Hyssope (Cazin 1868)

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Houx
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
If
PLANCHE XXI : 1. Grateron. 2. Gratiole. 3. Herniaire. 4. Hièble. 5. Hysope.


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Nom accepté : Hyssopus officinalis


HYSSOPE. Hyssopus officinalis. L.

Hyssopus officinarum cœrulea, seu spicata. Bauh.— Hyssopus vulgaris. Dod.

LABIÉES. — SATURÉIÉES. Fam. nat. — DIDYNAMIE GYMNOSPERMIE. L.


L'hyssope, plante vivace (Pl. XXI), croît spontanément en Allemagne, en Italie, sur les coteaux de nos départements du Midi, dans le Dauphiné et la Provence. Rivière l'a rencontrée dans les environs de Mantes, et Lestiboudois et Pauquy, à Abbeville, sur le rempart, près de la rue Millevoie ; Lejeune, sur les murs de Liège ; Dubois, à Tournay. On la cultive dans les jardins, où l'on en forme souvent des bordures.

Description. — Racines dures, ligneuses, un peu ramifiées. — Tiges ligneuses, presque simples, hautes de 60 à 80 centimètres. — Feuilles vertes, opposées, linéaires, lancéolées, aiguës. — Fleurs presque sessiles, réunies par paquets et formant des épis de fleurs bleues, roses ou blanches (juillet-septembre). — Calice tubulé à cinq dents. - Corolle bilabiée. — Quatre étamines didynames. — Ovaire supérieur à quatre lobes. — Un style. — Un stigmate bifide. — Quatre akènes placés au fond du calice.

Parties usitées. — Les sommités fleuries et les feuilles.

Récolte. — Elle se récolte comme toutes les plantes aromatiques, pendant la floraison. La conservation et la dessiccation sont très-faciles.

[Culture. — On cultive l'hyssope pour les besoins de la médecine et de la parfumerie; elle demande une bonne exposition et une terre légère et calcaire, on la sème en planches ou en terrines drainées au commencement du printemps ; on la propage encore de boutures ou d'éclats de pieds faits à la même époque, on repique de bonne heure en place, et on renouvelle les planches tous les trois ou quatre ans en éclatant les pieds au printemps et à l'automne.]

Propriétés physiques et chimiques. — L'odeur de l'hyssope est agréable et aromatique, et sa saveur chaude, piquante et amère. Elle contient une huile volatile jaune, des principes amers et un peu de soufre et de camphre. Les principes médicamenteux sont extraits par l'huile et l'alcool.

Herberger[1] a découvert dans l'hyssope un corps neutre, soluble dans l'eau, l'alcool et péther, qu'il nomme hyssopine.

[D'après Proust l'hyssope des pays chauds fournit à la distillation un camphre analogue à celui des laurinées ; l'essence qu'elle donne est liquide, elle jaunit au contact de l'air et se résinifie, elle bout à 160° (Stenhouse) et son point d'ébullition s'élève jusqu'à l80 degrés, ce qui prouve que c'est un mélange de deux acides.]


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Infusion à vase clos, de 8 à 15 gr. par kilogramme d'eau.
Eau distillée (1 sur 4 d'eau), de 50 à 100 gr., en potion.

Sirop (1 sur 10 d'eau et 16 de sucre), de 30 à 60 gr., en potion.

A L'EXTÉRIEUR. — Décoction, cataplasmes, etc.


Cette plante, dont l'odeur et la saveur annoncent l'énergie, est stimulante, béchique. Son usage, comme expectorant, dans l'asthme humide des

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  1. Académie de médecine, 1829.


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vieillards, est populaire dans nos campagnes. On la prend en infusion avec du miel ; elle est employée dans toutes les affections bronchiques et pulmonaires, lorsque trop d'irritation n'en contre-indique pas l'usage. Pour en modérer l'activité, on lui associe souvent les mucilagineux, tels que les fleurs de mauve, de guimauve, de bouillon blanc, etc.

Comme possédant toutes les propriétés inhérentes aux plantes aromatiques et balsamiques, l'hyssope peut être utile dans tous les cas où il s'agit d'exciter les fonctions de la vie. On l'a donnée avec succès dans la débilité des voies digestives, les coliques venteuses, l'inappétence par atonie, la gastralgie, l'aménorrhée asthénique, la chlorose, les rhumatismes d'ancienne date, les exanthèmes aigus chez les sujets faibles, certaines affections calculeuses avec inertie des reins. C'est ainsi que cette plante a pu être considérée par les auteurs comme stomachique, diurétique, sudorifique, etc., selon les dispositions des sujets et les circonstances morbides qui en favorisent l'action locale. C'est aussi à ses propriétés excitantes qu'il faut attribuer l'effet anthelminthique rapporté par Roseinstein, dans un cas où son usage détermina l'expulsion d'un grand nombre d'ascarides lombricoïdes ; il agit ici tout à fait comme les sommités de romarin et d'aurone, qu'on emploie aussi comme vermifuge dans nos campagnes.

Je me sers quelquefois de l'hyssope pour aromatiser mes formules indigènes. C'est un tonique diffusible que je joins aux amers dans la débilité d'estomac, dans les flueurs blanches, les affections vermineuses, etc.

A l'extérieur, l'hyssope est tonique et résolutive. On s'en est servi en gargarisme dans différentes affections de la gorge, et notamment dans l'amygdalite subinflammatoire. On fait résoudre promptement les ecchymoses des paupières et de l’œil, par l'application d'un sachet d'hyssope pilée et bouillie dans l'eau; on fomente avec l'eau sur le sachet appliqué. J'ai vu employer ce moyen avec succès. Il est évident que ce résolutif peut convenir dans les contusions des autres parties du corps. Son analogie avec le camphre explique ses effets.