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Orge (Cazin 1868)

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__TOC__

[711]

== Orge ==

Voir la page ''[[]]''

ORGE. Hordeum vulgare. L.

... Hordeum polysticum hibernum vemum. G. BAUH., TOURN.
•'■•."'.■•:,.•'- Sfordeum polysticum. 3. BAUH.

' ge commune, — orge cultivée, — orge de printemps et d'hiver, improprement scourgeon,
■"'-.--.■.'■•. épeautre,—grosse orge, — sucrion,—socrion.

'^: -GRAMINÉES. Fam. nat. — TRIANDRIE DIGYNIE. L.

Il ^ue^ante annuelle, qu'on croit originaire de la Russie, et dont on dis-
SUe plusieurs variétés, est cultivée depuis la plus haute antiquité pour

W Cotmit. etobserv. de méd., p. 176.
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712 ORGE.

l'usage alimentaire et médical, surtout dans le Nord, clans les terrains
maigres.

Description. — Racine composée d'une grande quantité de petites fibres raji
cales. — Tiges droites, glabres, articulées, hautes de 1 mètre et quelquefois ploe J
Feuilles longues, aiguës, d'un vert clair, un peu rudes à leurs deux faces, glabres»
leur gaîne.—Fleurs formant un épi.un peu comprimé, presque à quatre faces, Ion»d'en-
viron 6 centimètres (mai-juin). —Calice bivalve, terminé par un long filet barbu rude et
piquant, épillets réunis trois par trois sur chaque dent de l'axe commun. — Corolleli-
valve. — Trois etamines. — Un style bifide. — Deux stigmates. — Fruit : cariopses
oblongs, renfermés dans les écailles.

Parties usitées. — Les fruits.

Récolte. ■— Elle est du domaine de l'agriculture.

Dépouillées-de leur enveloppe, les semences portent le nom d'orge mondé, lorsqu'un
les privant de leur écorce on leur donne la forme sphérique, elles portent le nom d'jrji
perlé. Réduites en farine grossière et séchées au four, elles constituent Yorge gm,
griot ou gruau. L'orge germée, dont on a arrêté la germination par une forte chaleur (i
dont on a détaché les germes, constitue le malt; celui-ci, moulu et portant le nom de
drèche, contenant plus de sucre, d'amidon et de gomme, l'ait la base de la bière. Oi
nomme essence de malt l'infusé de drèche évaporé en consistance de miel.

[Culture.— L'orge de printemps ou escourgeon de printemps, Hordeum vulgtn,l.
est la plus hâtive des orges (si on excepte l'orge a deux rangs), c'est celle qui convient
le mieux aux semailles faites tardivement, c'est-à-dire en mai et juin ; on dit qu'elle
réussit mieux que les autres dans les terres médiocres.

Nous citerons encore l'orge carrée nue, petite orge, orge céleste, orge nue à six rangs,
Hordeum vulgare nudnm, Hordeum coelesle, que l'on cultive beaucoup en Belgique,»
les noms impropres de blé de mai et de blé d'Egypte.

L'orge de Guimalaya ou Nanito n'a aucun avantage réel, elle présente une variété vio-
lette; enfin, nous citerons encore l'orge noire, l'orge chevalier, l'orge annal, l'orge
d'Italie, l'orge nue à deux rangs ou grosse orge nue, orge éventail ou orge riz, et l'oige
bifurqué.,]

Propriétés physiques et cniiini(|ues ; usages économiques.

—L'orge non germée est composée, d'après Proust, d'amidon, de gluten, de sucre, de résine
jaune, dhordéine. On trouve dans l'orge germée plus d'amidon, de sucre et de gomme,
mais moins d'hordéine. (Suivant certains auteurs, l'hordéine ne serait que du son In-
divise.)— La farine d'orge est formée, suivant Einhof, de: amidon, 60; sucre, 5;glu-
ten sec, 3.5; albumine, 1; enveloppe, 19.3; eau, 11.2. — (Le gluten qu'elle contient
diffère-de celui du froment et porte le nom de glutine. Il est tellement adhérent à la fé-
cule, que la malaxation sous un filet d'eau ne les sépare pas.)

La germination de l'orge produit un principe particulier, un ferment azoté, nomme
diastase. Cette substance, pulvérulente, possédant des propriétés curieuses, peut s»
tenir en humectant le malt avec la moitié de son poids d'eau froide, mêlant leliqu*
exprimé avec la quantité nécessaire d'alcool pour détruire la viscosité, filtrant et ajou-
tant alors de nouvel alcool. Une quantité très-minime de cette substance peut produire
la transformation d'une quantité considérable de fécule en dextrine.

Suivant Pline, l'orge a été un des premiers aliments de l'homme^civilise.
La farine d'orge, cuite dans l'eau ou le lait, forme une bouillie très-nutri-
tive. On en fait du pain dans certaines parties de la France; mais le peufl
gluten qu'il contient rend ce pain friable et prompt à se dessécher.

Sous ces différentes formes, l'orge est nourrissante, émolliente, adoucis-
sante, rafraîchissante. On l'emploie en décoction dans la plupart des nia -
dies aiguës et inflammatoires, et comme analeptique dans les maladies c,..
niques, fébriles ou avec irritation, telles que la fièvre hectique, lapùin
pulmonaire et les consomptions, l'hémoptysie, la néphrite, lacysnie, ■
J'ai souvent employé à la campagne la semence d'orge en nature pour ^
dans }es maladies aiguës. Suivant Dubois, de Tournai, l'orge hexastiqu
à six rangs (orge carrée, sucrion), employée en nature, décodée dans i
est un des plus puissants diurétiques connus. Ce médecin rapportée 4 ^
d'anasarque promptement guéris au moyen d'une décoction conceni
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OPiCxE. 713

cette semence entière, telle qu'on l'emploie dans les usages domestiques.
Elle a été sans effet dans deux cas d'anasarque; mais ces derniers faits ne
détruisent en rien ceux qui militent en faveur des propriétés diurétiques de
la semence brute. Dans l'un de ces cas, la maladie avait également résisté à
la digitale et à une foule d'autres médicaments successivement employés.
: Afin que la matière amylacée de l'orge mondé ou perlé puisse se dissou-
dre entièrement dans l'eau et donner à la décoctiori divers degrés de con-
sistance, suivant les différents états de la maladie, il faut prolonger l'ébulli-
tibn à un feu doux pendant sept à huit heures. Sans cette précaution, celte
boisson est dénuée de vertu, ou bien elle est même un peu excitante, à
cause de la matière extractive qu'elle a enlevée à l'enveloppe de la semence.
C'est ainsi que les anciens préparaient l'eau d'orge, qui alors fournissait
dans les maladies aiguës une boisson mucilagineuse et nourrissante, que nous
avons à tort remplacée par les bouillons de viande.

Il résulte des expériences de Magbridge, de Lind, d'Huxam, de Percy, et
d'autres médecins, que le malt et la décoction qu'on en prépare sont émi-
nemment antiscorbutiques, et ont été comme tels employés avec succès dans
les voyages de long cours, tant comme préservatifs que comme curatifs.
Le navigateur Coôk en a préparé une espèce de bière fort utile aux marins.
Macquart en a éprouvé de bons effets dans une épidémie de scorbut et de
dysenterie, qui régna sur la flotte deDorvilliers, en 1778. Quarin (1) a indiqué
là formulé suivante : malt, 192 gr.; faites bouillir pendant un quart d'heure
dans 3 kilogr. d'eau; ajoutez ensuite 4 gr. de fenouil et 12 gr. de racine de
réglisse; laissez digérer pendant quatre heures. Rush dit avoir vu différents
symptômes, reliquats de la syphilis, céder à l'usage du malt, après avoir
résisté à tous les remèdes. Percival lui attribue-de l'efficacité contre les
scrofules.' Mais la bière, qui est composée avec le malt et le houblon, est
lien plus utile contre cette dernière maladie. Amère, nourrissante et to-
nique* la bière apaise la soif sans débiliter, augmente l'action de l'estomac
et excite lés sécrétions.

Dans le Nord, où le vin est d'un prix trop élevé pour le pauvre, on em-
ploie souvent la bière pour faire macérer les plantes qu'on veut administrer
sous cette forme.

J'ai vu employer à la campagne, comme anthelminthique et purgatif, à la
.dose d'un à trois verres, la bière qu'on avait laissé éventer pendant trois ou
quatre jours. Ce moyen provoque souvent l'expulsion des lombrics dès le
premier jour de son usage.

_ La levure de bière a été considérée comme antiseptique et administrée
dans les fièvres putrides. J'en ai remarqué de bons effets dans un cas de
fièvre muqueuse vermineuse chez une petite fille de dix ans, qui, pendant
leco,ur,s de cette maladie, n'a fait usage d'aucun autre moyen, à l'exception
delipéeacuanha, qu'elle avait pris au début comme vomitif. La levure de
mère était prise par petites cuillerées fréquemment répétées. Cette levure
sest montrée, suivant Hufeland, fort salutaire dans le scorbut de terre, tant
ai intérieur qu'à l'extérieur. Un médecin anglais, Moss (2), a eu recours avec
avantage à la levure de bière contre les éruptions furonculeuses, très-fré-
quentes dans les contrées occidentales de l'Angleterre. 11 administre cette
substance délayée, dans l'eau, à la dose d'une cuillerée à soupe, trois fois
aans la journée. Dans un cas de diabète sucré, Bird Herepath (3) a employé
aiecsuccès la levure de bière à la dose d'une cuillerée à bouche dans du
'^ deux ou trois fois par jour.

-ansles circonstances ordinaires, la glucose se convertit, comme on sait,

(1!lLm'1':ÎPut- et °hron.

AHT) 0' 116' 1852' lr° série> *• VI> P- 616-
v ) a«s. med. Journ., et Gazette hebdomadaire, 1854-
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714 ' ORGE.

sous l'influence de la levure de bière ( à la température de 15 à 20 degrés
centigr.) en alcool et en acide carbonique. Mais si la réaction se produit
dans l'obscurité au contact de substances albumineuses et protéiques
comme dans l'estomac (à une température de 25 degrés centigr.), le produit
est alors de l'acide lactique, de l'acide acétique, et peut-être aussi de l'ai.
cool et de l'acide carbonique. Ces données théoriques engagèrent l'auteur i
essayer du torula cerevisioe (levure de bière) dans le seul cas que nous venons
de citer, et qui nous paraît d'autant moins concluant, que, sur trois cas de
glucosurie rebelle, dans lesquels Bouchardat (1) a conseillé la levure de
bière, il a complètement échoué deux fois, et que le troisième il n'a obtenu
qu'une amélioration douteuse, accompagnée de dégagements de gaz pénibles,
Ernest Baudrimont (2) n'a pas été plus heureux chez un jeune garçon atteint
de glucosurie, traité sans aucun succès par la médication alcaline depuis
deux mois. On constata, dès le cinquième jour du traitement par la levure
de bière, des symptômes d'ivresse, preuve de la transformation du glucose
en alcool; mais leur intensité décrut "peu à peu, la soif diminua de moitié;,
cependant les urines étaient presque toujours également denses, et conte-
naient 81 gr. de glucose par litre.

La levure de bière a été appliquée à l'extérieur comme antiseptique, la
farine d'orge peut être employée en cataplasme comme émolliente. Williams
applique sur les plaies de mauvais caractère, pourriture d'hôpital, plaies
gangreneuses, etc., un cataplasme fait avee l'orge fermentée et la bière bouil-
lante. Ce cataplasme, qui a paru supérieur à tous les moyens de même na-
ture, doit être changé deux ou trois fois en vingt-quatre heures.

La drèche ou marc de la bière a été conseillée par Gibson et Magbridge,
en décoction contre le scorbut. Henning la recommande dans les maladies
éruptives du printemps. Rush en a obtenu de bons effets dans les ulcères de
mauvais caractère. Les bains de drèche chauds sont employés avec avantage
dans le rhumatisme et les engorgements articulaires chroniques, la paralysie,
les névralgies, les rétractions musculaires, l'oedème, l'anasarque, etc. C'est
un moyen populaire qui n'est pas à dédaigner.

[Pendant l'acte de la germination, il se forme dans l'orge, avons-nous dit
(voyez Propriétés chimiques), un ferment azoté particulier nommé diastm,
qui jouit de la propriété de transformer l'amidon et toutes les fécules en
dextrine et en sucre; une matière analogue que l'on a désignée tour à tour
sous les noms de ptyaline et de diastase animale, existe dans la salive; c'est
un des ferments digestifs qui a pour but d'opérer dans la bouche la saccha-
rification des fécules : de même que l'on a cherché à suppléer au défaut M
quantité ou d'activité du suc gastrique chez l'homme, en administrant le suc
gastrique des animaux, de même on a, nous le croyons avec juste raison,
associé la diastase végétale à la pepsine lorsqu'on croyait qu'il y avait a la
fois défaut de digestion des fécules et des matières protéiques._ Chassamg,
pharmacien à Maisons-Alfort, a présenté à l'Académie de médecine un ««?
et un vin nutrimentifs de malt et depepsine. Arnal, Barth et d'autrespralici*
distingués se sont bien trouvés de l'emploi de ces deux médicaments, ua
comprend qu'il serait difficile et coûteux d'isoler la diastase delorj
germé; c'est pour cela que Chassaing propose l'emploi de l'orge germe
poudre ou malt. . ,

Ces applications des faits physiologiques à la thérapeutique ont soi*
donné de bons résultats ; mais il est arrivé ici ce qui arrive presque toujou.,
c'est qu'on a poussé les choses à l'excès : c'est ainsi que l'on asSOCI'a]a
pepsine la pancréatine du suc pancréatique, qui achèvent dans l'intestini
digestion des matières albuminunoïdes qui n'a pu se terminer dans le

(1) Annuaire de thérapeutique, 1855, p. 147.

(2) Compte-rendu de l'Académie des sciences, février 1856.


[715]

mais on n'a pas songé que la pepsine et la pancréatine dans le canal
:'digestif n'agissent que successivement, et que lorsqu'on les associe, elles dé-
duisent naturellement leurs effets. En voulant mieux faire, on a fait plus

"Enfin rappelons que, depuis quelques années, les bières concentrées, les
bières de malt ont été employées avec quelque apparence de succès dans
certaines maladies de l'estomac]

. femy regarde la poudre de malt comme un tonique analeptique puissant ayant une action modificatrice dans les affections pulmonaires chroniques, et même dans la phthisie : non pas que son action s'attaque à la ; maladie, elle-même ; mais cet agent exerce une influence heureuse sur les ïsueurs, la diarrhée et la dyspepsie concomitantes (1).

' 'Skodapréconise comme liqueur antiscorbutique à la dose de deux ou

* trois verres par jour le mélange suivant : décoction de malt avec bourgeons

* de sapin, 275 gr.; levure de bière, 25 gr.; sirop d'écorce d'oranger, 25 gr. ; mêlez, laissez fermenter et filtrez.)

[[Catégorie:Cazin 1868]]
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