Piper betle

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Piper betle L.

alt=Description de l'image Buyo dahon.jpg.
feuilles en vente
Ordre Piperales
Famille Piperaceae
Genre Piper

2n = 26, 32, 42, 52, 58, 64, 68, 78

Origine : Malaisie

sauvage ou cultivé

Français bétel
Anglais betel


Résumé des usages
  • stimulant / masticatoire : feuille enfermant divers ingrédients,
    mâchée en de nombreuses occasions sociales et rituelles
  • médicinal : racine, feuilles, graines


Description

  • liane vivace, ligneuse, de 5-20 m de long, dioïque
  • tige renflée aux nœuds, munie de racines adventives
  • feuilles alternes, pétiolées, ovales à ovales-oblongues, de 5-20 cm de long
  • épis pendants opposés aux feuilles, mâles de 12 cm de long, femelles de 5 cm
  • fruits : drupes charnues immergées dans le rachis, l'ensemble formant un cylindre charnu de 5 cm de long
  • graines suborbiculaires de 3-5 mm de diamètre

Noms populaires

français bétel
anglais betel, betel pepper, betelvine
allemand Betelpfeffer
néerlandais betel
italien betel
espagnol betel
portugais bétele
arabe tanbul, tanbūl
sanscrit nagavalli, tambula (Wealth of India)
hindi pān, तांबुली - tambuli (Wealth of India)
bengali pan (Wealth of India)
marathi pan, videchapana (Wealth of India)
gujerati nagurvel, pan (Wealth of India)
telugu tamalapaku, nagavalli (Wealth of India)
tamoul vettilai (Wealth of India)
kannada vilayadele (Wealth of India)
malayalam vettila (Wealth of India)
chinois 蒌叶 - lou ye (Flora of China)
Indonésie sirih (indonésien), suruh (javanais), seureuh (sundanais) (PROSEA)
Malaysia sirih (malais) (PROSEA)
Papouasie-Nouvelle-Guinée daka (PROSEA)
Philippines ikmo (tagalog), buyo (bikol), mamon (bisaya) (PROSEA)
Cambodge : mlu (PROSEA)
Laos ph'u (PROSEA) ; ພູ - phou, ໃບ - bay
Thaïlande phlu (général) (PROSEA)
Vietnam trầu, trầu không (PROSEA)

Classification

Piper betle L. (1753)

Cultivars

Histoire

L’usage de « substances du plaisir et de la convivialité », en particulier sous la forme de masticatoire, est l’une des activités les plus anciennes de l’homme, et chaque région a sa spécialité : la coca en Amérique, le khat au Moyen Orient, le bétel en Asie. En français, c’est en effet le « bétel » qui nomme cette chique contenant pourtant plusieurs autres ingrédients ; ce nom, d’origine malabar, apparaît dans les récits de voyage dès 1515, mais avec de grandes imprécisions aussi bien sur la plante que sur ses usages et ses adjuvants. Dans toutes les cultures de l’Asie du Sud Est où cette pratique est implantée, c’est tantôt le bétel tantôt la noix d’arec qui permet d’en décliner les différentes utilisations et les symbolismes. Ainsi, en lao, on dit kiao maak « chiquer la noix d’arec » et l’ensemble des rites autour de cet usage fait référence à la noix d’arec, mais en vietnamien trau désigne aussi bien la feuille de bétel que la chique elle-même, tout comme l’action de chiquer est rendue par l’expression « manger du bétel » (an trau).

  • Boym, Michał, 1696. Flora Sinensis. Paris, 15 p. Seconde édition en français. Voir Pim-lam sur Pl@ntUse.

Usages

Nombreux autres types de boîtes sur Wikimedia Commons

Masticatoire

L’usage de chiquer cette feuille a plus de 2000 ans, il s’étend de Ceylan à la Nouvelle-Guinée sans que l’on sache bien où il a pris naissance. Les ingrédients de base, nous l’avons vu, sont la feuille de bétel qui sert d’enveloppe, la chaux qui est étalée dessus et une lamelle de noix d’arec ; sont souvent rajoutées des plantes condiments comme la noix muscade, la girofle, la cardamome, le tabac, l’écorce du jaque sauvage et bien d’autres. Cette chique est mâchée longuement, la salive rouge qui en résulte (à cause du tanin de la noix) est recrachée ou en partie avalée. En cours de mastication les différents ingrédients qui la composent peuvent être réajustés, par exemple un peu plus d’arec modère l’amertume du bétel. Au Laos et en Thaïlande, seules les personnes âgées chiquent encore alors qu'en Birmanie tout le monde chique y compris les petits enfants auxquels les mères donnent une chique déjà mâchée pour en atténuer la force. Cette chique passe pour procurer une sensation de bien être, pour être un coupe faim et un coupe fatigue et pour donner bonne haleine. Aujourd’hui on ne chique pratiquement plus dans les sociétés « modernes ». En effet le bétel noircit les dents ce qui est incompatible avec les canons de beauté occidentaux ; le jet de salive rouge recraché régulièrement est lui inacceptable au vue des règles d’hygiène ; les ingrédients de la chique qui peuvent être bénéfiques à petites doses, sont à la longue dangereux pour la santé, et ont été classés comme cancérigènes par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer).*

Symbolique

Cette pratique autrefois très répandue, reste aujourd’hui encore chargée de symboles et de croyances dont le noyau dur est l’alliance de l’arec et du bétel inscrite dans le cultural (la liane du bétel grimpe sur l’aréquier), et dans le culturel, le bétel est chaud tandis que l’arec est froid, le bétel est amer et astringent alors que l’arec est doux et sédatif et leur union dans la chique sera le symbole de toutes les unions : union des humains dans l’amour, l’amitié, la convivialité, union avec les êtres surnaturels, dieux et génies. Traditionnellement la chique de bétel marque le lien social, elle est offerte à l’hôte de passage, à l’ami qui part en voyage, au parent que l’on visite, au supérieur que l’on sollicite. L’union par excellence étant le mariage le bétel et l’arec sont encore aujourd’hui de tous les rites : la demande en mariage, appelée procession du bétel, se fait en offrant des chiques, lors du mariage sur le plateau d’offrandes figurent en bonne place les deux plantes (le symbole de l’amour est renforcé par le fait que les feuilles de bétel sont en forme de cœur), les cours d’amour, les chansons populaires filent indéfiniment la métaphore, « puisse-je me transformer en une plante grimpante, puissiez vous être un aréquier, nous nous unirions ainsi pour longtemps » dit l’une d’elles.

Références

  • Arveiller Raymond, 1963, Contribution à l’étude des termes de voyage en français (1505-1722), Paris, D’Artrey.
  • Chauvet, Michel, 2018. Encyclopédie des plantes alimentaires. Paris, Belin. 880 p. (p. 556)
  • Garcia Da Orta, 1563, Colloques des simples et des drogues de l’Inde, Actes Sud (Thesaurus) 2004
  • Peeters Alice, 1987. Le bétel. in Parfums de plantes. Paris, Muséum national d'histoire naturelle. pp. 174-175.
  • Raquez, Alfred, 1902, Pages laotiennes, le haut Laos, le moyen Laos, le bas Laos. Hanoï, FH Schneider imprimeur éditeur. Reprint en co-édition IRC (Laos) et Cercle de culture et de recherches laotiennes (France), Vientiane, 2000.
  • Ranade, Shirish A. ; Soni, Anjali & Kumar, Nikhil, 2011. SPAR Profiles for the Assessment of Genetic Diversity Between Male and Female Landraces of the Dioecious Betelvine Plant (Piper betle L.). in Grillo, Oscar & Venora, Gianfranco (eds), Environmental Sciences : "Ecosystems Biodiversity", pp. 443-464. Researchgate et doi: 10.5772/24753.

Liens