La belladone n'a jamais été proposée pour le traitement de la goutte proprement dite, où, comme tous les stupéfiants, elle pourrait causer de graves accidents. ''Dolor in hoc morio est amarissimum naturœ pharmacum ; qui quo vehementior est eo citius prœter labitur paroxysmus'' (Sydenham).
'''NÉVROSES'''. — L’action puissante de la belladone sur le système nerveux, dont elle émousse pour ainsi dire la sensibilité, explique les bons effets qu'on en obtient dans les névroses.
'''Épilepsie'''. — Bon nombre d'auteurs ont vanté la belladone contre l'épilepsie. Nous citerons : Münch<ref>''Dissert. inaug., etc., circa usum belladonæ in melancolia, mania et epilepsia''. Gœttingue, 1783.</ref>, Stoll, Evers<ref>''Hannoversches Magazine'', 1783, n° 99.</ref>, Theden<ref>''Neue Bemerkungen und Erfahrungen'', t. II, p. 212,</ref>, Greding (6)<ref>Murray, ''Ouvrage cité'', t. I, p. 646.</ref>, Lallemand (7)<ref>''Annales cliniques de Montpellier'', t. XIV, p. 47.</ref>, Leuret et Ricard (8)<ref>''Gazette médicale'', 1838.</ref>, Guyault (9)<ref>''Bulletin de l’Académie royale de médecine'', t. II, p. 765.</ref>, Séguy (10)<ref>''Revue medicale'', avril 1839.</ref>. Bretonneau (11)<ref>Trousseau et Pidoux, t. II, p. 64.</ref>, est parvenu à diminuer la maladie, et dans quelques cas à la guérir entièrement. Il emploie la racine en poudre, et l'extrait de la plante. Les premiers jours il ne dépasse pas la dose de 1 centigr. par jour, et le remède est donné le soir, si les accès reviennent surtout la nuit, et le matin, s'ils se montrent durant le jour. La dose de la poudre est portée jusqu'à 5 et rarement jusqu'à 10 centigr., et l'on y reste pendant deux ou trois mois. Le remède est alors interrompu pendant une semaine, repris ensuite durant trois semaines, interromnu après pendant quinze jours, repris encore deux jours de suite, puis laissé pendant trois semaines, en ayant soin d'y revenir aux époques présumées du retour des accès, et de donner alors les doses les plus élevées. On continue ainsi avec persévérance pendant au moins trois ou quatre ans.
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<references/>
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(6) Murray, ''Ouvrage cité'', t. I, p. 646.
(7) ''Annales cliniques de Montpellier'', t. XIV, p. 47.
(8) ''Gazette médicale'', 1838.
(9) ''Bulletin de l’Académie royale de médecine'', t. II, p. 765.
(10) ''Revue medicale'', avril 1839.
(11) Trousseau et Pidoux, t. II, p. 64.
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Debreyne (1)<ref>''Thérapeutique appliquée'', p. 11.</ref>, qui regarde la belladone comme la plus précieuse de toutes les plantes indigènes de France, est le médecin qui, de nos jours, a obtenu les résultats les plus nombreux et les plus certains de l’usage de cette plante dans les névroses, et notamment dans l’épilepsie. Il a administré ce médicament à plus de deux cents épileptiques, et pas une seule fois sans obtenir quelque effet avantageux. Des malades qui avaient des accès tous les jours ont fini par ne plus en avoir, qu’à de longs intervalles ; d’autres, qui en avaient moins fréquemment, ont obtenu une amélioration notable ; enfin, plusieurs ont été guéris complètement. Suivant ce praticien, les effets du médicament sont surtout marqués chez les épileptiques dont les accès sont très-fréquents et même journaliers. Il faut en continuer longtemps l'usage.
Blache et Trousseau (2)<ref>''Revue de thérapeutique médico-thirurgicale'', 1856, p. 123.</ref> ont adopté le mode d’administration suivant de la belladone contre l’épilepsie : Extrait de belladone, poudre de belladone, de chaque 1 centigr. pour une pilule. Le premier mois, le malade prend une pilule ainsi composée, le soir en se couchant. Le deuxième mois, deux pilules au lieu d’une ; le troisième mois, trois pilules ; le quatrième, quatre, toujours à la fois, quel qu’en soit le nombre. Si la dose du médicament paraît trop élevée, trouble la vision, produit un sentiment d’âcreté à la gorge, on rétrograde et on n’augmente la dose que tous les deux mois. On arrive ainsi au bout de l’année au chiffre de sept ou huit pilules chaque soir, et on apprécie alors l'influence de la médication. Lorsqu’après un an de traitement vous constatez une diminution dans la force et le nombre des attaques, une modification heureuse dans la forme, vous insistez sur l’emploi de la belladone pendant deux, trois ou quatre ans de suite, en augmentant tous les deux ou trois mois la quantité du médicament d’un centigramme, jusqu'à dose intolérable. Quand on a obtenu la cessation entière des attaques, on suspend la médication et on la reprend pendant quinze jours ; puis on laisse deux mois de repos, suivis de deux mois de traitement ; et ainsi de suite, en augmentant progressivement ces intervalles, mais sans jamais abandonner l’usage de la belladone d’une manière absolue. Sur cent cinquante malades traités de cette manière, Trousseau en a guéri vingt.
On peut conclure de tous les faits que nous venons de rapporter, que la belladone diminue souvent la fréquence et l'intensité des attaques d'épilepsie, et que dans quelques cas, lorsqu'elle est essentielle, elle la guérit complètement. Il est des sujets chez lesquels elle est évidemment nulle ou nuisible : « Nous avons vu, dit Debreyne, sous l'influence de cette solanée, tout héroïque qu'elle est, les accès augmenter chez une femme qui était épileptique depuis près de vingt ans. Il a fallu absolument y renoncer. »
Suivant Hufeland l’usage à trop forte dose ou trop longtemps prolongé de la belladone, pourrait, dans certains cas, transformer l'épilepsie en imbécillité.
'''Convulsions'''. — Bergius, Stoll, Lallemand (3)<ref>''Annales cliniques de Montpellier'', t. XIV, p. 47.</ref> ont traité avec succès, à l’aide de la belladone, des affections convulsives violentes et qui avaient résiste à tous les autres antispasmodiques. Le professeur Chaussier combattait les convulsions qui arrivent pendant l’accouchement par des onctions de pommade de belladone sur le col utérin.
L’expérimentation clinique prouve chaque jour ce fait depuis longtemps reconnu par Debreyne, que la belladone est le spécifique du phénomène convulsion, et qu’elle est l’antispasmodique par excellence. — Trousseau (4)<ref>''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', 15 mars 1852.</ref> prescrit la poudre des feuilles à la dose de 1, 2 et 3 centigr. dans
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<references/>
(1) ''Thérapeutique appliquée'', p. 11.
(2) ''Revue de thérapeutique médico-thirurgicale'', 1856, p. 123.
(3) ''Annales cliniques de Montpellier'', t. XIV, p. 47.
(4) ''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', 15 mars 1852.
les vingt-quatre heures chez les enfants atteints de convulsions ; il donne en même temps le sirop d’éther à celle de 15 à 20 gr. ; il fait aussi frictionner les gencives avec une solution légère d’extrait de belladone, quand la dentition est la cause des convulsions. Tout en combattant le phénomène convulsion, on doit s’occuper des causes. Aux convulsions vermineuses on oppose les anthelmintiques, à celles qui tiennent aune constipation opiniâtre, à une surcharge gastrique, l’administration des lavements, des purgatifs, etc. « Nous avons eu à nous louer, disent Trousseau et Pidoux, de la belladone dans le traitement des maladies convulsives, mais surtout dans celui de l’éclampsies enfants et des femmes en couches ; nous ne comptons guère sur ce moyen au début des convulsions ; mais lorsqu’elles se renouvellent plusieurs fois par jour et plusieurs jours de suite, la belladone, administrée à faible dose, amène quelquefois des résultats inespérés. C’est surtout dans les convulsions épileptiformes, unilatérales ou partielles que nous avons eu à nous louer de l’administration de la belladone, bien entendu lorsque ces convulsions n’étaient pas symptomatiques d’une grave lésion organique.
'''Tétanos, Trismus'''. — Suivant Debreyne, la belladone doit être considérée comme le meilleur remède à opposer aux affections tétaniques. — Vial (1)<ref>''Bullelin de thérapeutique'', mars 1843.</ref> cite trois cas de guérison par ce médicament. Ce médecin prescrit la poudre fraîche à la dose de 10 à 20 centigr., suivant l’effet du remède et l’âge du malade : il conseille en même temps les fomentations ou les frictions avec une solution belladonée. — Besse (2) <ref>Bouchardat, ''Annuaire'', 1849, p. 44.</ref> a vu un cas de tétanos traumatique, rebelle à l’opium et au musc, céder rapidement aux frictions faites sur les muscles contractés avec la teinture de belladone à la dose de 100 gr. par jour. — Sandras a guéri en trente jours, au moyen de l’extrait de belladone donné à la dose de 2 à 15 cent, par jour, concurremment avec les bains de vapeurs (deux par jour), un jeune homme de dix-neuf ans, qui, après avoir eu le pied écrasé par une roue de voiture, présenta tous les symptômes du trismus à un haut degré.
M<small><sup>me</sup></small> Debette, de Calais, âgée de trente-trois ans, d’une grande taille, d'une constitution grêle, d’un tempérament nervoso-sanguin, enceinte de cinq mois, fut prise au mois d’août 1811 d'un resserrement spasmodique des mâchoires, qui d’abord peu prononcé, augmenta dans l'espace de cinq à six jours au point de tenir la bouche constamment fermée. Le contact sur les lèvres et les gencives de boissons ayant une saveur quelconque, et surtout acide, augmentait le spasme et la constriction jusqu’à faire saigner les gencives. Il y avait absence complète de douleur. Une saignée de 7 à 800 gr. fut pratiquée et n’amena aucun soulagement. Je prescrivis des demi-lavements avec l’extrait gommeux d'opium, un liniment camphré et opiacé, sans obtenir plus de succès. La malade était dans le même état depuis six jours, quand il me vint à l’idée d’employer des onctions de pommade de belladone sur les mâchoires. Cette pommade, dans la proportion de 4 gr. d’extrait sur 30 gr. d’axone, était appliquée à la dose de 4 gr. toutes les trois heures. Dès le second jour de l’emploi de ce moyen, la malade commença à desserrer les dents ; sa bouche s’ouvrit peu à peu, et au bout de six à huit jours la guérison de ce trismus était complète. Il est à remarquer que, pendant plus de quinze jours, une tension spasmodique était toujours provoquée par la présence des boissons acides dans la bouche.
<references/>
(1) ''Bullelin de thérapeutique'', mars 1843.
(2) Bouchardat, ''Annuaire'', 1849, p. 44.
''Voyez'' Atropine.
'''Rage'''. — Mayerne (1)<ref>''Prax. med. syntagma de morb. extern.''</ref> préconisa, au commencement du xvi siècle, l'emploi de la belladone contre la rage. — Théodore Turquet, dans un ouvrage publié en 1696, avait annoncé la décoction de baies de belladone comme un spécifique contre l’hydrophobie. — Schmidt, ministre protestant, publia ce remède dans le ''Journal de Hanovre'' en 1763. — Les deux Münch (2)<ref>''De belladona efficaci in rabie'', etc. Gœttingue, 1781.</ref> publièrent plusieurs cas de guérison. Ils faisaient préalablement saigner les malades jusqu’à la syncope, et administraient ensuite l’extrait de belladone à la dose de 5 à 70 centigr. tous les deux jours. — Buchols, Jahn, Hufeland, Sauter, Schaller, Locher-Balber, Rau, Neimecke, ont aussi rapporté des faits à l’appui de la vertu antilyssique de la belladone. Cette plante a été administrée à cent quatre-vingt-deux malades, qui tous avaient été mordus par des chiens enragés. Sur ce nombre, cent soixante-seize avaient été blessés depuis peu de temps, et n’offraient aucun symptôme de rage ; chez les six autres l’hydrophobe était confirmée. Voici les résultats du traitement : les cent soixante-seize récemment mordus furent préservés ; des six enragés, quatre furent guéris, et deux succombèrent (3)<ref>Bayle, ''Bibliothèque de thérapeutique'', t. II, p. 502.</ref>. — Sauter donnait la belladone en extrait à la dose de 40, 50, 60 centigr., et répétait cette dose à chaque accès. — Ghérardini en a donné jusqu’à 4 gr. en douze heures. — Giacomini fait observer avec raison que ceux qui sont opposés à l’emploi antilyssique de la belladone, n’ont donné cette substance qu’à la dose ordinaire, tandis que ceux qui en ont vanté les bons effets l’ont administrée à doses assez fortes.
« Cette médication, tout éminemment sédative et antispasmodique qu’elle est, ne suffira pas, dit Debreyne, parce qu’elle ne paraît pas de nature à pouvoir détruire le virus de la rage. Elle n'a qu'une vertu purement antispasmodique, anticonvulsive, et non une puissance destructive ou neutralisante (4)<ref>''Annales de la Société de médecine de Gand'', 1853, p. 156.</ref>. »
« De nos jours, disent Trousseau et Pidoux, on a acquis la triste confiction de l’inutilité des moyens divers vantés jusqu'ici dans le traitement de la rage. »
Comment a-t-on acquis cette triste conviction ? A-t-on répété les essais de Münch, ou n’a-t-on opposé que des préventions, des idées systématiques, des raisonnements non justifiés par l’expérience ? Swilgué affirme que l’on n’a fait en France aucune recherche propre à déterminer le degré de confiance que la belladone peut mériter sous le rapport de sa propriété antilyssique. S’il est permis d'élever des doutes sur cette propriété, il ne l'est pas moins de se garantir de ce scepticisme qui nous fait trop souvent regarder comme faux tout ce qui contrarie notre manière de voir ou nos préventions. On ne peut rejeter tous les faits observés par Münch sans suspecter la bonne foi de ce ministre protestant. La justice et la raison invoquent ici l’expérience clinique, qui seule peut juger en dernier ressort cette importante question. »
Hystérie — On a cité des faits qui prouvent l’efficacité de la belladone dans certains cas d'hystérie. En général, dans l’hystérie, la sensibilité est augmentée, surtout au début des accès. « Quel médecin n’a vu, dit Landouzy (5)<ref>''Traité complet de l'hystérie'', 1848, p. 312.</ref>, chez la plupart des hystériques, le moindre bruit, la moindre
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<references/>
(1) ''Prax. med. syntagma de morb. extern''.
(2) ''De belladona efficaci in rabie'', etc. Gœttingue, 1781.
(3) Bayle, ''Bibliothèque de thérapeutique'', t. II, p. 502.
(4) ''Annales de la Société de médecine de Gand'', 1853, p. 156.
(5) ''Traité complet de l'hystérie'', 1848, p. 312.
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odeur, le moindre contact augmenter le paroxysme ? — D’après Blackett (1)<ref>''Lond. Med. repository'', avril 1824.</ref>, la belladone ne saurait convenir dans l’hystérie qui dépend de causes débilitantes. Sur six malades auxquels ce médecin administra la belladone, trois furent guéris assez rapidement ; les trois autres, qui, sans doute, n’étaient pas dans des conditions convenables à l’action de ce médicament, éprouvèrent divers accidents nerveux qui firent renoncer à son usage. Blackett administrait la belladone sous forme de teinture.
Pages (2)<ref>''Revue médicale'', 1829.</ref> a fait disparaître des accès hystériques accompagnés de douleurs utérines analogues à celles de l’avortement, en pratiquant plusieurs fois par jour, sur le col de l’utérus, des onctions avec la pommade d’extrait de belladone.
Debreyne regarde ce médicament comme le meilleur modificateur du système nerveux chez les hystériques. Il rapporte, entre autres, deux cas d’hystérie rebelle qui offraient les symptômes les plus insolites, et dont l’un durait depuis six années, et l'autre depuis six mois.
Chorée. — La belladone s’est montrée efficace dans la danse de Saint-Guy essentielle et sans complication. Hufeland (3)<ref>''Hufeland’s Journal'', t. IX, cah. III, p. 100.</ref> dit s’en être bien trouvé dans cette maladie. — Ketterling (4)<ref>H. Musset, ''Traité des névroses'', p. 194.</ref> a guéri un individu affecté de chorée au moyen de la poudre des feuilles de cette plante, donnée à la dose de 10 à 15 centigr. par jour. — Seguy (5)<ref>''Revue médicale'', avril 1839.</ref> rapporte deux observations de chorée guérie en peu de temps par l’extrait de belladone, à la dose de 5 à 15 centigr. par jour. — Debreyne a vu l’extrait de belladone produire les meilleurs effets dans cette aberration nerveuse ; il emploie ordinairement les pilules formulées plus haut contre l’hystérie. — Mault (6)<ref>''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', 1851, p. 102.</ref>, dans un cas très-intense, chez un choréique de quatorze ans, et qui avait résisté à diverses médications, appliqua sur la colonne vertébrale un vésicatoire de huit pouces de long, et pansa douze heures après le derme dénudé avec un linge recouvert d’une légère couche d’extrait de belladone. Ce linge ne fut laissé qu’une heure en place. Au bout d’une demi-heure, il y avait déjà un mieux sensible, et quatre heures après il restait à peine quelques traces de convulsions. Quarante heures après, quelques convulsions s'annoncent à la face, on recommense à panser avec l'extrait de belladone, et l'on obtient le même résultat que la première fois. Le cinquième jour, comme il était revenu quelques mouvements convulsifs dans le bras gauche, on applique un nouveau vésicatoire et l’on panse comme auparavant. Les convulsions s’arrêtent encore et ne reparaissent plus.
'''Tremblement nerveux'''. — Suivant Debreyne, le tremblement nerveux cède ordinairement aux pilules d’extrait de belladone, mais souvent aussi il reparaît dès qu’on cesse le remède.
'''Delirium tremens'''. — Griève (7)Grieve<ref>''Monthly Journal'' et ''Bulletin général de thérapeutique'', t. XLVI, p. 496.</ref> a fait cesser comme par enchantement les accidents du ''delirium tremens'' portés à un haut degré (surexcitation nerveuse, hallucinations optiques, pouls au-delà de 120 pulsations, transpiration froide et visqueuse, contraction considérable des pupilles) chez un homme de quarante-neuf ans, d’une constitution robuste et qui s’était enivré régulièrement depuis trois semaines, en faisant des frictions sur les paupières avec la pommade de belladone. Aussitôt que l’effet physiologique du médicament se manifesta par la dilatation des pupilles, les hallucinations
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<references/>
(1) ''Lond. Med. repository'', avril 1824.
(2) ''Revue médicale'', 1829.
(3) ''Hufeland’s Journal'', t. IX, cah. III, p. 100.
(4) H. Musset, ''Traité des névroses'', p. 194.
(5) ''Revue médicale'', avril 1839.
(6) ''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', 1851, p. 102.
(7) ''Monthly Journal et Bulletin général de thérapeutique'', t. XLVI, p. 496.
de la vue perdirent de plus en plus leur caractère, les autres symptômes se calmèrent et le malade s’endormit. Il est probable que c’est bien plutôt à l’influence de la belladone sur les centres nerveux, qu'à la dilatation de la pupille, comme le pense Griève, qu'est dû cet heureux et prompt résultat.
'''Folie'''. — La belladone a été employée avec succès dans ce cas par Münch fils(1)<ref>''Loco citato''.</ref>, Münch père (''in'' Murray), Ludwig (2)<ref>''Dissert. de belladona, hujusque usu in vesania''.</ref>, Greding (3)<ref>Ludwig, ''Dissert. cit''.</ref>, Murray, Evers, Schmalz (4)<ref>''Chirurgische und medizinische Vorfælle'', p. 79.</ref>, J. Franck, Schmidtmann, David Scott (5)<ref>''London med. Gaz''., juillet 1838.</ref>.
On sait que la belladone administrée à une certaine dose produit une folie momentanée. Son efficacité dans les maladies mentales semble justifier ce principe de Hahnemann : ''Similia similibus curantur''. On puise quelquefois dans les systèmes les plus absurdes des vérités utiles : les doctrines opposées et exclusives ne sont ni vraies ni fausses en tous points. « Car l'expérience a prouvé qu'une multitude de maladies étaient guéries par des agents thérapeutiques qui semblent agir dans le même sens que la cause du mal auquel on les oppose (''in'' Trousseau et Pidoux). »
C’est principalement dans les monomanies accompagnées d'hallucinations fixes que la belladone s'est montrée efficace.
'''Paralysie'''. — Jahn (6)<ref>''Klinik der chronischen Krankheiten'', t. I, p. 365.</ref> a préconisé la belladone dans la paralysie. - Schmucker (7)<ref>''Schmucker's vermischte Schriften'', t. I, p. 365.</ref> l’a conseillée contre l’hémiplégie. — Murray cite le cas d’une hémiplégie sérieuse qui a cédé à la poudre des feuilles de belladone, à la dose de 25 centigr. à 1 gr. par jour. — Les docteurs Forstern et Verschuir (''in'' Szerlecki) ont employé ce médicament avec succès dans un cas de paralysie spasmodique des muscles de la face. — Bretonneau a obtenu, à l’aide de la belladone, des guérisons aussi inespérées que peu explicables dans plusieurs cas de paraplégie. « Mais lorsqu’il s’agit d'une hémiplégie, disent Trousseau et Pidoux, à moins qu’il n'y ait en même temps spasmes convulsifs, il n'obtient rien en général. » — Tessier (8)<ref>Bouchardat, ''Annuaire,'' 1847, p. 20.</ref> cite un cas d’hémiplégie qui céda à l’usage du suc éthéré de belladone, à la dose d'une goutte par jour.
'''Hoquet'''. — Le hoquet constitue quelquefois une névrose opiniâtre qui n’est pas sans gravité. Dans ce cas, Debreyne emploie les pilules suivantes, qui lui ont constamment réussi : Extrait de belladone, 2 gr. ; camphre, 15 gr. ; sirop de gomme, Q. S. pour 60 pilules. Deux pilules le premier jour, matin et soir ; le second jour trois, matin, midi et soir ; on augmente chaque jour d’une pilule, jusqu’à six en vingt-quatre heures en trois fois, un tiers matin, midi et soir.
'''Gastralgie'''. — La belladone réussit ordinairement dans la gastralgie. L’extrait de la racine, associé à l’eau de laurier-cerise, à la dose de 1 centigramme 1/2 à 2 centigr. 1/2, a été employé avec un succès remarquable par Schmidtmann dans un cas de gastralgie contre laquelle on avait en vain mis en usage les médicaments appropriés à ce genre de maladie. — Hauff (9)<ref>''Medizinisches Conversationsblatt'', n° 2, 1832.</ref>, Hufeland (10)<ref>Sebernheim, ''Handbuch der praktischen Arzneimittel''. Berlin, 1836, p. 5.</ref> se sont très-bien trouvés de la belladone en pareil cas. Le dernier prescrit 30 gouttes trois fois par jour du mélange de 30 centigr. d’extrait de belladone et de 15 gr. d'eau de laurier-cerise. — Caizergues (11)<ref>''Revue thérapeutique du Midi''.</ref>
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<references/>
(1) ''Loco citato''.
(2) ''Dissert, de belladona, hujusque usu in vesania''.
(3) Ludwig, ''Dissert. cit''.
(4) ''Chirurgische und medizinische Vorfœlle'', p. 79.
(5) ''London med. Gaz''., juillet 1838.
(6) ''Klinik der chronisehen Krankheiten'', t. I, p. 365.
(7) ''Schmucker's vermischle Schriften'', t. I, p. 365.
(S) Bouchardat, ''Annuaire,'' 1847, p. 20.
(9) Medizinisches Conversationsblatt, n° 2, 1832.
(10) ''Sebernheim, Handbuch der praktischen Arzneimittel''. Berlin, 1836, p. 5.
(11) ''Revue thérapeutique du Midi''.
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employait une masse composée de 10 gr. de sous-nitrate de bismuth et de 1 gr. d’extrait de belladone, divisée en 40 pilules, dont il faisait prendre deux matin et soir. — Leblus (1)<ref>Wahu, ''Annuaire de médecine et de chirurgie pratiques'', 1847, p. 92.</ref> a guéri une gastralgie opiniâtre, accompagnée de hoquet, au moyen des pilules suivantes : Extrait de belladone, 1 décigr. ; sous-carbonate de fer, 5 décigr., pour douze pilules, à prendre d’heure en heure. « Là où le chlorhydrate de morphine manque son effet, dit Sandras, l’extrait de belladone le remplace avec avantage et calme la gastralgie. » Ce médecin administre une pilule de 25 millier. toutes les demi-heures ; le malade est soulagé après en avoir pris une, deux ou trois. — S’il y a constipation, Bretonneau (''in'' Trousseau et Pidoux) fait prendre une très-petite quantité de belladone, soit en mangeant, soit le soir, au moment où le malade se couche ; s’il y a, au contraire, tendance à la diarrhée, il proscrit l’emploi de ce médicament et a recours à l’opium. C’est là une indication judicieusement formulée pour le traitement de la gastralgie et de l’entéralgie.
'''Entéralgie'''. — Suivant Schmidtmann, la belladone serait un excellent remède contre l’entéralgie, tandis que l’opium produirait de mauvais effets dans cette affection, sans doute à cause de la constipation qui l’accompagne presque toujours. — Sandras obtient un soulagement immédiat dans l’entéralgie, au moyen de quelques centigrammes d'extrait de belladone étendu dans un lavement émollient peu abondant et répété au besoin.
M.B..., directeur des postes, âgé de quarante-sept ans, d'un tempérament bilioso-sanguin, d’une forte constitution, était atteint depuis plusieurs mois d’une douleur fixe et continue à la région hypogastrique, sans cause connue, et n’apportant aucun changement dans les fonctions intestinales ni dans celles des organes urinaires. Cette douleur, plus incommode que vive, avait résisté à l’usage des bains, à l’application des sangsues à l'anus, aux cataplasmes et aux liniments opiacés. Je prescrivis un suppositoire de beurre de cacao avec 5 centigr. d’extrait de belladone à introduire matin et soir. Dès le second jour d'emploi de ce moyen, la douleur diminua. J'augmentai la dose d'extrait de belladone graduellement jusqu'à celle de 12 centigrammes, Dès lors la douleur disparut complètement. Après deux mois que le malade a cessé l’emploi du suppositoire belladone, aucun symptôme de récidive n’a eu lieu.
'''Iléus'''. — Rosati (2)<ref>''Observ. med. di Napoli''.</ref> a employé avec succès, dans l’iléus, des frictions faites sur l'abdomen avec la pommade de belladone. Plusieurs praticiens, au rapport de Szerlecki, tels que Pages, Magliari, Spencieri, Duponget, Albers, Marino, Méola, Frœnkel, auraient aussi obtenu de bons effets de l’usage extérieur de ce médicament dans la même maladie.
Stannius et Becker (3)<ref>Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1842, p. 20.</ref> ont employé avec succès un lavement composé d’une infusion de 4 gr. de racine de belladone dans 200 gr. d'eau. Ce remède a guéri le malade sans produire d'effet stupéfiant. Il faut néanmoins se défier d’une dose aussi élevée : je commence toujours par un lavement de 60 centigr. à 1 gr. de feuilles infusées dans 150 gr. d’eau, et je n’augmente cette dose, au besoin, que graduellement.
« Il est évident, dit Debreyne, après avoir rapporté plusieurs faits concluants, que la belladone est une excellente, une précieuse ressource contre une maladie si terrible, si féroce et si indomptable. »
<references/>
(1) Wahu, ''Annuaire de médecine et de chirurgie pratiques'', 1847, p. 92.
(2) ''Observ. med. di Napoli''.
(3) Boucnardat, ''Annuaire dé thérapeutique'', 1842, p. 20.
[152]
pathique, etc. — Hufeland et Siemerling (1)<ref>''Journal de Hufeland'', juillet 1830.</ref> prescrivent contre les vomissements chroniques, surtout chez les personnes adonnées aux boissons alcooliques, 30 à 40 gouttes, trois ou quatre fois par jour, du mélange de 10 centigr. d’extrait de belladone et de 8 gr. d’eau de laurier-cerise. — Sandras s’est bien trouvé, dans le vomissement nerveux, de frictions sur tout l’abdomen avec une pommade contenant environ un vingtième de son poids d’extrait de belladone.
Dans les vomissements nerveux qui surviennent pendant la grossesse, Bretonneau (''in'' Trousseau et Pidoux) fait pratiquer des frictions sur le ventre avec la pommade de belladone ou une forte solution d’extrait de cette plante dans l’eau, en consistance sirupeuse. Cette médication manque rarement de procurer du soulagement au bout de quelques jours. Elle m’a réussi, aidée de la position horizontale, chez une femme enceinte de sept mois, atteinte depuis trois mois de vomissements continuels qui l’avaient jetée dans un grand état de faiblesse. Mais, dans certains cas plus graves, disent Trousseau et Pidoux, et ces cas ne sont malheureusement pas rares, la belladone reste impuissante comme tous les autres moyens, et il ne reste souvent que la triste et regrettable ressource de l’avortement provoqué. »
« Dans une circonstance où cette opération allait être pratiquée pour sauver la femme, Cazeaux, qui avait essayé vainement la belladone suivant la méthode de Bretonneau, pensa qu’il obtiendrait un effet plus sûr en appliquant sur le col même et dans la cavité du col une grande quantité d’extrait de belladone, et cette petite opération, qu’il répéta une fois plusieurs jours de suite, amena une guérison rapide et inespérée.
'''Coliques hépatiques et néphrétiques'''. — Dubla (2)<ref>''Revue médicale'', t. III, p. 447.</ref> a employé avec avantage des frictions sur les lombes avec une pommade composée de 75 centigr. d’extrait de belladone et de 15 gr. d’axone, dans deux cas de colique néphrétique. Ces coliques ont été suivies d'expulsion de calculs.
M<small><sup>me</sup></small> Hanson, demeurant à Calais, âgée de vingt-six ans, d’un tempérament lymphatique, me fit appeler le 16 juin 1818. Elle était prise d’un violent accès de colique néphrétique. J’avais inutilement employé la saignée et le bain de longue durée, quand, attribuant les symptômes au spasme local, je fis frictionner de demi-heure en demi-heure, avec la pommade de belladone (4 gr. d’extrait pour 30 gr. d’axone), la région correspondante au rein, siège de douleurs lancinantes très-vives. Dès la seconde friction la douleur s’apaisa. La malade s'endormit après la troisième friction. Le lendemain les douleurs étaient entièrement dissipées, et cinq petits calculs avaient été rendus avec quelque difficulté pendant leur passage dans l’urètre. Deux de ces calculs étaient de la grosseur d’un pois.
Rostan et Martin-Lauzer (3)<ref>''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', t. XXXIV, p. 37.</ref> font cesser promptement les douleurs dans les coliques hépatiques et néphrétiques, en administrant toutes les quatre ou six heures une pilule contenant 5 centigr. d’extrait d’opium et autant d'extrait de belladone. L’amélioration a lieu dix minutes environ après la prise du médicament, et souvent la crise cesse en moins d’une demi-heure avec une seule pilule. — Pointe, de Lyon, s'est également bien trouvé, au rapport de Martin-Lauzer, de l’opium et de la belladone réunis contre les coliques hépatiques. — Sandras (4)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratique'', 1853.</ref> emploie dans les névralgies des conduits biliaires les pilules suivantes : Extrait de belladone, 15 centigr. ; chlorhydrate de morphine, 5 centigr. ; mucilage de poudre inerte Q. S. pour faire 10 pilules ; en prendre une de demi-heure en demi-heure.
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<references/>
(1) ''Journal de Hufeland'', juillet 1830.
(2) ''Revue médicale'', t. III, p. 447.
(3) ''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', t. XXXIV, p. 37.
(4) ''Journal de médecine et de chirurgie pratique'', 1853.
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'''Colique de plomb'''. — Malherbe (1)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie'' de Malgaigne, 1850.</ref> déclare avoir obtenu de la belladone des résultats avantageux dans vingt-neuf cas de colique de plomb. Le plus grand nombre des malades a éprouvé un soulagement du premier au troisième jour. Chez la plupart d’entre eux les douleurs cessaient plus ou moins de temps avant l'apparition des selles. Dans la moitié des cas, la belladone n’a été prise que pendant quatre ou cinq jours... « Nous pensons, conclut Malherbe, que la belladone est destinée à procurer des guérisons plus rapides que les autres méthodes de traitement. Elle s’attaque d'ailleurs aux deux principaux symptômes de la maladie : la douleur et la constipation. La belladone peut, dans ce cas, être donnée à doses beaucoup plus élevées que dans les maladies non douloureuses. On commence par 5 centigr. d’extrait mêlé à 10 centigr. de poudre de racine ; on augmente ou l’on diminue suivant qu'il y a ou non effets toxiques. On prescrit en même temps chaque jour un ou deux lavements avec 2 à 5 centigr. d’extrait, et l’on fait des onctions sur le bas-ventre avec la pommade de belladone. — Le docteur Blanchet a aussi employé avec succès la belladone contre la colique de plomb, mais il l’a unie à la thériaque. »
'''Colique nerveuse des pays chauds'''. — Cette colique, si fréquente chez les marins qui naviguent entre les tropiques, a été traitée par Fonssagrives (2)<ref>''Archives générales de médecine'', octobre 1852.</ref> à l’aide de la belladone avec le plus grand succès. Les purgatifs ne sont point exclus ; mais ils ne doivent être administrés que lorsque les douleurs sont calmées.
'''Palpitations'''. — « Il est des palpitations nerveuses, dit Martin Lauzer (3)<ref>''Revue de thérapeutique médico-chirurgicale'', t. XXXIV, p. 36.</ref>, que j’ai pu arrêter au bout de quelques instants, en faisant appliquer sur la région du coeur un emplâtre fait avec 4 gr. d’extrait de belladone. »
Je suis parvenu à faire cesser des palpitations de coeur très-violentes chez une jeune fille de dix-huit ans, devenue chlorotique par suite de frayeur, en faisant frictionner deux fois par jour la région précordiale avec un liniment composé d’un jaune d’oeufd’œuf, de 2 gr. de suc de belladone et de 4 gr. de suc de digitale. Ces palpitations étaient purement nerveuses. — J’ai obtenu un soulagement prompt dans les palpitations et les douleurs causées par l’hypertrophie du coeurcœur, en employant le même liniment ou la pommade de belladone. Il est à remarquer que, dans ces cas, l'usage de la belladone à l'intérieur ne produit aucun soulagement.
'''Coqueluche'''. — C’est sans contredit dans la coqueluche que la belladone a peut-être été employée avec le plus d'avantages. SchœfferSchæffer, en Allemagne (4)<ref>''Journal de Hufeland'', t. VI.</ref> et Marteau de Granvilliers, en France (5)<ref>''Ancien Journal de médecine'', t. XVI, p. 461.</ref> en ont les premiers signalé les bons effets dans cette maladie. — Vinrent ensuite Hufeland (6)<ref>''Journal''.</ref>, qui considéra cette solanée presque comme spécifique ; Buchave (7)<ref>''Journal de Hufeland'', 1808.</ref>, qui, dans une épidémie de coqueluche en 1784, eut de nombreuses occasions d’en constater l’efficacité ; Kraff (8)<ref>''Acta regia Soc. med. Hafniensis'', t. II.</ref>, dans une épidémie observée à Runckel en 1806, et à laquelle 41 opposa pour tout traitement l’infusion de 1 gr. 20 centigr. de racines et de feuilles de belladone dans 30 gr. d’eau bouillante, qu’il administrait trois fois par jour à la dose de 3 à 30 gouttes, selon l’âge, jusqu’à l’effet physiologique manifesté par la rougeur du visage, la dilatation des pupilles, etc.
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<references/>
(1) ''Journal de médecine et de chirurgie'' de Malgaigne, 1850.
(2) ''Archives générales de médecine'', octobre 1852.
(3) ''Revue de thérapeutique médico-chirurgicale'', t. XXXIV, p. 36.
(4) ''Journal de Hufeland'', t. VI.
5) ''Ancien Journal de médecine'', t. XVI, p. 461.
(6) ''Journal''.
(7) ''Journal de Hufeland'', 1808.
(8) ''Acta regia Soc. med. Hafniensis'', t. II.
[154]
Mais c’est surtout Wetzler (1)<ref>''Journal de Hufeland'', t. VI, p. 285.</ref> qui, dans une épidémie de coqueluche qui régna en 1810 à Augsbourg, a vérifié les effets héroïques de la belladone dans cette affection convulsive des organes respiratoires. Trente enfants auxquels ce médecin administra ce remède guérirent tous du huitième au quinzième jour. Il donnait, matin et soir, 1 centigr. et demi de racine en poudre aux enfants au-dessous de deux ans ; 5 centigr. à ceux de deux à trois ans ; 7 centigr. et demi aux enfants de quatre à six ans. On augmentait cette dose au bout de deux à trois jours, sans toutefois dépasser celle de 1 centigr. et demi en vingt-quatre heures chez les plus jeunes, et celle de 15 centigr. chez les plus âgés.
Depuis, un très-grand nombre de médecins se sont servis de la belladone, et s’en servent journellement avec succès contre la coqueluche. Cette solanée, suivant Laennec (2)<ref>''Traité de l'auscultation médiate'', t. I, p. 86.</ref>, diminue le besoin de respirer, et par conséquent la dyspnée, plus constamment qu'aucune autre plante narcotique.
Blache (3)<ref>''Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques''.</ref> pense avec Hufeland que c’est du quinzième au vingtième jour de la maladie qu’il faut employer la belladone, pourvu toutefois qu'il n'existe aucune inflammation thoracique, car alors il considère ce médicament comme plus nuisible qu’utile. Au reste, il ne l’a vu réussir que lorsque la dilatation de la pupille a eu lieu, et il n’a pas été besoin, dit-il, de dépasser la dose de 20 à 25 centigr. — Suivant Duhamel (4)<ref>''Mémoire couronné en 4848 par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles''.</ref> la coqueluche présente deux nuances ou variétés distinctes : l’une est apyrétique, et l'autre est accompagnée de fièvre. La belladone réussit, dit-il, dans la première ; elle échoue dans la seconde. Il donne la racine en poudre à la dose de 6 centigr. par jour, en trois fois, matin, midi et soir, aux enfants au-dessous de trois ou quatre ans ; à un âge plus avancé, il porte quelquefois la dose à 20 centigrammes. Dans la plupart des cas, il a combattu la maladie dans l’espace de trois, quatre, cinq ou six jours. Duhamel ne s’est-il pas trompé en comptant les jours ?… ... Je n’ai jamais pu obtenir un résultat aussi prompt dans le cours de ma longue pratique. — Debreyne, qui, pendant plus de trente ans, a employé la belladone dans la coqueluche sur un nombre immense de malades, dont la plupart ont été guéris en huit ou dix jours, n’a recours à ce médicament que du dixième au douzième jour de la maladie, quand les symptômes inflammatoires ou pléthoriques ont été combattus, et que la toux est devenue purement spasmodique. Il donne la racine en poudre à la dose d’autant de fois 5 centigr. que l’enfant a de mois, à prendre en douze jours. Ainsi, un enfant de six mois en prend 30 centigr. en douze jours, et ainsi de suite. La dose se prend en trois fois dans la journée, matin, midi et soir. — Trousseau et Pidoux emploient avec avantage dans la période convulsive, afin de prévenir l’insomnie que la belladone produit quelquefois, le sirop suivant : Extrait de belladone, 20 centigr. ; faites dissoudre dans sirop d’opium et de fleurs d’oranger, de chaque 30 gr. ; en prendre une à huit cuillerées dans les vingt-quatre heures. Il faut employer l’opium avec prudence, et ne pas insister longtemps sur son usage, à cause de la propriété qu’il a de constiper et de favoriser les congestions sanguines au cerveau, déjà si fréqueutes dans la coqueluche. — Bretonneau administre toujours la poudre de belladone en une seule dose, soit le matin, soit le soir, à là dose de 1 centrigramme, en augmentant de 1 centigr. tous les deux jours, jusqu’à ce que la toux soit très-notablement calmée. Si après quelques jours le mal reste stationnaire, il augmente encore, mais sans aller jusqu’à effet toxique. Quand la maladie rétrocède, il diminue graduellement et ne cesse que lorsqu’il n’existe plus que les symptômes d'un simple catarrhe.
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<references/>
(1) ''Journal de Hufeland'', t. VI, p. 285.
(2) ''Traité de l'auscultation médiate'', t. I, p. 86.
(3) ''Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques''.
(4) ''Mémoire couronné en 4848 par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles''.