Houx (Cazin 1868)
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Nom accepté : Ilex aquifolium
Ilex aculeata. C. Bauh. — Ilex aculeata baccifera. Tourn. — Aquifolium spinosum. Lam. — Agrifolium. Dod. — Agrifolium. Plin.
Houx épineux, — grand houx, — housson, — gréou, — agréfous, — agriou, — garrus, grand-pardon, — agaloussé, — bois franc.
AQUIFOLIACÉES. Fam. nat. — TÉTRANDRIE TÉTRAGYNIE. L.
Le houx, arbre toujours vert, s'offre partout à nos yeux, dans les bois, dans les haies, etc. On en fait des palissades, des clôtures solides, etc.
Description. — Tiges de 1 mètre environ, quelquefois plus, à rameaux lisses, souples et d'un beau vert. — Feuilles persistantes, alternes, pétiolées, coriaces, luisantes, garnies à leurs bords d'épines fortes et longues. — Fleurs petites, blanches, nombreuses, axillaires, ordinairement hermaphrodites, auxquelles succèdent de petites baies sphériques, d'un rouge vif, renfermant quatre semences cannelées.
Parties usitées. — Les feuilles, l'écorce, les fruits.
Récolte. — Les feuilles de houx doivent être cueillies au moment où la floraison commence. Elles sont d'une couleur vert jaunâtre lorsqu'elles sont desséchées.
Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. - Les feuilles sont inodores, d'une saveur âpre et amère, désagréable. Lassaigne en a retiré : de la cire, de la chlorophylle, une matière neutre et incristallisable, non décomposable par les acides et les alcalis, mais bien par l'alcool ; une matière colorante jaune, de la gomme, de l'acétate de potasse, du muriate de potasse et de chaux, du sulfate et du phosphate de chaux, du ligneux. Deleschamps, qui a repris ce travail, a extrait des feuilles de houx un produit auquel il a donné le nom d’ilicine, et qu'il regarde comme le principe actif de la plante. Ce produit est d'une couleur brune, peu foncée ; il absorbe
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rapidement l'humidité de l'air, ce qui, probablement, le rend incristallisable. Il n'est pas généralement considéré comme un principe immédiat, mais comme un composé de plusieurs autres principes, parmi lesquels se trouve celui ou ceux auxquels le houx doit ses propriétés physiologiques et thérapeutiques.
L'eau et l'alcool faible s'emparent des principes actifs du houx. Avec la seconde écorce de houx, on prépare la glu, substance molle, tenace, visqueuse, filante, peu soluble dans la salive, et agglutinant les lèvres lorsqu'on la mâche, s'épaississant par le froid, se liquéfiant par la chaleur, soluble dans l'alcool et dans les huiles fixes et volatiles, mais très-peu dans l'eau pure.
Le bois de houx, qui est dur, solide et susceptible de prendre un beau poli, est précieux pour les tourneurs, les tabletiers, les couteliers, etc.
A L'INTÉRIEUR. —Décoction des feuilles fraîches ou sèches, 30 à 60 gr. par kilogramme d'eau. |
240 à 300 gr. d'eau, réduite à moitié, passée et administrée en une seule fois, deux heures avant l'accès, pendant huit, quinze jours et même plus, lors même que la fièvre a cédé aux premières doses ; |
L'ingestion du houx dans l'estomac, à dose thérapeutique, produit, après huit minutes ou un quart d'heure, du malaise, quelques picotements, de la pesanteur, et surtout un sentiment de chaleur à l'épigastre, qui bientôt s'étend au ventre, à la poitrine et même aux membres. Cette chaleur, quand elle se généralise, dure trois heures et même plus : elle se fait sentir au toucher de la peau. Le pouls reste calme. I1 n'y a pas de nausées, mais fréquemment des coliques, bien qu'en général les selles restent dures. Si l'estomac est irrité ou très-susceptible, il survient des douleurs, des rapports âcres, des vomituritions glaireuses, etc. (Barbier).
Les baies de houx exercent sur l'appareil digestif une excitation qui provoque le vomissement et la purgation.
Les feuilles de houx sont toniques et ont été considérées aussi comme sudorifiques. On les a prescrites dans la pleurésie, le catarrhe chronique, la variole, les affections rhumatismales. Paracelse les employait en décoction dans les affections arthritiques. Mais c'est surtout comme fébrifuges que les feuilles de houx ont été préconisées vers la fin du siècle dernier. Durande, médecin de Dijon[1], les ayant vu employer contre les fièvres intermittentes par un homme étranger à l'art de guérir, les a administrées avec succès. Il a rapporté plusieurs cas de guérison par leur emploi quand les fièvres avaient résisté au quinquina. Cependant ce fébrifuge était tombé dans l'oubli quand Rousseau[2] le soumit à de nouveaux essais et consigna, dans un mémoire couronné par l'Institut, les nombreux succès qu'il en avait obtenus. Cet auteur rapporte, non-seulement ses propres observations,
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- ↑ Historique de la Société royale de médecine, t. IV, p. 342
- ↑ Nouveau Journal de médecine, 1822, t. XIV, p. 14
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mais aussi celles de Reil, de Constantin, Raymond, Delormel et Serrurier, etc., etc. Magendie, chargé par l'Institut de vérifier les faits rapportés par Rousseau, a expérimenté sur treize femmes atteintes de fièvres intermittentes de types divers, et avec toutes les précautions propres à s'assurer de l'effet exclusif du médicament. Il leur a donné des feuilles de houx à la dose de 4, 8, et même 15 gr. par jour, soit en décoction dans l'eau, soit en macération dans le vin. Toutes ces femmes ont été guéries. En général, les accès n'ont pas cessé brusquement, comme il arrive par l'emploi des préparations de quinquina ; ils se sont toujours plus ou moins prolongés ; cependant dans aucun cas la fièvre n'a résisté, et a été, au contraire, guérie après vingt jours de séjour à l'hôpital.
Les observations de Bodin[1] et Saint-Amand présentées à l'Académie de médecine de Paris en novembre 1827, celles de Hubert[2], confirment en tous points les faits rapportés par Rousseau et Magendie.
Les observations que nous venons de citer en faveur des feuilles de houx employées comme fébrifuges, ayant été recueillies par des hommes dignes de foi, sont de nature à appeler l'attention des médecins dont les efforts tendent à simplifier les moyens thérapeutiques et à les mettre à la portée du pauvre. Les fébrifuges ne sauraient être trop nombreux, car tel d'entre eux qui échoue dans une circonstance, réussira dans une autre où divers moyens auront été inutilement employés.
Nous devons dire que Chomel[3], qui a répété les expériences sur la poudre des feuilles de houx à l'hôpital de la Charité, n'en a obtenu aucun résultat favorable. Ses conclusions sont trop opposées aux résultats que nous venons de citer pour être adoptées sans contrôle. « Il y a lieu de croire, disent Mérat et Delens, que l'agent thérapeutique était mauvais, soit que les feuilles eussent été mal récoltées, mal préparées, soit que le médicament ait été mal pris, circonstances très-fréquentes dans les hôpitaux. »
Je n'ai employé les feuilles de houx en poudre que dans deux cas de fièvre intermittente. Les accès ont diminué si graduellement que je n'ai pu leur attribuer la guérison. Je m'étais proposé de les essayer de nouveau sur un plus grand nombre de fiévreux et d'en observer soigneusement les effets ; mais l'occasion m'a manqué depuis que j'ai quitté la campagne, où les fièvres intermittentes se rencontrent plus fréquemment que dans les villes.
Werlhoof, Reil, E. Rousseau, ont employé avec succès les feuilles de houx dans les affections rhumatismales.
Dodonée, qui, comme tous les humoristes de son temps, attribuait à chaque purgatif une action spéciale, regardait les baies de houx comme propres à évacuer les matières pituiteuses. Ces baies, que j'ai administrées deux fois, produisent à peu près le même effet que celles de nerprun, et peuvent être employées dans les cas où ces dernières sont indiquées ; cependant je les crois un peu plus âcres. Quelques auteurs ont vanté la décoction de la racine et de l'écorce intérieure de la tige contre les toux opiniâtres.
On considère dans nos campagnes les feuilles de houx pilées et appliquées fraîches, comme un puissant résolutif dans les tumeurs blanches, les engorgements scrofuleux, l'œdème, etc. Je n'ai pas eu l'occasion de vérifier cette propriété.
La glu a été recommandée dans plusieurs ouvrages de matière medicale comme émolliente, maturative, résolutive.
(Dioscoride recommandait contre les brûlures de la glu trempée en eau
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- ↑ Gazette médicale, 1831.
- ↑ Revue médicale, décembre 1835.
- ↑ Académie de médecine, séance du 19 janvier 1830.
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chaude. Elle remplissait les mêmes indications que, de nos jours, le collodion.)
(L'ILICINE, en l'absence de toute matière tannante, peut raisonnablement être considérée comme représentant l'activité du houx ; elle peut donc remplacer la poudre des feuilles ; la facilité plus grande de son administration constitue un avantage en sa faveur. Bertini, sans vouloir la comparer au quinquina et à ses dérivés, croit cependant qu'elle doit leur être préférée dans certains cas de fièvre légitime et simple, surtout chez les sujets irritables)[1].
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- ↑ Gazette médicale de Montpellier, 1845