Houblon (Cazin 1868)
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Nom accepté : Humulus lupulus
Lupulus fœmina. C. Bauh. — Lupulus mas et fœmina. J. Bauh. - Cannabis lupulus. Scop.
Houblon vulgaire, — houblon grimpant, — houblon à la bière, — vigne du Nord.
URTICACÉES. Fam. nat. — DIŒCIE PENTANDRIE. L.
Le houblon croît spontanément dans toute l'Europe, et se trouve ordinairement dans les haies. On le cultive en grand pour la préparation de la bière, surtout en Flandre et en Angleterre, où il est l'objet d'un commerce important.
Description. — Tiges dures, grêles, légèrement anguleuses, sarmenteuses. — Feuilles le plus souvent opposées, les supérieures quelquefois alternes, péliolées, cordiformes, dentées, tri ou quinquélobées. — Fleurs mâles : petites, blanchâtres, pédicellées, disposées en grappes paniculées. — Fleurs femelles : réunies en cônes écailleux, ovales, composés dé nombreuses folioles d'un jaune roussâtre ; chacune de ces folioles est munie d'un ovaire supérieur et de deux styles, qui plus tard deviennent la semence.
Parties usitées. — Les fruits ou cônes, les sommités et les racines.
Récolte. — Les cônes (houblon du commerce) se récoltent vers la fin du mois d'août. On les fait sécher au four ou à l'étuve. A l'air, ils seraient exposés à se pourrir au centre. De verts qu'ils étaient, ils passent, en séchant, à la couleur jaune doré, et ne perdent rien de leur arôme ni de leur saveur.
Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. — Les cônes du houblon jouissent d'une odeur forte et vireuse, et leur saveur est très-amère et persistante. Les bractées de ces cônes contiennent une petite quantité de matière astringente âpre, une matière colorante inerte, de la chlorophylle, de la gomme et quelques sels : elles ont peu d'activité. Mais ces bractées sont chargées à leur base d'une multitude de petites glandes sous la forme de points jaunes, d'une odeur alliacée, qui ont été nommés lupulin ou lupuline, partie active des cônes du houblon, dans lesquels il est à peu près pour l/8 en poids. On l'obtient en effeuillant et en agitant sur un tamis très-fin les cônes femelles récoltés depuis une année. On en sépare la poudre ainsi obtenue, et par des lavages et des décantations alternatives on retire le sable qui s'y trouve mêlé ; on décante ensuite cette poudre et on la renferme dans des flacons bien bouchés, où elle se conserve pendant plusieurs années. (Sa couleur varie du jaune verdâtre au jaune orangé) ; sa saveur est très-amère. Suivant l'analyse de Payen et Chevallier, elle contient de 1'huile volatile, une matière amère, d'un blanc jaunâtre, appelée plus tard par Pelletan lupulite, de la résine, de la gomme, une matière extractive, des traces d'osmazôme, une matière grasse, de l'acide malique, du malate de chaux et des sels.
(D'après Yves, de New-York, sur 120 parties, le lupulin contient : tannin 5, matière extractive 10, principe amer 11, fécule 12, résine 36, ligneux 46)[1].
L'huile volatile de houblon, contenue dans le lupulin, dans la proportion d'environ 2 pour 100, est d'une couleur jaunâtre, d'une odeur alliacée et d'une saveur âcre qui prend à la gorge. Elle est assez soluble dans l'eau et se dissout mieux dans l'alcool et
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- ↑ Journal de pharmacie, 1822, t. VIII, p. 219.
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l'éther. Les résultats d'une nouvelle analyse faite par Personne[1] placent cette essence à côté de celle de valériane.
(La lupulite est blanche ou jaunâtre et opaque, ou bien d'un rouge jaunâtre transparent, inodore, très-amère.
Lermer[2] a isolé le principe cristallisable du houblon ; c'est un corps acide et dont le composé cuivrique serait représenté par CuO, C32 H25 O7. Il est insoluble dans l'eau et sans saveur ; sa solution alcoolique n'est pas précipitée par l'eau et possède la saveur particulière de la bière ; l'éther, le chloroforme, le sulfure de carbone et l'essence de térébenthine le dissolvent.)
Quelques auteurs ont proposé d'employer seulement le lupulin, et de regarder comme inutile le reste du houblon ; mais les cônes entiers donnent des décoctions plus chargées, plus désagréables que la portion de poussière jaune qu'ils supportent, ce qui prouve qu'ils fournissent des principes indépendants de cette matière. L'eau, le vin, l'alcool s'emparent des principes actifs des cônes du houblon. Leur infusion aqueuse brunit par le contact du sulfate de fer.
On connaît l'usage des cônes de houblon dans la fabrication de la bière. Malheureusement il paraît que cet ingrédient, ordinairement d'un prix élevé, est souvent remplacé par des plantes amères, telles que le buis, l'absinthe, le trèfle d'eau, le quassia, etc. Les feuilles et les pointes des sarments servent à faire de la petite bière : on pourrait les utiliser ainsi dans les campagnes si le Gouvernement permettait au cultivateur de préparer cette boisson fermentée, dont l'usage pendant la moisson pourrait le préserver des maladies produites par l'eau prise en trop grande quantité.
Dans le Nord, on mange les jeunes pousses de houblon comme celles de l'asperge. - Tous les bestiaux mangent cette plante. Elle plaît aux abeilles. Dans quelques pays, on remplit de houblon, pendant l'hiver, les ruches des abeilles qui se trouvent à moitié vides de rayons, pour conserver ces insectes. — En horticulture, le houblon sert à faire des berceaux de verdure, des portiques élégants, etc. — Les sarments de houblon, ramollis par la macération, fournissent aux cultivateurs des liens utiles pour divers usages domestiques. Ces mêmes sarments renferment, comme plusieurs autres plantes de la famille des urticacéés, des fils que l'on pourrait faire servir à la fabrication des cordes et de divers tissus grossiers. Les cendres des sarments de houblon ont été utilisées pour la fabrication du verre.
A L'INTÉRIEUR.— Décoction ou infusion, de 15 à 60 gr. par kilogramme. |
A L'EXTÉRIEUR. — Extrait, 1 sur 5 d'axonge pour onguent. |
A dose ordinaire, le premier effet du houblon est d'exciter l'appétit et de favoriser les digestions. Parvenus dans le torrent de la circulation, et en contact avec tous les tissus, les principes actifs de ce végétal augmentent la vigueur des appareils organiques. Si l'on en prolonge l'emploi chez des personnes affaiblies par une habitation dans un lieu froid et humide, par des maladies antérieures ou par d'autres causes analogues, on voit leur figure se colorer, leur circulation et leurs sécrétions s'activer de plus en
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- ↑ Bulletin de thérapeutique, t. XLVII, p. 211.
- ↑ Journal des connaissances médicales pratiques, 1864, n° 6.
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plus, en un mot, tout leur organisme revêtir les apparences du retour à la santé.
À dose très-élevée, ou lorsque les organes digestifs sont phlogosés, même légèrement, le houblon détermine d'abord de la chaleur dans la gorge et à l'épigastre, de la cardialgie, puis du trouble dans le bas-ventre, le plus souvent sans déjections alvines. Si le houblon exerce sur l'économie une action tonique et stimulante par ses principes amers et aromatiques, il agit aussi sur le système nerveux par un principe vireux qui paraît résider totalement ou du moins en grande partie dans le lupulin. Des individus ont été atteints d'engourdissement, et sont tombés dans un sommeil mortel, pour être restés longtemps dans un magasin rempli de houblon. Une petite fille qui avait les mains gercées, les ayant mises, pour se réchauffer, dans des cônes de houblon entassés depuis huit jours, y éprouva, ainsi qu'à la face, une cuisson semblable à celle que cause l'ortie, avec efflorescence, disposition au sommeil et trouble de la vue. Le lendemain il y avait érythème au visage, tuméfaction accompagnée de sommeil, qui dura toute la journée, avec production de vésicules au front et aux mains; dès lors tout alla en diminuant, et la desquamation eut lieu le quatrième jour[1]. Les médecins anglais, suivant Thomas de Salisbury, mettent sous la tête du malade, pour combattre l'insomnie, un coussin fait avec les cônes de cette plante. Ces derniers, pris à l'intérieur, ont, suivant Maton[2], la propriété de diminuer 1a fréquence du pouls. Dans plusieurs pays du Nord, on emploie l'extrait aqueux de houblon au lieu d'opium. Cet extrait, de même que la teinture alcoolique, est narcotique à la dose de 1 gr.[3].
Considéré au point de vue thérapeutique, le houblon est tonique, anthelminthique, diurétique, diaphorétique, fondant, dépuratif et sédatif. On l'emploie dans l'inappétence, l'affaiblissement des organes digestifs, l'atonie générale, la prédominance morbifique du système lymphatique, les affections scrofuleuses et cutanées chroniques, et surtout les dartres ; le rachitis, le carreau, les tumeurs blanches, les écoulements muqueux atoniques, les diarrhées opiniâtres, le catarrhe chronique, l'helmintiase, les hydropisies passiyes, les cachexies, le scorbut, l'ictère sans irritation phlegmasique des voies biliaires, la goutte, etc.
C'est surtout dans les affections du système lymphatique que les cônes de houblon ont été employés avec le plus de succès. Il convient aux enfants pâles, bouffis, qui habitent des lieux humides, et chez lesquels, sans irritation phlegmasique des voies digestives, il y a inappétence, assimilation viciée. En général, les affections lymphatiques et scrofuleuses, le dépérissement et la détérioration constitutionnelle résultant de l'état de pauvreté de la plupart des manouvriers de la campagne, réclament l'emploi fréquent des amers et surtout du houblon, que tout le monde connaît et prend sans répugnance. Ce précieux médicament est souvent employé dans la médecine rurale. C'est un excellent tonique fébrifuge contre les fièvres automnales. Je l'administre en infusion ou en décoction dans l'eau, à laquelle je mêle quelquefois une certaine quantité de vin. Il combat efficacement les affections vermineuses. Je le donne souvent en décoction concentrée sous forme de lavement contre les ascarides vermiculaires. Mathiole dit qu'un demi-gros (2 gr.) de fruits de houblon pilés, avalé le matin à jeun, tue les vers.
Selon les expériences de Desroches[4], l'emploi du houblon à l'intérieur produirait le sommeil dans les affections rhumatismales, syphilitiques et pulmonaires. Barbier, qui a employé fréquemment ce médicament sous
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- ↑ London medical Gazette et Revue médicale, 1835.
- ↑ Journal d'Edimbourg, t. III. p. 23.
- ↑ Desroches, Dissert. inaug. de humulo lupulo. Edimbourg, 1803.
- ↑ Annals of philos., mars 1821.
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forme d'extrait et de poudre, dit n'avoir jamais observé cette action narcotique. Ce médecin ne s'est sans doute servi que des cônes dépouillés de lupulin ou n'en ayant plus qu'une petite quantité.
Freake[1] regarde le houblon comme un des meilleurs remèdes contre la goutte ; il en parle en ces termes : « Si præmium decerneretur ei qui inveniret remedium paroxismis podagricis mitigandis, tollendis, infrigendis maxime idoneum, ratum habeo me illud obtenturum esse consulendo lupulum. » Ce praticien emploie de préférence à toutes les autres préparations l'extrait et la teinture. Hufeland prescrit l'extrait de houblon dans la lienterie. Les propriétés antiscorbutiques de la bière sont probablement dues à la présence du houblon. On a observé que le scorbut ne se manifestait jamais dans un vaisseau, tant qu'on pouvait distribuer tous les jours aux matelots une ration de bière. Comme cette boisson tient beaucoup de place, et qu'elle ne se conserve pas bien sous les latitudes chaudes, le capitaine Cook, dans son second voyage qui devait durer trois ans, préféra emporter de la drèche dont il faisait un moût doux qu'on donnait à ceux qui avaient des symptômes de scorbut ou de la tendance à cette affection. Grâce à l'emploi de ce moût et à celui de la choucroute, ce célèbre navigateur ne perdit aucun homme du scorbut, bien que ses matelots eussent toujours fait usage de provisions salées.
Les propriétés diurétiques et diaphorétiques attribuées au houblon ne peuvent dépendre que de sa vertu tonique, et sont par conséquent relatives à l'état d'atonie des reins ou de la peau. D'après les observations de Graunt, au rapport de Ray, il y aurait beaucoup moins de calculeux en Angleterre depuis que le houblon est universellement employé à la fabrication de 1a bière. Toutefois, cet effet prouve d'autant moins une propriété spéciale contre la formation de la pierre, que très-souvent, dans les brasseries, ainsi que nous l'avons dit plus haut, la fraude substitue au houblon les feuilles de buis, le trèfle d'eau, l'absinthe, la petite centaurée, une petite quantité de quassia amara, etc.
Suivant Coste et Willemet, la racine de houblon peut être substituée à la salsepareille comme ayant toutes les vertus de cette dernière.
La partie herbacée du houblon n'est pas sans propriétés, quoique sa décoction soit fade ; elle est saline, styptique. C'est à elle qu'il faut rapporter les effets que ce végétal a produits comme astringent, diurétique, etc., et que quelques auteurs ont signalés.
Les jeunes pousses, légèrement laxatives et apéritives, sont utiles dans les embarras des viscères abdominaux, les cachexies, l'œdème asthénique, etc.
Les feuilles et les sommités du houblon, appliquées sous forme de cataplasme, ont été vantées comme résolutives dans les engorgements œdémateux, les tumeurs froides, et pour apaiser les douleurs arthritiques. Simon Pauli rapporte que de son temps on employait beaucoup cette plante à l'extérieur, après l'avoir fait bouillir dans la bière, et qu'on l'appliquait en fomentation pour tempérer les douleurs causées par les accès de goutte, les luxations et les contusions. Hamick (in Szerlecki) en a obtenu de bons effets en topique dans plus de soixante cas d'ulcères de mauvaise nature. Trotter[2] appliquait sur les ulcères gangreneux des cataplasmes préparés avec la poudre de cônes de houblon. La pommade de houblon calme les douleurs hémorrhoïdales ; Swediaur en faisait usage pour apaiser celles du cancer. En Angleterre on fait avec les cônes de houblon des oreillers pour les enfants ; ces oreillers passent pour leur procurer un sommeil paisible.
LUPULIN. — Bien qu'à haute dose le lupulin produise des symptômes
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cérébraux et nerveux plus ou moins prononcés, on l'a donné à dose élevée dans les états pathologiques qui en réclament l'emploi, sans occasionner d'accidents notables. Dans l'état sain même, Debout[1] l'a expérimenté sur lui-même, sans effets nuisibles, à des doses doubles et triples de celles que Barbier présente comme dangereuses. Cependant, ce dernier, en cela d'accord avec Magendie[2], n'accorde au lupulin aucune propriété sédative ou hypnotique ; son administration, dit-il, n'est jamais suivie d'un état de somnolence. Il lui reconnaît cependant une action puissante sur le cerveau, sur la moelle épinière et sur les plexus nerveux, manifestée par des engourdissements pénibles dans les membres, de la pesanteur de tête, de l'accablement, etc., sans céphalalgie, sans étourdissements ni éblouissements.
À dose thérapeutique, le lupulin passe pour être à la fois aromatique, tonique et narcotique ; propriétés, dit Yves[3], dont aucun médicament n'offre l'heureux concours. Son action narcotique a paru à cet auteur d'autant plus précieuse, qu'elle n'est accompagnée ni de constipation, ni d'affaiblissement du ton de l'estomac. S'il faut en croire Mill[4], qui l'a donnée en teinture alcoolique à la dose de 40 à 60 gouttes par jour dans les affections nerveuses, il ne produit pas de congestion cérébrale. D'après Freake, il a procuré de grands soulagements dans la goutte, quand d'autres médicaments avaient été sans effet. Barbier le considère comme un bon fébrifuge ; il cite deux cas de fièvre intermittente guérie par l'emploi de cette substance.
Mais c'est principalement sur les organes génitaux que le lupulin exerce une sédation élective très-remarquable. Page[5] annonça qu'il suffisait d'administrer 25 à 50 centigr. de poudre de ce produit végétal pour suspendre complètement les érections, faire cesser les accidents inflammatoires de la gonorrhée, etc., et cela sans faire courir le risque de la céphalalgie et de la constipation, qui suivent souvent l'emploi de l'opium et du camphre. Plus tard, Page constata l'efficacité du lupulin dans les pertes séminales. Hatshorne[6] assure avoir mis un terme à un onanisme opiniâtre par l'emploi répété du lupulin. Debout[7] a constaté l'action de cette singulière substance sur l'éréthisme génital.
(Il résulte de la pratique de Ricord[8] que dans ces circonstances il réussit dans les quatre cinquièmes des cas.)
Des faits récemment publiés par Debout et Aran[9] sont venus corroborer l'assertion de Page sur l'emploi du lupulin dans les pertes séminales nocturnes; Les bons effets de l'emploi de cette substance contre les érectionsqui surviennent à la suite de l'opération du phimosis ont été constatés par Robert et Vidal[10]. La forme pharmaceutique que recommande Debout est celle de saccharure, parce qu'elle est la plus simple des manipulations, et qu'en même temps elle met complètement en liberté le principe huileux aromatique auquel est due la propriété thérapeutique de cette substance.
J'ai récemment mis à l'usage du lupulin un jeune homme de dix-sept ans, d'un tempérament lymphatico-nerveux, livré à l'onanisme depuis quelques années, et épileptique depuis trois ans sans cause héréditaire. Le malade prend chaque jour ce médicament à doses graduellement augmentées ; il est arrivé le dixième jour à celle de 3 gr., sans en éprouver d'effet général sen-
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- ↑ Bulletin de thérapeutique, t. XLIV, p. 290.
- ↑ Formulaire, 7e édit., p. 265.
- ↑ Journal de pharmacie, 1822, t. VIII
- ↑ Journal des sciences naturelles, t. XLI, p. 379.
- ↑ The Philadel. Examiner, 1851.
- ↑ Ibid.
- ↑ Bulletin général de thérapeutique, t. XLIV.
- ↑ Zambaco, Journal de pharmacie et de chimie, 1855, t. XXVII, p. 227.
- ↑ Bulletin général de thérapeutique, t. XLIV, p. 385.
- ↑ Bulletin de thérapeutique, t. XLVIII, p. 128.
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sible, si ce n'est un ralentissement dans le pouls de 6 à 8 pulsations. Mais les érections ont diminué peu à peu et sont enfin devenues impossibles vers le quinzième jour. Alors seulement les accès épileptiques, qui étaient violents et ne laissaient que deux ou trois jours d'intervalle, diminuent peu à peu d'intensité et ne reviennent que tous les cinq à six jours. L'effet anaphrodisiaque persiste ; la dose de lupulin est réduite à 2 gr., et chaque jour diminuée jusqu'à cessation complète de son usage, avec intention de revenir à l'administration de cette substance au bout de huit jours, ou plus tôt s'il y a apparence de reproduction de l'orgasme génital. Cette épilepsie excentrique cessera-t-elle avec la cause probable qui l'a produite, la masturbation ? L'axiôme : sublata causa tollitur effectus, ne peut être admis d'une manière absolue que lorsque l'effet, soit par l'influence de l'habitude morbide invétérée, soit par le désordre ou les lésions qu'il détermine, ne devient pas lui-même une cause secondaire, isolée et persistante.
Le doute n'est plus permis sur l'action du lupulin. « Si par son principe amer cette substance jouit d'une action tonique générale, par l'huile essentielle qu'elle contient elle possède une propriété sédative incontestable, et celle-ci s'exerce spécialement sur l'éréthisme génital »[1].
(Quelques auteurs ont avancé que la substance que nous étudions avait une action sédative sur le système circulatoire. Barbier s'en est bien trouvé dans les fièvres intermittentes. Nous ne faisons que signaler ces opinions sans avoir par devers nous des preuves suffisantes pour établir leur réalité. I1 serait à désirer que la part d'action de l'huile essentielle et celle dela lupulite fussent déterminées. Walter Jauncey s'est engagé dans cette voie de recherches : pour cet auteur[2], l'huile est purement anodine et sédative ; l'autre principe, la lupulite, ne possède qu'une action tonique sur les organes digestifs.)
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