) qu’un individu ayant une hernie étranglée, en fut guéri au moyen d’un lavement préparé avec la belladone qu’on avait prise par mégarde pour du tabac. — En 1804, van Looth (1)<ref>Kluyskens, ''Annales de littérature médicale étrangère'', t. III, p. 192.</ref> fit rentrer une hernie étranglée, dans l’espace d'une heure, au moyen d'un lavement préparé avec 15 gr. de feuilles de belladone en infusion dans 300 gr. d'eau, et que probablement le malade aura immédiatement rendu en grande partie, cette forte dose n’ayant pas produit l’intoxication. — En 1810, Koehler (2)<ref>''Hufeland’s Journal'', juillet 1810.</ref> traita avec un succès étonnant les étranglements herniaires à l'aide d'applications abondantes de pommade de belladone et de lavements avec l'infusion de la même plante. — Plus tard, Kruger (3)<ref>''Rust’s Magazin'', 1821.</ref> réduisait facilement les hernies étranglées en donnant de trois en trois heures des lavements préparés avec 10 centigr. de tabac et 50 centigr. de belladone en décoction. Il faisait appliquer en même temps sur le ventre des cataplasmes composés de feuilles de belladone, de tabac et de ''ledum palustre'', et, sur la tumeur herniaire, une vessie remplie d’eau froide et de sel. De plus, il administrait, à l’intérieur, de deux en deux heures, une poudre composée de 5 centigr. de belladone, de 10 centigr. de calomel et de 50 centigr. de sucre. — Magliari(4)<ref>''Observ. med. di Napoli'', 1828.</ref>, Giacomini, Dupougat (5)<ref>''Revue médicale'', t. IV.</ref>, Meola (6)<ref>''Observations médicales'', janvier 1830.</ref>, Gouvion et beaucoup d’autres médecins ont employé, avec le plus grand succès, les frictions de pommade de belladone sur la partie malade. — Poma (7)<ref>''Gazette médicale de Milan''.</ref>, qui a fourni dix observations qui attestent l’efficacité de la belladone contre l’étranglement des hernies abdominales, conseille l’emploi de l'extrait non associé à l'axonge. J'ai deux fois rendu facile la réduction d’une hernie inguinale étranglée par l'application du suc de belladone mêlé avec autant d’eau chaude, ou employé pur en frictions. L'effet est plus prompt qu'en usant de la pommade composée avec cette plante. L’extrait simplement appliqué en emplâtre ou sur de l’ouate m'a suffi dans un cas pour faire rentrer une hernie en trois heures.
Schneider (8)<ref>''Journal de Hufeland'', 1832, p. 66.</ref> a réussi au moyen de lavements préparés avec 2 gr. de feuilles de belladone dans 280 gr. d’eau, pour trois lavements à donner d’heure en heure. — La ''Gazette médicale de Paris'', 1838, n° 8, rapporte quatre observations d’étranglements intestinaux guéris par l’emploi de lavements composés avec une infusion de 4 gr. de racine de belladone (c’est une dose trop forte) et 30 gr. de fleurs de camomille. — Surville (9)<ref>''Abeille médicale''.</ref> a obtenu des succès constants, même dans les cas les plus désespérés, en frictionnant d’abord la partie malade avec l’extrait de belladone, puis en administrant une potion dans laquelle on faisait entrer l'huile de croton et celle de ricin. — Carré (10)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', juillet 1833.</ref>, avait inutilement employé la saignée et les bains sans pouvoir réduire une hernie étranglée et volumineuse qu’il était sur le point d'opérer.
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<references/>
(1) Kluyskens, ''Annales de littérature médicale étrangère'', t. III, p. 192.
(2) ''Hufeland’s Journal'', juillet 1810.
(3) ''Rust’s Magazin'', 1821.
(4) ''Observ. med. di Napoli'', 1828.
(5) ''Revue médicale'', t. IV.
(6) ''Observations médicales'', janvier 1830.
(7) ''Gazette médicale de Milan''.
(8) ''Journal de Hufeland'', 1832, p. 66.
(9) ''Abeille médicale''.
(10) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', juillet 1833.
[160]
Une bougie enduite de pommade de belladone fut introduite dans l’urètre, et une demi-heure s’était à peine écoulée que ce chirurgien put opérer facilement la réduction. — De Lame, de Bergerac (1)<ref>''Revue thérapeutique du Midi'', 1856.</ref>, a publié les observations de trois femmes présentant des hernies crurales et d’un homme atteint de hernie inguinale, chez lesquels l’étranglement intestinal, produit à diverses reprises, s'était montré constamment réfractaire aux manoeuvres du taxis. La réduction devint très-facile cinq à six heures après l’administration par petites cuillerées, toutes les dix minutes, d’une potion composée de 60 gr. d'eau distillée, de 20 centigr. d’extrait aqueux de belladone et de 30 gr. de sirop de fleurs d'oranger. Je viens tout récemment de rendre facile la réduction d’une hernie crurale étranglée chez une fermière âgée de cinquante-six ans, après l’emploi par cuillerées, de quart d’heure en quart d'heure, d'un julep dans lequel j'avais fait entrer quinze gouttes de teinture alcoolique de belladone.
L'observation suivante m'a paru mériter l'attention des praticiens :
Le toucher augmentant à l’instant même les souffrances et surtout le vomissement, le taxis, auquel, d’ailleurs, la malade se refuse opiniâtrement, m'est tout à fait impossible. Je fais appliquer en grande quantité sur la tumeur la pommade de belladone (10 gr. sur 30 gr. d’axone), et je prescris immédiatement la potion suivante :
Eau distillée de laitue 150 gr.
{|align="center"| Eau distillée de laitue|| 150 gr.|- |Teinture alcoolique de belladone || 25 gouttes.|- | Gomme arabique pulvérisée|| 4 gr.|- | Sirop de coquelicot|| 30 gr.|}
Gomme arabique pulvérisée 4 gr.
Sirop de coquelicot 30 gr. Six grandes cuillerées à bouche de cette potion sont prises dans l’espace d'une demi-heure. Les autres sont administrées de dix minutes en dix minutes, de quart d’heure en quart d'heure, de demi-heure en demi-heure et enfin d'heure en heure, suivant l'effet produit (2)<ref>La manière d’administrer les médicaments, suivant les circonstances, est pour beaucoup et quelquefois même pour tout dans le succès. Il est de la plus haute importance, en médecine pratique, de proportionner l’action à la résistance, de distinguer les moments où l’on doit s'abstenir ou attaquer avec ménagement son ennemi, de ceux où il faut promptement et vigoureusement le frapper. Une maladie étant donnée, il ne suffit pas d’en trouver le remède. Bon lui-même, et rationnellement indiqué, ce remède devient nul, insuffisant ou même nuisible, s’il n’est appliqué convenablement et en temps opportun.</ref>.
Sous l'influence de cette médication, les douleurs se calment. Les vomissements, le hoquet, l’agitation, en un mot, tous les effets sympathiques de l’étranglement intestinal cessent dans l’espace de deux à trois heures ; mais la tumeur herniaire persiste et est toujours douloureuse au toucher. — Le 4 (2e jour), même calme du côté du tube digestif ; seulement le bas-ventre, surtout vers la fosse iliaque droite, est douloureux au toucher et légèrement tuméfié ; point de selles ; pouls développé, à 80 pulsations ; la même potion, prise pendant la nuit, de deux en deux heures, est continuée ; la pommade de belladone est appliquée comme la veille. — Le 5 (3e jour), mêmes symp-
<references/>
(1) ''Revue thérapeutique du Midi'', 1856.
(2) La manière d’administrer les médicaments, suivant les circonstances, est pour beaucoup et quelquefois même pour tout dans le succès. Il est de la plus haute importance, en médecine pratique, de proportionner l’action à la résistance, de distinguer les moments où l’on doit s'abstenir ou attaquer avec ménagement son ennemi, de ceux où il faut promptement et vigoureusement le frapper. Une maladie étant donnée, il ne suffit pas d’en trouver le remède. Bon lui-même, et rationnellement indiqué, ce remède devient nul, insuffisant ou même nuisible, s’il n’est appliqué convenablement et en temps opportun.
Les effets de la belladone furent ici très-remarquables. A peine quelques doses rapprochées de ce médicament avaient-elles été administrées, que l’irritation spasmodique du tube digestif et les symptômes les plus graves de l’étranglement intestinal se dissipèrent comme par enchantement, bien que la hernie ne fût point réduite. Au lieu d’une inflammation très-aiguë, rapidement gangreneuse et avec épanchement abdominal possible, il y eut phlegmasie lente et désorganisatrice des parties engagées, abcès au dehors, péritonite circonscrite et avec adhérences qui borna la gangrène et préserva les parties internes d’une atteinte mortelle. La nature, grâce à l’action prompte et soutenue de la belladone, eut le temps de déployer ses ressources.
Constriction urétrale ou Rétrécissement spasmodique de l’urètre. — Rétention d’urine ; strangurie ; cathétérisme ; calcul engagé dans le canal de l’urètre etc. — Will, chirurgien des dispensaires de Londres (1)<ref>''Journal des progrès des sciences médicales'', t. I, p. 97.</ref> a fait cessée le rétrécissement spasmodique de l’urètre en introduisant dans ce canal les bougies enduites de pommade de belladone. — Carré, de Besançon (2)<ref>''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', mai 1835.</ref>, dissipé un rétrécissement de même nature qui s’opposait à l’émission des urines, en frictionnant le gland avec la pommade de belladone et en appliquant sur le périnée un cataplasme de mie de pain cuite dans une décoction de feuilles de la même plante. — Holbrook (3)<ref>''Bulletin des sciences médicales'', t. I, p. 362.</ref> combattait la constric-
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<references/>
(1) ''Journal des progrès des sciences médicales'', t. I, p. 97.
(2) ''Journal connaissances médico-chirurgicales'', mai 1835.
(3) ''Bulletin des sciences médicales'', t. I, p. 362.
M. de B***, de Boulogne, âgé de soixante-six ans, d'un tempérament nerveux, d’une constitution grêle, était atteint d'un engorgement chronique de la prostate, avec difficulté d’uriner, flux muqueux, et surtout douleurs vives pendant l'émission fréquemment répétée des urines. Lorsque je vis le malade, au printemps de 1846, ces douleurs existaient depuis six mois et avaient résisté à l’application réitérée des sangsues, à l’usage journalier des bains et à un repos absolu dans une position horizontale. Je fis pratiquer, matin et soir, des frictions avec la pommade de belladone (4 gr. d’extrait sur 30 gr. d’axone) au périnée et le long du canal de l’urètre, dans lequel je faisais introduire plusieurs fois par jour de cette même pommade au moyen d’une bougie. Dès le premier jour il y eut soulagement; au bout de huit jours les douleurs étaient complètement dissipées et l’émission des urines plus rare. Il a suffi d’enduire la bougie dont le malade se sert habituellement, pour empêcher le retour des douleurs. L’embonpoint et les forces, que la continuité des souffrances avait fait perdre, se rétablirent peu à peu sous l’influence du calme moral, du repos et d’une alimentation analeptique.
On lit dans le ''London med. and phys. Journ''. (1832) qu’un cas de dysurie, avec cessation complète des urines depuis vingt-quatre heures, céda, au bout de quelques secondes, à l’introduction dans l'urètre d'une bougie enduite de pommade de belladone. — Dans plusieurs cas de ce genre, Gérard, d’Avignon (1)<ref>''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', 1835.</ref>, a employé avec succès des frictions sur les régions hypogastrique et périnéale avec la pommade de belladone (8 gr. d’extrait pour 30 d'axonge).
Pour stupéfier les organes et faciliter le cathétérisme, il suffit d’enduire la sonde d'extrait de belladone, de même que pour l'introduction des instruments dans l'opération du broiement de la pierre.
(Cette action ne s’arrête pas à un effet local ; il résulte d’expérience faites sur lui-même par Crawcoar, qu’à la suite de l'introduction d'une sonde enduite de pommade belladonée, il se produit très-rapidement sur l’organisme les phénomènes physiologiques propres à l’agent employé. Ce pouvoir absorbant de l’urètre est limité à sa région prostatique et au col de la vessie ; car il est nul dans le reste du canal et dans le réservoir urinaire lui-même. Voilà une nouvelle porte d’entrée pour les substances actives qu'on ne pourrait employer par une autre voie.)
'''Phimosis et Paraphimosis'''. — Dans un cas de paraphimosis, Mazade, d’Andes (2)d’Anduse<ref>''Gazette médicale de Paris'', 1834.</ref>, fit recouvrir le gland et la partie étranglée avec 2 gr. d’extrait de belladone. Le gland se réduisit avec facilité au bout de douze à quinze heures. — Debreyne combat le paraphimosis au moyen d’onctions faites plusieurs fois le jour sur la partie affctée avec une pommade composée de 4 gr. d’extrait de belladone et de 15 gr. de cérat. — « Dans le paraphimosis, dit de Mignot (3)<ref>''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', 8<small><sup>e</sup></small> année, 2<small><sup>e</sup></small> semestre, p. 272, et plus tard ''Bulletin médical de Bordeaux'', 1842.</ref>, l’extrait de belladone dilate peu à peu le cercle de constriction formé par le prépuce ; il enlève l’inflammation et surtout la douleur, et, après l’emploi suffisamment prolongé de ce topique, la réduction est généralement possible et l’incision presque toujours inutile. » De Migml fait des onctions toutes les heures sur les parties affectées avec une pommade composée de 30 gr. de cérat simple, de 12 gr. d’extrait de belladone et d’une suffisante quantité d'eau distillée.
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<references/>
(1) ''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', 1835.
(2) ''Gazette médicale de Paris'', 1834.
(3) ''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', 8<small><sup>e</sup></small> année, 2<small><sup>e</sup></small> semestre, p. 272, et plus tard ''Bulletin médical de Bordeaux'', 1842.
Je fis cesser en quelques jours l’inflammation et l'étroitesse du prépuce chez un jeune homme de dix-huit ans, atteint d’une gonorrhée, en faisant baigner la verge pendant une demi-heure matin et soir dans une forte décoction tiède de feuilles de belladone. Dans un cas de paraphimosis porté à un haut degré, avec inflammation et gonflement considérable du gland qui rendaient toute manoeuvre de réduction impossible, j’obtins un soulagement presque immédiat, la résolution et enfin la guérison en quelques jours, au moyen de l’application souvent répétée de suc frais de feuilles de belladone mêlé avec autant d’eau tiède.
Constriction spasmodique et rigidité du col utérin. — Lorsque le col utérin résiste spasmodiquement aux violentes et longues contractions de la matrice, on l’enduit, pour le dilater, avec l'extrait de belladone. Chaussier, qui le premier eut recours à ce moyen, portait sur le col de l’utérus, à l’aide d'une seringue ayant une large canule, 8 gr. d'une pommade composée de 60 gr. de cérat ou d'axonge, de 60 gr. d'eau distillée et de 8 gr. d'extrait de belladone. — Aux observations de Chaussier vinrent se joindre plusieurs faits recueillis par Blackett (''in'' Roques). Toutefois, ce dernier vit, dans un cas, ce médicament produire à la fois la dilatation et la paralysie de la matrice. Ce résultat est d’autant plus rare que les contractions du corps de cet organe sont plus violentes, et la résistance de son col plus grande. Si, en même temps que la belladone fait cesser la rigidité de cette dernière partie, les contractions du corps de l’utérus diminuent et devienment insuffisantes ou nulles, on leur rend toute leur énergie en administrant le seigle ergoté. Tout médecin ami de la science et de l'humanité doit s'incliner devant le triomphe du concours, vers un même but, de ces deux substances de nature opposée, et aussi merveilleuses qu’inexplicables dans leur action. — Beaucoup d’accoucheurs ont dû l'avantage de voir le col utérin se dilater dans des cas de constriction contre lesquels on n’employait autrefois que la saignée, les bains, les injections mucilagineuses, etc., moyens d’une action lente et incertaine. —Mandt (1)— Mandt<ref>''Rust’s Magazin'', t. XIX, p. 350.</ref>, Conquest (2)<ref>''London med. repository'', mars 1828.</ref>, Carré (3)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', juillet 1833.</ref> ont retiré les plus grands avantages de ce moyen dans les cas dont il s’agit. — Gouvion (4)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', juillet 1833.</ref> est parvenu, à l’aide de frictions faites avec l'extrait de belladone sur un col utérin squirreux en plusieurs points, à le dilater assez pour livrer passage à un fœtus. Si l’on n’obtient pas toujours des résultats avantageux de ce médicament, cela tient, selon Delmas (5)<ref>''Union médicale'', 1852.</ref>, à la manière de l’appliquer, qui consiste à le porter sur le col de l’utérus au moyen de l'extrémité du doigt ; il faut pratiquer des injections au fond du vagin avec la solution aqueuse chaude de cet extrait. — Mandt faisait simultanément des frictions sur le col utérin avec une pommade analogue à celle de Chaussier, mais il pratiquait aussi des injections avec l’infusion des feuilles de belladone, et appliquait sur le ventre des cataplasmes préparés avec la même plante.
J’ai eu plusieurs fois occasion d’employer la pommade de belladone dans le cas de rigidité spasmodique du col utérin pendant l’accouchement. L’effet en a été prompt et satisfaisant. Une fois j’ai introduit de cette pommade dans l’utérus pour faire cesser le resserrement partiel de cet organe, produisant l’e nchatonnement du placenta; mais je ne puis assurer que la dilatation n'eût pas eu lieu sans cela, ainsi qu'on l'observe fréquemment quand on attend quelques minutes, et que l’on sollicite les contractions générales de la matrice par des frictions sur l'hypogastre. Dans un cas de providence du cordon ombilical chez une jeune femme primipare, dont le col utérin
<references/>
(1) ''Rust’s Magazin'', t. XIX, p. 350
(2) ''London med. repository'', mars 1828.
(3) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', juillet 1833.
(4) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', janvier 1833.
(5) ''Union médicale'', 1852.
effacé, mais résistant, épais, douloureux, avait trois à quatre centimètres d’ouverture, j’ai pu obtenir en très-peu de temps, au moyen d'onctions faites avec le doigt, entre la matrice et la tête de l’enfant, une dilatation qui me permit d'employer le forceps et de sauver l'enfant.
(L’emplâtre de belladone, étant plus solide que l'extrait, est plus facilement mis et maintenu en contact avec l'orifice utérin. On doit l’employer de préférence. Dans le même but, je mets souvent en usage le beurre de cacao, dans lequel on enrobe de l’extrait de belladone. Beck (1)<ref>''Bulletin de thérapeutique'', 1858.</ref> s’en est servi pour dilater le col, dans un cas de polype intra-ulérin, dont il voulait ainsi favoriser l'arrachement.)
Extrait aqueux de belladone comme succédané du seigle ergoté dans la pratique obstétricale. — Soma, de Magliano (2)<ref>''Bulletin de thérapeutique'', t. XLVI, p. 547.</ref>, a obtenu d’heureux résultats de l'extrait de belladone employé dans le but de ranimer les contractions utérines trop languissantes, et d’amener, par conséquent, une plus prompte dilatation du col de cet organe. Dans les trois cas rapportés par l’auteur, le col était peu dilaté, malgré les contractions utérines faibles ou ralenties. La dose du médicament était très-élevée ; — (50 centigr. dans 125 gr. d’émulsion de gomme arabique et 30 gr. de sirop simple : deux cuillerées de dix minutes en dix minutes) ; — après l’administration de la moitié de cette potion, les contractions utérines devinrent énergiques, à la suite desquelles l’accouchement eu lieu. Soma fut quelquefois obligé de porter la dose jusqu’aux trois quarts de la potion, et pourtant sans aucun inconvénient, la tolérance en pareil cas était très-grande. — Il semble résulter des faits observés par Soma, que dans beaucoup de cas on pourrait substituer l’extrait de belladone au seigle ergoté : 1° parce qu’il est plus agréable à prendre que le seigle ergoté ; 2° parce que les cas de vomissements spasmodiques, qui ne sont pas rares, empêchent l’absorption des médicaments, tandis que la belladone calme en même temps ces vomissements par ses propriétés antiémétiques ; 3° parce que ce médicament paraît agir avec plus d’énergie et de promptitude que le seigle ergoté, dont l’action est toutefois plus prolongée ; 4° parce que les accouchées ne conservent pas, à la suite de l’extrait, ces contractions utérines qui se prolongent quelquefois plusieurs heures et même plusieurs jours après l’accouchement, dans les cas où le seigle ergoté a été administré, bien que ; à vrai dire, on puisse observer quelquefois ces contractions dans des accouchements où la malade n’a pris aucun médicament.
'''Affections utérines'''. — Dans certaines douleurs utérines qui dépendent de la rétention des menstrues, Trousseau et Pidoux obtiennent des effets avantageux de l’application extérieure de la belladone. — Bretonneau, qui attribue ces douleurs à la rigidité du col utérin s’opposant à l’écoulement menstruel, emploie avec succès l’extrait de la même plante porté sur cette partie. — Rousseau (3)<ref>''Revue de thérapeutique médico-chirurgicale'', 1853, p. 24.</ref> se sert, dans les douleurs névralgiques de l’utérus, les métrites douloureuses, etc., d’un topique composé de 0,10 d’extrait alcoolique de belladone, de 0,05 d'opium. Ce mélange est placé au milieu d’un plumasseau de charpie ; on noue celui-ci d’un fil, et on l’introduit dans le vagin jusqu'au col de l'utérus. On le laisse en place pendant vingt-quatre heures. Dans les métrites douloureuses accompagnées de leucorrhée, ou ajoute 30 centigr. de tannin. — Bérard (4)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', art. 2040, 1843.</ref> cite un cas de constriction douloureuse de la vulve, analogue à celle du sphincter de l'anus dans la fissure, et qui s'opposait à l'acte du mariage. Il prescrivit d’introduire dans le
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<references/>
(1) ''Bulletin de thérapeutique'', 1858.
(2) ''Bulletin de thérapeutique'', t. XLVI, p. 547.
(3) ''Revue de thérapeutique médico-chirurgicale'', 1853, p. 24.
(4) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', art. 2040, 1843.
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vagin des mèches de plus en plus grosses, enduites de pommade de belladone. On faisait, en outre, des injections à l’entrée du vagin avec la solution de ratanhia. Il ne fallut que trois semaines pour dissiper cette constriction douloureuse. — Mestler, de Schelestadt (1)<ref>''Gazette médicinale de Strasbourg'', 1852.</ref>, considérant le rétrécissement du col utérin comme une cause fréquente de stérilité, propose, pour y remédier, la dilatation au moyen d’une éponge enduite de pommade de belladone. Cette opinion n'est pas dénuée de fondement. J’ai eu l'occasion de mettre ce moyen en pratique, non pour remédier à l’étroitesse de l'orifice utérin, mais pour combattre l’extrême irritabilité de cette partie, que je considérais comme la cause de la stérilité chez une jeune femme mariée depuis quatre ans. Comme chaque mois il y avait pléthore locale et dysménorrhée, je prescrivis, en outre, deux ou trois jours avant l’époque menstruelle, une saignée du bras de 500 gr., l'usage des bains tièdes généraux, et une grande modération dans le coït. Cette jeune femme devint enceinte après un mois de ce traitement. — J’ ai fait cesser des douleurs utérines très-intenses, suite d’un effort et annonçant un avortement presque inévitable, au moyen de la pommade de belladone appliquée à plusieurs reprises sur le col utérin.
'''Scarlatine'''. — C’est à Hahnemann (2)<ref>''Traitement prophylactique de la scarlatine''. Gotha, 1801.</ref> que l'on doit la découverte de la propriété prophylactique de la belladone contre la scarlatine. Ce médecin ayant remarqué, après l’administration à l’intérieur de petites doses de bellapone, l'apparition sur la peau de plaques rouges analogues à celles de la scarlatine, en a conclu, d’après la loi homœopathique des semblables, qu'elle devait être un préservatif de cette maladie. Il faisait prendre deux ou trois cuillerées par jour du mélange de 10 centigr. d’extrait de belladone dans 500 gr. d’eau. — En 1808, une épidémie de scarlatine exerçait ses ravages dans le bailliage de Hilschenbach ; déjà un grand nombre de personnes en étaient mortes ; Schenck (3)<ref>''Journal de Hufeland'', mai 1812.</ref> fit prendre le préservatif de Hahnemann à cinq cent vingt-cinq personnes. Sur ce nombre cinq cent vingt-deux furent préservées. — Hufeland dit que dans une épidémie des plus violentes, tous ceux qui ont fait usage de la belladone en furent préservés.
(Nous pourrions multiplier les citations sans grand profit pour le lecteur ; il trouvera dans la monographie de la belladone de Cazin père, la liste presque complète des observateurs qui ont publié des faits d’immunité concluants.)
Mais nous devons mentionner Stiévenart comme le médecin qui a fourni en faveur de cette propriété les preuves les plus incontestables (4)<ref>Bouchardat, ''Annuaire'', 1845, p. 33.</ref>. Dans une commune des environs de Valenciennes, où l’épidémie avait déjà fait quatre-vingt-seize victimes , il fit prendre ce préservatif à quatre cents individus, et tous, sans exception, furent à l’abri de la contagion. D’autres personnes, qui habitaient la même localité et qui étaient soumises aux mêmes influences, n’eurent point recours au préservatif et contractèrent la maladie. Stiévenart emploie la teinture de belladone à la dose de deux gouttes par jour dans une potion, pour les enfants d’un à trois ans, à celle de trois gouttes pour ceux de trois à six ans ; passé cet âge, il augmente d’une goutte chaque année.
Pendant une épidémie de scarlatine qui régna à Calais en 1823, j’étais chargé, comme médecin du bureau de bienfaisance, de soigner vingt-cinq familles indigentes agglomérées dans une ancienne caserne. J’administrai moi-même la teinture de belladone à soixante enfants : tous furent préser-
<references/>
(1) ''Gazette médicinale de Strasbourg'', 1852.
(2) ''Traitement prophylactique de la scarlatine''. Gotha, 1801.
(3) ''Journal de Hufeland'', mai 1812.
(4) Bouchardat, ''Annuaire'', 1845, p. 33.
Eh quoi ! Il s’agit d’un moyen simple qui peut rendre les plus éminents services, et, avant de récuser presque entièrement les conclusions de praticiens éclairés et de bonne foi qui ont vu, Trousseau et Pidoux ne veulent pas voir, ne cherchent pas à s’éclairer, à se convaincre par l’observation ? et pourtant, thérapeutistes consommés, est-ce là la marche qu'ils suivent habituellement dans la recherche des vérités pratiques qui distinguent leurs travaux ? Non, bien certainement. Ils réfutent eux-mêmes, par l’expérience qu'ils invoquent tous les jours contre des raisonnements que rien ne justifie, l’opinion qu'ils ont si légèrement émise sur la vertu prophylactique de la belladone. ''In medicina majorem vim habet experientia quàm ratio''. (Baglivi.)
Mais voici des objections plus sérieuses. Raminski (1)<ref>''Rust's Magazine'', t. XXIII.</ref> affirme avoir eu de trop fréquentes occasions d’observer les mauvaises effets de la belladone pour croire à sa vertu préservatrice. — Lehmann (2)<ref>''Ibid''.</ref>, dans une épidémie, de scarlatine qui régna à Torgau en 1825, ne put obtenir le moindre avantage de l’emploi de ce médicament. — Les observations de Teuffel (3)<ref>''Annalen für die gesammte Heilkunde'', 1828.</ref> viennent à l’appui de celles de Lehmann. Ce sont là des faits exceptionnels qui ne peuvent en rien détruire les faits bien plus nombreux qu’on leur oppose. On peut encore se demander si le médicament était bien préparé, s’il n'avail pas perdu sa vertu par la vétusté, si les enfants l'ont régulièrement pris...
La belladone a été aussi employée comme moyen curatif dans la scarlatine. Barthez (4)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', novembre 1835.</ref> a eu recours à la fumée des feuilles de cette plante dans une épidémie de scarlatine accompagnée de bronchite. Ce moyen, qu'il faisait toujours précéder d’émissions sanguines abondantes, lui a été très-avantageux. — (Socquet (5)<ref>''Journal de médecine de Lyon'', septembre 1864.</ref> profite de l’action astringente de la belladone (Wharton Jones) sur les vaisseaux capillaires, qui amène la siccité et la pâleur des muqueuses, pour combattre l’angine scarlatineuse.)
'''Erysipèle'''. — Bock (Tragus), qui, à l'époque de la renaissance des lettres,
<references/>
(1) ''Rust's Magazine'', t. XXIII.
(2) ''Ibid''.
(3) ''Annalen für die gesammte Heilkunde'', 1828.
(4) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', novembre 1835.
(5) ''Journal de médecine de Lyon'', septembre 1864.
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eut le mérite de donner à la botanique une impulsion nouvelle, parle de l’utilité des feuilles de belladone employées à l’extérieur pour combattre l’érysipèle. — Gauneau et Mériot (1)<ref>''Abeille médicinale'', 1850.</ref> ont employé avec succès, dans cette phlegmasie, des frictions sur la partie malade, trois ou quatre fois par jour, avec une pommade composée de 3,00 d’extrait de belladone et de 20,00 d’axone. Ils considèrent ce traitement comme supérieur à tous ceux employés jusqu’à ce jour. — Chevalier (2)<ref>''The London med. and physic. Journ''., 1820, p. 403.</ref> dit avoir obtenu de bons effets de la pommade de belladone dans la même affection.
La propriété que possède la belladone de produire, dans certains cas, une éruption analogue à l’érysipèle, a suggéré l’idée à Yvaren de l'employer dans cette maladie. Il cite le cas d’un érysipèle des nouveau-nés, guéri au moyen de la teinture de belladone administrée à la dose d’une à deux gouttes dans la journée, en solution dans 100 gr. d’eau, dont le malade prenait une cuillerée chaque heure (3)<ref>Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1849.</ref>.
D’après Rasori, Borda, Tommasini, Rognetta, Giacomini, etc., la belladone ne serait efficace que dans les affections à fond hypersthénique, c’est-à-dire dans celles où le traitement antiphlogistique est indiqué. Ils la regardent comme un puissant auxiliaire de la saignée. Selon Rognetta, des maladies inflammatoires très-graves ont été traitées en Italie uniquement par la belladone. Bien qu’un grand nombre de faits aient été publiés à l'appui de cette manière de voir, les médecins français sont loin de l’avoir adoptée sans restriction. Dans les phlegmasies superficielles, dans celles des organes doués d’une vive sensibilité, où l'élément douleur domine, il est incontestable que la belladone peut être d’une grande utilité, ''quod sedat curat'' ; mais alors c’est plus ordinairement à l’extérieur qu'à l'intérieur qu'on l'emploie. Au reste, l’idée d'opposer la belladone aux phlegmasies n'est pas nouvelle. On trouve dans Tragus le passage suivant : « ''Herba humus solani una cum flore, et fructu suo maturo, in fine maii distillata, omnis generis internis ardoribus et inflammalionibus prœsenlissimo est remedio, si singulis vicibus mesura II aut III cochlearium ea aqua bibatur, et foris etiam linteolis lineis excepta imponatur''. »
Phlegmasie des membranes séreuses. — Dans un cas d’''ascite aiguë'' survenue chez une jeune fille de treize ans, à la suite d’une diarrhée brusquement supprimée, Trousseau (4)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', 1855, p. 205.</ref>, se plaçant au point de vue d’une phlegmasie très-superficielle, sécrétoire et douloureuse de la membrane séreuse abdominale, s’adressa à l'élément douleur pour abattre l'inflammation et l'hypersécrétion. Le ventre fut couvert de cataplasmes arrosés avec une mixture composée de parties égales d’extrait de belladone, d’extrait d’opium et d’une suffisante quantité d’eau pour donner à ce mélange la consistance de sirop. En même temps, on administra le calomel à doses fractionnées. Bientôt les douleurs s'apaisèrent, et, au bout de dix jours, l'épanchement séreux avait entièrement disparu ; mais l'absorption de la belladone avait produit une paralysie temporaire de la vessie, avec rétention d'urine.
J’ai calmé très-promptement une douleur pleurétique intense, et qui avait résisté à une saignée copieuse du bras et à une ample application de sangsues, au moyen d’un cataplasme de décoction de feuilles de belladone et de mie de pain. Ce moyen convient surtout dans les cas où la douleur est disproportionnée à l’inflammation et s'entretient par un état nerveux toujours facile à reconnaître. Ne pourrait-on pas employer avec avantage cette médication pour apaiser les douleurs aiguës de la méningite tuberculeuse ? Des onctions avec la pommade de belladone et l'onguent mercuriel
<references/>
(1) ''Abeille médicinale'', 1850.
(2) ''The London med. and physic. Journ''., 1820, p. 403.
(3) Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1849.
(4) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', 1855, p. 205.
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combattraient à la fois l’élément douleur et l'élément inflammatoire. — Barbier pense que cette plante est contre-indiquée quand il y a de l'irritation ou de la phlogose sur quelque point de l'encéphale, et qu'elle augmente les accidents quand on l'administre dans l'arachnoïdite, la célébrite partielle, etc. Nous ne partageons pas celte cette opinion, qui, d'ailleurs, n'est appuyée sur aucun fait.
'''Maladies des voies respiratoires'''. — Rilliet et Barthez pensent que la belladone pourrait être très-utilement employée dans le traitement de la laryngite spasmodique, et qu’on pourrait la substituer au musc et à l'assa-fœtida dans les cas graves ou lorsque les accès sont fréquemment répétés. — Popper (1)<ref>''Annales médicales de la Flandre occidentale'', 1856.</ref>, se fondant sur plus de cinq cents observations, affirme qu’il n'est pas de meilleur remède contre l'angine tonsillaire que la teinture de belladone administrée en potion. Ce médicament, qui, du reste, ne convient ni dans l’angine diphtérique ni dans celle qui est de nature syphilitique, produit si rapidement l’effet désiré, que, le plus souvent, la guérison ne se fait pas attendre au delà de vingt-quatre heures !...
De Larue, de Bergerac (2)<ref>''Revue de thérapeutique médico-chirurgicale'', t. II, 1854, p. 8.</ref>, rapporte une observation de pneumonie au troisième degré et annonçant une fin prochaine, dans laquelle 15 centigr. d’extrait de belladone en solution dans 10 gr. de sirop, administrés en une ''seule fois'', a produit des effets prodigieux. « Variable selon l’exigence des cas, dit de Larue, ''notre nouvelle méthode de traitement'' est, comme toutes les médications héroïques, décisive, d’une pratique généralement difficile, parfois périlleuse. » Cette observation a pour épigraphe : La hardiesse est quelquefois une sage prudence. — Delchiappa (3<ref>''Mem. intoruo la vita di Borda''.</ref>) cite l'observation d'une pneumonie chez un berger robuste, âgé de seize ans, où la poudre de racines de belladone, donnée à haute dose jusqu’à intoxication légère, avait amené la guérison.
'''Dysenterie'''. — Le sirop préparé avec les baies de belladone, à la dose d’une petite cuillerée, a offert à Gesner un moyen rapide de guérison dans une épidémie de dysenterie. « Ut vel ligulœligulæ, aut cocherais parvi mensura somnum inférâtinférat, fluxiones sistat, dolores tollat, dysenteriam curet ; gratus est plane, sed cavendum ne ampliùs detur (4)<ref>''Epist''., lib. I, fol. 34.</ref>. »
Leclercq (5)<ref>''De la médication curative de la dysenterie aiguë et de la dysenterie chronique, etc''. Tours, 1856.</ref> fait appliquer au-dessus du pubis un large emplâtre quadrilatère d'extrait de belladone. Chaque emplâtre doit être renouvelé toutes les vingt-quatre heures chez les malades gravement atteints, ou chez les dysentériques qui n'ont été soumis au traitement qu'après le huitième jour delà maladie. Chaque emplâtre de belladone doit être composé d’au moins 30 gr. d'extrait préparé au bain-marie. L’emplâtre de datura produit le même effet. Dans les cas graves, il est bon d'allerner alterner l'emplâtre d'extrait de datura, et vice versa. Les résultats obtenus de l'emploi de la belladone à l'intérieur dans la dysenterie n’ont pas été assez décisifs pour que Leclercq puisse conseiller ce mode de traitement. Toutefois, il est persuadé que cette affection, combattue dès le début par les solanées vireuses convenablement administrées à l’intérieur, céderait à leur action.
(J’ai combattu avec le plus grand succès le ténesme si pénible de la dysenterie par des lavements répétés de belladone. Toutes les deux heures, je faisais pratiquer une injection anale avec 150 gr. d’eau et 2 à 5 centigr. d’extrait. Malgré l'élévation relative de la dose, je n'ai jamais constate constaté de
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<references/>
(1) ''Annales médicales de la Flandre occidentale'', 1856.
(2) ''Revue de thérapeutique médico -chirurgicale'', t. II, 1854, p. 8.
(3) ''Menu intoruo la vita di Borda''.
(4) ''Epist''., lib. I, fol. 34.
(5) ''De la médication curative de la dysenterie aiguë et de la dysenterie chronique,etc''. Tours, 1856.
sécheresse à la gorge, etc. J’associe souvent la belladone au ratanhia dans ces cas.)
'''Blennorrhagie'''. — Blackett (1)<ref>''The London med. repository'', 1823.</ref> conseille, surtout dans la blennorragie cordée, les frictions sur le canal de l’urètre avec l'extrait de belladone. J'ai plusieurs fois employé ce moyen avec succès. On peut administrer concurremment à l’intérieur la lupuline, dont les effets anaphrodisiaques ont été récemment constatés. (''Voy. l'art''. [[Houblon (Cazin 1868)|Houblon]].)
'''Panaris, orchite, brûlure, engelure, contusions'''. — Debreyne dit avoir guéri, en deux ou trois jours, des panaris très-graves, par l’application d’une pommade composée de deux parties d'onguent napolitain, d'une partie d'opium et d'extrait de belladone. La partie malade est recouverte avec cette pommade, et toutes les heures ont fait des frictions pour favoriser l’absorption. J’ai souvent employé le mélange d’onguent mercuriel et de pommade de belladone pour arrêter le panaris à son début, et j’ai presque toujours réussi. Le cataplasme de feuilles fraîches de belladone calme très-promptement la douleur et produit le même effet. — Groenendals a ordonné avec succès, dans les mêmes cas, les cataplasmes de mie de pain et d’extrait de belladone.
Gaglia a vu des contusions très-fortes, avec douleurs intenses, céder à des onctions de pommade de belladone. En pareil cas, j’ai souvent prévenu l’inflammation et le gonflement par l'application des feuilles fraîches de bellapone, ou, à défaut de celles-ci, de cataplasmes faits avec la décoction des mêmes feuilles sèches et la mie de pain.
Hemorrhagïes'''Hémorrhagies. — Hémoptysie'''. — Dans sept cas d’hémoptysie que Schrœder (2)<ref>''Abeille médicale'', 1844, p. 109.</ref> a eu occasion de traiter, l’hémorragie l’hémorrhagie s'est presque toujours arrêtée immédiatement après l'emploi de fumigations de feuilles de belladone incisées finement (4 gr. jetés sur des charbons ardents) et que l’on fait respirer au malade. — De Cigalla, médecin du roi de Grèce (3)<ref>''Ibid''., 1845, p. 211.</ref>, a arrêté plusieurs fois l’hémoptysie en faisant fumer à ses malades le mélange de feuilles de belladone, de feuilles de digitale et de fleurs de pavot. Ce médecin prétend aussi avoir guéri des phtisiques par le même moyen ! — Dubois, de Tournay (4)<ref>''Journal de la Société de médecine de Gand'', 1852, p. 40.</ref>, a fait promptement cesser un crachement de sang très-abondant chez un sujet d’une constitution grêle, à poitrine étroite, en lui faisant fumer trois ou quatre pipes par jour de feuilles de belladone.
'''Hématémèse'''. — Camerer (5)<ref>Férussac, ''Bulletin des sciences médicales'', t. V, p. 55.</ref> a recommandé l’usage de la belladone dans cette espèce d'hémorrhagie. Dans le but de diminuer la grande irritabilité de l’estomac, Schœhlin, de Berlin (6)<ref>''Annali univ. di med''., avril 1845.</ref>, en conseille aussi l’emploi dans ce cas.
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<references/>
(1) ''The London med. repository'', 1823.
(2) ''Abeille médicale'', 1844, p. 109.
(3) ''Ibid''., 1845, p. 211.
(4) ''Journal de la Société de médecine de Gand'', 1852, p. 40.
(5) Férussac, ''Bulletin des sciences médicales'', t. V, p. 55.
(6) ''Annali univ. di med''., avril 1845.
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'''Métrorrhagie'''. — Dubois, de Tournay (1)<ref>''Journal de la Société de médecine de Gand'', 1852, p. 40.</ref>, rapporte l’observation d’une métrorrhagie abondante, ayant quinze jours de durée, avec douleurs gravatives dans les lombes, pâleur, affaiblissement, contre laquelle on avait inutilement employé le ratanhia, et qui diminua au moins des trois quarts dès le second jour de la médication suivante : Frictions sur la région utérine avec la pommade de belladone (15 gr. pour 30 d’axone) ; potion composée de 10 centigr. de belladone et de 120 gr. d’eau distillée de laitue, à prendre par cuillerée. L’infusion de sauge (30 gr. pour 1 kilog. d’eau) fit disparaître entièrement cette hémorragie, restée stationnaire à un faible degré, malgré l'usage de la belladone. « Une autre femme, de quarante-cinq ans, dit Dubois, était réduite à un état de faiblesse extrême, par suite d’une métrorrhagie abondante qui durait depuis trois semaines. Soumise au même traitement que la malade de l’observation précédente, l'hémorrhagie s'arrêta complètement dès le second jour de son emploi.
'''Fièvres'''. — Fièvres intermittentes simples. — Quand la fièvre intermittente renaît sans cesse après l’usage devenu inutile des préparations de quinquina, ce qui arrive particulièrement aux quartes, Hufeland recommande la belladone à la dose de 15 à 20 centigr. par jour. — Stosch (2)<ref>''Casper's Wochenschrift'', 1835.</ref> a reconnu son efficacité dans ces circonstances. — Nepple (3)<ref>''Traité sur les fièvres rémittentes et intermittentes''.</ref> vante l’extrait de belladone, à la dose de 20 à 50 centigr., contre les fièvres intermittentes névralgiques. — Isensée et Romberg (4)<ref>''Schmidt's Jahrbuch'', 1836-1837.</ref> se servent avec avantage de la formule suivante dans le traitement de la fièvre intermittente : Sulfate de quinine, 2 gr. 50 centigr. ; extrait aqueux de belladone, 10 centigr. ; extrait de ménianthe, q. s. pour vingt pilules, dont on prend une toutes les trois heures. Ces pilules, suivant Isensée, réussissent neuf fois sur dix dans toute espèce de fièvre intermittente. — Perrin (5)<ref>''Bulletin de la Société de médecine de la Sarthe'', 1852.</ref> a employé ces pilules avec le même avantage, mais en doublant la dose d’extrait de belladone. La première pilule est prise immédiatement après le premier accès, et les suivantes de quatre heures en quatre heures, jusqu’à concurrence de trois pilules en vingt-quatre heures seulement. Les malades restent ainsi placés pendant près de sept jours sous l’influence de la médication ; et comme l’ingestion des six premières pilules est suivie presque toujours de la disparition des accès, il en résulte que les quatorze pilules restantes, qui sont prises les jours suivants, toujours au nombre de trois, matin, midi et soir, préviennent le retour de la fièvre. Le sulfate de quinine, comme on le voit, n'intervient ici que dans des proportions vraiment économiques.
fièvres '''Fièvres intermittentes pernicieuses'''. — Dans un cas de fièvre intermittente pernicieuse avec délire et douleur atroce à la région frontale, dont les trois premiers accès avaient été exaspérés par le sulfate de quinine, Ducros, de Marseille (6)<ref>''Rapport des travaux de l'Académie de Marseille'', 1827.</ref>, fit cesser le quatrième par l’administration de 60 centigr. d’extrait de belladone dans l’intermission. Le malade, exposé de nouveau aux effluves marécageux des bords du Rhône, fut repris de la même maladie, et guérit par le même moyen.
Dans la fièvre pernicieuse cholérique que j’ai eu souvent l’occasion d'observer pendant les chaleurs de l’été dans les marais du Calaisis, l'opiuni opium à l’intérieur et la belladone appliquée à l'épigastre faisaient presque toujours cesser les vomissements et les évacuations alvines qui avaient lieu pendant l’accès.
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<references/>
(1) ''Journal de la Société de médecine de Gand'', 1852, p. 40.
(2) ''Casper's Wochenschrift'', 1835.
(3) ''Traité sur les fièvres rémittentes et intermittentes''.
(4) ''Schmidt's Jahrbuch'', 1836-1837.
(5) ''Bulletin de la Société de médecine de la Sarthe'', 1852.
(6) ''Rapport des travaux de l'Académie de Marseille'', 1827.
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'''Fièvres continues'''. — Graves (1)<ref>''Dublin Journal'', juillet 1838.</ref> considère la belladone comme un remède efficace dans certaines fièvres ataxiques accompagnées de rétrécissement de la pupille. L'action de la belladone semble justifier cette opinion.
'''Affections oculaires'''. — (La belladone, agent mydriatique par excellence, est fréquemment employée dans les affections oculaires. L'introdiction d'une solution atropinée dans L'oeil amène la dilatation pupillaire dans un espace de temps qui varie entre dix et vingt minutes, et qui, dans tous les cas, est en rapport avec l’intensité de la dose. En même temps, la vue se trouble, pour deux raisons ; d’abord, une plus grande surface de la lentille venant à être mise à découvert, un certain nombre de rayons divergents pénètrent dans l’oeill’œil, et, comme le foyer de tous ces rayons ne se formeras au même point, il en résulte que le contour des objets paraît moins net. En second lieu, la belladone paralyse l’appareil accommodateur de l'oeil, qui ne peut plus s'accommoder aux petites distances (2)<ref>Voyez page 141.</ref>. Sous ce rapport, on observe des différences notables entre les divers individus ; il y a des yeux qui sont disposés de telle façon qu’ils peuvent encore voir les objets placés à une certaine distance, tandis que d’autres ne voient pas les objets à quelque distance qu’ils soient placés.
L’instillation belladonée produit quelquefois un phénomène très-curieux, consistant à faire voir tous les objets plus petits que nature, que Donders, qui l’a signalé le premier et observé sur lui-même ; , a désigné sous le nom parfaitement approprié de ''micropsie'' (3)<ref>''Annales d’oculistique'', 1853.</ref>.
Cette particularité, observée depuis par Warlomont, Cornaz, de Neuf-châtelNeufchâtel, Sichel, van Roosbrœck, paraît, vu sa rareté, n’être liée qu’à une idiosyncrasie du sujet.
La belladone ou l’atropine maintiennent la pupille dilatée pendant quatre, cinq et quelquefois huit jours. — Nous avons vu que l’opium et la solution d’extrait de calabar pouvaient abréger cet espace de temps.)
(Il résulte des recherches de Lemattre que l’atropine a un pouvoir mydriatique supérieur à celui de la daturine et l'hyosciamine, sous le rapport de la rapidité et de la durée d'action.)
'''Phlegmasies'''. — L’emploi de la belladone dans l’''ophthalmie'' n'est pas nouveau. — Tragus eh en parle ainsi : « ''Succus albumine ovi temperantus oculis impositus, inflammationes eorum tollit''. » — Vicat dit que, depuis longtemps, Welsh avait recommandé cette plante contre les phlegmasies de l’oeill’œil. Dans certaines ophthalmies dont le symptôme le plus saillant est la photophobie avec larmoiement abondant, Lisfranc faisait pratiquer des frictions sur les tempes et derrière les oreilles avec 4 gr. d’extrait de belladone délayé dans un peu d'eau. Quelquefois il faisait instiller dans l’oeil l’œil une solution de 5 à 10 centigr. de cet extrait dans 120 gr. d’eau distillée de rose ou de plantain. Ce traitement, que Dupuytren employait déjà depuis longtemps, a réussi dans beaucoup d’ophtalmies qui avaient résisté aux moyens ordinairement mis en usage. — Les lotions faites avec une faible infusion de jusquiame ou de belladone sont préconisées par Jungken, de Berlin (4)<ref>''Mémoire sur l’ophthalmie qui règne dans l’armée belge'', p. 23.</ref>, contre l’ophtalmie militaire avec irritabilité extrême des yeux. — Sichel (5)<ref>''Traité de l'ophthalmie'', p. 46.</ref> considère les antiphlogistiques et les frictions faites avec 1 'extrait de belladone, quatre à huit fois par jour, sur le front, la région sous-orbitaire, les pommettes, les tempes, comme les moyens les plus efficaces contre la photophobie. Quand le mal résiste, il y joint l'emploi de la bella-
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<references/>
(1) ''Dublin Journal'', juillet 1838.
(2) Voyez page 141.
(3) ''Annales d’oculistique'', 1853.
(4) ''Mémoire sur l’ophthalmie qui règne dans l’armée belge'', p. 23.
(5) ''Traité de l'ophthalmie'', p. 46.
[172]
done à l'intérieur. — Uneophthalmie violente, avec rétrécissement considérable de la pupille, avait résisté pendant trois mois à tous les moyens employés. Mandeville la voit céder en quinze jours à l’usage de l’extrait de belladone administré à l’intérieur à la dose d’un sixième de grain par jour, et à l’instillation dans l’oeil, en même temps, de quelques gouttes de là décoction de la plante. — Quand l’ophtalmie est accompagnée de ''photophobie'', Desmarres fait pratiquer cinq ou six frictions par jour, sur le front et sur les tempes, avec gros comme une noisette d’une pommade composée de : Miel blanc, 10 gr. ; d’extrait de belladone, 5 gr. ; de mercure, 5 gr. — Ammon, de Berlin (1)<ref>Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1844, p. 12.</ref>, emploie le collyre suivant dans l’''ophtalmie des nouveaux-nés'' : Extrait de belladone, 30 centigr., eau chlorurée, 10 gouttes ; eau distillée, 120gr. On applique sur les paupières, tous les quarts d’heure ou toutes les demi-heures, une éponge imbibée de cette solution tiède. — « Dans les ophtalmies des enfants, qui s’accompagnent si souvent d’''iritis'', l'emploi simultané du calomel à doses fractionnées, et de la belladone, appliquée en frictions autour de l’orbite, rend les plus utiles services. La belladone, toutefois, doit être continuée aussi longtemps que l'oeil reste sensible à la lumière. »
Cade (2)<ref>''Thèse sur les ophthalmies spéciales'', 1837.</ref> remédie à la photophobie qui a lieu dans la sclérotique, et qui, selon lui, est due au tiraillement du ligament ciliaire congestionné et irrité, en instillant entre les paupières quelques gouttes d’une solution d’extrait de belladone.
Dans tous les cas où la sensibilité de l’oeil est exaltée, soit par l'iritis on la rétinite, soit par une irritation nerveuse ou une excessive sensibilité du malade, soit enfin par un vice scrofuleux déterminant une véritable photophobie, Debreyne fait laver les yeux quatre ou cinq fois par jour avec une solution de 2 gr. d’extrait de belladone dans 125 gr. d’eau de roses. — Suivant Velpeau (3)<ref>''Dictionnaire de médecine'' en 30 volume, art. Cornée.</ref>, l’extrait de belladone en frictions sur l’orbite produit peu d'effet dans le traitement de la kératite. Il préconise, au contraire, le collyre suivant : Extrait de belladone, 2 gr. ; laudanum liquide, 10 à 30 gouttes ; eau de rose, de mélilot, de bluet ou de plantain, 120 gr. On instille entre les paupières une certaine quantité de ce collyre trois ou quatre fois par jour. Velpeau regarde ce collyre comme plus nuisible qu’utile dans la kératite superficielle et dans la kératite ulcéreuse.
Dans la photophobie scrofuleuse, j’obtiens en quelques jours les plus heureux résultats par l’emploi de la décoction de la belladone ou de jusquiame en collyre, et l’usage, en même temps, de l'hydrochlorate de baryte à l'intérieur.
Saunders a, le premier, fait connaître les bons effets de la belladone dans l’iritis. « Cette substance, dit-il, appliquée convenablement sur l'oeil pendant le procédé adhésif de l'inflammation, force la marge interne de l'iris de s’étendre et dé s'éloigner de l'axe de la pupille, de surmonter l'obstacle provenant de l’agglutination de la lymphe, et d'allonger la bande organisée qui unit l'iris à la capsule, si le mal n'est pas ancien. Ainsi les adhérences sont réduites à une extrême ténuité, et il en résulte une transparence qui laisse passer les rayons lumineux. Si l’effet de l'inflammation a été léger, les adhérences seront peu de chose, et la pupille ne sera que légèrement irrégulière. L’iris conservera une certaine puissance d'action et la visionne sera que peu lésée. En général, la pupille est déformée, et l’iris parfaitement fixe ; mais si l’ouverture est assez grande et que la capsule ne soit pas devenue trop opaque, le malade pourra encore voir. (4)<ref>''Annales de littérature médicale étrangères'', par le docteur Kluyskens, t. VII, p. 140.</ref>.
Lorsque l’iritis se termine par exsudation, le professeur Stœber (5)<ref>''Manuel pratique d'ophthalmologie'', p. 127.</ref> con-
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<references/>
(1) Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1844, p. 12.
(2) ''Thèse sur les ophthalmies spéciales'', 1837.
(3) ''Dictionnaire de médecine'' en 30 volume, art. Cornée.
(4) ''Annales de littérature médicale étrangères'', par le docteur Kluyskens, t. VII, p. 140.
(5) ''Manuel pratique d'ophthalmologie'', p. 127.
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scille l’usage de la belladone pour dilater la pupille et empêcher, autant que possible, cette exsudation de nuire à la vision. Quand elle a établi des adhérences entre la cornée et l’iris, ou entre celle-ci et la capsule cristalline, ou forme des filaments qui vont d’un côté de la pupille à l'autre, cet habile ophtalmologiste considère encore l'application de la belladone comme étant d’un grand secours. — Sichel a vu plus d'une fois les phlegmasies anciennes de l’iris, avec obstruction complète de la pupille, céder à l'emploi de ce médicament. — Suivant Caron du Villards, la belladone doit être employée dès le début de la maladie. « Car elle a, dit-il, le double effet de calmer les douleurs et la photophobie, et d’obtenir la dilatation de la pupille. Une fois que l’inflammation est intense, elle a peu d'action sur l'iris, et il faut seconder sa puissance par de nombreuses évacuations sanguines. » Il fait des frictions sur l’orbite le soir, parce qu’alors les douleurs sont plus violentes, et que pendant la nuit et le sommeil la pupille se contracte. — Dans l’iritis traumatique, Ammon (1)<ref>''De iritide commentatio''.</ref> a employé avec avantage des embrocations faites sur l’oeil avec l'extrait de belladone délayé dans l'eau froide. Velpeau (2)<ref>''Dictionnaire de médecine'' en 30 volumes, 2<small><sup>e</sup></small> édition, t. XVII, art. Iris.</ref> combat préalablement, surtout au moyen du calomel, les principaux symptômes de la maladie. Une fois l'action mercurielle manifestée sur la bouche, il a recours aux frictions avec la pommade de belladone sur les paupiètes ou autour de l'orbite, à l'instillation de la solution aqueuse de l'extrait, afin de détruire, autant que possible, les adhérences, les angles, la forme irrégulière de la pupille. Selon Gerhard (3)<ref>''Abeille médicale'', octobre 1851.</ref> et Debreyne (4)<ref>''Journal de la Société de médecine de Gand'', 1853, p. 136.</ref>, il ne faut recourir à ce médicament que lorsque la période aiguë de l’affection est passée ; avant, elle a, dit-il, des inconvénients réels, et ne peut combattre les contractions morbides de l’iris. — D’après Tonnelle, de Tours, quand on ne parvient pas à détruire, au moyen des préparations de belladone, les membranes qui se sont formées à la suite, de l’iritis, on a encore l’immense avantage d’empêcher l’oblitération de la pupille. Tonnelle emploie aussi ce médicament dans toutes les lésions traumatiques de l’iris, afin de prévenir l’oblitération de la pupille et les adhérences membraneuses, suite de l'iritis. Quand il ne peut parvenir à empêcher ces dernières, ce qui est rare, il maintient la pupille dans un état de dilatation tel, qu’on peut détruire les membranes à l’aide de l’aiguille avec la plus grande facilité. La meilleure préparation à employer, suivant le chirurgien de l’hôpital de Tours, est l’extrait aqueux dans l’eau distillée de la même plante, dans la proportion de 1 à 2, qu'on applique sur l’oeil malade, ayant soin de la renouveler de deux heures en deux heures.
Dans quelques cas d’iritis, Miquel a obtenu la dilatation de la pupille par le mélange du calomel et de la belladone, administré à l’intérieur, sans l'emploi des préparations de cette plante à l'extérieur.
Bulley emploie les lotions de belladone avec un peu de sulfate de cuivre, contre les iritis et les ophtalmies atoniques au début.— Escolar cite une observation d’iritis, qu’il appelle ''rhumatismale'', guérie par la belladone à haute dose à l’intérieur et à l'extérieur.
Roguetta (5)<ref>''Revue médicale'', janvier 1833.</ref> regarde la belladone comme le remède spécifique de la rétinite. Il suffit de prendre matin et soir une pilule de 2 cent. 1/2 d’extrait de cette plante. Dans l’inflammation de la capsule, du cristallin (''capsulitis''), le professeur Stœber prévient l’adhérence de l'iris avec la capsule au moyen de la belladone.
'''Rétrécissement spasmodique de la pupille'''. — Dans le resserrement spas-
<references/>
(1) ''De iritide commentatio''.
(2) ''Dictionnaire de médecine'' en 30 volumes, 2<small><sup>e</sup></small> édition, t. XVII, art. Iris.
(3) ''Abeille médicale'', octobre 1851.
(4) ''Journal de la Société de médecine de Gand'', 1853, p. 136.
(5) ''Revue médicale'', janvier 1833.
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modique de la pupille, comme dans celui qui survient après avoir longtemps fixé les yeux sur des corps brillants et lumineux, Himly (1)<ref>Bayle, ''Bibliothèque de thérapeutique'', t. II, p. 454.</ref> conseille l'usage de la belladone. — Stœber prescrit les frictions de belladone ou de jusquiame dans le rétrécissement de la pupille dépendant de l'habitude.
'''Adhérences de l'iris'''. — Pour s'assurer si l'iris est adhérent, et pour prévenir cette adhérence, Himly (''in'' Merat et Delens) conseille l'emploi de la belladone. Il suspend de temps en temps l’usage de cette plante, afin de produire alternativement des resserrements et des dilatations. — Velpeau emploie contre les adhérences qui ne sont pas trop anciennes une solution de quelques grains d'extrait de belladone dans une cuillerée à café d'eau, qu'il fait instiller matin et soir entre les paupières. Il laisse reposer l'oeil pendant deux ou trois jours. Lorsque la pupille a repris son état primitif, il fait recommencer la même opération, et ainsi de suite jusqu'à ce que ces adhérences aient été détruites par les tiraillements modérés et répétés que produit le médicament sur cette membrane. — Cunier (2)<ref>Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1848, p. 40.</ref> a remporté le plus grand succès, dans des adhérences irido-cristalloïdiennes qui duraient depuis des mois, des années, quelquefois avec abolition de la vue, en faisant introduire matin et soir, entre les paupières, gros comme une tête d'épingle d'une pommade composée de 30 centigr. d'atropine et de 4 gr. d'axonge.
'''Hernie de l’iris'''. — Beaucoup de praticiens ont employé la belladone dans le traitement des hernies ou des providences de l’iris. — Quand on n'a pu réduire, au moyen d'un stylet mousse, la hernie récente et produite par une lésion traumatique, Caron du Villars recommande l’usage de la belladone à l'intérieur et à l'extérieur. « Par ce moyen, dit-il, on obtient une dilatation grande et énergique qui, dans la plupart des cas, fait disparaître la hernie commençante ; cet état de l’iris devra être provoqué et maintenu pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, on cherchera à obtenir par tous les moyens possibles la cicatrisation de la cornée. » — Quand le prolapsus s’est fait par un ulcère ou par une ouverture très-petite, et qu’il ne peut être réduit mécaniquement, le professeur Stœber conseille la position sur le dos, l’occlusion des paupières, l'obscurcissement de la chambre, et l'instillation de la belladone. « Ces moyens, dit-il, dégagent quelquefois l’iris et donnent le temps à la cornée de se cicatriser, » Dans les cas où la cornée, ramollie ou ulcérée, menace de se perforer. — Sichel conseille, pour prévenir la hernie de l’iris, l’extrait de belladone en frictions autour de l’orbite et en instillation entre les paupières ; mais si le ramollissement ou l’ulcération occupent la circonférence de la cornée, cette médication, selon lui, peut être nuisible ; car alors la dilatation, en rapprochant davantage la partie libre de l’iris du point ramolli ou perforé, tend à favoriser l’accident qu’on cherche à éviter. — Velpeau (3)<ref>''Dictionnaire de médecine'' en 30 volumes, t. XVII, art. Iris.</ref> pense aussi que ce n’est que pour les procidences qui ont lieu assez loin de la sclérotique, qu’on peut recourir à l’emploi de la belladone. Dans ces cas seulement il y aurait, suivant lui, quelque chance de retirer l’iris en arrière en dilatant forcément la pupille. — Lorsque, dans la providence de l’iris, la pupille prend une forme oblique et allongée qui met obstacle au passage des rayons lumineux, on doit, suivant Bérard (4)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', t. XV, p. 387.</ref>, tenter la réduction de la procidence, soit en exposant brusquement l’œil à la lumière, soit en repoussant l’iris hernie avec un stylet mousse, soit enfin en provoquant une dilatation permanente de la pupille, et par conséquent la rétraction de l’iris, en instillant de la
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<references/>
(1) Bayle, ''Bibliothèque de thérapeutique'', t. II, p. 454.
(2) Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1848, p. 40.
(3) ''Dictionnaire de médecine'' en 30 volumes, t. XVII, art. Iris.
(4) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', t. XV, p. 387.
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belladone, — Dans un cas de vaste procidence de l'iris à travers une ulccération perforante de la cornée, Florent Cunier (1)<ref>Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1848.</ref> a obtenu les résultats les plus satisfaisants d’une solution de 30 centigr. de sulfate d’atropine dans 4 gr. d'eau distillée, en instillation dans l'œil, matin, midi et soir.
'''Nyctalopie'''. — Debreyne cite un cas de nyctalopie qui avait été traité en vain par les sangsues et les vésicatoires, et qui fut guéri en huit jours par l’usage à l’intérieur de l’extrait de belladone porté graduellement à la dose élevée de 30 centigr. par jour. Leprestre (2)<ref>''Séance extraordinaire de la Société de médecine de Caen'', de juin 1853.</ref> a traité une femme de trente ans, dont l’œil, qui ne présentait d’ailleurs aucune apparence de lésion, était tellement impressionné par le contact de la lumière, qu'il devenait impossible à la malade de supporter le jour. Elle ne voyait que des lames de feu et était condamnée à rester dans une obscurité profonde. Des frictions faites sur l’orbite avec un mélange d’extrait de belladone et d'onguent mercuriel double ont été suivies d'une prompte guérison.
'''Cataracte'''.— L’emploi de la belladone pour dilater la pupille et préparer l’œil à l'opération de la cataracte est aujourd'hui généralement connu et adopté. On évite ainsi plus facilement les lésions de l’iris, on observe mieux les mouvements de l’aiguille, et, si on le juge utile, on peut faire passer plus facilement des parcelles du cristallin dans la chambre antérieure. Continuée à un certain degré après l'opération, la dilatation de la pupille prévient le développement de l'iritis et l'oblitération pupillaire. Reimarus, de Hambourg (''in'' Wilmet), fit le premier usage de la belladone dans ce cas, après la remarque faite d’abord par Ray que les applications de cette plante sur les paupières déterminent la dilatation des pupilles. Il faisait instiller quelques gouttes de l’infusion aqueuse peu d'heures avant l'opération. — Himly (''in'' Bibliothèque Bayle), qui en constata ensuite les avantages, instillait entre les paupières, une ou deux heures avant, quelques gouttes de la solution de 1 gr. 20 centigr. d’extrait de belladone dans 30 gr. d’eau. — Demours, Antoine Dubois, Travers, Stœber, Caron du Villars, Sichel, Bérard, ont employé ce moyen avec le plus grand avantage. « J’emploie ordinairement, dit Caron du Villars, 8 grains de belladone et 4 grains de jusquiame dans un gros et demi d’eau ; l'association de ces deux médicaments produit une dilation plus grande que quand on les emploie isolément : il faut chercher à obtenir le plus grand degré de dilatation possible. » D'après cet ophthalmologiste, les blessures de l'iris seraient bien moins fréquentes depuis qu'on dilate la pupille au moyen de la belladone avant l'opération. « Si, dit-il, cet accident arrive très-souvent à Roux, ainsi qu’on peut s’en convaincre en lisant le travail de Maunoir jeune et les observations de Furnari, c'est que Roux n'emploie jamais la dilatation préalable de la pupille. » Ce dernier, en cela en désaccord avec tous les praticiens, prétendait que l’usage de la belladone communiquait à l’œil une disposition plus grande à s’enflammer par suite de l’opération.
Tonnellé (''in'' Trousseau et Pidoux) réserve l’emploi de la belladone pour opération de la cataracte par abaissement ; il le rejette d’une manière absolue dans le procédé par extraction, parce que la dilatation artificielle de la pupille, inutile pour favoriser la sortie du cristallin, expose l’iris, pendant l’opération, au tranchant de l'instrument, et, après l'opération, à des adhérences vicieuses de la cornée.
<references/>
(1) Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1848.
(2) ''Séance extraordinaire de la Société de médecine de Caen'', de juin 1853.
que sur l’œil malade, ayant soin, comme il est indiqué à l'article Iritis, p. 159, de la renouveler de deux heures en deux heures. Comme c’est ordinairement vers le quatrième jour de l’opération que se forment les produits membraneux, c'est alors, suivant Tonnellé, qu'il faut recourir à cette préparation : plus tard, il est plus difficile de réussir. Cependant le chirurgien de Tours y est parvenu au huitième, quelquefois au douzième jour. Au reste, lorsque la belladone ne détruit pas les fausses membranes, elle a au moins l’avantage de s’opposer à l'occlusion de la pupille.
Cunier (1)<ref>Bouchardat, ''Annuaire'', 1848, p. 12.</ref> recommande l’atropine après l'opération de la cataracte par broiement, afin de maintenir une dilatation pupillaire qui favorise l’absorpiton et diminue les chances de voir survenir des adhérences. — Suivant Brookes (2)<ref>''Ibid''., 1849, p. 41.</ref>, l’atropine produit la dilatation de la pupille plus rapidement et plus complètement que la belladone. Dans un cas où cette dernière avait produit peu d’effet, il obtint une large dilatation au moyen d’une pommade préparée avec 15 décigr. d'atropine et 8 gr. d'axonge.
Dieulafoy (3)<ref>''Journal de médecine chirurgicale et pharmaceutique de Toulouse'', janvier 1856, p. 20-21.</ref>, avant l'opération de la cataracte par abaissement, fait instiller pendant huit jours, matin et soir, entre les paupières, quelques gouttes d’un collyre composé de 4 gr. d’extrait de belladone, de 20 centigr. de sulfate d'atropine, et de 30 gr. d'eau distillée de belladone. En outre, plusieurs fois dans la journée, on introduit dans les narines, pendant quelques minutes, un tampon de charpie imbibé de cette même liqueur. « Par cet emploi prolongé de la belladone, dit Cadéac (4)<ref>''Ibid''.</ref>, on obtient d’abord une dilatation très-grande de la pupille, ce qui permet au chirurgien de voir beaucoup mieux le jeu de son aiguille, et l’expose moins à la blessure, toujours grave, de l’iris. En outre, on produit une véritable anesthésie de l’œil, qui est doublement avantageuse : 1° en prévenant cette contraction spasmodique qu’éprouve toujours l’iris sous l'influence de la douleur provoquée par la piqûre de l'aiguille qui pénètre dans la coque de l'oeil, lorsque l'anestnésie dont nous parlons n'existe pas (on conçoit que cette contraction fait que l'emploi trop peu prolongé de la belladone est tout à fait inutile) ; 2° en diminuant momentanément la sensibilité de la rétine, et, par suite, en rendant beaucoup moins douloureuse la première impression de la lumière sur l’organe essentiel de la vision, qui en a été privé, et qui peut déterminer une irritation inflammatoire et compromettre ainsi le succès de l’opération.
Lorsque le cristallin est opaque dans son centre, ou qu’il existe des taies au centre de la cornée (cataracte centrale, taies centrales), on peut donner passage aux rayons lumineux à côté de la partie opaque qui les intercepte, et rendre au malade la faculté de voir les gros objets. « A cet effet, dit Debreyne, nous faisons instiller tous les jours, ou de deux jours l’un, une goutte de solution saturée d’extrait de belladone dans les yeux, afin de maintenir la pupille suffisamment large pour dépasser la circonférence de la tache ou le noyau opaque du cristallin cataracte. C’est ainsi que nous avons fait voir plusieurs aveugles qui ne pouvaient plus se conduire, et qui aujourd’hui, munis d’une solution d'extrait de belladone, se promènent librament depuis plusieurs années ; et un entre autres qui était complètement aveugle depuis cinq ans par une large taie centrale qui occupe son seul et unique oeilœil. Depuis qu'il instille dans l'oeil de la solution de belladone, c'est-à-dire depuis sept ans, il voit suffisamment pour se conduire, et même, dit-il , pour travailler. C’est aussi à l'aide de ces instillations de belladone que nous avons, il y a trente-six à trente-sept ans, fait voir au bout d’une demi-heure une personne atteinte de cataracte centrale depuis vingt ans, avec
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<references/>
(1) Bouchardat, ''Annuaire'', 1848, p. 12.
(2) ''Ibid''., 1849, p. 41.
(3) ''Journal de médecine chirurgicale et pharmaceutique de Toulouse'', janvier 1856, p. 20-21
(4) ''Ibid''.
constriction habituelle des pupilles. Le fait fut regardé par le public comme ''prodigieux''. Aujourd'hui, vu l'immense vulgarisation de l'emploi de la belladone, le prestige ne ferait plus fortune nulle part. »
Tavignot (1)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', février 1871.</ref> se sert avec succès, dans les mêmes cas, d’une solution de 4gr. d’extrait de belladone dans 125 gr. d'eau, dont on instille chaque jour quelques gouttes entre les paupières. On en continue l'usage indéfiniment,
Pour distinguer la cataracte noire de l’amaurose, il suffit d’instiller dans l’oeil une solution concentrée d'extrait de belladone : si la pupille se dilate considérablement, il est presque certain qu'il y a cataracte et non amaurose.
On emploie la solution aqueuse de belladone en instillation dans l’œil pour s'assurer si la cataracte est adhérente ou non.
Il existe dans la science des faits d'après lesquels, sous l'influence de la belladone administrée comme moyen palliatif dans la cataracte, la guérison ou du moins une grande amélioration s'est produite. Rouault (2)<ref>''Thèses de Paris'', 1856.</ref> résume ainsi les avantages des instillations de solution concentrée de belladone dans la cataracte : 1° elles peuvent être faites indifféremment sans inconvénient pour l’appareil optique ; 2° elles constituent un moyen tellement simple, que, une fois l’habitude contractée, le malade fait instinctivement, et sans y penser, cette petite opération ; 3° dans certains cas, si elles sont faites régulièrement et avec persévérance, elles peuvent peut-être retarder ou même s’opposer au progrès ultérieur de la cataracte, et, dans des circonstances plus favorables encore, provoquer son absorption ; 4° elles auront toujours pour résultat de prolonger la vue du malade et de lui procurer assez de lumière pour le dispenser de l’opération ; 5° dans tous les cas, ces instillations sont toutes-puissantes pour prévenir la formation d’adhérences entre la cristalloïde et l'iris, ou pour détruire celles-ci lorsqu'elles naissent déjà ; 6° enfin, employées ainsi longtemps avant l'opération, elles ont encore pour effet de rendre celle-ci plus facile, plus prompte et le succès plus constant.
'''Blépharospasme'''. — Bérard combat la contraction spasmodique du muscle orbiculaire des paupières, qui accompagne fréquemment la blépharite, par des frictions avec l'onguent mercuriel belladone, et en instillant dans l’œil quelques gouttes de solution concentrée d'extrait de belladone.
<references/>
(1) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', février 1871.
(2) ''Thèses de Paris'', 1856.
« Dans tous les recueils, disent Trousseau et Pidoux, publiés pendant la dernière moitié du XVIII<small><sup>e</sup></small> siècle, l’efficacité de la belladone, dans le traitement du cancer, est constatée par un grand nombre de faits authentiques. Cette même période a vu publier aussi un grand nombre de faits contradictoires. »
Ces dissidences s'expliquent par le peu de précision du diagnostic résultant de la difficulté de distinguer les tumeurs cancéreuses des autres tumeurs dont la guérison s’obtient plus ou moins facilement, telles que certains engorgements lymphatiques ou scrofuleux, la mammite terminée par induration et que l'on a souvent prise pour le squirre à une époque où l'anaoemie pathologique en général et celle du cancer en particulier n’étaient pas aussi avancées qu’elles le sont aujourd'hui, bien qu'il y ait encore de nos jours une grande obscurité dans le diagnostic des diverses tumeurs du sein. La discussion soulevée en 1844, au sein de l’Académie (1)<ref>''Bulletin de l'Académie de médecine'', t. IX, p. 496.</ref>, à l’occasion d’un mémoire du professeur Cruveilhier sur les ''Corps fibreux de la mamelle'', prouve l’insuffisance de nos recherches sur ce point important de pathologie. Les professeurs Gerdy, Roux et Velpeau, ainsi que Lisfranc et Amussat, avouèrent que le diagnostic des tumeurs du sein est fort difficile. Auguste Bérard alla même jusqu’à le dire impossible. Blandin expliqua que c’est à l’amphithéâtre, le scalpel à la main, que l’anatomiste peut distinguer les tumeurs fibreuses de la mamelle des autres tumeurs dures de cette région. Enfin, le professeur Cruveilhier, invoquant l’autorité de Boyer, dit aussi lui même que le diagnostic entre les tumeurs d’apparence cancéreuse, mais qui ne sont pas cancéreuses, et les tumeurs d’apparence et de nature cancéreuses, est impossible dans l’état actuel de la science, parce que l'analomie pathologique de la mamelle n’est pas mieux faite aujourd'hui que du temps de Boyer.
Au reste, si les faits rapportés en faveur de la belladone ne prouvent pas toujours l’efficacité de cette plante contre le véritable cancer, ils démontrent au moins qu'elle a guéri des affections très-rebelles ayant avec ce dernier la plus grande analogie. Il est incontestable aussi qu’elle a presque constamment calmé les douleurs et ralenti les progrès de quelques maladies vraiment cancéreuses. Peut-être la récidive du cancer serait-elle moins fréqueute si l’on avait le soin, avant de l'enlever par l'instrument tranchant ou par le caustique, d'administrer pendant longtemps la belladone.
'''Scrofules'''. — La belladone a été employée pour combattre certains symptômes scrofuleux. Hufeland la recommande principalement dans les tumeurs glanduleuses qui menacent de s’indurer dans les ulcères chroniques et calleux. — Chevalier (2)<ref>''The London med. and physic. Jour''., novembre 1826.</ref> a employé avec avantage la pommade de belladone dans les engorgements scrofuleux, dans les affections scrofuleuses des os et des surfaces articulaires, et dans plusieurs cas d’ulcérations scrofuleuses très-rebelles.
Baumes regarde l’oxymel de belladone comme très-avantageux contre
<references/>
(1) ''Bulletin de l'Académie de médecine'', t. IX, p. 496.
(2) ''The London med. and physic. Jour''., novembre 1826.
« Si la vue vient à se troubler, s’il survient quelques symptômes toxiques, on suspend, pour reprendre plus tard.
« Deux, trois ou quatre mois de l’usage de la belladone suffisent ordinairement pour amener la cure radicale de l’incontinence d'urine. Toutefois, on comprend qu’une des conditions de succès est que cette maladie ne se rattache à aucune lésion des organes génito-urinaires, en un mot, qu’elle soit ''essentielle'' (1)<ref>On a obtenu dans l’incontinence nocturne d’urine des suces constatés de l’emploi de l’extrait de noix vomique, dont l’action est opposée à celle de la belladone. Ne pourrait on pas conclure de ces fait que l’affection dépends tantôt d’un défaut, tantôt d’une augmentation de sensibilité du col de la vessie ? ''Naturam morborum curationes ostendunt.''</ref>. Alors la belladone étend ses bienfaits jusque sur les vieillards, du moins pendant quelque temps (2)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', t. XVI, p. 199.</ref>. »
Blache (3)<ref>Bouchardat, ''Annuaire'', 1849, p. 43.</ref> a obtenu les mêmes succès de l’emploi de la belladone chez des individus atteints d’incontinence nocturne d'urine, qui avaient inutilement fait usage de tous les remèdes conseillés contre cette infirmité. Il administre l’extrait à la dose de 1/2 à 1 centigr., et la poudre des feuilles à celle de 1 à 2 centigr. par jour, en une seule fois, le matin à jeun, ou au moins une demi-heure avant le premier repas, ou le soir trois heures après le souper. — Bretonneau (''in'' Trousseau et Pidoux) a traité cette affection avec un succès extraordinaire. Il fait prendre le soir, une heure avant que les enfants se couchent, 1 à 4 centigr. de poudre et d’extrait de belladone. Après une semaine de traitement, il y a ordinairement une amélioration notable. Le remède est continué jusqu'à cessation de l'incontinence : suspendu alors pendant huit jours, et repris ensuite pendant quinze jours ; interrompu de nouveau, et recommencé chaque mois pendant huit jours, quelques mois de suite. Cette longue durée du traitement n’est pas toujours nécessaire ; mais, suivant la remarque judicieuse de Trousseau et Pidoux, il vaut mieux pécher par excès que par défaut de précaution. « Dans certains cas rebelles, disent ces médecins, il faut porter la dose d’extrait et de poudre à 15 et 20 centigr. en une seule fois, au moment de se mettre au lit ; en même temps on fait sur l’hypogastre des frictions avec une mixture aqueuse d’extrait de belladone. » Suivant Trousseau (4)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', 1850.</ref>, on obtient neuf guérisons sur dix, quand on a le soin surtout d’employer la poudre de belladone, dont I’action, dit-il, est plus énergique et plus sûre que celle de l’extrait. Mais il faut pour cela s'assurer que la poudre, qui est moins employée que
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(1) On a obtenu dans l’incontinence nocturne d’urine des suces constatés de l’emploi de l’extrait de noix vomique, dont l’action est opposée à celle de la belladone. Ne pourrait on pas conclure de ces fait que l’
affection dépends tantôt d’un défaut, tantôt d’une augmentation de sensibilité du col de la vessie ? ''Naturam morborum curationes ostendunt.''
(2) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', t. XVI, p. 199.
(3) Bouchardat, ''Annuaire'', 1849, p. 43.
(4) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', 1850.
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l’extrait, n’est pas devenue inerte par vétusté, et par conséquent inefficace, surtout à une dose aussi minime que celle qu’on prescrit en pareil cas ! Cette réflexion s’applique à plus forte raison à la poudre de racine de belladone, qui, bien que plus active, est encore moins employée que celle des feuilles. — Le mélange de la poudre et de l’extrait, ainsi que le pratiquait Bretonneau, est plus sûr. — Cauvin (1)<ref>''Presse médicale'', septembre 1849.</ref> a vu chez une petite fille âgée de sept ans une incontinence nocturne et souvent diurne, suite d’une anasarque, et dont la durée datait de quatre à cinq mois, céder à l’usage de la belladone ainsi administrée : pilules composées chacune de 1 centigr. de poudre et 1/2 centigr. d’extrait de belladone (on ne dit pas si c’est la poudre de la racine ou des feuilles) à prendre tous les soirs pendant une semaine en se couchant. Pendant la deuxième semaine deux pilules le soir, et pendant la troisième une le matin en se levant et deux le soir. Point d’amélioration pendant les deux premières semaines, mais grand amendement pendant la troisième. On continue encore l’usage des pilules pendant deux autres semaines, au bout desquelles la guérison est complète.
La belladone ne réussit presque jamais dans l’incontinence d'urine diurne des adultes, laquelle dépend presque toujours de l’atonie, du relâchement du sphincter de la vessie, tandis que chez les enfants il y a, au contraire, le plus souvent spasme, irritabilité de cette partie.
(Berciaux, chez des enfants atteints d’''incontinence'' des matières fécales, avec ou sans incontinence d’urine, a obtenu en peu de jours la cessation de cette dégoûtante affection par l’emploi combiné du sirop, des pilules de belladone (1 centigr.) et de suppositoires belladonés) (2)<ref>''Gazette hebdomadaire'', 1858.</ref>.
Choléra asiatique. — Indépendamment des moyens de calorification, Debreyne propose contre le choléra, comme moyen principal, la belladone unie au mercure. Ce médecin administre la belladone à haute dose à l'intérieur et à l'extérieur pour combattre les crampes. Il insiste surtout sur l’emploi des frictions faites avec la teinture de belladone sur toute l’épine dorsale et particulièrement sur les membres.
Dans le choléra de 1854, j’ai employé avec avantage et simultanément le laudanum à l’intérieur et la teinture de belladone mêlée à l'alcool camphré à l'extérieur, concurremment avec les révulsifs, les moyens de calécfaction, etc. L'extrait de belladone pur, appliqué sur un vésicatoire à l'épigastre, a fait cesser le vomissement chez un cholérique, et a ainsi favorisé l’action des autres moyens employés dès lors avec efficacité.
Leclerc, professeur à l’Ecole de médecine de Tours (3)<ref>''De la médication curative du choléra asiatique''. Tours, 1855.</ref>, se rappelait l'adage ''similia similibus'', a combattu le choléra par la belladone. Il fait appliquer un large emplâtre d’extrait de belladone (représentant 50 à 60 gr. d’extrait) à l’épigastre, un second emplâtre d'extrait de belladone sur la région vésicale. En même temps le malade prend une pilule composée de 1 centigr. de poudre de belladone et de 1 centigr. d’extrait de la même plante. Suivant la gravité des cas, on donne chaque pilule toute les deux heures, toutes les demi-heures, tous les quarts d’heure, toutes les dix ou cinq minutes. Il est des attaques tellement foudroyantes, et dans lesquelles l’intoxication cholérique a si profondément envahi l'organisme, que les pilules de belladone sont à peine ingérées qu'elles sont vomies. Alors Leclerc a recours avec succès au suc de racine fraîche de belladone à la dose de cinq gouttes toutes les cinq minutes. L'absorption de ce suc s'opère encore même dans cet état si grave. (100 gouttes représentent 50 centigr. d'extrait ; 5 gouttes représentent 2 centigr. et une fraction d'extrait.) Ce suc doit être récemment exprimé, et non altéré par la fermentation. — Quelquefois des
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<references/>
(1) ''Presse médicale'', septembre 1849.
(2) ''Gazette hebdomadaire'', 1858.
(3) ''De la médication curative du choléra asiatique''. Tours, 1855.
L’auteur rapporte plusieurs observalions à l'appui de cette médication, et peut, dit-il, fournir la preuve qu'elle a sauvé les cinq sixièmes des cholériques qui y ont été soumis.
'''Ptyalisme'''. — Erpenbeck (1)<ref>''Hannoversches Correspondenzblalt''.</ref> croit, d'après plusieurs faits personnels, que la belladone constitue un bon moyen prophylactique contre la salivation mercurielle (2)<ref>''Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacie de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles'', 1854, p. 140.</ref>. — Dans un cas de ptyalisme rebelle, Vanoye (3)<ref>''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', t. XXXIII, p. 163.</ref>, se rappelant qu'une des propriétés de la belladone consiste à diminuer notablement les sécrétions de la partie supérieure du tube digestif, prescrivit l’extrait de cette plante à l’intérieur à la dose de 5, puis de 10 centigr. par jour. Le même médicament fut employé en gargarisme, dans de l’eau de son ou une décoction de guimauve, et sans autre addition que quelques gouttes de laudanum. Sous l'influence de ce traitement la sécrélion salivaire diminua progressivement, et la guérison eut lieu en huit jours. Dans un autre cas où le ptyaline reconnaissait pour cause une intoxication hydrargyrique, Vanoye l’a également arrêté avec l’extrait de belladone.
Glucosurie. — Morand (4)<ref>Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', I846, p. 18.</ref> est parvenu, par l’usage de la belladone, à sus-
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<references/>
(1) ''Hannoversches Correspondenzblalt''.
(2) ''Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacie de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles'', 1854, p. 140.
(3) ''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', t. XXXIII, p. 1§3.
(4) Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', I846, p. 18.
pendre un écoulement involontaire de salive et à modérer les accidents de la glycosurie.
'''Spermatorrhée'''. — Lepri (1)<ref>''Gaz. med. Toscana'', janvier 1854.</ref> s'est demandé, en présence d'un cas de spermatorrhée qui avait résisté à un grand nombre de moyens, pourquoi la belladone ne ferait pas cesser cette incontinence spermatique. Le résultat a été conforme à son attente.
(Je n'ai pas été aussi heureux chez trois malades où j'ai essayé la belladone. L’affection me paraissait se rattacher a une excessive irritabilité des organes génitaux, et surtout des conduits évacuateurs ; c’est ce qui m’avait conduit à mettre cet agent en usage.)
'''Emploi de la belladone a à l’extérieur pour tarir la sécrétion lactée'''. - Goolden (2)<ref>''Annales médicales de la Flandre occidentale'', 1857.</ref> a publié deux faits, dans lesquels l’application de l’extrait de belladone sur les auréoles des deux mamelons a suffi pour tarir au bout de quelques heures la sécrétion lactée. Cette suppression brusque n’a, dans les deux cas, déterminé aucun accident. Déjà Aran et Sandras avaient utilisé plusieurs fois avec succès cette propriété particulière de la belladone ; seulement ils avaient fait usage de ce remède à l’intérieur.
(Je combine les deux traitements, je donne l’extrait à l'intérieur à doses fractionnées (1 centigr. toutes les quatre heures), et je fais appliquer sur les seins un cataplasme de feuilles de belladone. 15 gr. de feuilles sèches décodées dans 250 gr. d’eau. Les feuilles sont mises à nu, et l’eau sert à délayer de la mie de pain ou de la farine de graine de lin, formant un cataplasme recouvrant le tout.)
'''Hémorrhoïdes'''. — Suivant Grœnendael’s (3)<ref>''Annales de la Société des sciences médicales de Malines'', 1838.</ref>, la belladone est, comme antiphlogistique et relâchant, un remède très-efficace dans les affections hémorroïdales ; il calme la douleur, facilite la dilatation du sphincter anal, fait cesser la constipation, cause principale de la stagnation du sang dans les vaisseaux du rectum. On fait, trois ou quatre fois par jour, des onctions à l’anus avec une pommade composée de 2 gr. d’extrait de belladone pour 30 gr. d'onguent rosat.
Dans les cas de tumeurs hémorroïdales volumineuses, enflammées, étranglées, très-douloureuses, je fais appliquer des linges fins imbibes du mélange suivant : Eau de laitue, 500gr. ; extrait de belladone, 8 gr. ; extrait gommeux d’opium, 2 gr. Sous l’influence de ces applications fréquemment renouvelées, les douleurs cessent, l'inflammation se dissipe, et, en continuant le même moyen, les tumeurs hémorroïdales diminuent peu à peu et se flétrissent. J'ai employé cent fois ce remède et toujours avec succès.
<references/>
(1) ''Gaz. med. Toscana'', janvier 1854.
(2) ''Annales médicales de la Flandre occidentale'', 1857.
(3) ''Annales de la Société des sciences médicales de Malines'', 1838.
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jusqu'à 1 milligr. et au-dessus ; à là la suite de ces injections il survient quelquefois des accidents atropinesatropiques, que de petites doses d'opium ne tardent pas à conjurer. Ce mode de traitement convient surtout dans les névralgies, et a paru plus spécialement réussir dans celles qui avaient pour siège le nerf sciatique. On l’a appliqué contre l'épilepsie, la chorée, les hallucinations, le tétanos et même l'hydrophobie.
Le ''Bulletin de thérapeutique'' du 15 janvier 1864 contient un article sur l’emploi de ces injections dans les affections oculaires.
Grâce à la limpidité de sa solution, à son facile dosage, l’atropine est préférée à la belladone dans ces dernières affections, en collyres, instillations ; c’est à elle que l’on a communément recours pour faciliter l'examen ophthalmoscopique. L’atropine, ou le sulfate d'atropine, souvent employé dans ces cas à cause de sa plus grande solubilité, convient dans tous les cas que nous avons énumérés en parlant de la belladone. Maëstre (1)<ref>''España medica'', décembre 1850.</ref> lui attribue la propriété de déterger les ulcères de la cornée et d’en favoriser la cicatrisation par une propriété modificatrice spéciale. Elle est, du reste, communément employée dans ces circonstances.
Mayeux a publié dans la ''Gazette des hôpitaux'', avril 1858, une remarquable observation de luxation du cristallin, dont l’atropine a pu faciliter la réduction.
A l'intérieur, l'atropine a surtout été mise en usage dans les névroses.)
Bouchardat (2)<ref>''Annuaire de thérapeutique'', 1849, p. 40.</ref> cite un cas d’épilepsie, datant de quelques mois, dont les attaques ont été suspendues tant que le malade a été sous l’influence de l’atropine, qu'il regarde comme le modificateur le plus puissant et le moins incertain de tous ceux qui ont été opposés à l'épilepsie. Lusana (3)<ref>''Gazette de Lombardie'' cite par Wahu. — ''Annuaire de médecine et de chirurgie pratiques'', 1852, p. 91.</ref> s’exprime en ces termes sur l’emploi de l’atropine dans l’épilepsie : « J'ai eu deux fois occasion de traiter par l’atropine la véritable épilepsie centrique ; dans un cas, elle datait de l’enfance, et le sujet avait plus de cinquante ans ; dans un autre, elle datait de quatorze ans. Or, ces deux cas sont ceux qui m’ont fourni les-résultats les plus remarquables. Dans l’un d’eux, six mois se sont écoulés sans qu’il soit survenu un accès ; dans l'autre, trois mois et demi après le commencement du traitement, il n’y avait pas eu encore de rechute.
« Si l’atropine a eu des succès dans l’épilepsie centrique, cérébrale ou idiopathique, elle a, au contraire, échoué dans l'épilepsie excentrique, réfléchie ou symptomatique, celle qui résulte d’une maladie qui a son siège dans un organe intérieur autre que le cerveau. »
Lusana administre l’atropine en dissolution dans l'alcool, l'acide acétique ou quelque autre acide affaibli, à la dose de 1/30 de grain, en augmentant progressivement jusqu’à celle de 1/4 de grain toutes les quatre heures.
(Dans un cas de hernie crurale étranglée, j’ai tenté en vain l'atropine à I l'intérieur, et en injections sous-cutanées au niveau de la hernie. L’opération a pu seule sauver la malade.)
(Nous n’avons pas consacré d’article spécial au sulfate d’atropine ; disons seulement que Mosler, de Giessen, le préfère à l'atropine elle-même pour les besoins de la thérapeutique : selon lui, l'action en serait plus modérée, et conséquemment l'usage moins dangereux.)
Valérianate d’atropine. — Michéa (4)<ref>''Académie de médecine'', séance du 22 janvier 1836.</ref> a fait une heureuse application des principes actifs de la valériane et de la belladone (valérianate d'atropine)
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<references/>
(1) ''España medica'', décembre 1850.
(2) ''Annuaire de thérapeutique'', 1849, p. 40.
(3) ''Gazette de Lombardie'' cite par Wahu. — ''Annuaire de médecine et de chirurgie pratiques'', 1852, p.91.
(4) ''Académie de médecine'', séance du 22 janvier 1836.