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RHUMATISMERhumatisme, GOUTTEGoutte. — Plusieurs praticiens ont constaté l'utilité de la belladone dans le traitement du rhumatisme. Mùuch Münch a fait connaître, en 1789, les bons effets de cette plante dans les affections rhumatismales. Ziégler, au rapport de Murray, en aurait aussi obtenu des résultats heureux dans les mêmes cas. Blackett rapporte qu'un rhumatisme aigu de la plus grande violence, après avoir résisté à la saignée, aux purgatifs, aux sudorifiques, etc., fut guéri en peu de jours par des bains dans lesquels on faisait dissoudre 30 gr. d'extrait de belladone. Chevalier (1) a obtenu d'excellents effets dans les rhumatismes aigus partiels, de frictions faites sur le point douloureux avec une pommade composée d'extrait de belladone (1/86 8<small><sup>e</sup></small> à 1/4) et d'axonge, et de quelques gouttes d'huile de lavande.
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Trousseau et Pidoux administrent la belladone à l’intérieur de la manière suivante : — Ils font préparer des pilules de 1 centigr. d'extrait, et ils en ordonnent une toutes les heures, jusqu'à ce qu'il se manifeste des vertiges. « Ordinairement, les douleurs sont déjà diminuées ; il convient alors d'éloigner les doses, car on verrait bientôt se manifester du délire, qui, pour n'avoir rien de grave, n'en doit pas moins être évité, à moins que la douleur ne puisse être calmée autrement. Nous continuons ainsi pendant plusieurs jours, jusqu'à ce que le malade n'éprouve plus aucun accident névralgique. C'est surtout dans les névralgies de la face que nous avons fait usage de ce moyen. Il ne nous a pas, à beaucoup près, aussi bien réussi dans la sciatique. Nous devons dire que, même pour les névralgies de la face, la belladone seule n'a pas toujours suffi à la complète curation, et qu'il a été quelquefois nécessaire, pour prévenir le retour de la maladie, de donner de fortes doses de quinquina ou de préparations martiales. Toutefois, dans les névralgies fugaces, il est inutile d'avoir recours à ces derniers moyens. »
Suivant les auteurs que nous venons de citer, l'application l’application de la belladone sur la peau revêtue de son épiderme jouit d'une d’une efficacité incontestable lorsque le nerf malade est situé superficiellement. ((Nous « Nous avons vu, disent-ils, plusieurs névralgies sus-orbitaires guéries dans l'espace d'une demi-heure, par l'application de l'extrait de belladone sur l'arcade sourcilière ; et quand la maladie était périodique, chaque accès était facilement prévenu en usant préalablement du même moyen. Que si, malgré l'absence de la douleur, le malade éprouvait néanmoins le malaise qui ordinairement accompagne le paroxysme, le quinquina terminait tout. Le même moyen réussit assez bien encore pour calmer les névralgies temporales ; mais il échoue souvent quand le mal occupe le nerf maxillaire inférieur ou le sous-orbitaire, ce qui tient sans doute à la plus grande profondeur où ces nerfs se trouvent placés. Jamais, par ce moyen, nous n'avons pu calmer de douleurs sciatiques. »
Voici le mode d'application auquel ces thérapeutistes ont recours : on fait, au point où la douleur se fait le plus sentir, des frictions, chaque heure et pendant dix minutes, jusqu'à ce que les douleurs s'apaisent, avec 50 centigr. à 2 gr. d'extrait de belladone, en consistance demi-liquide (en y ajoutant quelques gouttes d'eau). Après la disparition des paroxysmes, on laisse un intervalle de quatre, cinq, et même douze heures entre chaque friction. Des compresses imbibées de teinture de belladone seraient aussi efficaces. D'après Trousseau et Pidoux, ces frictions suffisent, le plus souvent, lorsque la névralgie occupe le rameau sus-orbitaire, et même les rameaux temporaux superficiels ; mais si elle occupe le tronc sous-orbitaire et les branches du maxillaire inférieur, il faut recourir aux frictions sur les gencives et la face interne des joues, en recommandant au malade de ne point avaler l'extrait.
Si cette affection a plusieurs mois de durée, elle ne se dissipe pas entièrement, et alors ces médecins introduisent dans une incision pratiquée entre le grand trochanter et l'ischion, et qui pénètre jusqu'au tissu cellulaire graisseux, des boulettes contenant 5 à 25 centigr. de poudre de belladone, à laquelle ils ajoutent une certaine quantité d'extrait d'opium. Cette médication, la plus constamment utile, réunit les avantages du cautère et ceux des applications stupéfiantes.
L'application de l'extrait de belladone sur le derme dénudé cause de très-vives douleurs. Pour y obvier, Trousseau et Pidoux enduisent un morceau de toile fine qu'ils qu’ils appliquent du côté où ils n'ont pas mis l'extrait . Ils recouvrent le tout d'un morceau de sparadrap agglutinatif. L'extrait se dissout peu à peu et ne cause aucune sensation pénible.
Brookes (1) cite le cas d'une d’une névralgie faciale guérie en deux jours au moyen de frictions pratiquées trois fois par jour, avec gros comme un pois de la pommade suivante: atropine, 0,25; axonge axone 12,00; essence de rose, 1 goutte. Bouçhardat Bouchardat et Stuart Cooper ont guéri, d'une manière rapide, une névralgie splëniquesplénique, suite de la fièvre intermittente, et qui avait résisté à l'emploi du sulfate de quinine, au moyen de l'atropine, appliquée à la close dose de 1 centigr. sur le derme dénudé, à l'aide d'un vésicatoire. 11 Il faut dire, toutefois, qu'à cette dose le médicament a causé un délire assez intense, qui a duré de quinze à dix-huit heures. Il faut toujours commencer par une dose très-légère.
L'observation suivante, recueillie dans ma pratique, m'a paru mériter d'être rapportée :
MmB la marquise de B"***, de Soissons, âgée de 63 ans, d'un d’un tempérament lymphatique, était à Boulogne pour prendre les bains de mer dans l'été l’été de 1846, lorsqu'elle lorsqu’elle me fit appeler. Cette dame, atteinte d'une arthrite chronique, était en même temps en proie, depuis plus de deux ans, à des attaques très-frequentes de strângurie spasmodique, attribuée, par les médecins qu'elle avait consultés à Paris, à l'existence d'une cystalgie essentielle ayant son siège au col de la vessie. Une extrême irritabilité du tube intestinal et des douleurs arthritiques vagues alternaient avec les accès de cystalgie, ou les accompagnaient avec plus ou moins d'intensité. Les antispasmodiques, les bains généraux et locaux, un régime antiphlogistique, avaient été employés en vain. Les douleurs vésicales, avec émission goutte à goutte et fréquemment répétée des urines, persistaient et épuisaient les forces de la malade, lorsque je prescrivis l'introduction matin et soir dans le rectum d'un suppositoire de beurre de cacao, au centre duquel je faisais mettre 5 centigr. d'extrait de belladone. L'effet en fut si prononce prononcé dès le premier jour, que je fus obligé, à cause de l'action générale de ce médicament, d'à en réduire la dose à 3 centigr. Bientôt les douleurs et le spasme diminuèrent graduellement, la malade put goûter quelques heures de sommeil non interrompu par l'émission des urines. Ce moyen si simple, continué depuis un an, avec une augmentation très-graduelle des doses d'extrait de belladone, a. toujours produit le même soulagement toutes les ibis qu'il y a eu apparition du spasme ou de la douleur.
J'ai apaisé comme par enchantement des migraines très-intenses en mettant dans l'oreille du coton imbibé de teinture de belladone, et en frictionnant à diverses reprises la partie douloureuse avec cette même teinture. 0n peut aussi dans ce cas appliquer l'extrait de cette plante. Piorry arrête presque immédiatement cette espèce de migraine qu'il attribue à une névrose de l'iris (iralgie), en frictionnant les paupières avec l'extrait de belladone étendu d'une suffisante quantité d'eau pour lui donner une consistance sirupeuse.
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(1) BouçhardatBouchardat, ''Annuaire'', 1849, p. 48.
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Quelques praticiens combattent le rhumatisme articulaire aigu au moyen de l'extrait l’extrait de belladone, à la dose de 1 centigr. i<small><sup>1</sup></small>/<small>4</i small> (un quart de grain) chaque heure. Le délire apparaît ordinairement le second jour de cette médication. Quelle que soit l'intensité des accidents cérébraux, on continue l'usage du remède jusqu'à la cessation complète de la douleur et de la tuméfaction. Lebreton, qui a eu de fréquentes occasions de recourir à cette médication, affirme qu'elle guérit en huit jours les rhumatismes aigus, et que jamais il n'a vu les désordres cérébraux avoir aucune suite fâcheuse (2).
Trousseau et Pidoux, qui ont obtenu de bons effets de cette médication, administraient en même temps des purgatifs journaliers, afin de prévenir la constipation.
La belladone n'a jamais été proposée pour le traitement de la goutte proprement dite, où, comme tous les stupéfiants, elle pourrait causer de graves accidents. Dolor in hoc morbo est amarissimum naturce pharmacum ; qui quo vehementior est eo citius prceter labiturparoxysmus (Sydenham).
NÉVROSES. —L'action — L’action puissante de la belladone sur le système nerveux, dont elle émousse pour ainsi dire la sensibilité, explique les bons effets qu'on en obtient dans les névroses.
ÉPILEPSIE. — Bon nombre d'auteurs ont vanté la belladone conlre l'épilepsie. Nous citerons : Mùnch (3), Stoll, Evers (4), Theden (5), Greding (6) Lallemand(7), Leuret et Ricard (8), Guyault(9), Séguy (10). Bretonneau (11), estparvenu àdiminuer lamaladie, et dans quelques cas à la guérir entièrement. Il emploie la racine en poudre, et l'extrait de la plante. Les premiers jours il ne dépasse pas la dose de 1 centigr. par jour, et le remède est donné le soir, si les accès reviennent surtout la nuit, et le matin, s'ils se montrent durant le jour. La dose de la poudre est portée jusqu'à 5 et rarement jusqu'à 10 centigr., et l'on y reste pendant deux ou trois mois. Le remède est alors interrompu pendant une semaine, repris ensuite durant trois semaines, interromnu après pendant quinze jours, repris encore deux jours de suite, puis laissé pendant trois semaines, en ayant soin d'y revenir aux époques présumées du retour des accès, et de donner alors les doses les plus élevées. On continue ainsi avec persévérance pendant au moins trois ou quatre ans.
Il) J Loidon med. and physic. Journ., novembre 1826.