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EFFETS PHYSIOLOGIQUES. — (Dans ce paragraphe nous aurons aussi bien en vue l'action de la belladone et celle de l'atropine, son principe essentiel. En traitant des effets toxiques, nous avons déjà pu donner une idée des symptômes causés par leur administration. Mais, à dose thérapeutique ou insuffisante pour amener des désordres graves, le tableau, pour avoir des points communs avec celui que nous avons tracé, n'en a pas les couleurs sombres. Le plus souvent, l'influence de l'agent ne se manifeste que par la sécheresse de la gorge, les troubles de la vue et la mydriase ; à une dose plus forte, ou lorsque, comme médicament, on a dépassé la dose ordinaire, outre les phénomènes précédents, il se produit des nausées, des vertiges, du délire. Ces symptômes, qui peuvent durer vingt-quatre heures, s'observent aussi par l'effet seul de la susceptibilité individuelle.
Les phénomènes, peuvent être rangés sous deux chefs principaux : action locale et primitif eprimitive ; action générale et secondaire.
L’action locale varie suivant le point où est appliqué l'agent ; sur la peau, sur les muqueuses, il diminue la sensibilité, et, exerçant son influence dans une certaine étendue, il amène une anesthésie comparable à celle du chloroforme, mais agit davantage sur le sens du tact proprement dit. Appliqué sur la surface du derme dénudé par un vésicatoire, il produit une sensation de
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La belladone, considérée sous le rapport thérapeutique, est calmante et stupéfiante d'une manière toute spéciale. Elle n'est point somnifère comme l'opium, et si elle rend le sommeil, c'est en calmant les douleurs ou en dissipant les symptômes qui l'empêchent. C'est donc à tort que la plupart des auteurs l'ont rangée parmi les hypnotiques. Comme l'opium, elle combat le symptôme ''douleur '' avec efficacité, mais avec cette différence qu'elle est plus utile pour les douleurs extérieures, et que l'opium calme plus particulièrement les douleurs internes.
On l'emploie dans les névralgies, les névroses, la coqueluche, les tous nerveuses et convulsives, l'asthme, les affections spasmodiques, l'épilepsie, l'hystérie, la chorée, le tétanos, les coliques hépatiques et néphrétiques ; contre certaines inflammations aiguës et chroniques, la dysenterie, le ténesme, le rhumatisme, les tumeurs blanches articulaires, les douleurs aiguës des fissures, les contractions spasmodiques, les irritations de l'anus, les spasmes de divers organes tels que l'anus, l'urètre, l'utérus, l'anneau inguinal, etc. ; pour dilater la pupille et rendre plus facile l'opération de la cataracte, explorer le cristallin ; pour combattre l'iritis, la rétinite, la sclérolite, quelques ophthalmies, etc., etc.
J'ai dissipé, comme par enchantement, des douleurs névralgiques ai au moyen de cataplasmes de racine de belladone écrasée et appliquée fraîche sur le siège de la douleur.
Bailey (6) rapporte un assez grand nombre de cas de névralgies faciales guéries d'une d’une manière rapide à l'aide de la belladone prise à l'intérieur, sous forme de teinture ou d'extrait, aune a une dose assez élevée. Toutefois,le praticien anglais avoue que cette médication ne lui a pas toujours réussi, elet
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(1) ''Bibliothèque germanique'', t. V, p. 45.
(2) ''Dictionnaire des sciences médicales'', t. III, p. 75.
(3) ''Journal de Hufeland'', juin 1813.
(4) ''Transact. of lue the surgeons apothec'', 1.1.
(5) ''Mémoire présenté à l'Académie des sciences'', 1833.
(6) ''Observ. relutrelit, to the use of belladona belladonna in painful disorders of the head and faix- ">face'dres'. Londres, 1818.
il fait remarquer qu'elle est contre-indiquée lorsqu'il existe de la fièvre ou une inflammation autour de la base d'une dent cariée.
Trousseau et Pidoux administrent la belladone à l'intérieur l’intérieur de la manière suivante : — Ils font préparer des pilules de 1 centigr. d'extrait, et ils en ordonnent une toutes les heures, jusqu'à ce qu'il se manifeste des vertiges. «Ordinairement« Ordinairement, les douleurs sont déjà diminuées ; il convient alors d'éloigner les doses., car on verrait bientôt se manifester du délire, qui, pour n'avoir rien de grave, n'en doit pas moins être évité, à moins que la douleur ne puisse être calmée autrement. Nous continuons ainsi pendant plusieurs jours, jusqu'à ce que le malade n'éprouve plus aucun accident névralgique. C'est surtout dans les névralgies de la face que nous avons fait usage de ce moyen. Il ne nous a pas, à beaucoup près, aussi bien réussi dans la sciatique. Nous devons dire que, même pour les névralgies de la face, la belladone seule n'a pas toujours suffi à la complète curation, et qu'il a été quelquefois nécessaire, pour prévenir le retour de la maladie, de donner de fortes doses de quinquina ou de préparations martiales. Toutefois, dans les névralgies fugaces, il est inutile d'avoir recours à ces derniers moyens. »
Suivant les auteurs que nous venons de citer, l'application de la belladone sur la peau revêtue de son épiderme jouit d'une efficacité incontestable lorsque le nerf malade est situé superficiellement. ((Nous avons vu, disent-ils, plusieurs névralgies sus-orbitaires guéries dans l'espace d'une demi-heure, par l'application de l'extrait de belladone sur l'arcade sourcilière ; et quand la maladie était périodique, chaque accès était facilement prévenu en usant préalablement du même moyen. Que si, malgré l'absence de la douleur, le malade éprouvait néanmoins le malaise qui ordinairement accompagne le paroxysme, le quinquina terminait tout. Le même moyen réussit assez bien encore pour calmer les névralgies temporales; mais il échoue souvent quand le mal occupe le nerf maxillaire inférieur ou le sous-orbitaire, ce qui tient sans doute à la plus grande profondeur où ces nerfs se trouvent placés. Jamais, par ce moyen, nous n'avons pu calmer de douleurs sciatiques. »
Voici le mode d'application auquel ces thérapeutistes ont recours : on fait, au point où la douleur se fait le plus sentir, des frictions, chaque heure et pendant dix minutes, jusqu'à ce que les douleurs s'apaisent, avec 50 centigr. à 2 gr. d'extrait de belladone, en consistance demi-liquide (en y ajoutant quelques gouttes d'eau). Après la disparition des paroxysmes, on laisse un intervalle de quatre, cinq, et même douze heures entre chaque friction. Des compresses imbibées de teinture de belladone seraient aussi efficaces. D'après Trousseau et Pidoux, ces frictions suffisent, le plus souvent, lorsque la névralgie occupe le rameau sus-orbitaire, et même les rameaux temporaux superficiels ; mais si elle occupe le tronc sous-orbitaire et les branches du maxillaire inférieur, il faut recourir aux frictions sur les gencives et la face interne des joues, en recommandant au malade de ne point avaler l'extrait.
Quand la névralgie occupe le cuir chevelu, on fait raser la tête en totalité ou en partie pour appliquer l'extrait de belladone. Si le malade ne veut pas faire le sacrifice de ses cheveux, on imbibe ces derniers d'une d’une décoction de 30 gr. de feuilles, de tiges ou de racine de belladone pour 1 kilogr. d'eau; on recouvre la partie d'une compresse très-épaisse imbibée de la même manière, et l'on enveloppe la tête d'un bonnet de toile cirée. Trousseau et Pidoux ont vu des névralgies qui duraient depuis longtemps céder à l'emploi de ce moyen.
Quand la névralgie est profonde, comme dans la sciatique, Trousseau et pdoux Pidoux ont retiré de bons effets de l'extrait de belladone en application sur « le derme dénudé, à une dose qui ne doit jamais dépasser 30 centigr. Plusieurs sciatiques récentes ont cé.dé cédé en peu de jours à l'emploi de ce moyen.