Khyâr chanbâr (Ibn al-Baytar)
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Nom accepté : [[]]
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- Abou’l-Abbâs en-Nebâty, dans son livre intitulé Rihla. Le cassier est un arbre connu et son fruit est d’un usage vulgaire. Il est très commun en Egypte, à Alexandrie et dans les environs, d’où il est exporté en Syrie. On le rencontre aussi communément à Bassora, d’où il est exporté dans le Levant et dans l’Irak. Le cassier a la taille du noyer; ce sont les mêmes feuilles, mais un peu plus petites, au sommet aigu, plus consistantes et se rapprochant de celles du châtaignier. Ses fleurs sont d’une beauté merveilleuse comme on n’en saurait voir d’une plus belle forme. Elles naissent à l’aisselle des feuilles au mois de septembre, en régimes de la longueur d’une coudée environ, portant sur les quatre faces des épines de la longueur du doigt dont l’extrémité porte des fleurs ayant la forme de celles du jasmin, composées chacune de cinq folioles, toutes du plus beau jaune, disposées en régimes tombant de l’aisselle des feuilles. Chacun de ces régimes ressemble à une brillante pléiade. Quand le fruit veut sortir, la fleur change de couleur, blanchit, se flétrit et tombe. On voit alors apparaître le tube de la cassia suivant la forme connue, d’une longueur variable, pareil aux fruits du caroubier, contenant comme un extrait d’abord >; vert, puis tournant au noir en mûrissant.
- Ishak ibn Amrân. Dans chacun de ces tubes est renfermée une pulpe noire, sucrée et laxative. Dans chaque compartiment est un noyau qui a le volume et la forme de la graine de caroubier. La partie employée est la pulpe, à l’exclusion du noyau et du tube.
- Ibn Massodîh. Le meilleur fruit est celui qui est noir à l’intérieur, luisant, lourd, entier et contenant toute sa pulpe.
- El-Basry. La cassia tient le milieu entre le chaud et le froid. Cependant elle incline à la chaleur et semble être chaude au premier degré.
- Ibn Sérapion. Elle évacue la bile brûlée, calme l’effervescence du sang et résout les abcès chauds. Elle purifie la poitrine et blesse les nerfs. On la donne à la dose de trois à dix drachmes en solution clans de l’eau chaude.
- Masserdjouih. Elle ramollît les tumeurs indurées, employée en frictions, et les tumeurs de la gorge et de l’abdomen, en gargarismes avec de la décoction de raisins secs et de morelle. Elle purge sans douleur ni irritations.
- El-Farecy. Elle est sans inconvénient. Elle est utile aux femmes enceintes, par les évacuations qu’elle produit. Elle guérit l’ictère et est utile clans les affections du foie.
- Avicenne. On en fait avec succès des frictions sur les tumeurs indurées, ainsi que sur les articulations affectées de goutte ou douloureuses. Si l’on fait macérer ses disques dans de la décoction de coriandre sèche avec de la pulpe de psyllium, On a un excellent gargarisme contre les angines et un médicament qui purifie le foie.
- Livre des Expériences. Si l’on force la dose de cette substance, elle produit un dévoiement chronique. On peut la donner à partir d’une once et demie. La cassia est salutaire contre les fièvres chaudes à quelque période quelle soit administrée. Elle relâche convenablement le ventre, prise en potion ou en lavement avec de la décoction de violettes. Son utilité contre les tumeurs internes de la gorge est incontestable. Pour cela on en prend les disques dans la bouche et on avale ce qui s’en écoule. On peut aussi employer son macéré en gargarismes. Dès le début, ils calment les douleurs et résolvent. Vers le déclin de l’affection, ils provoquent l’ouverture de la tumeur. On obtient surtout ce résultat si on les fait macérer dans % une décoction de figues blanches très mielleuses.
- Abou’s-Salt. Elle relâche convenablement le ventre. Elle purifie l’estomac et les intestins en évacuant la bile et les humeurs, et facilite l’issue des matières fécales conglomérées et endurcies. Associée au tamarin, elle évacue la bile. Avec le turbith, elle évacue les humeurs pituitaires. Avec la chicorée et l’eau de morelle, elle est salutaire contre l’ictère et les tumeurs inflammatoires du foie, surtout si l’on ajoute de la décoction de cuscute. On la donne à la dose de cinq à vingt grammes. Toutefois elle donne des coliques à certains individus dont les intestins sont affaiblis. Dans ce cas, il faut prendre la meilleure sorte. Il est bon d’en faire précéder l’emploi par de l’huile d’amandes douces. [Ce qui suit n’existe que dans le ms. 1023 de la Bibl. nat.)
- Livre des Propriétés du Chérif. Cette substance, inconnue à Dioscorides, a été mentionnée par Ishaq ben Amrân. Elle a la propriété d’évacuer la bile brûlée et de relâcher le ventre doucement et sans douleur.
- El-Madjoussy. Elle est chaude et humide. Le peuple croit qu’elle évacue en ce qu’elle agit comme détersif et gluant : pour moi, je lui reconnais outre cela une propriété attractive. Elle purge doucement, débarrasse l’estomac et les intestins de la bile et des humeurs, et elle facilite l’issue des matières fécales conglomérées.
- El-Messihy? Elle est froide et humide au premier degré. Elle éteint l’ardeur du sang. Elle est utile contre les tumeurs abdominales; elle évacue la bile brûlée; elle ramollit les tumeurs de la gorge; employée comme gargarisme, elle est salutaire contre la jaunisse et les tumeurs inflammatoires du foie.
- Ibn Rodhouân. Elle n’est pas mentionnée par Dioscorides ni par Galien. Elle a la propriété d’évacuer la bile. Elle éteint l’ardeur du sang. Elle fait disparaître les tumeurs abdominales et évacue la bile brûlée. Elle est utile contre l’ictère et les affections du foie et de la gorge. Elle résout les tumeurs et surtout celles de la gorge, employée en gargarisme. Sa constitution est équilibrée. Elle possède un peu de chaleur que l’on peut neutraliser par l’huile d’amandes douces et des substances analogues.
- Ibn el-As. Il discute les appréciations contradictoires des auteurs et cite Honeïn et Ibn Massa. Rien de neuf.
- Ez-Zehraouy. Rien de neuf.
- Ettalkhin en-Nidhâmy.
- Ibn el-Hakîm.
- Abou Hanîfa.
- Ibn Djoldjol. Il en est une espèce d’Egypte et une autre de l’Irak. Le médicament se rencontre dans un tube noir et consistant qui n’est autre que le fruit de l’arbre. A l’intérieur de ce tube sont des disques constituant des compartiments dans l’intérieur desquels est cette pulpe noire, mielleuse, s’attachant à la main, d’une saveur douce mêlée d’acidité, etc.
- El-Madjoussy, dans un autre endroit. La meilleure est celle de l’Inde, de Samour, qui a le tube développé, à mince écorce, et contenant une pulpe mielleuse abondante, etc.
Nous n’avons pas donné intégralement toutes les citations, par la raison qu’elles contiennent beaucoup de redites. Il n’y a de réellement intéressant que le passage d’Ibn Djoldjol, qui donne quelques détails nouveaux. Ces citations ne se trouvaient point dans la rédaction primitive d’Ibn el-Beïthâr, par la raison que les descriptions figurent toujours en tête des paragraphes, et, à ce titre, nous aurions dû rencontrer la citation d’Ibn Djoldjol. Ni Galland ni Sontheimer n’ont connu ces citations.
La casse est le produit du Cassia fistula, vulgairement Canéficier, de la famille des Légumineuses. Pour d’autres, le nom de genre est Catharto (carpus). Le nom de Cassia fistula n’est pas heureux, attendu, comme le fait remarquer Saumaise, que ce nom convient parfaitement au Cassia syrinx des Grecs, dont le mot cannelle est la traduction. Gérard de Crémone aurait le premier donné cette synonymie, s’il faut en croire Garcias ab Horto, qui, à cette occasion, fait une sortie malencontreuse contre Gérard ; ce savant mérite au contraire notre admiration par l’immensité de ses travaux.