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Belladone (Cazin 1868)

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cancéreuse du sein, et chez laquelle, il est vrai, l’opium à grande dose, le chloroforme, etc., ont été aussi sans effet.
''Voyez'' ''' Atropine'''.
'''Rage'''. — Mayerne (1)<ref>''Prax. med. syntagma de morb. extern.''</ref> préconisa, au commencement du xvi siècle, l'emploi de la belladone contre la rage. — Théodore Turquet, dans un ouvrage publié en 1696, avait annoncé la décoction de baies de belladone comme un spécifique contre l’hydrophobie. — Schmidt, ministre protestant, publia ce remède dans le ''Journal de Hanovre'' en 1763. — Les deux Münch<ref>''De belladona efficaci in rabie'', etc. Gœttingue, 1781.</ref> publièrent plusieurs cas de guérison. Ils faisaient préalablement saigner les malades jusqu’à la syncope, et administraient ensuite l’extrait de belladone à la dose de 5 à 70 centigr. tous les deux jours. — Buchols, Jahn, Hufeland, Sauter, Schaller, Locher-Balber, Rau, Neimecke, ont aussi rapporté des faits à l’appui de la vertu antilyssique de la belladone. Cette plante a été administrée à cent quatre-vingt-deux malades, qui tous avaient été mordus par des chiens enragés. Sur ce nombre, cent soixante-seize avaient été blessés depuis peu de temps, et n’offraient aucun symptôme de rage ; chez les six autres l’hydrophobe était confirmée. Voici les résultats du traitement : les cent soixante-seize récemment mordus furent préservés ; des six enragés, quatre furent guéris, et deux succombèrent<ref>Bayle, ''Bibliothèque de thérapeutique'', t. II, p. 502.</ref>. — Sauter donnait la belladone en extrait à la dose de 40, 50, 60 centigr., et répétait cette dose à chaque accès. — Ghérardini en a donné jusqu’à 4 gr. en douze heures. — Giacomini fait observer avec raison que ceux qui sont opposés à l’emploi antilyssique de la belladone, n’ont donné cette substance qu’à la dose ordinaire, tandis que ceux qui en ont vanté les bons effets l’ont administrée à doses assez fortes.
Comment a-t-on acquis cette triste conviction ? A-t-on répété les essais de Münch, ou n’a-t-on opposé que des préventions, des idées systématiques, des raisonnements non justifiés par l’expérience ? Swilgué affirme que l’on n’a fait en France aucune recherche propre à déterminer le degré de confiance que la belladone peut mériter sous le rapport de sa propriété antilyssique. S’il est permis d'élever des doutes sur cette propriété, il ne l'est pas moins de se garantir de ce scepticisme qui nous fait trop souvent regarder comme faux tout ce qui contrarie notre manière de voir ou nos préventions. On ne peut rejeter tous les faits observés par Münch sans suspecter la bonne foi de ce ministre protestant. La justice et la raison invoquent ici l’expérience clinique, qui seule peut juger en dernier ressort cette importante question. »
'''Hystérie ''' — On a cité des faits qui prouvent l’efficacité de la belladone dans certains cas d'hystérie. En général, dans l’hystérie, la sensibilité est augmentée, surtout au début des accès. « Quel médecin n’a vu, dit Landouzy<ref>''Traité complet de l'hystérie'', 1848, p. 312.</ref>, chez la plupart des hystériques, le moindre bruit, la moindre
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Debreyne regarde ce médicament comme le meilleur modificateur du système nerveux chez les hystériques. Il rapporte, entre autres, deux cas d’hystérie rebelle qui offraient les symptômes les plus insolites, et dont l’un durait depuis six années, et l'autre depuis six mois.
'''Chorée'''. — La belladone s’est montrée efficace dans la danse de Saint-Guy essentielle et sans complication. Hufeland<ref>''Hufeland’s Journal'', t. IX, cah. III, p. 100.</ref> dit s’en être bien trouvé dans cette maladie. — Ketterling<ref>H. Musset, ''Traité des névroses'', p. 194.</ref> a guéri un individu affecté de chorée au moyen de la poudre des feuilles de cette plante, donnée à la dose de 10 à 15 centigr. par jour. — Seguy<ref>''Revue médicale'', avril 1839.</ref> rapporte deux observations de chorée guérie en peu de temps par l’extrait de belladone, à la dose de 5 à 15 centigr. par jour. — Debreyne a vu l’extrait de belladone produire les meilleurs effets dans cette aberration nerveuse ; il emploie ordinairement les pilules formulées plus haut contre l’hystérie. — Mault<ref>''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', 1851, p. 102.</ref>, dans un cas très-intense, chez un choréique de quatorze ans, et qui avait résisté à diverses médications, appliqua sur la colonne vertébrale un vésicatoire de huit pouces de long, et pansa douze heures après le derme dénudé avec un linge recouvert d’une légère couche d’extrait de belladone. Ce linge ne fut laissé qu’une heure en place. Au bout d’une demi-heure, il y avait déjà un mieux sensible, et quatre heures après il restait à peine quelques traces de convulsions. Quarante heures après, quelques convulsions s'annoncent à la face, on recommense à panser avec l'extrait de belladone, et l'on obtient le même résultat que la première fois. Le cinquième jour, comme il était revenu quelques mouvements convulsifs dans le bras gauche, on applique un nouveau vésicatoire et l’on panse comme auparavant. Les convulsions s’arrêtent encore et ne reparaissent plus.
'''Tremblement nerveux'''. — Suivant Debreyne, le tremblement nerveux cède ordinairement aux pilules d’extrait de belladone, mais souvent aussi il reparaît dès qu’on cesse le remède.
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tômes ; mêmes prescriptions, lavement purgatif qui provoque une selle demi-concrète assez abondante, sans apporter le moindre changement dans la tumeur herniaire. — Le 6 (4e jour), malaise général, insomnie, soif, pouls à 85, douleurs parfois assez vives dans la tumeur, qui est plus volumineuse, rouge ; quinze sangsues produisent une saignée locale assez abondante et qui apporte du soulagement. — Le 7 (5e jour), mêmes prescriptions ; manifestation de l’effet de la belladone sur les pupilles. Cataplasme de décoction de racine de guimauve et de mie de pain. Frissons vagues, suivis de chaleur et de soif ; cessation de l’usage de la potion belladonée ; limonade, sirop de groseille, eau de gruau, bouillon de veau. — Du 8 au 11 (6e au 9e jour), la tumeur herniaire, tout à fait phlegmoneuse, présente de la fluctuation ; j’en propose l’ouverture par l’instrument tranchant ou par le caustique de Vienne : la malade s’y refuse. Un lavement de décoction de mauve produit une selle semi-liquide, assez abondante et suivie de soulagement. — Le 13 (11e jour), une escarre putrilagineuse, d’un blanc jaunâtre, recouvre presque toute la tumeur, qui s’ouvre spontanément le 14 au matin et donne issue à une grande- quantité de pus d’une odeur infecte, mêlé ensuite à des matières intestinales digérées et semblables à de la levure de bière. Lotions avec le chlorure d'oxyde de sodium étendu dans l'eau , application d’un digestif animé, pansements très-fréquents, soins de propreté. La malade est mieux et se sent de l'appétit. Bouillon avec l'arrow-root, vin ; infusion de racines de gentiane et d’angélique à prendre par petites tasses dans la journée.
Les jours suivants, les matières fécales passent par la plaie et par la voie naturelle. Une pilule de 25 centigr. d’aloès, chaque jour, en favorise l'évacuation par cette dernière voie : un linge fin couvert de cérat fait disparaître l'érythème et les excoriations résultant du contact de ces matières. Alimentation plus substantielle, digestion facile, rétablissement graduel des forces. Les parties gangrenées se détachent, la plaie se déterge, les chairs fongueuses sont réprimées au moyen de l’azotate d’argent fondu, avec lequel une ouverture fistuleuse subsistante est profondément cautérisée, ce qui hâte la guérison, qui est complète vers le 1er avril (46° jour).
Les effets de la belladone furent ici très-remarquables. A peine quelques doses rapprochées de ce médicament avaient-elles été administrées, que l’irritation spasmodique du tube digestif et les symptômes les plus graves de l’étranglement intestinal se dissipèrent comme par enchantement, bien que la hernie ne fût point réduite. Au lieu d’une inflammation très-aiguë, rapidement gangreneuse et avec épanchement abdominal possible, il y eut phlegmasie lente et désorganisatrice des parties engagées, abcès au dehors, péritonite circonscrite et avec adhérences qui borna la gangrène et préserva les parties internes d’une atteinte mortelle. La nature, grâce à l’action prompte et soutenue de la belladone, eut le temps de déployer ses ressources.
'''Constriction urétrale ou Rétrécissement spasmodique de l’urètre'''. — Rétention d’urine ; strangurie ; cathétérisme ; calcul engagé dans le canal de l’urètre , etc. — Will, chirurgien des dispensaires de Londres<ref>''Journal des progrès des sciences médicales'', t. I, p. 97.</ref> a fait cessée le rétrécissement spasmodique de l’urètre en introduisant dans ce canal les bougies enduites de pommade de belladone. — Carré, de Besançon<ref>''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', mai 1835.</ref>, dissipé un rétrécissement de même nature qui s’opposait à l’émission des urines, en frictionnant le gland avec la pommade de belladone et en appliquant sur le périnée un cataplasme de mie de pain cuite dans une décoction de feuilles de la même plante. — Holbrook<ref>''Bulletin des sciences médicales'', t. I, p. 362.</ref> combattait la constric-
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Je fis cesser en quelques jours l’inflammation et l'étroitesse du prépuce chez un jeune homme de dix-huit ans, atteint d’une gonorrhée, en faisant baigner la verge pendant une demi-heure matin et soir dans une forte décoction tiède de feuilles de belladone. Dans un cas de paraphimosis porté à un haut degré, avec inflammation et gonflement considérable du gland qui rendaient toute manoeuvre de réduction impossible, j’obtins un soulagement presque immédiat, la résolution et enfin la guérison en quelques jours, au moyen de l’application souvent répétée de suc frais de feuilles de belladone mêlé avec autant d’eau tiède.
'''Constriction spasmodique et rigidité du col utérin'''. — Lorsque le col utérin résiste spasmodiquement aux violentes et longues contractions de la matrice, on l’enduit, pour le dilater, avec l'extrait de belladone. Chaussier, qui le premier eut recours à ce moyen, portait sur le col de l’utérus, à l’aide d'une seringue ayant une large canule, 8 gr. d'une pommade composée de 60 gr. de cérat ou d'axonge, de 60 gr. d'eau distillée et de 8 gr. d'extrait de belladone. — Aux observations de Chaussier vinrent se joindre plusieurs faits recueillis par Blackett (''in'' Roques). Toutefois, ce dernier vit, dans un cas, ce médicament produire à la fois la dilatation et la paralysie de la matrice. Ce résultat est d’autant plus rare que les contractions du corps de cet organe sont plus violentes, et la résistance de son col plus grande. Si, en même temps que la belladone fait cesser la rigidité de cette dernière partie, les contractions du corps de l’utérus diminuent et devienment insuffisantes ou nulles, on leur rend toute leur énergie en administrant le seigle ergoté. Tout médecin ami de la science et de l'humanité doit s'incliner devant le triomphe du concours, vers un même but, de ces deux substances de nature opposée, et aussi merveilleuses qu’inexplicables dans leur action. — Beaucoup d’accoucheurs ont dû l'avantage de voir le col utérin se dilater dans des cas de constriction contre lesquels on n’employait autrefois que la saignée, les bains, les injections mucilagineuses, etc., moyens d’une action lente et incertaine. — Mandt<ref>''Rust’s Magazin'', t. XIX, p. 350.</ref>, Conquest<ref>''London med. repository'', mars 1828.</ref>, Carré<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', juillet 1833.</ref> ont retiré les plus grands avantages de ce moyen dans les cas dont il s’agit. — Gouvion<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', juillet 1833.</ref> est parvenu, à l’aide de frictions faites avec l'extrait de belladone sur un col utérin squirreux en plusieurs points, à le dilater assez pour livrer passage à un fœtus. Si l’on n’obtient pas toujours des résultats avantageux de ce médicament, cela tient, selon Delmas<ref>''Union médicale'', 1852.</ref>, à la manière de l’appliquer, qui consiste à le porter sur le col de l’utérus au moyen de l'extrémité du doigt ; il faut pratiquer des injections au fond du vagin avec la solution aqueuse chaude de cet extrait. — Mandt faisait simultanément des frictions sur le col utérin avec une pommade analogue à celle de Chaussier, mais il pratiquait aussi des injections avec l’infusion des feuilles de belladone, et appliquait sur le ventre des cataplasmes préparés avec la même plante.
J’ai eu plusieurs fois occasion d’employer la pommade de belladone dans le cas de rigidité spasmodique du col utérin pendant l’accouchement. L’effet en a été prompt et satisfaisant. Une fois j’ai introduit de cette pommade dans l’utérus pour faire cesser le resserrement partiel de cet organe, produisant l’e nchatonnement du placenta; mais je ne puis assurer que la dilatation n'eût pas eu lieu sans cela, ainsi qu'on l'observe fréquemment quand on attend quelques minutes, et que l’on sollicite les contractions générales de la matrice par des frictions sur l'hypogastre. Dans un cas de providence du cordon ombilical chez une jeune femme primipare, dont le col utérin
(L’emplâtre de belladone, étant plus solide que l'extrait, est plus facilement mis et maintenu en contact avec l'orifice utérin. On doit l’employer de préférence. Dans le même but, je mets souvent en usage le beurre de cacao, dans lequel on enrobe de l’extrait de belladone. Beck<ref>''Bulletin de thérapeutique'', 1858.</ref> s’en est servi pour dilater le col, dans un cas de polype intra-ulérin, dont il voulait ainsi favoriser l'arrachement.)
'''Extrait aqueux de belladone comme succédané du seigle ergoté dans la pratique obstétricale'''. — Soma, de Magliano<ref>''Bulletin de thérapeutique'', t. XLVI, p. 547.</ref>, a obtenu d’heureux résultats de l'extrait de belladone employé dans le but de ranimer les contractions utérines trop languissantes, et d’amener, par conséquent, une plus prompte dilatation du col de cet organe. Dans les trois cas rapportés par l’auteur, le col était peu dilaté, malgré les contractions utérines faibles ou ralenties. La dose du médicament était très-élevée ; — (50 centigr. dans 125 gr. d’émulsion de gomme arabique et 30 gr. de sirop simple : deux cuillerées de dix minutes en dix minutes) ; — après l’administration de la moitié de cette potion, les contractions utérines devinrent énergiques, à la suite desquelles l’accouchement eu lieu. Soma fut quelquefois obligé de porter la dose jusqu’aux trois quarts de la potion, et pourtant sans aucun inconvénient, la tolérance en pareil cas était très-grande. — Il semble résulter des faits observés par Soma, que dans beaucoup de cas on pourrait substituer l’extrait de belladone au seigle ergoté : 1° parce qu’il est plus agréable à prendre que le seigle ergoté ; 2° parce que les cas de vomissements spasmodiques, qui ne sont pas rares, empêchent l’absorption des médicaments, tandis que la belladone calme en même temps ces vomissements par ses propriétés antiémétiques ; 3° parce que ce médicament paraît agir avec plus d’énergie et de promptitude que le seigle ergoté, dont l’action est toutefois plus prolongée ; 4° parce que les accouchées ne conservent pas, à la suite de l’extrait, ces contractions utérines qui se prolongent quelquefois plusieurs heures et même plusieurs jours après l’accouchement, dans les cas où le seigle ergoté a été administré, bien que ; à vrai dire, on puisse observer quelquefois ces contractions dans des accouchements où la malade n’a pris aucun médicament.
'''Affections utérines'''. — Dans certaines douleurs utérines qui dépendent de la rétention des menstrues, Trousseau et Pidoux obtiennent des effets avantageux de l’application extérieure de la belladone. — Bretonneau, qui attribue ces douleurs à la rigidité du col utérin s’opposant à l’écoulement menstruel, emploie avec succès l’extrait de la même plante porté sur cette partie. — Rousseau<ref>''Revue de thérapeutique médico-chirurgicale'', 1853, p. 24.</ref> se sert, dans les douleurs névralgiques de l’utérus, les métrites douloureuses, etc., d’un topique composé de 0,10 d’extrait alcoolique de belladone, de 0,05 d'opium. Ce mélange est placé au milieu d’un plumasseau de charpie ; on noue celui-ci d’un fil, et on l’introduit dans le vagin jusqu'au col de l'utérus. On le laisse en place pendant vingt-quatre heures. Dans les métrites douloureuses accompagnées de leucorrhée, ou ajoute 30 centigr. de tannin. — Bérard<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', art. 2040, 1843.</ref> cite un cas de constriction douloureuse de la vulve, analogue à celle du sphincter de l'anus dans la fissure, et qui s'opposait à l'acte du mariage. Il prescrivit d’introduire dans le
D’après Rasori, Borda, Tommasini, Rognetta, Giacomini, etc., la belladone ne serait efficace que dans les affections à fond hypersthénique, c’est-à-dire dans celles où le traitement antiphlogistique est indiqué. Ils la regardent comme un puissant auxiliaire de la saignée. Selon Rognetta, des maladies inflammatoires très-graves ont été traitées en Italie uniquement par la belladone. Bien qu’un grand nombre de faits aient été publiés à l'appui de cette manière de voir, les médecins français sont loin de l’avoir adoptée sans restriction. Dans les phlegmasies superficielles, dans celles des organes doués d’une vive sensibilité, où l'élément douleur domine, il est incontestable que la belladone peut être d’une grande utilité, ''quod sedat curat'' ; mais alors c’est plus ordinairement à l’extérieur qu'à l'intérieur qu'on l'emploie. Au reste, l’idée d'opposer la belladone aux phlegmasies n'est pas nouvelle. On trouve dans Tragus le passage suivant : « ''Herba humus solani una cum flore, et fructu suo maturo, in fine maii distillata, omnis generis internis ardoribus et inflammalionibus prœsenlissimo est remedio, si singulis vicibus mesura II aut III cochlearium ea aqua bibatur, et foris etiam linteolis lineis excepta imponatur''. »
'''Phlegmasie des membranes séreuses'''. — Dans un cas d’''ascite aiguë'' survenue chez une jeune fille de treize ans, à la suite d’une diarrhée brusquement supprimée, Trousseau<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', 1855, p. 205.</ref>, se plaçant au point de vue d’une phlegmasie très-superficielle, sécrétoire et douloureuse de la membrane séreuse abdominale, s’adressa à l'élément douleur pour abattre l'inflammation et l'hypersécrétion. Le ventre fut couvert de cataplasmes arrosés avec une mixture composée de parties égales d’extrait de belladone, d’extrait d’opium et d’une suffisante quantité d’eau pour donner à ce mélange la consistance de sirop. En même temps, on administra le calomel à doses fractionnées. Bientôt les douleurs s'apaisèrent, et, au bout de dix jours, l'épanchement séreux avait entièrement disparu ; mais l'absorption de la belladone avait produit une paralysie temporaire de la vessie, avec rétention d'urine.
J’ai calmé très-promptement une douleur pleurétique intense, et qui avait résisté à une saignée copieuse du bras et à une ample application de sangsues, au moyen d’un cataplasme de décoction de feuilles de belladone et de mie de pain. Ce moyen convient surtout dans les cas où la douleur est disproportionnée à l’inflammation et s'entretient par un état nerveux toujours facile à reconnaître. Ne pourrait-on pas employer avec avantage cette médication pour apaiser les douleurs aiguës de la méningite tuberculeuse ? Des onctions avec la pommade de belladone et l'onguent mercuriel
De Larue, de Bergerac<ref>''Revue de thérapeutique médico-chirurgicale'', t. II, 1854, p. 8.</ref>, rapporte une observation de pneumonie au troisième degré et annonçant une fin prochaine, dans laquelle 15 centigr. d’extrait de belladone en solution dans 10 gr. de sirop, administrés en une ''seule fois'', a produit des effets prodigieux. « Variable selon l’exigence des cas, dit de Larue, ''notre nouvelle méthode de traitement'' est, comme toutes les médications héroïques, décisive, d’une pratique généralement difficile, parfois périlleuse. » Cette observation a pour épigraphe : La hardiesse est quelquefois une sage prudence. — Delchiappa<ref>''Mem. intoruo la vita di Borda''.</ref> cite l'observation d'une pneumonie chez un berger robuste, âgé de seize ans, où la poudre de racines de belladone, donnée à haute dose jusqu’à intoxication légère, avait amené la guérison.
'''Dysenterie'''. — Le sirop préparé avec les baies de belladone, à la dose d’une petite cuillerée, a offert à Gesner un moyen rapide de guérison dans une épidémie de dysenterie. « ''Ut vel ligulæ, aut cocherais cochlearis parvi mensura somnum infératinferat, fluxiones sistat, dolores tollat, dysenteriam curet ; gratus est plane, sed cavendum ne ampliùs detur''<ref>''Epist''., lib. I, fol. 34.</ref>. »
Leclercq<ref>''De la médication curative de la dysenterie aiguë et de la dysenterie chronique, etc''. Tours, 1856.</ref> fait appliquer au-dessus du pubis un large emplâtre quadrilatère d'extrait de belladone. Chaque emplâtre doit être renouvelé toutes les vingt-quatre heures chez les malades gravement atteints, ou chez les dysentériques qui n'ont été soumis au traitement qu'après le huitième jour delà maladie. Chaque emplâtre de belladone doit être composé d’au moins 30 gr. d'extrait préparé au bain-marie. L’emplâtre de datura produit le même effet. Dans les cas graves, il est bon d'alterner l'emplâtre d'extrait de datura, et vice versa. Les résultats obtenus de l'emploi de la belladone à l'intérieur dans la dysenterie n’ont pas été assez décisifs pour que Leclercq puisse conseiller ce mode de traitement. Toutefois, il est persuadé que cette affection, combattue dès le début par les solanées vireuses convenablement administrées à l’intérieur, céderait à leur action.
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done à l'intérieur. — Uneophthalmie Une ophthalmie violente, avec rétrécissement considérable de la pupille, avait résisté pendant trois mois à tous les moyens employés. Mandeville la voit céder en quinze jours à l’usage de l’extrait de belladone administré à l’intérieur à la dose d’un sixième de grain par jour, et à l’instillation dans l’oeill’œil, en même temps, de quelques gouttes de là décoction de la plante. — Quand l’ophtalmie est accompagnée de ''photophobie'', Desmarres fait pratiquer cinq ou six frictions par jour, sur le front et sur les tempes, avec gros comme une noisette d’une pommade composée de : Miel blanc, 10 gr. ; d’extrait de belladone, 5 gr. ; de mercure, 5 gr. — Ammon, de Berlin<ref>Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1844, p. 12.</ref>, emploie le collyre suivant dans l’''ophtalmie des nouveaux-nés'' : Extrait de belladone, 30 centigr., eau chlorurée, 10 gouttes ; eau distillée, 120gr. On applique sur les paupières, tous les quarts d’heure ou toutes les demi-heures, une éponge imbibée de cette solution tiède. — « Dans les ophtalmies des enfants, qui s’accompagnent si souvent d’''iritis'', l'emploi simultané du calomel à doses fractionnées, et de la belladone, appliquée en frictions autour de l’orbite, rend les plus utiles services. La belladone, toutefois, doit être continuée aussi longtemps que l'oeil œil reste sensible à la lumière. »
Cade<ref>''Thèse sur les ophthalmies spéciales'', 1837.</ref> remédie à la photophobie qui a lieu dans la sclérotique, et qui, selon lui, est due au tiraillement du ligament ciliaire congestionné et irrité, en instillant entre les paupières quelques gouttes d’une solution d’extrait de belladone.
Dans tous les cas où la sensibilité de l’oeil l’œil est exaltée, soit par l'iritis on la rétinite, soit par une irritation nerveuse ou une excessive sensibilité du malade, soit enfin par un vice scrofuleux déterminant une véritable photophobie, Debreyne fait laver les yeux quatre ou cinq fois par jour avec une solution de 2 gr. d’extrait de belladone dans 125 gr. d’eau de roses. — Suivant Velpeau<ref>''Dictionnaire de médecine'' en 30 volume, art. Cornée.</ref>, l’extrait de belladone en frictions sur l’orbite produit peu d'effet dans le traitement de la kératite. Il préconise, au contraire, le collyre suivant : Extrait de belladone, 2 gr. ; laudanum liquide, 10 à 30 gouttes ; eau de rose, de mélilot, de bluet ou de plantain, 120 gr. On instille entre les paupières une certaine quantité de ce collyre trois ou quatre fois par jour. Velpeau regarde ce collyre comme plus nuisible qu’utile dans la kératite superficielle et dans la kératite ulcéreuse.
Dans la photophobie scrofuleuse, j’obtiens en quelques jours les plus heureux résultats par l’emploi de la décoction de la belladone ou de jusquiame en collyre, et l’usage, en même temps, de l'hydrochlorate de baryte à l'intérieur.
'''Lésions traumatiques de l’œil'''. — La belladone est efficace dans toutes les lésions traumatiques de l'œil. La formule suivante est recommandée dans les ''Annales de la médecine belge et étrangère'' (1839) : Extrait de belladone préparé à la vapeur, 8 gr. ; camphre, 1 gr. 20 centigr. Dissolvez dans huile d’amandes douces, quantité suffisante ; onguent napolitain, 8 gr. On frictionne les paupières, le sourcil et la tempe avec un peu de cette pommade, une, deux ou plusieurs fois dans la journée.
Pour d'autres détails au sujet des affections oculaires, voyez '''Atropine'''.
 '''AFFECTIONS CONSTITUTIONNELLES'''. — '''Cancer ; Squirres ; Tumeurs Squirroïdes''', etc. — L’emploi de la belladone dans les affections cancéreuses remonte à une époque très-reculée. Galien, Avicenne, Paul d’Égine, etc., en ont fait mention. Les charlatans, les guérisseurs de campagne, les bonnes femmes se servaient de la belladone dans les cancers avant que les vertus de cette solanée fussent connues des médecins. — Münch rapporte qu’une femme de l’électoral de Hanovre l’employait contre le cancer et les tumeurs en général dès l’année 1683, et que plus de cent ans auparavant, dans le même pays, on mettait en usage contre ces maux un onguent de belladone. — Jean Ray indique les feuilles appliquées extérieurement comme propres
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(Berciaux, chez des enfants atteints d’''incontinence'' des matières fécales, avec ou sans incontinence d’urine, a obtenu en peu de jours la cessation de cette dégoûtante affection par l’emploi combiné du sirop, des pilules de belladone (1 centigr.) et de suppositoires belladonés)<ref>''Gazette hebdomadaire'', 1858.</ref>.
'''Choléra asiatique'''. — Indépendamment des moyens de calorification, Debreyne propose contre le choléra, comme moyen principal, la belladone unie au mercure. Ce médecin administre la belladone à haute dose à l'intérieur et à l'extérieur pour combattre les crampes. Il insiste surtout sur l’emploi des frictions faites avec la teinture de belladone sur toute l’épine dorsale et particulièrement sur les membres.
Dans le choléra de 1854, j’ai employé avec avantage et simultanément le laudanum à l’intérieur et la teinture de belladone mêlée à l'alcool camphré à l'extérieur, concurremment avec les révulsifs, les moyens de calécfaction, etc. L'extrait de belladone pur, appliqué sur un vésicatoire à l'épigastre, a fait cesser le vomissement chez un cholérique, et a ainsi favorisé l’action des autres moyens employés dès lors avec efficacité.
'''Ptyalisme'''. — Erpenbeck<ref>''Hannoversches Correspondenzblalt''.</ref> croit, d'après plusieurs faits personnels, que la belladone constitue un bon moyen prophylactique contre la salivation mercurielle<ref>''Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacie de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles'', 1854, p. 140.</ref>. — Dans un cas de ptyalisme rebelle, Vanoye<ref>''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', t. XXXIII, p. 163.</ref>, se rappelant qu'une des propriétés de la belladone consiste à diminuer notablement les sécrétions de la partie supérieure du tube digestif, prescrivit l’extrait de cette plante à l’intérieur à la dose de 5, puis de 10 centigr. par jour. Le même médicament fut employé en gargarisme, dans de l’eau de son ou une décoction de guimauve, et sans autre addition que quelques gouttes de laudanum. Sous l'influence de ce traitement la sécrélion salivaire diminua progressivement, et la guérison eut lieu en huit jours. Dans un autre cas où le ptyaline reconnaissait pour cause une intoxication hydrargyrique, Vanoye l’a également arrêté avec l’extrait de belladone.
'''Glucosurie'''. — Morand<ref>Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', I846, p. 18.</ref> est parvenu, par l’usage de la belladone, à sus-
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Dans les cas de tumeurs hémorroïdales volumineuses, enflammées, étranglées, très-douloureuses, je fais appliquer des linges fins imbibes du mélange suivant : Eau de laitue, 500gr. ; extrait de belladone, 8 gr. ; extrait gommeux d’opium, 2 gr. Sous l’influence de ces applications fréquemment renouvelées, les douleurs cessent, l'inflammation se dissipe, et, en continuant le même moyen, les tumeurs hémorroïdales diminuent peu à peu et se flétrissent. J'ai employé cent fois ce remède et toujours avec succès.
== Atropine ==('''Atropine'''. — Pendant tout le cours de cet article, nous avons entendu parler de la plante, et de son alcaloïde dont les effets à l’énergie d’action près, sont identiques ; quelquefois même, nous n’avons pu séparer complètement l’histoire de l’une et de l’autre substance ; nous n’y revenons ici qu'à cause des applications particulières dont l'alcaloïde a été l'objet. On l’a employé à l’extérieur, dans les névralgies, déposé sur le derme dénudé par un vésicatoire, ou introduit sous la peau par inoculation à l'aide d'une lancette.
Nous signalerons surtout les injections hypodermiques par la méthode Wood, d’Edimbourg, que Behier a surtout vulgarisées en France.
(Nous n’avons pas consacré d’article spécial au sulfate d’atropine ; disons seulement que Mosler, de Giessen, le préfère à l'atropine elle-même pour les besoins de la thérapeutique : selon lui, l'action en serait plus modérée, et conséquemment l'usage moins dangereux.)
'''Valérianate d’atropine'''. — Michéa<ref>''Académie de médecine'', séance du 22 janvier 1836.</ref> a fait une heureuse application des principes actifs de la valériane et de la belladone (valérianate d'atropine)
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