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La plante fraîche, mise sur la langue, y détermine un sentiment d'ardeur et de douleur, qui s'étend jusqu'au gosier et qui engourdit ces parties. La racine mâchée parait d'abord douce; mais à cette douceur insidieuse succède bientôt dans l'intérieur de la bouche un sentiment d'ardeur et de torpeur, suivi d'une sorte de tremblement et de froid, et accompagné d'une excrétion abondante de salive. Ces phénomènes se dissipent avec assez de promptitude; cependant Brodie assure que l'engourdissement ne disparaît qu'au bout de deux à trois heures. Ce médecin a sans doute employé l'aconit suisse, car la racine prise dans mon jardin, et que j'ai mâchée pendant une ou deux secondes, ne m'a laissé, après une excrétion salivaire assez abondante, qu'un léger engourdissement dont la durée, avec diminution graduelle, n'a été que de quinze à vingt minutes.
(La substance avalée produit, à son passage dans le pharynx, l'œsophage et l'estomac, la même impression pénible. On observe alors quelques nausées, des borborygmes, puis l'effet dynamique ne tarde pas à se faire sentir. Le contact de cette plante sur les muqueuses digestives produit donc des phénomènes d'irritation. Elle agit de la môme même façon sur la conjonctive et sur la pituitaire, déterminant en plus l'augmentation de leurs sécrétions particulières (larmoiement, éternuement).
(B. ''Effets généraux.'' L'aconit, comme toutes les plantes vénéneuses, a des effets gradués, selon les doses.
A dose toxique, les phénomènes que nous venons d'esquisser s'exagèrent, prenant une gravité et une marche proportionnelles à la quantité de poison ingérée, au mode d'administration (dose toxique prise graduellement ou d'un seul coup), et aussi à la susceptibilité individuelle.
Pâleur, peau froide, sueurs générales, céphalalgie compressive, vertiges; nausées, vomituritions, vomissements; prostration extrême, pouls filiforme, quelquefois irrégulier, tantôt très-lent (de 36 à 40 puispuls.), tantôt plus accéléré (90). Respiration difficile, inégale, suspirieuse. Voix éteinte; dans ces cas, la vie peut encore être conservée; dans les cas plus graves, perte des sens, forte dilatation des pupilles, paralysie des extrémités, puis immobilité complète, qui n'est troublée que par de légères convulsions; pouls imperceptible; respiration rare et entrecoupée. Mort, tantôt par syncope, tantôt par asphyxie.)
(Consultez, pour plus amples détails, Fleming, ''An inquiry into the physiol. and med. properties of the aconit.'' Lond., 1843; Lombe Atthill a publié, ''in Dublin quarterly Journ. of med.'' sc, '' Aug. 1861, une observation très-détaillée et qui reproduit bien le tableau de tous les symptômes propres à l'empoisonnement par l'aconit.)
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