Souchet (Cazin 1868)

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
Sorbier
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Souci


[1016]

Souchet long

Nom accepté : Cyperus longus


SOUCHET LONG. Cyperus longus. L.

Cyperus odoratus radice longâ officinarum. C. Bauh.

Souchet, — souchet odorant.

CYPÉRACÉES. — CYPERÉES. Fam. nat. — TRIANDRIE MONOGYNIE. L.


Le souchet long, plante vivace qui doit son nom à la forme ligneuse de ses racines (petite souche), croît le long des ruisseaux, dans les lieux humides, marécageux, sur le bord des étangs, des canaux, etc.

Description. — Racine longue, rampante, tortueuse, brune en dehors, d'un blanc jaunâtre intérieurement, où son tissu est ligneux et creux au point renflé, rameuse, de la grosseur du petit doigt. — Tiges dressées, simples, triangulaires, nues. - Feuilles très-longues, engaînantes, à gaîne non fendue, glabres, étroites, aiguës, d'un vert un peu glauque, planes ou à peine carénées. — Fleurs luisantes, d'un brun rougeâtre, disposées en épillets terminaux sur des pédoncules au nombre de 5 ou 6, et assez semblables aux rayons d'une ombelle (juillet-septembre). — Calice de forme ovale, à écailles imbriquées. Point de corolle. — Trois étamines à anthères oblongues. - Ovaire uniovulé surmonté d'un style mince à trois stigmates capillaires. —Fruit : akène nue, au fond du calice.

Parties usitées. — La racine ou rhizome.

Récolte. — On récolte cette racine au printemps ou en automne.

[Culture. — Les souchets court ou officinal et le comestible sont originaires des bords de la Méditerranée ; le long ou odorant se trouve dans la plus grande partie de l'Europe ; le comestible est cultivé dans les jardins potagers. On les multiplie les uns et les autres par les rhizômes.]

Propriétés physiques et chimiques. — La racine de souchet long a une odeur agréable qui se rapproche de celle de la violette ; sa saveur est amère, chaude, piquante. La partie herbacée de la plante est à peu près insipide et inodore. Elle contient un principe gommo-résineux, de la fécule et un peu d'buile volatile ; Suivant Cartheuser, l'extrait aqueux est inodore, un peu âcre ; l'extrait alcoolique, faiblement odorant, d'un goût aromatique, mêlé d'amertume. — Les parfumeurs emploient quelquefois cette racine dans leurs sachets odorants.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Infusion à vase fermé, 30 à 60 gr. par kilogramme d'eau.
Poudre, 1 à 4 gr. dans le vin, en électuaire, en pilules.

Extrait aqueux, mêmes doses.
Le souchet odorant entrait dans l'eau générale, l'eau impériale, l'onguent modificatif, etc.


[1017]

On considérait autrefois la racine de souchet long comme stomachique, sudorifique, emménagogue. Elle est presque inusitée de nos jours. « C'est à tort, dit Roques, qu'on a renoncé à l'usage de cette racine aromatique, dont l'action stimulante est très-marquée. Nous employons tous les jours des amers, des stomachiques beaucoup moins efficaces. » — Fallope dit que la semence de cette plante est enivrante, ce qui suppose une action sur le système nerveux dont l'étude peut offrir quelque intérêt sous le rapport thérapeutique.


Souchet comestible

Nom accepté : Cyperus esculentus


SOUCHBT COMESTIBLE. — AMANDE DE TERRE. — (Cyperus esculentus.) — Cette plante croît spontanément dans les lieux humides de l'Inde, de l'Afrique, de l'Egypte, etc. Desfontaines l'a trouvée sur les côtes de Barbarie. On la trouve en Italie et dans le midi de la France, où elle est presque naturalisée.

Description. — Racines menues, fibreuses, chargées de tubercules arrondis, d'une couleur brune en dehors, de la grosseur d'une noisette, remplis d'une substance blanche, tendre, féculente. —- Tige nue, triangulaire, haute de 45 centimètres environ. — Feuilles radicales, longues, étroites, pointues, carénées, un peu rudes sur leurs bords, d'un vert glauque. — Fleurs disposées en corymbe terminal ou en ombelle dense, peu étalée. — Epillets iinéaires, roussâtres, sessiles et ramassés sur un pédoncule commun au nombre de cinq à douze, munis d'écailles imbriquées sur deux rangs.

Parties usitées. — La racine ou rhizôme.

Culture, récolte. — La culture de cette plante est facile. Dans un sol préparé, ameubli et chaud, on fait des trous de 15 centimètres de profondeur, où l'on place quelques tubercules ; puis on les recouvre de terre. On arrache la plante en automne pour recueillir les tubercules, que l'on conserve comme les pommes de terre.

Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. — Ces racines, qu'on appelle amandes de terre, ont une saveur douce, agréable, semblable à celle de la châtaigne. Elles contiennent de la fécule, de la gomme, de l'albumine, enfin tout ce qui constitue un aliment substantiel et de facile digestion. D'après Birolli, on yrencontre beaucoup d'huile et d'amidon. La fécule que fournit le souchet comestible peut être comparée à celle de la pomme de terre, au sagou, an salep, à l'arrowroot. On en fait des bouillies et des crèmes très-nourrissantes. Dans quelques pays on torréfie les tubercules, on les pulvérise, et l'on en prépare une sorte de café indigène dont le goût est, dit-on, assez agréable. On en retire également de l'huile fixe en assez grande quantité.

Dans différentes villes d'Espagne, et plus particulièrement à Madrid, on vend dans les rues une espèce de sirop d'orgeat nommé chufa, et qui est préparé avec les tubercules de souchet comestible.]


Souchet rond

Nom accepté : Cyperus rotundus


SOUCHET ROND. — (Cyperus rotundus ; cyperus rotundus orientalis major. C. Bauh.) — Le souchet rond croît en Egypte et en Syrie. On le rencontre également dans le midi de la France, dans les environs de Montpellier. La Peyrouse l'a trouvé dans les Pyrénées-Orientales, à Prades, à Villefranche.

Ce souchet ressemble beaucoup au souchet comestible par sa tige, ses feuilles et ses fleurs ; mais il en diffère par ses racines, dont les fibres sont plus fortes, munies de distance en distance de tubercules ovoïdes, d'une couleur fauve et d'une saveur amère, un peu âcre, résineuse, aromatique, camphrée.

La racine du souchet rond possède à un degré plus marqué les qualités du souchet long ; aussi est-elle préférée pour l'usage médical. Elle faisait partie d'un grand nombre de compositions pharmaceutiques, telles que les eaux thériacale générale, impériale, prophylactique, les trochisques cyccos, l'huile de scorpion, etc. Dans l'Inde, d'après le major Harwich (in Mérat et Delans), on la regarde comme un excellent stomachique ; on la donne dans le choléra, les irritations intestinales, etc. Les Grecs et les Egyptiens en faisaient un fréquent usage ; la médecine moderne s'en sert rarement, parce qu'elle a sous la main une foule de substances toniques dont l'action est mieux connue.


[1018]

La fécule de cette racine, séparée du principe amer et résineux par des lavages répétés, pourrait servir d'aliment comme celle du souchet comestible.