Qittsâ 'l-himâr (Ibn al-Baytar)
De PlantUse Français
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Nom accepté : Ecballium elaterium
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C’est le concombre sauvage, xxx xxx, et c’est aussi l’a’lqam, xxx, chez le vulgaire en Espagne.
- Dioscorides, IV, 155. C’est une plante qui ne diffère de l’espèce cultivée que par son fruit, lequel est beaucoup plus petit et ressemble à un gland allongé. Sa racine est blanche et grande. Sa plante croît dans les ruines et les sables. La plante est tout entière amère. (Ici nous restituons le texte : le grec dit picros, et les Arabes, ayant lu micros, ont traduit par^i-o au lieu de jU.)
- Galien, VIII.
- Dioscorides. Quant à ce qu’on appelle élatérium, y^A^i/!, on le prépare avec le fruit du concombre des ânes, de la manière suivante, etc.
- Hobeïch. Il faut récolter le fruit à la fin de l’été. On prendra celui qui est jaune, qui, à peine touché par la main, se détache de la tige et laisse échapper des graines. Les meilleurs sont ceux qu’on récolte sur un pied qui en porte beaucoup’, et qui sont juteux. Ce fruit évacue les humeurs grossières, l’atrabile et les sérosités citrines. Les médicaments qu’on lui associe avec le plus d’avantage sont l’aloès, la petite centaurée, l’hermodactyle, le bouzeiclan, le chamûepitys, le costus, la myrrhe, le safran, le nard indien, le cinnamome, la cannelle, l’aristoloche ronde, l’anis, la graine d’ache de montagne et cultivée, l’opopanax, le sagapénum, le bdellium, le turbith, le sel indien, la graine de baumier. Associé à quelqu’une de ces substances, il est utile contre plusieurs maladies, à savoir les douleurs articulaires, la goutte, les coliques, le tic facial, l’engourdissement des mains et des pieds, les affections atrabilaires. Il ne faut pas lui associer de purgatifs chauds comme la scammonée, la pulpe de coloquinte, si l’on prépare des pilules; mais on peut le faire sous forme d’électuaire. En effet, les pilules agissent en peu de temps, et souvent elles fatiguent le corps et nuisent par la violence de leur action, tandis que les électuaires séjournent longtemps et comportent bien l’association de médicaments chauds. La dose de l’extrait est d’un daneq. Si l’on veut tempérer son action lorsqu’on le prépare sous forme pilulaire, on le triture avec partie égale de gomme arabique et moitié de terre d’Arménie. Dans la préparation des électuaires il n’a pas besoin de correctif. Sachez que le suc d’élatérium perd de son énergie et de ses propriétés avec le temps. Cette énergie est amoindrie aussi par lu gomme d’amandes douces et amères. Si l’on fait bouillir ce suc avec de l’huile de sésame, puis que l’on en fasse des onctions sur les hémorroïdes externes autour de l’anus, ou bien encore au lieu d’huile de sésame, de la graine de lin, on s’en trouvera bien.
- Ishak ibn Amrân. Pour préparer l’huile d’élatérium, on prend du suc d’élatérium et de l’huile d’olive. On en met l’extrait dans l’huile de manière qu’il eu soit recouvert, et cela à deux reprises, on ferme l’orifice du vase, et on le laisse exposé à un soleil ardent ; on peut en faire usage après avoir décanté. Quelquefois on prépare avec de l’eau et de l’huile, et on fait cuire jusqu’à ce que l’eau soit évaporée et qu’il ne reste que l’huile. Cette préparation est utile en frictions contre le refroidissement du corps; elle attire les humeurs des muscles; elle est utile contre les taches et le lentigo de la face, contre les bourdonnements et les tintements d’oreille et la dureté de l’ouïe, causés par des vapeurs grossières.
- Autre. On fait entrer le suc d’élatérium dans les lavements, et il est utile contre les douleurs dorsales, mais il excorie les intestins et donne des selles sanguinolentes. Sa dose est alors d’une drachme à un mithkal. Son emploi en lancinent sans correctif présente du danger. Si l’on fait cuire le fruit dans de l’huile d’amande et de sésame, c’est une préparation salutaire contre les maux de dents. Sa racine évacue la pituite; quant au suc, il évacue la bile.
- Le Chérif. La décoction de la feuille et de la racine prise en potion est utile contre la lèpre noueuse.
- Livre des Expériences. La racine, triturée et appliquée sur les humeurs des parotides et les tumeurs œdémateuses de la gorge, les dissipe. On la fait cuire aussi avec du vin cuit ou une boisson de cette force, et alors, si on l’applique ainsi préparée sur les articulations douloureuses ou affectées de la goutte algide, et sur les douleurs dorsales, et que l’on en prolonge l’emploi, on guérit ces affections. Si l’on en fait des applications dans les cas d’anasarque, on triomphe de cette affection. Son huile est salutaire contre les douleurs articulaires anciennes ou récentes, prise soit à l’intérieur, soit à l’extérieur. À l’intérieur, on la donne à la dose de deux drachmes pour les tempéraments forts, mélangée avec de la farine d’orge. Elle évacue les humeurs crues et visqueuses et a de l’utilité contre l’asthme et l’orthopnée. Si une première administration ne suffit pas, il faut recommencer jusqu’à ce qu’on obtienne un bon résultat.
On donne généralement à cette plante le nom d’Elaterium momordica. Aujourd’hui on en fait l’Ecbalium agreste...