Manihot esculenta (Pharmacopées en Guyane)

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Mabea pulcherrima
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Maprounea guianensis



Manihot esculenta Crantz

Synonymies

  • Manihot utilissima Pohl ;
  • Jatropha manihot L. ;
  • Manihot dulcis Pax.

Noms vernaculaires

  • Créole : manioc [mangnòk].
  • Wayãpi : mani’o (tubercule), mani’ɨ (plante).
  • Palikur : kaneg (tubercule), kiniki (plante).
  • Portugais : mandioca.

Collections de référence

Grenand 947 ; Haxaire 347. Nombreux herbiers des différentes variétés.

Emplois

Au-delà de l’utilisation alimentaire de cette plante cultivée essentielle en Guyane comme dans tout le monde tropical, nous avons relevé quelques applications médicinales.

Les Créoles mêlent l’amidon à du rhum et badigeonnent le mélange sur le corps des enfants contre les éruptions cutanées [1].

Les Wayãpi utilisent les feuilles d’une variété cultivée wɨlapa poã, « remède [contre] la flèche » en emplâtre comme hémostatique (à l’origine, essentiellement en cas de blessures par flèche). Par ailleurs, le jus (tukupi) extrait par pressage de la pulpe des racines de manioc est utilisé en bain rituel pour combattre la stérilité féminine dans la région de Camopi.

Chez les Palikur, l’amidon, outre une utilisation similaire à celle des Créoles, est appliqué en emplâtre imbibé d’huile de carapa (cf. Carapa guianensis, Méliacées) sur les claquages musculaires ou en cataplasme pour soulager les maux de tête [2]. Par ailleurs les feuilles fraîches écrasées, appliquées en cataplasme, servent à résorber les cloques occasionnées par les brûlures.

Chimie et pharmacologie

Rappelons la toxicité de la chair crue des tubercules qui contiennent des hétérosides cyanogénétiques - linamarine et lautostraline - et qui libèrent par hydrolyse de l’acide cyanhydrique. Les tubercules renferment également, en plus de l’amidon, de l’acide oxalique, du β-carotène et de l’α-carotène (KARRER, supplément 2, 1981). La teneur en protéine est faible : 1 % (LANCASTER et al., 1982).

Les hétérosides se trouvent dans tous les maniocs, mais la teneur est variable suivant les cultivars. Le manioc doux ou cramanioc est généralement celui qui en contient le moins ; il semble cependant que ce ne soit pas toujours le cas. Il est à remarquer que si la toxicité de l’acide cyanhydrique est bien connue, celle de l’hétéroside l’est beaucoup moins. Par ailleurs la teneur en hétéroside varie à l’intérieur même du tubercule ; la question de la toxicité de la chair du tubercule de manioc est donc loin d’être élucidée (LANCASTER et al., ibid.).

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  1. Le jus toxique est un traitement contre la gale chez les Makuna d'Amazonie colombienne (SCHULTES et RAFFAUF, 1990).
  2. Les Urubu-Ka'apor utilisent une variété de manioc amer pour soulager les douleurs rhumatismales (BALÉE, 1994).