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Tabac (Cazin 1868)

1 octet supprimé, 23 novembre 2016 à 09:27
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Parent-Duchâtelet avait déjà signalé chez les fumeurs une diminution dans l'énergie des instincts génésiques. On est actuellement porté à admettre que le tabac, non content d'attenter à la conservation de l'individu, porte une atteinte profonde à la reproduction de l'espèce.
Pour en finir avec toutes les invectives publiées contre la plante qui nous occupe, citons la production de l'amaurose, signalée par Mackensie dans son ''Traité des maladies des yeux'', puis par Sichel (1)<ref>''Abeille médicale'', 10 mai 1863, p. 148.</ref>, Hutchinson (2)<ref>''Archives générales de médecine'', 1864, t. I.</ref>, Wordsworth (3)<ref>''Dublin medical Press'', 1863.</ref>, et d'une otite spéciale amenant à sa suite une intense surdité (4)<ref>''Abeille médicale'', 10 mai 1863, et ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', avril 1863.</ref>.
Toutefois les dangers de l'abus du tabac sont moindres chez les sujets lymphatiques ayant de l'embonpoint que chez les gens nerveux, bilieux, délicats, d'une constitution sèche ; chez les personnes qui habitent les pays humides, bas, froids, marécageux, que chez celles qui reçoivent l'action vivifiante des régions sèches, élevées ou chaudes.
Mais, comme le dit le Dictionnaire de Nysten dans l'excellent résumé qu'il consacre à cette question, le tabac n'est véritablement utile que pour les hommes livrés aux travaux manuels pénibles, en diminuant les sensations de fatigue et d'ennui ; il le devient surtout lorsque ces travaux s'exécutent dans des atmosphères humides, miasmatiques, etc. (marins, mineurs, débardeurs, égouttiers, charpentiers, couvreurs, etc.).
Tous les moyens moraux dirigés contre l'habitude de fumer (5) <ref>Il ne faut pas cesser brusquement de se livrer à cette habitude ; il faut diminuer graduellement le nombre des pipes ou des cigares. La suspension subite a quelquefois amené des accidents plus ou moins graves.</ref> doivent désormais être abandonnés, vu l'inanité des tentatives antérieures. Les moyens coërcitifs n'ont jamais réussi ; ils seraient du reste en opposition avec les intérêts du gouvernement, qui fabrique, patronne et vend le poison. Il est alors nécessaire de rechercher le mode de fumer le moins pernicieux.
Il est évident que la pipe turque et la pipe hollandaise sont moins dangereuses que le cigare, où il y a contact immédiat. Comme on sait que la fumée est chargée de nicotine, on a essayé de retenir cette dernière au moyen d'un appareil disposé dans le tuyau, et d'un agent y déposé, destiné à la neutralisation du poison. Latour du Pin a conseillé une boulette de coton imbibé d'une solution de tannin et d'acide citrique ; d'autres auteurs,avec une solution de tannin seul. Les fumeurs connaisseurs refusent ces perfectionnements, parce que, le poison disparaissant, le parfum et l'effet stupéfiant disparaissent en partie. Malapert (<ref>''Union médicale'', 6) janvier 1853, t. VII, p. 8.</ref> conseille de ne pas fumer de tabac trop humide, et de ne fumer la pipe ou le cigare qu'à moitié. Jolly
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(1) ''Abeille médicale'', 10 mai 1863, p. 148.
 
(2) ''Archives générales de médecine'', 1864, t. I.
 
(3) ''Dublin medical Press'', 1863.
 
(4) ''Abeille médicale'', 10 mai 1863, et ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', avril 1863.
 
(5) Il ne faut pas cesser brusquement de se livrer à cette habitude ; il faut diminuer graduellement le nombre des pipes ou des cigares. La suspension subite a quelquefois amené des accidents plus ou moins graves.
 
(6) ''Union médicale'', 6 janvier 1853, t. VII, p. 8.
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croit qu'il vaudrait mieux éclairer les populations sur le choix des tabacsqui contiennent le moins de principes actifs.
Nous ne pouvons nous empêcher de le dire, malgré les efforts de toute na-ture nature que l'on essaiera de tenter pour diminuer les funestes effets du tabac, l'habitude est invétérée, enracinée, et les raisons, même les plus convain-cantesconvaincantes, les menaces les plus effrayantes, viendront toujours échouer contreles éternels triomphateurs, le plaisir, la routine et l'oisiveté.
''Influence des émanations nicotiques sur les ouvriers des manufactures de takctabac''. — Les ouvriers qui débutent sont presque tous, surtout les femmes et lesenfants, pris de céphalalgie plus ou moins intense, de vertiges, de cardial-giescardialgies, de crampes d'estomac, de nausées et même de vomissements. Il y aen même temps sentiment profond de lassitude et inappétence. L'ensemblede ces phénomènes, qui durent de un à huit jours, se termine généralementpar des évacuations abondantes; puis la santé rentre dans le calme.
Ces symptômes sont peu marqués, si le sujet ne s'expose pas à absorberpendant trop longtemps les émanations nicotiques sur la peau et les pou-monspoumons. (Parent-Duchâtelet.)
L'opération la plus dangereuse serait, dans la fabrication du tabac, à pri-serpriser, celle du ''transvasement '' des cases.
Suivant plusieurs auteurs, et à leur tête nous citerons Melier et Loiseleur-Deslongchamps (1)<ref>''Bulletin de l'Académie de médecine'', t. X, p. 569.</ref>, l'action nocive ne s'arrêterait pas là. Il se développe-rait développerait une intoxication chronique, qui imprime à la constitution un cachetparticulier, un changement profond tout spécial. Il consiste particulière-ment particulièrement dans une altération du teint. « Ce n'est pas une décoloration simple,une pâleur ordinaire, c'est un aspect gris avec quelque chose de terne, unenuance mixte qui lient de la chlorose et de certaines cachexies (2). »" Comme dans la chloro-anémie, le sang contiendrait moins <ref>''Dictionnaire de globules etrecouvrerait sa composition normale par lNysten'usage du fer', 11e édition, p.1387.</ref>. »
Mais l'existence de cette Comme dans la chloro-anémie spéciale n'est rien , le sang contiendrait moins que prouvée, de globules etla fabrication du tabac ne doit peut-être pas être plus incriminée que touteautre fabrication qui astreint les ouvriers à une existence sédentaire dans unmilieu mal aéré. Berruti, professeur à recouvrerait sa composition normale par l'Université de Turin, a publié untravail complet sur les maladies usage du personnel employé dans les deux grandesmanufactures des États sardes, et il affirme que le fait d'un empoisonne-ment chronique lui paraît une erreur d'observation. Igônin, médecin de lamanufacture de tabac de Lyon, vient tout récemment de reproduire la mêmeopinion étayée sur un grand nombre de faits (3)fer.
Mais l'existence de cette anémie spéciale n'est rien moins que prouvée, et la fabrication du tabac ne doit peut-être pas être plus incriminée que toute autre fabrication qui astreint les ouvriers à une existence sédentaire dans un milieu mal aéré. Berruti, professeur à l'Université de Turin, a publié un travail complet sur les maladies du personnel employé dans les deux grandes manufactures des États sardes, et il affirme que le fait d'un empoisonnement chronique lui paraît une erreur d'observation. Igonin, médecin de la manufacture de tabac de Lyon, vient tout récemment de reproduire la même opinion étayée sur un grand nombre de faits<ref>''Comptes-rendus de la Société de médecine de Lyon'', mars 1864.</ref>. Pendant mon séjour à l'École de médecine de Lille, j'ai fait des recher-ches recherches dans le même sens. La fabrication des cigares employait alors mune grande quantité de jeunes filles. Sur toutes celles qui entraient à l'hôpital,et dont la plupart travaillaient le tabac depuis plusieurs années, je n 'ai ja-mais jamais rencontré que des chloro-anémies communes, dont le développementse rattachait aux conditions étiologiques ordinaires, et qui ne pouvaient en
rien être rattachées à l'insalubrité de leur profession.
== Thérapeutique ==
THÉRAPEUTIQUE. — L'introduction de la fumée de tabac a été recommandée depuis longtemps dans l'asphyxie, et surtout dans celle qui est produite par la submersion. Pia, pharmacien philanthrope et échevin de rai-Paris,a mis ces fumigations en vogue, et Cullen, Stoll, Tissot, Desgrange»Desgranges,Louis, etc., en ont constaté les bons effets. ,.. • Suivant Portai, les lavements de fumée de tabac sont non-seulementutiles, mais presque toujours dangereux. Trousseau et Pidouxpartagen^ (1) Bulletin de l'Académie de médecine, t. X, p. 569.
(2) Dictionnaire Suivant Portai, les lavements de Nystenfumée de tabac sont non-seulement inutiles, 11e édition, p. 1387mais presque toujours dangereux.Trousseau et Pidoux partagent cet
(3) Comptes-rendus de la Société de médecine de Lyon, mars 1864.
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avis. Malgré ces opinions que la physiologie vient corroborer, on continuede nos jours l'usage pernicieux des lavements de tabac contre l'asphyxie parsubmersion. (Ou ils sont inefficaces, si l'absorption n'a pas lieu; ou ils sonttrès-nuisibles, si elle se produit; car l'action de la nicotine (Voyez [[#Nicotine|p. 1058]])ne peut qu'aider à l'anéantissement de la fonction respiratoire et s'opposerà son retour.)
Sydenham et Mertens conseillent les lavements de fumée de tabac dansl'iléus. Hufeland prescrit dans ce cas la décoction de 12 gr. de feuilles detabac dans 250 gr. d'eau de fontaine, réduits à 200 gr., à la dose d'une demi-tasse toutes les heures, ou bien des lavements de 15 gr. d'infusion de tabac.Ces moyens exercent quelquefois sur les nerfs une action narcotique si pro-noncée; prononcée, dit l'auteur, que le malade tombe en défaillance; mais les déjec-tions déjections alvines ont lieu pendant la syncope. De tels effets ne sauraient être ap-préciés appréciés d'avance ; le point qui sépare ici le remède du poison ne pouvantêtre fixé, le médecin consciencieux et prudent ne s'exposera point à perdreson malade pour le guérir, surtout s'il a à sa disposition des moyens moinsdangereux et tout aussi efficaces. La belladone, administrée par la boucheet en friction sur l'abdomen, réussit souvent en pareil cas et est bien préfé-rable; Ge préférable. Ce n'est pas à dire qu'il ne faille jamais employer les lavements detabac dans l'iléus; mais il ne faut administrer ce remède qu'à des dosestelles qu'elles ne puissent jamais produire des accidents semblables à ceuxnue que signale Hufeland comme moyen de guérison. Il ne faut pas toujours degrandes doses de cette substance pour causer la mort. Une femme périt enquelques heures des suites d'un lavement préparé avec 4 gr. seulement. J'aieu à combattre les accidents les plus graves causés par un quart de lave-mentlavement, contenant seulement 2 gr. de tabac en décoction, qui avait été donnécontre les oxyures vermiculaires à une femme de 42 ans. Elle éprouva de vio-lentsvomissementsviolents vomissements, de la cardialgie, avec tremblement suivi d'engourdisse-mentengourdissement, de crampes dans les membres et d'insomnie qui durèrent pendantplusieurs jours. « Bouchardat critique avec raison, dit Martin-Lauzer (1)<ref>''Revue de thérapeutique médico-chirurgicale'', t. III, p. 158.</ref>,la dose de 30 gr. de feuilles de tabac pour lavement, indiquée par le For-mulaire ''Formulaire des hôpitaux''. Mais celle de 5 gr. qu'il leur substitue, est encore tropforte des 4 cinquièmes pour la généralité des cas. Si de pareilles doses ontété quelquefois employées impunément, c'est que les lavements n'ont pasété gardés. » .
(Les inégalités d'action des lavements de tabac tiennent, si nous mettonsde côté les susceptibilités individuelles, à la matière employée. Il existe desproportions différentes de nicotine dans tous les tabacs, dans les feuillessèches ou dans le tabac préparé; il serait bon .de choisir une matière type.Serres voudrait qu'on fît usage du tabac dit tabac de caporal, parce que nosmanufactures se préoccupent de lui donner toujours la même force par desmélangés mélanges calculés sur les données de l'analyse (2)<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', 1858, p. 78.</ref>. Cet auteur recommandeaussi l'infusion de préférence à la décoction, dont on ne peut mesurer latorcé force de concentration.)
Schoeffer Schœffer et Dehaen recommandent les lavements de fumée de tabac dansla hernie étranglée. Pott donnait en lavement l'infusion des feuilles à la dosede 4;gfgr. pour 500 gr. d'eau. La plupart des auteurs du siècle dernier ontconsidéré le tabac comme très-utile dans ce cas; ils le donnaient en vue deproduire un effet purgatif, afin de dégager la portion étranglée du tube in-testinal intestinal en accélérant le mouvement péristaltique de cet organe. Les avan-ces avantages qu'offrent la belladone et la stramoine comme stupéfiants et anti-spasmodiques antispasmodiques ont fait renoncer presque entièrement au tabac, dont l'actionest toujours plus ou moins redoutable.
ir fc? ^thérapeutique médico-chirurgicale, t. III, p. 158.
\ i -tournai de médecine et de chirurgie pratiques, 1858, p. 78.
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