Manihot esculenta

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Manihot esculenta Crantz

alt=Description de l'image Manihot esculenta 001.jpg.
Ordre Euphorbiales
Famille Euphorbiaceae
Genre Manihot

2n = 36

Origine : Amérique du Sud

cultivé

Français manioc
Anglais cassava


Résumé des usages
  • tubercule féculent consommé
  • feuilles consommées comme légume
  • médicinal


Description

Noms populaires

français manioc, manioc doux, manioc amer, tapioca, cramanioc, kra maniok
créole guyanais manioc [mangnòk] (Pharma. Guyane)
wayãpi mani’o (tubercule), mani’ɨ (plante) (Pharma. Guyane)
palikur kaneg (tubercule), kiniki (plante) (Pharma. Guyane)
anglais manioc, yuca, balinghoy, mogo, mandioca, kamoteng kahoy
allemand Maniok
espagnol mandioca, yuca ; guacamote (Mexique)
portugais mandioca
italien mandioca, yuca, cassava, tapioca
malgache mangaz
arabe كاسافا - kāsāfā
parsi مانیوک - mānyūka
indonésien ketela pohon, ubi kayu, singsong
nahuatl cuauhcamohtli
kichwa rumu, yuka
tamoul மரவள்ளி - maravalli, குச்சிக் கிழங்கு - gussik kizhangu, குச்சிவள்ளிக் கிழங்கு - gussivallik kizhangu
bengali কাসাভা - kāsāvā
Philippines kamotingkahoy (tagalog, bisaya), balangay (bisaya), kasaba (ilokano) (PROSEA) ; kamoteng-kahoy (tagalog)
Indonésie ubi kayu, singkong, ketela pohon (PROSEA)
Malaysia ubi kayu, ubi benggala, ubi belanda (PROSEA)
Papouasie-Nouvelle-Guinée mandioca, cassava (PROSEA)
Thaïlande man-sampalang (général), man-samrong (centre), man-mai (sud) (PROSEA)
Vietnam sắn, khoai mì (PROSEA)
Laos man tônz (PROSEA)
Cambodge dâmlô:ng chhë: (PROSEA)
Birmanie palawpinanupin (PROSEA)

Classification

Manihot esculenta Crantz (1766)

synonymes  :

  • Manihot dulcis (J.F.Gmel.) Baill. (1884)
  • Jatropha dulcis J.F.Gmel. (1773)
  • Manihot palmata Müll.Arg. (1866) d'après De Cordemoy - synonymie non reconnue par PlantList
  • Manihot aipi Poht. (1827)
  • Manihot utilissima Pohl (1827)
  • Jatropha manihot L. (1753)
  • Manihot edulis A. Rich. (1850)

Cultivars

Le manioc amer, aussi connu comme cramanioc (kramaniok) en Guyane française, doit subir un traitement pré-cuisson poussé afin d'éliminer en partie les hétérosides cyanogènes toxiques qu'il renferme.

Le manioc doux a peu d'hétérosides cyanogènes, ce qui le rend propre à l'alimentation humaine sans nécessiter de traitement pré-cuisson.

Histoire

Usages

In the tropics cultivated worldwide. The main producing countries are Nigeria, Zaire, Brazil, Indonesia, Thailand, and India. Already in prehistoric times the species has been cultivated in South America. It belongs to the most important starch plants of the world and is characterized by a high infraspecific variability, concerning the leaf forms, colour and ramification of stems, shape and colour of tuberous roots as well as the concentration of cyanogenic glucosides. The tuberous roots, rich in starch, are detoxified before consumption by cooking, roasting, soaking or fermentation. The roasted or cooked tubers are eaten as vegetables. The meal (farinha), obtained from the tubers, is eaten as paste or made into bread, biscuit, macaroni, spaghetti, glue etc. The extracted starch is also made into a sago-like, pearl- to flake-like product (tapioca). In W Africa, after a fermentation process, a grainy meal (gari) is obtained. The starch also serves industrial purposes, e.g. for sizing paper. The tuberous roots are also utilized for the production of alcoholic drinks. The thickened sap, obtained from the roots by pressing, is used in sauces and soups. The dried and chopped tubers are also utilized as fodder. The young leaves, rich in protein and vitamins, are eaten as vegetables. Some forms of this species are cultivated especially for their edible leaves. The mature leaves are used as fodder. The plant is also grown as a shade plant for young plantations of coffee and cacao.

Mansfeld.


Les racines sont d'un usage très répandu pour l'alimentation humaine et animale.

Les jeunes feuilles sont consommées comme brède à Madagascar et à La Réunion, notamment par la communauté hindoue.

Aspects culturels

Histoires sur l'origine du manioc

  • Le beiju des hohos (histoire Kali'na du Brésil)
Ma mère m'a raconté cette histoire. La plupart des maniocs proviennent des montagnes, où l'on trouve beaucoup de manioc sauvage. Autrefois lorsque les indiens marchaient dans les montagnes ils rencontraient les hohos[1] qui s'y promenaient et laissaient derrière eux des miettes de pâte et de petits morceaux de manioc. Jusqu'à ce qu'ils découvrent que c'était à partir de cette racine que les hohos confectionnaient le beiju[2] (galettes de manioc). Ils avaient suivi les hohos jusqu'à la montagne bleue, hox ble. A cet endroit le ruisseau descend et forme un lac régulièrement entouré de pierres, dont les hohos se servaient comme des bancs. C'est là qu'ils vivaient et fabriquaient le beiju. Quand les grands parents de ma mère racontèrent cette histoire, son père l'emmena rechercher cet endroit. Ils voulaient voir et vérifier de leurs propres yeux. Lorsqu'ils le trouvèrent, ils dormirent sur place sans faire de bruit et virent les hohos. Ma mère et son père démontèrent les bancs de pierres, mais les hohos les remontèrent. Ce sont des personnages de petite taille avec de gros bras, une grande tête et des cheveux longs. Ils ont une taille d'enfant, parlent leur propre langue, et chantent "hum hum" sur un air de berceuse ; c'est leur façon de chanter.
Le manioc sauvage de la montagne ressemble à une liane. Autrefois, les indiens ne connaissaient pas la farine, ils mangeaient du beiju et la patate du manioc ; il a fallu des années d'expérience pour améliorer la qualité de la farine.
-- Récit d'Edilena dos Santos Santa Rosa, Kali'na Marworno, Village Karipuna du Manga (Brésil), retranscrit au Musée des Peuples Indigènes de la ville d'Oiapoque (Brésil)
  • Histoire de la bouture de manioc (batõ mãiok) (histoire amérindienne de l'Amapa, Brésil)
Autrefois il n'y avait pas de bâton manioc. Le manioc pour les indiens c'était les fruits des arbres qu'ils mangeaient. Puis, un homme apparut avec sa famille et sortit dans la forêt pour chasser et cueillir les fruits des arbres. Lorsqu'il revint, il dit à son père : "Nous avons quelque chose de nouveau à planter. Quand cette chose germe et croît, nous pouvons l'arracher, la râper, et ensuite faire du beiju kururuawye."
-- Oui, mais où trouverez-vous la bouture de ce manioc ? demanda son père.
-- Père, nous avons rencontré deux personnes qui se sont adressées à nous, répondit-il. Ils nous ont dit : "Comment va ! mes petits enfants !". Nous leur avons répondu : "Nous allons bien grand-père !". Ils répondirent : "Nous venons vous instruire afin que vous puissiez vous alimenter et planter un aliment appelé bâton-manioc. Vous pouvez choisir trois types de bâtons-manioc". Nous leur avons demandé : "Qui êtes-vous ?". Ils répondirent : "Nous sommes des gens-chevreuil. Allez dans notre abattis et voyez nos boutures". Ainsi nous les suivîmes. Quand nous arrivâmes nous vîmes leur plantation au bord des rochers avec beaucoup de bâtons-manioc tous en train de pousser.
C'est comme ça que nos arrières-grands-parents indigènes découvrirent le bâton-manioc, par l'intermédiaire des gens-animaux.
-- Récit de Natã dos Santos, retranscrit au Musée des Peuples Indigènes de la ville d'Oiapoque (Brésil)
  • Beiju e farinha (histoire amérindienne de l'Amapa, Brésil)
Antigamente não havia nem beiju nem farinha, depois so o beiju, mas não a farinha. A fabricação da farinha é muito recente.
Pegava-se a semente de sororoca que servia de farinha, de mingau para comer com peixe, isso ha muitos anos, quando moravamos nas ilhas do Uaça. A gente socava a sororoca para fazer farinha. As folhas de sororoca serviam até para dormir. Foi assim que descobriram a semente e depois pilavam e usavam para fazer farinha. A ciencia dos indios, naquela época, era a colheita de frutas. Antes comia-se mais peixe et carne. Era tuda assado e não cozido."
Jadis il n'y avait ni beiju ni farinha, ensuite seulement le beiju mais pas la farinha. La fabrication de la farinha est très récente.
On prenait la graine de sororoca qui servait de farinha, de bouillie à manger avec du poisson, il y a longtemps, quand nous vivions dans les îles du Uaça. On broyait la sororoca pour faire de la farinha. Les feuilles de sororoca servaient même pour dormir. C'est ainsi qu'ils découvrirent la graine et qu'ensuite ils la pilaient et l'utilisaient pour faire de la farinha. La science des Indiens, à cette époque, était la récolte de fruits. Avant, on mangeait surtout du poisson et de la viande. Tout était grillé et non bouilli.
-- Sérgio dos Santos, retranscrit au Musée des Peuples Indigènes de la ville d'Oiapoque (Brésil)
  • Historia (histoire amérindienne de l'Amapa, Brésil)
Tem umas frutas de palmeira, o kunanã, parecido com o tucumã e o maracupi. Antigamente queimavam e pilavam no pilão para tirar a castanha e comer com peixe. Não tinha nem farinha nem beiju. A mina avo, mõ ghãghã contava.
Il y a des fruits de palmier, le kunanã, qui ressemble au tucumã et au maracupi. Jadis, ils les brûlaient et les pilaient au pilon pour en extraire la noix et la manger avec du poisson. Il n'y avait ni farinha ni beiju. C'est ce que ma grand-mère mõ ghãghã racontait.
-- Felipe Anika, retranscrit au Musée des Peuples Indigènes de la ville d'Oiapoque (Brésil)

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  1. Il est difficile de savoir en l'état qui sont les hohos. Les sources bibliographiques manquent. D'après la description qu'il en est fait, il se pourrait agir d'une forme de créature surnaturelle semblable aux chullachaqui ou aux shapishico de l'Amazonie péruvienne, à moins que le terme ne désigne une peuplade amérindienne mythifiée qui aurait pré-existé à l'arrivée des Kali'na. Rappelons que les Kali'na (aussi connus en tant que "Galibis" en français) sont du groupe des ethnies Karib dont le foyer d'origine se trouve sur la côte vénézuélienne. Les Karib ont migré vers l'Est (îles Caraïbes) et le Sud (Brésil) dans les temps pré-colombiens.
  2. Le beiju est une galette de manioc, cf. "Usages".

Références

  • Chauvet, Michel, 2018. Encyclopédie des plantes alimentaires. Paris, Belin. 880 p. (p. 268)
  • Duputié, Anne, Salick, Jan & McKey, Doyle, 2011. Evolutionary biogeography of Manihot (Euphorbiaceae), a rapidly radiating Neotropical genus restricted to dry environments. Journal of Biogeography. DOI: 10.1111/j.1365-2699.2011.02474.x
  • Emery, Christina, Rachel Hirsch, & Melinda Susanto, 2021. Cassava: From Toxic Tuber to Food Staple. Dumbarton Oaks. Plant Humanities
  • Grenand, Pierre ; Moretti, Christian ; Jacquemin, Henri & Prévost, Marie-Françoise, 2004. Pharmacopées traditionnelles en Guyane. Créoles, Wayãpi, Palikur. 2e édition revue et complétée. Paris, IRD. 816 p. (1ère éd.: 1987). Voir sur Pl@ntUse.
  • Lancaster, P. A. ; Ingram, J. S. ; Lim, M. Y. & Coursey, D. G., 1982. Traditional Casave based foods. Survey of Processing Technics. Economic Botany, 36 : 12-45.
  • Olsen, K.M. & Schaal, B.A., 2001. Microsatellite variation in cassava (Manihot esculenta, Euphorbiaceae) and its wild relatives: further evidence for a southern Amazonian origin of domestication. American journal of botany, 88(1): 131–142.
  • Rakoto-Ratsimamanga, Albert ; Boiteau, Pierre & Mouton, Marcel, 1969. Eléments de pharmacopée malagasy. tome & (Notices 1 à 39). Tananarive, Société pour la promotion de la pharmacopée malagasy. 306 p. Voir sur Pl@ntUse (amidon)
  • TRAMIL, Pharmacopée végétale caribéenne, éd. scient. L. Germosén-Robineau. 2014. 3e éd. Santo Domingo, Canopé de Guadeloupe. 420 p. Voir sur Pl@ntUse

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