Piscidia carthagenensis (Rollet, Antilles)
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Piscidia carthagenensis Jacq. Enum. Syst. Pl. : 27 (1760).
Synonymes : Ichthyomethia acuminata S.F. Blake (1919) ; Piscidia acuminata (S.F. Blake) Johnston (1924) ; Ichthyomethia piscipula (L.) Hitch. var. acuminata (S.F. Blake) Stehlé (1946) ; Piscidia erythrina sensu Griseb. (1860) non L.
Noms vernaculaires : Fr : Bois enivrant, Bois à enivrer (Guadeloupe) ; Bois enivrant (Martinique) ; Enivrage. A : Dogwood (Antigua) ; Douche wood (comme Lonchocarpus latifolius) à Barbuda ; Black Mahoe (Trinidad) ; Fish Poison (Puerto Rico) ; Stinkwood (Antilles néerlandaises). Esp : Barbasco.
Description : Petit arbre à tendance grégaire, atteignant 15 m de haut et jusqu’à 50 cm de diamètre. Pied : pattes à dos rond ou sans pattes. Écorce : épaisseur totale 8 mm pour un diamètre de 21 cm. Aspect externe : aspect variable ; gris à brun clair, sublisse avec files verticales en quiconce de lenticelles marron ; ou aspect mini côtelé verticalement, anastomosé, vernissé, vergetures gris-verdâtre sur fond ocre. Écorce vivante : sous le liège, couleur vert pomme passant au jaune verdâtre et à l’orange ; en section transversale rayons blancs élargis en entonnoir (en face des creux des cannelures) séparant dans la partie interne des secteurs de phloème orange clair. La tranche est fibreuse, devient vineuse puis noire ; sent le haricot vert. Aubier : jaunâtre à jaune d’or ou orange clair ; parenchyme circummédullaire ondulé en bandes orange clair sur fond orange foncé. Rameaux : à lenticelles blanches. Feuilles : alternes, imparipennées ; 7-11 folioles, elliptiques à acumen court, mucronées de 5-18 × 2-8 cm. Fleurs : vieux rose à rose mauve ; apparaissent en grande abondance quand les feuilles sont tombées ; inflorescences de 10-30 cm de long. Fruits : section transversale en croix ; 4 ailes larges papyracées à angle droit, souvent lacérées ; gousses atteignant 20 cm de long, d’abord vert jaunâtre ; calice persistant ; graines oblongues, de 5-8 × 3-4 mm, brun-rougeâtre. Phénologie : décidu (entre février et mai). Fleurs de février à mai. Fruits persistants jusqu’en juillet-septembre. Habitat : fourrés littoraux xérophiles entre 0 et 150 m, surtout côte sous le vent ; tous terrains, calcaires ou volcaniques. Tempérament : xéro-héliophile, grégaire ; reproduit facilement par bouture.
Usages : Bois brun jaunâtre, dur, lourd (d = 0,9) durable, utilisé pour jantes, pilots pour quais, bateaux (GOODING) ; bois de feu, charbon et bateaux, en Floride d’après SARGENT. Très ornemental par ses fleurs roses ; l’écorce des racines pilées est utilisée pour stupéfier les poissons. Le nom du genre Piscidia (litt. : tue les poissons) y fait allusion. L’écorce de la racine est aussi sédative pour maux de dents (FAWCETT & RENDLE) : le principe (piscidine) est somnifère.
Distribution générale : Puerto Rico, Virgin Islands, Trinidad, Tobago. Du Sud Mexique jusqu’au NW du Pérou, Equateur et Galapagos ; Colombie et Venezuela. [Peut-être est-il légitime de distinguer P. piscipula (LITTLE and al.) : l’espèce est en Floride (TOMLINSON), Bahamas, Cuba, Jamaïque, Hispaniola et en Amérique centrale (Est Mexique à Nord Honduras].
Distribution aux Petites Antilles : Toutes les îles des Petites Antilles, sauf Anguilla, Saba, Nevis, Désirade.
Matériel examiné : SB : QUESTEL s.n., St Jean (P) ; un des arbustes les plus communs de St-Barthélemy (LE GALLO). BT : BARRIER 2399, Deshaies (GUAD) ; DUSS 1011, Baillif, 0-80 m (P) ; ROLLET 435, près Basse-Terre, 50 m (GUAD) ; ROLLET 677, Vieux-Habitants, 30 m (GUAD). GT : ROLLET 603, Bois Eusèbe (GUAD). St : ROUSTEAU 654, Terre-de-Haut, Fort Napoléon (GUAD). D : NICOLSON and al. citent 3 spécimens récoltés sur la côte occidentale sèche.
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Observations : SB : environs de Gustavia et base Morne Grand Fond, 100-200 m (FIARD & ROLLET). SM : côte NE Cul de Sac, 50-70 m et Tintamarre, 30 m (FIARD & ROLLET) ; 0-100 m, sommet Mt Williams (STOFFERS). SE : commun (STOFFERS). SK : péninsule 0-100 m (FIARD & ROLLET). At : Boggy Peak, 50-350 m ; Sugar Loaf, 50-300 m ; Darkwood, 0-50 m ; Willikies, 0-50 m ; Mount Thomas, 70 m (DAVID & ROLLET). GT : Anse Patate, près du Moule (ROLLET). M : Rare en Martinique : Caravelle, Pointe Bateau et Pointe Jean-Claude où il est localement abondant (FIARD & ROLLET). SL : Black Bay près de l’embouchure, altitude 2 m (VERNA SLANE).
Bibliographie : (*Iconographie ; **couleur) : BRITTON & WILSON 1924 ; CARRINGTON 1993 ; DESCOURTILZ** 1821-1830 vol. 3 ; DUSS 1897 ; FAWCETT & RENDLE* 1920 ; FOURNET* 1978 ; GOODING and al.* 1965 ; HOWARD 1952, 1988* ; HOYOS** 1983 pour P. piscipula ; LE GALLO & MONACHINO 1956 ; LIOGIER* 1985 pour P. piscipula ; LITTLE and al.* 1974 ; NICHOLSON 1979 ; NICOLSON and al. 1991 ; NUTTALL** 1865 pour P. piscipula ; QUESTEL 1941 ; Rock* 1917 ; STOFFERS 1979 ; TOMLINSON* 1980 pour P. piscipula.
Note : BRITTON & WILSON semblent avoir confondu en une seule espèce P. carthagenensis Jacq. et P. piscipula (L.) Sarg. La différence entre les 2 espèces (fleurs plus petites et calice lobé non denté pour P. piscipula) semble faible. Piscidia piscipula n’existerait pas dans les Petites Antilles à l’état indigène et serait introduite des Grandes Antilles. SCHOMBURGK la considère indigène à Barbade probablement à tort (GOODING, 1965 : 213). HOWARD considère que P. piscipula (L.) Sarg., espèce distincte, n’existe pas dans les Petites Antilles. P. piscipula est à St-Martin, St-Barthélemy, Antigua, Guadeloupe, Ste-Lucie, St Vincent, Barbade, Grenade ; Barbade ; Grenadines (Carriacou) (jeune fleurs en mars, 9 m de haut, très commun dans les fourrés xérophiles). L’arbre atteint 60 cm à Puerto Rico (BRITTON & WILSON) et 90 cm à la Jamaïque (FAWCETT & RENDLE).
Anatomie du bois
Piscidia carthagenensis
- 2-3-9-12-15-30-58-69-70
Piscidia piscipula
- 2-3-12-15-30-(33)-58-66-67-69 (Voir la signification des codes)
Piscidia carthagenensis, Piscidia piscipula :
- Bois parfait beige brun clair parfois veiné (non observé chez P. carthagenensis ), différencié de l’aubier jaunâtre, mi-dur et mi-lourd (0,60-0,75 g/cm3 pour P. carthagenensis , 0,75-0,95 g/cm3 pour P. piscipula ), à grain moyen, maille fine mais distincte.
- Pores disséminés, isolés ou accolés radialement par 2 ou 3, au nombre de 2 à 5 par mm2, perceptibles à l’œil nu (diamètre moyen de 110 à 180 μm). Perforations des éléments vasculaires uniques ; ponctuations intervasculaires ornées, de 8 à 10 μm de diamètre.
- Parenchyme en bandes reliant les pores et en lignes fines terminales. Files de cellules étagées, composées de 2 éléments, parfois recloisonnés et cristallifères au voisinage des fibres.
- Rayons 3- à 6-sériés, non étagés (sauf les petits 1-2-sériés), au nombre de 6 à 9 par mm, de structure homogène ou sub-homogène. Ponctuations radiovasculaires identiques en taille aux intervasculaires.
- Fibres à ponctuations simples.