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Belladone (Cazin 1868)

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La belladone ne guérit pas toujours la coqueluche. Joseph Frank l’a employée avec beaucoup de succès dans une épidémie, et infructueusement dans six autres. — Desruelles (1)<ref>''Traité de la coqueluche'', p. 194.</ref>, imbu de la doctrine de Broussais, la regarde comme un médicament dangereux, même quand on l’administre à petites doses ; selon lui elle ne mérite pas les éloges qu’on lui a prodigués. — Ratier (2)<ref>''Formulaire pratique''.</ref>, à une époque où la doctrine de l’irritation, arrivée à son point culminant, n’admettait plus comme agents thérapeutiques que les sangsues, l’eau de gomme, le lait et les pommes cuites, affirmait qu’il avait eu plusieurs fois l’occasion de voir employer et d’employer lui-même ce médicament contre la coqueluche, et que ''jamais'' il ne l’avait vu réussir. C’est ainsi qu'on observe quand on veut tout rattacher à l'idée mère d'un système.
J’ai employé pendant quarante ans la belladone contre la coqueluche. Excepté dans une épidémie dont je parlerai plus bas, elle m’a presque toujours réussi. Je me sers de la racine en poudre à la dose de 1 à 5 centigr. répétée de quatre heures en quatre heures, et mêlée avec une certaine quantité de sucre. J'augmente graduellement cette dose suivant l'âge et l'indensité des symptômes, mais sans jamais dépasser 25 centigr. dans les vingt-quatre heures. Je l’administre aussitôt que la période catarrhale ou inflammatoire est dissipée. Je fais vomir de temps en temps avec l'ipécacuanha ou l'asaret. Ce traitement modère et éloigne promptement les quintes de toux. Néanmoins la guérison n’a lieu, pour les cas les plus simples, que du dixième au vingtième jour, et pour les cas les plus graves que dans l'espace de vingt-cinq à trente-cinq jours. Si le soulagement se fait trop attendre, je prescris des frictions à l’épigastre avec la pommade de belladone (4 gr. sur 30 d’axone d’axonge : 2 à 6 gr. par friction chaque jour), que je substitue même entièrement au traitement interne lorsque celui-ci est sans effet. Presque toujours alors les symptômes s'amendent promptement. Je diminue ou je suspens les doses à la moindre apparence de dilatation des pupilles. Les insuccès de la belladone, peuvent être attribués à l’exiguïté de la dose à laquelle on l'administre. Comme Debreyne, j’ai souvent obtenu de prompts et heureux résultats en administrant une dose plus élevée que celle que prescrivent les auteurs, et que l’on donnait inutilement depuis plusieurs semaines. J’ai vu dans certains cas la poudre des feuilles et l'extrait, quoique bien préparés avec la plante récemment récoltée, ne produire aucun effet, tandis que la poudre des racines de la même plante donnait les résultats les plus heureux. Dans l’épidémie qui a régné en 1855 à Boulogne-sur-Mer, toutes les préparations de belladone m’ont fait presque complètement défaut, tandis que l’''Aconit''l’aconit, comme je l’ai dit à l’article concernant cette dernière plante ([Aconit (Cazin 1868)|page 22]]), m'a constamment réussi. Il est à remarquer que dans cette épidémie la période catarrhale persistait souvent avec plus ou moins d’intensité pendant tout le cours de la maladie, et se terminait, dans un assez grand nombre de cas, quand on n’employait pas de bonne heure l'aconit, par une pneumonie aiguë ou chronique presque toujours mortelle.
Le tartre stibié, mêlé à la pommade de belladone dans l’intention de produire à la fois une action révulsive et antispasmodique, a peu d’effet sur la peau. Les frictions que j’ai faites à diverses reprises avec ce mélange n'ont produit que peu où point de boutons.
'''Toux nerveuse'''. — La toux purement nerveuse ou convulsive, et celle qui, sans avoir spécialement ce caractère, n’est pas déterminée par une inflammation des organes de la respiration, peuvent être avantageusement combattues par la belladone. — Lenkossek (''in'' Szerlecki), Delhaye (3)<ref>''Archive de de la médecine Belge'', 1841.</ref> et Mouremans (4)<ref>''Ibid''.</ref>
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<references/>
 
(1) ''Traité de la coqueluche'', p. 194.
 
(2) ''Formulaire pratique''.
 
(3) ''Archive de de la médecine Belge'', 1841
 
(4) ''Ibid''
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en ont constaté les bons effets dans ces affections. — Sandras recommande l’extrait de belladone administré à l’intérieur ou employé à l’extérieur d'après la méthode endémique, à la dose de 2 à 5 centigr. par jour ; dans la toux convulsive tenant purement à l'état nerveux. Ce traitement lui a réussi merveilleusement dans la toux hystérique. — Lebert (1)<ref>''Abeille médicale'', 1846, p. 251.</ref>, qui a eu plusieurs fois l’occasion d’observer la toux périodique nocturne des enfants, que Behrend, de Berlin, a fait connaître il y a quelques années, est toujours parvenu à la guérir en peu de jours au moyen de la poudre de racine de belladone récemment préparée, et donnée le soir dans un peu d’eau sucrée, à une dose proportionnée à l’âge et graduellement augmentée. Ce médicament lui a également réussi dans les différentes espèces de toux nerveuses et convulsives ou avec suffocation chez les adultes. — Debreyne fait habituellement usage de la formule suivante dans toute espèce de toux, hors celle qui est déterminée par une phlegmasie des organes respiratoires : Infusion de coquelicot, 180 gr. ; extrait de belladone, 20 centigr. ; sirop de guimauve, 60 gr. ; eau de fleurs d’oranger, 15 gr. ; à prendre dans l’espace de quarante-huit heures, une cuillerée à bouche toutes les deux ou trois heures. — L’espèce particulière de toux qu’on nomme ''tussis matutina vomitoria'' (pituite) et qui attaque ordinairement les vieux ivrognes, surtout les buveurs d’eau-de-vie, se guérit, suivant Hufeland, par l’usage de la belladone avec l’eau de laurier-cerise. — Cruveilhier (2)<ref>''Nouvelle bibliothèque médicale'', 1828.</ref> a plusieurs fois diminué intensité de la toux des phtisiques, en leur faisant fumer des feuilles de belladone qu’on avait fait infuser dans une forte solution d’opium. On fume de deux à trois pipes par jour.
Dans la toux qui tourmente les phtisiques et les malades atteints de catarrhes pulmonaires anciens, j’ai souvent obtenu, par l'administration de l'extrait ou de la racine pulvérisée de belladone, un soulagement qu'aucune autre médication ne pouvait procurer. L’usage de la belladone n'a pas, comme celui de l'opium, l'inconvénient de supprimer l'expectoration.
'''Asthme'''. — La belladone, administrée à l’intérieur contre l'asthme essentiel, c’est à-dire sans altération organique autre que l'emphysème pulmonaire, a presque toujours apporté du soulagement. Lenkossek (''in'' Szerlecki), Barbier, d’Amiens, Sandras ont obtenu de bons effets de la racine en poudre dans l’asthme. Mais les résultats que produit la belladone ainsi administrée contre cette affection ne peuvent être comparés, suivant Trousseau et Pidoux, à ceux qu’on obtient en faisant fumer la feuille sèche, soit seule, soit mêlée à du tabac. « Nous avons vu deux fois, disent ces médecins, des dyspnées intermittentes, durant depuis longtemps et revenant chaque nuit avec une opiniâtreté désespérante, se guérir complètement par l’usage de la fumée de belladone ou de datura stramonium. Souvent nous avons, sans guérir parfaitement le malade, produit une amélioration qu’aucune médication n’avait obtenue. » — Magistel (3)<ref>''Gazette médicale'', décembre 1834.</ref> préconise, dans le traitement de l'asthme, l'emploi des fumigations de feuilles de belladone en décoction. Sur cinq malades traités par ce moyen, quatre ont guéri, et le cinquième, vieillard âgé de soixante -quinze ans, a éprouvé de l’amélioration. De tels succès ne s’observent guère que dans les hôpitaux, où l’on ignore, après la sortie malade soi-disant guéri, s’il y a eu ou non récidive de la maladie. — Bretonneau (in Trousseau et Pidoux) se trouve très-bien de l'administration de la belladone à l'intérieur contre l'asthme nerveux pour prévenir le retour la maladie ; mais il compte plutôt, pendant l’accès, sur les cigarettes de belladone ou de stramoine. Le traitement dure plusieurs mois et même plu-
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<references/>
 
(1) ''Abeille médicale'', 1846, p. 251.
 
(2) ''Nouvelle bibliothèque médicale'', 1828.
 
(3) ''Gazette médicale'', décembre 1834.
sieurs années. La belladone est donnée en une seule dose graduellement augmentée comme pour la coqueluche. L’effet du médicament se constate par un léger sentiment de sécheresse à la gorge, par la dilatation des pupilles, et par des selles en général plus abondantes et plus faciles. (On fabrique plusieurs espèces de papiers antiasthmatiques, où la belladone, associée aux autres solanées vireuses et au nitre, joue le plus grand rôle.)
'''Angine de poitrine ou Sternalgie'''. — « Depuis quelques années, dit Debreyne, nous avons prescrit plusieurs fois avec avantage des potion avec l’extrait de belladone contre cette rare, douloureuse et grave maladie ; et c’est désormais contre elle notre principal et peut-être seul remède (1)<ref>''Annales de la Société médicale de Gand'', mars et avril 1853, p. 87.</ref>. »
'''Aphonie'''. — On a vu la belladone produire l'aphonie. Joseph Frank et Gaultier de Claubry ont observé cet effet, qui, sans doute, a fait naître l'idée, en vertu de la loi des semblables, de l’employer contre cette maladie. — J. Frank prescrit les feuilles contre l'aphonie spasmodique. — Sell (''in'' Szerlecki) a employé la belladone avec succès dans un cas d'aphonie, suite d'apoplexie, et Burtels (2)<ref>''Rust’s Magasin'', 1835, p. 65.</ref> l'a même préconisée dans l'aphonie qui accompagne la phthisie laryngée. — Stuart-Coopert (3)<ref>Bouchardat, ''Annuaire'', 1849, p. 28.</ref> guérit en peu de jours, par l’itropine, une femme de trente ans atteinte depuis un mois d’une aphonie complète, suite d'une métrorrhagie très-abondante. On administrait ce médicament à la dose de 0,003 gr. dans un julep gommeux dont on donnait une cuillerée d’heure en heure.
J’ai pu, au moyen de frictions faites avec la pommade de belladone à la partie antérieure du cou, dissiper en huit jours une aphonie complète, suite , d’une frayeur, chez une jeune fille de dix-neuf ans, qui était atteinte de cette affection depuis deux mois.
La propriété anticontractile ou anticonstrictive de la belladone a rendu et rend chaque jour les plus grands services dans un grand nombre de maladies, où aucun autre médicament ne saurait, d’une manière absolue, suppléer à cette solanée. On en a constaté les heureux effets dans la constipation, la constriction anale, l’iléus, les hernies étranglées, la constriction urétrhale, la constriction utérine, etc.
'''Constipation'''. — La constipation dépend souvent de la constriction spasmodique du sphincter de l’anus, lors même qu’il n’y a point de fissures. C’est surtout dans ce cas que la belladone est employée avec succès. La constipation qui accompagne la gastralgie, a été combattue par Bretonneau au moyen d’une très-petite dose de belladone prise au moment du repas, ou le soir au moment du coucher. (Voyez Gastralgie, p. 150.) — Blache (4)<ref>Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1849, p. 43.</ref> emploie à peu près le même moyen dans les constipations les plus rebelles. Il donne le matin à jeun, ou le soir, trois heures après le souper, une pilule composée de 1/2 centigr. à 1 centigr. d’extrait et de 1 à 2 centigr. de poudre de belladone.
Fleury (5)<ref>''Archives de médecine'', mars 1838.</ref> fait introduire dans le rectum, pour combattre la constipation, des mèches enduites de pommade de belladone (4 gr. sur 30 gr. d’axone) que l'on change une fois par jour. La défécation s’obtient en deux ou trois jours, même dans les constipations les plus opiniâtres.
Je rapporterai, comme assez remarquable, le fait suivant : Maillard, proprietaire cultivateur à Condette, âgé de trente ans, taille moyenne, cheveux blonds, tempérament lymphatico - nerveux, caractère pusillanime, atteint de gastralgie par cause morale (peur extrême du choléra), habituel-
<references/>
 
(1) ''Annales de la Société médicale de Gand'', mars et avril 1853, p. 87.
 
(2) ''Rust’s Magasin'', 1835, p. 65.
 
(3) Bouchardat, ''Annuaire'', 1849, p. 28.
 
(4) Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1849, p. 43.
 
(5) ''Archives de médecine'', mars 1838.
Quelques lavements émollients, en provoquant plusieurs autres selles abondantes, remettent promptement le malade dans son état habituel.
'''Constriction de l’anus, avec ou sans fissure'''. — La constriction spasmodique du rectum peut exister sans fissure ou gerçure ; mais la fissure existe rarement sans constriction : l’une peut être la cause de l’autre. Dans l’un comme dans l'autre cas, la belladone est d'une efficacité devenue vulgaire,
D’après Dupuytren (1)<ref>''Revue médicale'', mars 1829.</ref>, on peut guérir l'ulcération allongée qui existe dans la fissure de l’anus, en faisant cesser la contraction du sphincter dont elle n'est qu'un phénomène. Pour cela, il faut introduire dans l’anus, plusieurs fois dans la journée, une mèche enduite d’une couche épaisse de la pommade suivante : Axonge, 6 gr. ; extrait de belladone, 1 gr. ; acétate de plomb, 1 gr. — Laborderie (2)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', art. 179.</ref> et Lamoureux (3)<ref>''Même Journal'', art. 757.</ref> : le premier avec la pommade de belladone et d’acétate de plomb, le second au moyen d’une mèche de charpie enduite de cérat belladone, ont guéri des fissures chez deux malades qui s’étaient refusés à l’opération. — « L’usage de petites mèches enduites pommade de belladone, dit le professeur Cloquet, m’a réussi chez une dame à laquelle Roux avait proposé l’opération, et qui s'y était refusée (4)<ref>Debreyne, ''Annales de la Société de médecine de Gand'', mars et avril 1854.</ref>. »
M<small><sup>me</sup></small> H***, de Boulogne, âgée de quarante-quatre ans, ayant eu des hémorrhoïdes à la suite de couches, était atteinte d’une constriction douloureuse du sphincter de l'anus. Une constipation habituelle avait lieu ; les excréments étaient comme arrêtés au fondement, et ne pouvaient être expulsés que peu à peu, à diverses reprises, et avec douleur et excoriation. Il n’y avait pas de fissures. Cet état durait plus ou moins violemment depuis quinze ans, lorsque je fis pratiquer des onctions à l’intérieur du rectum, matin et soir, avec la pommade belladonée (4 gr. sur 30 d’axoned’axonge). Au bout de deux ou trois joue l’effet avantageux de ce simple moyen fut très-prononcé. Les selles devinrent
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<references/>
 
(1) ''Revue médicale'', mars 1829.
 
(2) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', art. 179.
 
(3) ''Même Journal'', art. 757.
 
(4) Debreyne, ''Annales de la Société de médecine de Gand'', mars et avril 1854.
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